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La consonne spirante latérale alvéolaire vélarisée voisée est un son consonantique présent dans certaines langues, également connu sous diverses appellations « impressionnistes » variables selon les langues considérées : l sombre, l gras, l dur. Le symbole le transcrivant dans l'alphabet phonétique international est [lˠ] (ou lˤ lorsque pharyngalisé).
Dans certains cas, cette consonne est pharyngalisée plutôt que vélarisée ; il est cependant courant d'employer le même signe dans les transcriptions phonétiques larges (c'est-à-dire qui entrent peu dans le détail de l'articulation des phones).
La spirante latérale alvéolaire vélarisée voisée est très susceptible de se vocaliser en [u], [w] ou d'autres sons proches : le phénomène se retrouve dans l'évolution de nombreuses langues, dont le français.
Caractéristiques
Voici les caractéristiques de la consonne spirante latérale alvéolaire voisée.
Son mode d'articulation est spirant, ce qui signifie qu'elle est produite en amenant un point d'articulation près d'un autre, sans toutefois créer une turbulence dans le courant d'air.
Son point d’articulation est alvéolaire, ce qui signifie qu'elle est articulée avec soit la pointe (apical) soit la lame (laminal) de la langue contre la crête alvéolaire. Elle possède simultanément une articulation secondaire vélarisée, c'est-à-dire que la partie postérieure de la langue se rapproche du voile du palais. Lorsqu'il s'agit d'une variante pharyngalisée, l'articulation secondaire consiste en une constriction au niveau du pharynx.
Sa phonation est voisée, ce qui signifie que les cordes vocales vibrent lors de l’articulation.
C'est une consonne orale, ce qui signifie que l'air ne s’échappe que par la bouche.
C'est une consonne latérale, ce qui signifie qu’elle est produite en laissant l'air passer sur les deux côtés de la langue, plutôt que dans le milieu.
Son mécanisme de courant d'air est égressif pulmonaire, ce qui signifie qu'elle est articulée en poussant l'air par les poumons et à travers le chenal vocatoire, plutôt que par la glotte ou la bouche.
Cependant, ce son a existé en ancien français, en tant qu'allophone de [l] devant consonne, avant de se vocaliser en [u̯] en formant une diphtongue ou triphtongue avec la voyelle précédente. Plus tard dans l'évolution de la langue, ces diphtongues ou triphtongues ont été réduites à des voyelles simples par monophtongaison ou à des séquences semi-voyelle + voyelle, et l'orthographe conserve la trace de la prononciation ancienne :
latin alba > ancien français albe puis aube > français moderne aube
latin bellōs > ancien français bels puis beaus / biaus > français moderne beaux
latin melius > ancien français mielz puis mieuz > français moderne mieux
latin dulcem > ancien français dolz puis douz > français moderne doux
latin capillōs > ancien français chevels puis cheveus > français moderne cheveux
Ce phénomène est à l'origine de nombreux pluriels en x dans l'orthographe du français moderne : en ancien français, la combinaison -us en fin de mot, très fréquente du fait de cette vocalisation, pouvait être abrégée en -x (ainsi chevaus pouvait s'écrire chevax), et l'orthographe moderne procède d'une contamination entre ces deux graphies.
En moyen français, il était fréquent que le l d'origine soit réécrit après le u qui procédait de sa vocalisation : on pouvait ainsi écrire sault pour saut, chevaulx pour chevaux. Ce type de graphie persiste aujourd'hui dans certains noms propres (Arnault) et dans quelques mots isolés comme pouls, aulx (pluriel d'ail), aulne, moult. Le l est parfois réintroduit dans la prononciation par hypercorrection, sous l'influence de l'orthographe.
Autres langues
L'anglais fait usage du [ɫ] dit « l sombre » (dark l) comme allophone de la consonne non vélarisée correspondante l dite « l clair » (clear l). La distribution de ces deux sons varie selon les usages de l'anglais. Dans la Received Pronunciation, ils sont en distribution complémentaire : le [l] s'emploie devant voyelle, le [ɫ] dans les autres positions (y compris celle de consonne syllabique). En anglais américain et écossais, le dark l s'emploie dans toutes les positions.
Le latin classique connaissait également le [ɫ] dit « l gras » (l pinguis) comme allophone de [l] dit « l mince » (l exilis).
[ɫ] est également un allophone de [l] en portugais européen. En portugais brésilien, il s'est vocalisé en [u̯] en fin de syllabe.
Dans d'autres langues, [ɫ] et [l] sont des phonèmes distincts et peuvent servir à différencier des mots. C'est par exemple le cas en albanais où [ɫ] s'écrit ll tandis que [l] s'écrit l.
En catalan, la lettre L se prononce [ɫ]. En espagnol, cette prononciation du L est d'ailleurs un trait de l'accent catalan.
Le polonais connaissait historiquement un contraste entre [ɫ] et [l], écrits respectivement ł et l. En polonais moderne, le [ɫ] s'est aujourd'hui vocalisé en [w]. Cependant, l'ancienne prononciation est toujours utilisée dans l'est de la Pologne et parmi la minorité polonaise en Lituanie, en Biélorussie et en Ukraine.
En russe, le [ɫ] est appelé « l dur » (л) et contraste avec un lpalatalisé [lʲ] dit « l mou » (л devant e, ë, и, ь, ю ou я).
l'arabe possède le [ɫ], plus précisément [lˤ], pour la lettre lāmل seulement dans le mot ‹ اللَّٰه › Aḷḷah (« Dieu ») ou les mots dérivés[1].
Les parties grisées indiquent une articulation jugée impossible. Les cases blanches vides indiquent des articulations théoriques possibles mais non encore attestées. Les cases marquées d’un astérisque (*) indiquent des sons attestés non encore représentés officiellement dans l’API.
Lorsque deux symboles apparaissent dans une case, celui de gauche représente une consonne sourde, celui de droite une consonne voisée (ne s’applique pas aux clics, présentés au centre des cases en bas du tableau).
Les cases séparées par des pointillés emploient normalement les mêmes symboles API de base, et ne diffèrent éventuellement que par les diacritiques appliqués pour déplacer leur articulation, par exemple la nasale n represente une dentale ou une alvéolaire.
Les affriquéest͡s, d͡z, t͡ʃ, d͡ʒ, t͡ɕ, d͡ʑ sont parfois notées à l’aide des ligaturesʦ, ʣ, ʧ, ʤ, ʨ, ʥ ne faisant plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par les deux articulations, liées avec une ligature tirant – suscrite ou souscrite).
Les occlusivesinjectivessourdes, sont parfois notées à l’aide des symboles ƥ, ƭ, ƈ, ʠ (formés sur la base de la consonne pulmonique correspondante avec une crosse ajoutée), qui ne font plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par le symbole de la consonne voisée avec l'anneau diacritique de dévoisement).