Émile Augier

Émile Augier
Photoglyptie d’Émile Augier par Adam-Salomon vers 1870.
Fonctions
Fauteuil 1 de l'Académie française
-
Conseiller général de la Drôme
-
Sénateur du Second Empire
Conseiller municipal de Croissy-sur-Seine
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière de La Celle-Saint-Cloud (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Guillaume-Victor-Émile Augier
Nationalité
française
Formation
Activités
Père
Parentèle
Autres informations
Propriétaire de
Villa Augier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Distinctions
Œuvres principales
La ciguë (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature d'Émile Augier
Signature

Guillaume-Victor-Émile Augier, né le à Valence (Drôme) et mort le à Croissy-sur-Seine (Yvelines)[1], est un poète et dramaturge français.

Biographie

Maison natale d'Émile Augier à Valence.

Petit-fils du romancier Guillaume Pigault-Lebrun, Émile Augier naît à Valence dans un milieu bourgeois. Son père, Victor Augier, est avocat à la cour de cassation. Il reçoit une éducation soignée et lorsque sa famille s'installe à Paris en 1828, il poursuit des études brillantes au lycée Henri-IV, où il a comme condisciple le duc d'Aumale, puis à la faculté de droit et se destine d'abord au barreau, tout en ébauchant des pièces de théâtre. En 1844, son drame La Ciguë, refusé par la Comédie-Française, a un énorme succès à l'Odéon.

Il devient en 1848 le bibliothécaire de son ancien condisciple, Henri d'Orléans, duc d'Aumale.

De 1848 à 1856, il est conseiller général du Canton de Bourdeaux (Drôme).

Ce début tonitruant lance sa carrière dramatique, qui est dès lors ponctuée de grands succès. Il est élu à l'Académie française le et fut reçu le par Pierre-Antoine Lebrun[2]. En 1862, Le Fils de Giboyer, qui attaque le cléricalisme, n'est joué que sur l'intervention personnelle de Napoléon III. Sa dernière comédie, Les Fourchambault, est jouée en 1878.

Il est nommé sénateur à la fin de l'Empire, puis conseiller municipal de Croissy-sur-Seine.

Œuvre

Portrait charge d'Émile Augier paru dans Le Trombinoscope de Touchatout en 1874.

Augier débute avec La Ciguë, comédie en vers vouée au monde antique qui rencontre un vif succès. Il s'est inspiré d'une pièce de Ponsart qui l'a vivement impressionné. Cependant, il se tourne ensuite vers le monde moderne et décrit les milieux bourgeois de la monarchie de Juillet, puis du Second Empire, qui l'entourent et dont il épouse les valeurs, mais en dénonce les excès. Il fait partie d'une « école du bon sens » qui plaît au goût français de l'époque et ses pièces sont aussi traduites et jouées sur d'autres scènes européennes.

D'autres œuvres sont ensuite appréciées : d'abord L'Aventurière en 1848, puis Gabrielle en 1849, écrites en vers faits pour la déclamation. Il s'oppose aux amours adultères dans cette dernière pièce. Plus tard, il se risque à décrire de façon satirique les mœurs bourgeoises, comme dans Les Effrontés ou Le Fils du Giboyer, ou encore La Contagion et décrit la mauvaise influence de la presse et les défauts des milieux cléricaux. Il affronte les foudres de la presse ultramontaine, en particulier de la part de Louis Veuillot, qui réplique par un pamphlet Le Fond du Giboyer. Victor de Laprade écrit, quant à lui, Chasse aux vaincus, à laquelle Augier réplique vertement.

Il retourne rapidement à la comédie de mœurs avec Maître Guérin, puis Lions et Renards, ou Madame Caverlet (qui traite de la question du divorce). Les Fourchambault rencontrent aussi un grand succès, ainsi que Le Gendre de M. Poirier qu'il écrit avec Jules Sandeau.

Il décrit aussi dans le genre vaudeville, la vie du quartier latin avec L'Habit vert, auquel collabore Alfred de Musset, qui partageait avec lui la vie des grands boulevards et un certain dandysme.

Augier commence à publier son théâtre complet en 1876, avec des préfaces ou des prologues expliquant au public qu'il se veut observateur des mœurs de son époque, laissant sous-entendre qu'il en est aussi une sorte de traducteur et que pour cela il doit en montrer tous les maux intimes. Il partage dans une certaine mesure les mêmes préoccupations sur scène qu'Alexandre Dumas fils, ce dernier ayant plus de finesse psychologique. Émile Augier s'attaque à l'hypocrisie bourgeoise, à l'âpreté au gain, à l'adultère, aux jésuites, au cléricalisme, dans les bornes finalement de ce que son public pouvait admettre. Il abandonne son romantisme des débuts pour un théâtre réaliste conventionnel, avec une grande maîtrise de la versification. Son idéal est le reflet en un sens d'une certaine bourgeoisie ennemie des excès, à la fois scandalisée et curieuse de l'amoralité des financiers et réconfortée par une vie familiale paisible. C'est pourquoi Augier en décrivant juste ce qu'il faut des travers de son époque fut un dramaturge à succès.

Œuvres

Augier en 1856 par François-Joseph Heim.
Portrait d'Émile Augier par Édouard Dubufe.

Théâtre

  • La Ciguë, comédie en 2 actes et en vers, Paris, Second Théâtre-Français, .
  • Un Homme de bien, comédie en 3 actes et en vers, Paris, Théâtre-Français, .
  • L'Aventurière, comédie en 4 actes en vers, Paris, Comédie-Française, .
  • L'Habit vert, proverbe en un acte et en prose, avec Alfred de Musset, Paris, théâtre des Variétés, .
  • Gabrielle, comédie en 5 actes en vers, Paris, Théâtre-Français, .
  • La Chasse au roman, comédie-vaudeville en 3 actes, avec Jules Sandeau, Paris, théâtre des Variétés, .
  • Sapho opéra en 3 actes, musique de Charles Gounod, Paris, Opéra, .
  • Diane, drame en 5 actes en vers, Paris, Théâtre-Français, .
  • Les Méprises de l'amour, comédie en cinq actes et en vers, Paris, Michel Lévy, 1852, non représentée[3],[4].
  • Philiberte, comédie en 3 actes et en vers, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • La Pierre de touche, comédie en 5 actes et en prose, avec Jules Sandeau, Paris, Théâtre-Français, .
  • Le Gendre de M. Poirier, comédie en 4 actes en prose, avec Jules Sandeau, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • Ceinture dorée, comédie en 3 actes, avec Édouard Foussier, Paris, théâtre du Gymnase-Dramatique, .
  • Le Mariage d'Olympe, pièce en 3 actes, en prose, Paris, théâtre du Vaudeville, .
  • La Jeunesse, comédie en 5 actes et en vers, Paris, Second Théâtre-Français, .
  • Les Lionnes pauvres, pièce en 5 actes, en prose, avec Édouard Foussier, Paris, théâtre du Vaudeville, .
  • Un beau mariage, comédie en 5 actes, en prose, avec Édouard Foussier, Paris, théâtre du Gymnase-Dramatique, .
  • L'Aventurière, comédie en 4 actes en vers, Paris, Comédie-Française, .
  • Les Effrontés, comédie en 5 actes, en prose, Paris, Théâtre-Français, .
  • Le Fils de Giboyer, comédie en 5 actes, en prose, Paris, Comédie-Française, .
  • Maître Guérin, comédie en 5 actes, en prose, Paris, Théâtre-Français, .
  • La Contagion, comédie en 5 actes, en prose, Paris, théâtre de l'Odéon, .
  • Paul Forestier, comédie en 4 actes, en vers, Paris, Théâtre-Français, .
  • Le Post-Scriptum, comédie en 1 acte, en prose, Paris, Théâtre-Français, .
  • Lions et Renards, comédie en 5 actes, en prose, Paris, Théâtre-Français, .
  • Jean de Thommeray comédie en 5 actes, en prose, avec Jules Sandeau, Paris, Théâtre-Français, .
  • Madame Caverlet, pièce en 4 actes, en prose, Paris, théâtre du Vaudeville, .
  • Le Prix Martin, comédie en 3 actes, avec Eugène Labiche, Paris, théâtre du Palais-Royal, .
  • Les Fourchambault, comédie en 5 actes, Paris, Théâtre-Français, .

Varia

  • Poésies complètes, 1852.
  • Les Pariétaires, poésies, Paris, Michel Lévy, 1855[3]
  • Théâtre complet, 7 vol., 1876-1890.
  • Œuvres diverses, 1878.
Statue d'Émile Augier, à Valence.

Hommages

Un monument grandiose, dû à la duchesse d'Uzès[5], où Émile Augier figure à six mètres de hauteur sur un socle de pierre entouré de muses, est inauguré en 1897 à Valence. En 1942, sous le régime de Vichy, il est déboulonné et fondu, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux. Un autre monument, réalisé par Louis-Ernest Barrias en 1895 et installé sur la place de l'Odéon à Paris subit le même sort.

Le boulevard Émile-Augier, dans le 16e arrondissement de Paris, ainsi qu'une rue de Valence, de Grenoble, de Croissy-sur-Seine (nommé en 1864, de son vivant) et de Brive portent son nom.

Distinctions

Iconographie

Notes et références

  1. Acte de décès à Croissy-sur-Seine, n° 99, vue 53/284.
  2. « Réponse au discours de réception de Émile Augier | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le ).
  3. a et b Catalogue général de la librairie française au 19e siècle, tome 1, Paul Chéron, éditeur P. Jannet, Paris, 1856, 594 pages, page 335.
  4. Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Supplément 1, 818 pages, p. 317.
  5. Journal Le Temps n° du 3 août 1897 - Numérisé sur le site Gallica.

Voir aussi

Bibliographie

  • Henry Gaillard de Champris, Émile Augier et la comédie sociale, réimpr. de l'éd. de Paris, 1910. Genève : Slatkine Repr., 1973.
  • Pierre Danger, Émile Augier ou le théâtre de l'ambiguïté: éléments pour une archéologie morale de la bourgeoisie sous le Second Empire, Paris : Harmattan, 1998. (ISBN 2-7384-6330-4)
  • Études drômoises, no 1-2, 1995, revue éditée par l'Association universitaire d'études drômoises.
  • Eugène de Mirecourt, Le Petit-fils de Pigault-Lebrun

Articles connexes

Liens externes

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