Il est le fils d’Ambroise Régnier, receveur des Domaines du Roi. et de Marie-Françoise Thiry ; petit-fils de Jean-Antoine Régnier procureur au bailliage de Vôge et par sa mère, petit-fils de Jean-Baptiste Thiry, procureur du Roi en l'hôtel de ville de Blâmont[1]. Il commence ses études à Saint-Dié, sous la direction d'un oncle prêtre, l'abbé Régnier, curé de la paroisse principale, et il les termine à l'université de Strasbourg avec l'obtention du diplôme de licencié en droit. Inscrit au Parlement à compter de , il fait aussitôt l'apprentissage de la profession d'avocat au barreau de Lunéville. Il devient en 1769 à la demande du prince Louis de Salm-Salm(de) son conseiller et procureur général à Senones, lui confiant l'administration de la principauté[2].
Devenu Français avec la réunion de la Lorraine à la France en 1766, il devient en 1773 avocat à Nancy[3]. Enthousiasmé par la Révolution, il est élu le , par le bailliage de Nancy, député du tiers état aux États généraux, où il siège au comité de constitution. Après la fuite du roi, il est envoyé le comme commissaire dans les départements du Rhin pour y recevoir le serment des troupes. Après s'être éloigné de la vie politique sous la Terreur, il est élu le 23 vendémiairean IV () député de la Meurthe au Conseil des Anciens, où il siège à gauche. La même année, il devient secrétaire le 2 frimaire an IV (), puis président de l'assemblée le 1erventôse an IV (), et fait partie de plusieurs commissions : radiation de la liste des émigrés, successions, examen du nouveau pour les délits et peines des troupes de la République, délits de presse, vérification des pouvoirs des nouveaux députés. Sans soutenir le Directoire, il combat les royalistes du club de Clichy. Adversaire des néo-jacobins, de même, il soutient la proposition de Courtois, conduisant à la fermeture du club du Manège. Il est réélu le 23 germinalan VII ().
Acquis au général Bonaparte, il est l'un des principaux coopérateurs du coup d'État du 18 brumairean VIII () ; il fait ainsi partie des membres du Conseil des Anciens qui se réunissent chez leur président, Lemercier, le soir du 17 brumaire (), pour préparer la translation des conseils à Saint-Cloud, qui doit être votée le lendemain. Le 19 (), il entre à la commission intermédiaire du Conseil des Anciens, dont il devient président quelques jours plus tard. Le 4 nivôse an VIII (), il est nommé au Sénat conservateur et au Conseil d'État. Il renonce conformément à la Constitution au premier poste de sénateur pour se consacrer au Conseil d'État. Marqué par une connaissance approfondie des questions juridiques, il devient l'un des principaux rédacteurs du Code civil.
Napoléon le nomme grand-juge et ministre de la justice (Garde des Sceaux) le 27 fructidoran X (), fonctions qu'il conserve pendant près de onze ans. Jusqu'au , il dirige également le ministère de la Police. À ce poste, il découvre le complot de Cadoudal, dont il instruit le procès. Sa relative incompétence sur les sujets policiers conduit le Premier consul à rappeler Fouché.
Néanmoins, en , il adhère à la déchéance de Napoléon. Il meurt peu après, le dans sa soixante-neuvième année, et est enterré au Panthéon.
Claude Ambroise Régnier est également connu pour avoir préparé pour Napoléon, la circulaire du 8 janvier 1803 prohibant en France, les mariages mixtes « entre des blancs et des négresses » et « entre des nègres et des blanches »[4],[5].
Famille
Son épouse Charlotte Lejeune, née à Lunéville le , est morte à Paris le . Ils ont eu deux enfants : Catherine Charlotte (1775-1856), épouse du baron Thiry, et Nicolas (1783-1851)[6], qui devient comte de Gronau en 1809, préfet de l'Empire (dans l'Oise puis le Cher) puis pair de France sous la Restauration.
Au nombre de ses descendants, figure Jean-Marie Bastien-Thiry (1927-1963), polytechnicien, ingénieur de l’armement et organisateur de l’attentat du Petit-Clamart contre le général de Gaulle, pour lequel il a été condamné à mort et été le dernier fusillé exécuté en France.