Désigné, en 1959, président du CHP dans la province minière de Zonguldak, il est nommé ministre du Travail le , dans le huitième gouvernement d'İsmet İnönü. Il exerce cette responsabilité jusqu'au .
Lors des élections législatives(en) qui se tiennent le qui suit, il devient représentant de Zonguldak à ce qui était alors la chambre basse du Parlement turc.
Secrétaire général du CHP
Ambitieux, Ecevit gravit très rapidement les échelons du parti dont il est élu secrétaire général en 1966. Il accentue l'orientation à gauche du parti, persuadé que le socialisme démocratique est le meilleur moyen de se défendre face au communisme.
Ecevit démissionne de son poste en mars 1971, en raison du soutien accordé par son parti au gouvernement de Nihat Erim, à la suite du coup d'État militaire dirigé contre Süleyman Demirel. Ecevit rejette l'implication des militaires dans les affaires de l'État.
Premier ministre une première fois
Le , âgé de 46 ans, Bülent Ecevit est élu président général (Genel Başkanı) du Parti républicain du peuple, fonction où il remplace İsmet İnönü, démissionnaire six jours plus tôt.
Ecevit, réorientant le parti vers la gauche, cherche à récupérer l’héritage du Parti des travailleurs de Turquie, interdit après le coup d’État de 1971, tout en se posant en leader d’un mouvement en pleine restructuration tant du côté de la jeunesse que du mouvement syndical. Dans une période de cristallisation des oppositions politiques qui tendent à se radicaliser, le CHP espère marquer une nette différence avec ses adversaires et obtenir les voix de gauche via une relecture du kémalisme mettant l’accent sur sa dimension « révolutionnaire ». Il assimile dans cet esprit l’AP de Demirel au conservatisme, sinon à la réaction, et relaie les discours stigmatisant le MHP du colonel Türkeş comme « fasciste ». Il revendique une politique sociale plus marquée en tentant de se poser en partenaire des syndicats et en soutenant les droits des travailleurs et la planification économique. Le parti renforce cette stratégie en entrant l’Internationale socialiste en 1976. Celle-ci s’avérera payante puisque la Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie, ainsi que certains groupes étudiants, appelleront régulièrement leurs adhérents à voter CHP jusqu’en 1980, au détriment des petits partis politiques socialistes marginalisés par leur éclatement et l'empiétement du CHP sur leurs positions[1].
Il lui revient alors de conduire le parti lors des élections législatives du 14 octobre 1973(en) qu'il remporte à la surprise générale en devançant l'AP de Demirel, largement favori. Avec 33,3 % des suffrages exprimés, le CHP obtient 185 députés sur les 450 que compte la Grande Assemblée nationale de Turquie, soit sa meilleure performance depuis 1961. Cependant, ne disposant pas de la majorité absolue, Ecevit ne peut gouverner seul et forme alors une coalition des plus surprenantes avec le MSP, une formation politique réputée islamiste qui dispose de 48 sièges au parlement, pour constituer son premier gouvernement. Si les dissensions internes auront raison de la coalition gouvernementale au bout de quelques mois, certaines décisions prises par cette dernière (comme l'amnistie accordée aux prisonniers politiques, la levée de l'introduction de la culture du pavot à opium et l'invasion de Chypre) comptent parmi les plus mémorables de l'histoire turque.
Après l'effondrement de la coalition CHP-MSP, Ecevit cède le pouvoir à l'indépendant Sadi Irmak, puis devient le principal chef de l'opposition(en) en , avec le retour de Demirel aux affaires.
Il constitue une équipe de membres uniquement CHP, mais perd le vote de confiance devant les députés. Il cède alors les fonctions de Premier ministre à son prédécesseur Süleyman Demirel.
Troisième mandat de chef du gouvernement
En , il forme un nouveau gouvernement avec le Parti démocrate (DP) et le Parti de la confiance républicaine (CGP), qui disposent chacun d'un seul député.
Il promet alors de mettre un terme à la crise économique et à la montée de la violence politique. Son mandat ayant été marqué par un accroissement du terrorisme et par une détérioration de l'économie, son action est considérée comme un échec. Contraint de démissionner, il se retire en , remplacé de nouveau par Süleyman Demirel, à qui il avait lui-même succédé[réf. nécessaire].
Scission du CHP : la fondation du DSP
Après le coup d'État militaire du 12 septembre 1980, les partis politiques sont interdits et Bülent Ecevit est privé d'activité politique. Cela ne l'empêche pas de participer à la fondation, en , du Parti de la gauche démocratique (DSP), une formation social-démocrate, kémaliste et étatiste dont son épouse Rahşan prend la présidence.
Porté lui-même à la direction du parti une fois son interdiction levée, le , il subit les contraintes de la nouvelle loi électorale qui impose un seuil de représentativité de 10 % en ne remportant que 8,5 % des suffrages. Il abandonne ses fonctions de président du DSP le , mais les retrouve le .
Lors des élections législatives du 20 octobre 1991, sa formation franchit le seuil électoral et remporte sept sièges, dont un pour lui-même qui fait ainsi son retour dans l'arène parlementaire après onze années d'absence.
À la tête du parti, il participe à la coalition gouvernementale formée avec le Parti de la mère patrie (ANAP), parti politique de centre droit. De à il occupe le poste de vice-Premier ministre.
Le , le président Süleyman Demirel le nomme à 74 ans Premier ministre pour la quatrième et dernière fois de sa vie, avec pour fonction de diriger le pays jusqu'aux élections législatives anticipées du suivant. Bien que le DSP ne soit que la quatrième force parlementaire avec seulement 76 députés, il obtient le soutien sans participation des trois plus grands partis du pays.
Lors du scrutin anticipé, le parti d'Ecevit réalise un score de 22,2 %, le meilleur depuis sa fondation, devenant la première force politique turque avec 136 députés sur 550. Cherchant à s'assurer un gouvernement majoritaire après l'instabilité de la précédente législature, il s'associe avec le Parti d'action nationaliste (MHP), formation nationaliste d'extrême droite qu'il qualifiait de fasciste dans les années 1970, et l'ANAP. Le cinquante-septième gouvernement de la République, formé le , dispose ainsi d'une forte majorité absolue de 351 sièges.
Son dernier mandat reste aussi historiquement marqué par la capture de l'« ennemi public numéro un », le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan, Abdullah Öcalan. Le 16 février 1999, la voix tremblante d'émotion, Ecevit s'adresse au pays, dans une déclaration télévisée, et annonce l'arrestation du chef rebelle kurde, dans laquelle la Turquie a pourtant joué un rôle minime, l'opération ayant été réalisée essentiellement par les services secrets américains, israéliens et grecs[2],[3].
Contestation interne et échec électoral
Bülent Ecevit, d'un âge avancé et très malade, continue malgré tout d'occuper son poste. Le , il est hospitalisé et se trouve empêché d'exercer ses fonctions au sein du gouvernement pendant près de deux mois.
Le , des députés du DSP demande à Ecevit de démissionner et le Premier ministre convoque des élections anticipées qui ont eu lieu le . Son parti, le DSP, s'effondre, obtenant à peine 1,22 % des voix lors des élections du , au profit de l'AKP de Recep Tayyip Erdoğan.