Louis, dit Ludovic Vitet, né le à Paris et mort le à Paris 7e[a], est un homme politique et écrivain français.
Biographie
Issu d'une riche famille bourgeoise, petit-fils du conventionnel Louis Vitet, fils de Pierre-Jean Vitet et d'Amélie Arnaudtizon, Ludovic Vitet fit des études de droit et suivit des cours de philosophie. Il professa jusqu'en , année où il quitta l'enseignement pour voyager en France et en Italie, s'intéressant à l'histoire, à l’architecture, l'archéologie et à la musique.
Voyant les romantiques comme l’équivalent en son temps des encyclopédistes ou des philosophes en attente de révolution, il décrivit, en avril 1825 le romantisme comme le protestantisme des lettres et des arts, une coalition menée par des intérêts différents dans un but commun : faire la guerre aux règles et aux conventions[1]. Il publia, entre et , plusieurs scènes dramatiques (Les Barricades, Les États de Blois, La mort de Henri III), qui assurèrent sa notoriété et qui furent plus tard réunies en volume sous le titre La Ligue ().
L'entreprise échoua, mais la révolution de 1830 vint lui ouvrir des perspectives nouvelles. Vitet sollicita sans succès une préfecture auprès du ministre de l'Intérieur, François Guizot. Toutefois, celui-ci créa pour lui le [3] le poste d'inspecteur général des monuments historiques[b] placé au ministère de l'Intérieur, mais qui préfigurait l'actuel ministère de la Culture. Le rapport remis par Vitet en à l'issue de sa première tournée dans le Nord de la France montre qu'il s'occupait non seulement des monuments mais aussi des musées, des bibliothèques, des archives et des écoles d'enseignement artistique. Ce rapport fut utilisé par Victor Hugo pour sa Guerre aux démolisseurs publiée en . Vitet réalisa deux autres tournées, l'une vers la Bourgogne, le Lyonnais et le Puy en , l'autre vers le Sud-Ouest en , qui lui donna l'occasion de sauver le cloître de Moissac.
Le , Vitet fut nommé secrétaire général du ministère du Commerce et démissionna de ses fonctions d'inspecteur général qu'il céda à Prosper Mérimée avec qui il continua de suivre de près les questions concernant les monuments historiques. En 1837, il devint membre de la Commission des monuments historiques, qui venait d'être créée et qui attribuait des subventions pour la restauration des monuments. Il fut vice-président de cette Commission à partir de 1839. Il entra à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, le , et fut ensuite élu à l'Académie française, le , en remplacement d’Alexandre Soumet.
Ludovic Vitet s'était présenté sans succès à la députation le dans le 6e collège de la Seine-Inférieure (Bolbec)[c]. L’élection ayant été annulée, il se représenta et fut élu le 13 septembre suivant[d]. Il prononça des discours remarqués à la Chambre et défendit la politique du ministère.
En , il fut nommé parallèlement secrétaire général du ministère des Finances et conseiller d'État (). Soumis de ce chef à réélection, il obtint la confirmation de son mandat de député le 15 octobre[e]. Il fut successivement réélu le [f], le [g], le [h] et le [i]. À la Chambre, il vota pour la dotation du duc de Nemours, pour le recensement, pour l'indemnité Pritchard et fut rapporteur de la loi sur les patentes.
Ludovic Vitet par H. Lehmann (1864).
Après la révolution de 1848, Vitet resta fidèle à la famille d'Orléans. Il se présenta sans succès aux élections à l'Assemblée constituante dans le département de la Seine-Inférieure, mais il fut élu à l'Assemblée législative le [j], et en devint l'un des vice-présidents. Il prit place dans la majorité monarchiste et vota pour l'expédition de Rome, pour la loi Falloux sur l'enseignement, pour la loi du 31 mai 1850 restreignant le suffrage universel. Hostile à la politique du prince-président, il fut au nombre des députés qui se réunirent à la mairie de Paris 10e pour protester contre le coup d'État du 2 décembre 1851 : vice-président de la réunion, il fut arrêté et emprisonné pendant quelques jours.
Sous le Second Empire, il s'éloigna de la vie publique et ne s'occupa que d'art et de littérature. Il adhéra à la République après le et, pendant le siège de Paris, il publia dans la Revue des deux Mondes une série d'articles dans lesquels il préconisait la résistance.
Élu député de la Seine-Inférieure à l'Assemblée nationale le [k], il fut, dès le début, l'un des vice-présidents de l'Assemblée et fit partie de la commission adjointe à Thiers pour négocier la paix. Il déposa, le , une proposition de loi dans laquelle l'Assemblée se reconnaissait le pouvoir constituant, qui fut votée par 434 voix contre 225, et fut le rapporteur de la « loi Rivet » créant la Troisième République, à laquelle il s'opposa. En , il fit partie de la délégation envoyée par la droite à Thiers pour lui imposer une politique conservatrice. Il vota pour la paix, pour l'abrogation des lois d'exil, pour la pétition des évêques, contre le service de trois ans, pour la démission de Thiers. Ce devait être son dernier vote car il mourut quinze jours plus tard.
Sous la Troisième République, il avait également retrouvé sa place de président de la Commission des monuments historiques et agit tant pour la révision de la liste des monuments historiques que pour la vérification des comptes des travaux.
Ludovic Vitet avait épousé Cécile Perier (1814-1858), la fille de Scipion Perier, dont il n'eut pas d'enfant ; mais il adopta sa nièce Hélène Casimir-Perier, dont il fit son héritière. Il avait une sœur Amélie, épouse d'Eugène Aubry-Vitet.
Jugements
« Ce qui l'a distingué de bonne heure, ç'a été le talent de généraliser et de peintre les idées critiques ; il y met dans l'expression du feu, de la lumière et une verve d'élégante abondance[4]. »
Publications
Les Barricades : scènes historiques, Mai 1588, Paris, Brière, , 320 p. (lire en ligne).
Les États de Blois : ou la Mort de MM. de Guise, scènes historiques, décembre 1588, par l'auteur des Barricades, Paris, Ponthieu, , xcii-386, in-8° (lire en ligne sur Gallica).
La Mort de Henri III, août 1589, Paris, H. Fournier jeune, , 2e éd., 354 p. (lire en ligne).
Rapport au ministre de l’Intérieur sur les monuments, les bibliothèques, etc. de l’Oise, de l’Aisne (republié dans Études sur l'histoire de l'art. Moyen Âge, Paris, 1868), Paris, Michel Lévy frères, (lire en ligne sur Gallica), p. 327-380.
Discours prononcés aux funérailles du comte Duchâtel : à Paris, le 9 novembre 1867, à Mirambeau, le 4 décembre 1867, Paris, Impr. de J. Claye, , 36 p., in-8° (lire en ligne sur Gallica).
L’Académie royale de peinture et de sculpture : étude historique, Paris, (lire en ligne sur Gallica).
Un mot sur l'archéologie orientale, Paris, impr. de J. Claye, , 15 p., in-8° (lire en ligne sur Gallica).
↑(en) Brian Hamnett, The Historical Novel in Nineteenth-Century Europe : Representations of Reality in History and Fiction, Oxford ; New York, Oxford University Press, , ix, 332, 24 cm (ISBN9780199695041, OCLC932210283, lire en ligne), p. 101.
↑Graham Keith Barnett, Histoire des Bibliothèques Publiques en France, de la Révolution à 1939, Cercle De La Librairie, , p. 92.
↑Sainte-Beuve, « Académie Française : Réception de M. Vitet par M. le comte Molé », Revue des deux mondes, Paris, vol. 14, , p. 126-33 (lire en ligne).
Françoise Bercé (dir.), La Naissance des monuments historiques : Lettres de Mérimée à Ludovic Vitet (1840-1848), Paris, Éditions du CTHS, , 335 p. (ISBN978-2-73550-389-6, OCLC1064009385, lire en ligne).