Grenoble termine premier de sa poule à égalité avec Narbonne avec 9 victoires, 1 match nul et 4 défaites.
À domicile
Grenoble-Bayonne 25-15
Grenoble-Racing 32-13
Grenoble-Narbonne 27-27
Grenoble-Pau 34-18
Grenoble-Montferrand 28-9
Grenoble-Bourgoin 15-8
Grenoble-Cognac 27-6
À l’extérieur
Bayonne-Grenoble 9-13
Racing-Grenoble 20-8
Narbonne-Grenoble 22-14
Pau-Grenoble 19-14
Montferrand-Grenoble 25-22
Bourgoin-Grenoble 17-18
Cognac-Grenoble 15-16
Classement des 4 poules de 8
Les équipes sont listées dans leur ordre de classement à l'issue de la première phase qualificative. Les quatre premières équipes de chaque poule sont qualifiées pour le Top 16.
L'arrivée de Jacques Fouroux aux commandes de l'équipe pour la saison 1992-1993 associé à Michel Ringeval après la demi-finale perdue en 1992 contre Biarritz 13-9 marque la fin d'une ère et le début de celle dite des Mammouths de Grenoble. Ce surnom est né à l'origine après le quart de finale 1992 gagné par Grenoble contre l'US Dax 22-21, l'entraîneur Dacquois René Bénésis avait alors eut cette expression pour qualifier le pack de Grenoble : "de véritables Mammouths"[5].Avec un pack puissant qui dépasse les 900 kg d'où le surnom Les Mammouths tire son origine, Fouroux applique ses méthodes qu'il utilisait en équipe de France auparavant.
Il s'appuie sur des joueurs physiques[6] déjà présents au club : Philippe Tapié, Éric Ferruit, Franck Capdeville, Olivier Brouzet, Hervé Chaffardon et Džoni Mandić, puis recrute Fabrice Landreau, Olivier Merle et Gregory Kacala qui sont parfaitement inconnus du grand public à l'époque[7].
Le FC Grenoble tutoie donc les sommets avec une finale en 1993. Après avoir écarté le Stade toulousain en quart 19-17[8],[9], puis le SU Agen en demi 21-15[10], le FC Grenoble gagne sa place en finale face au Castres olympique. Castres n'est pas favori face aux surpuissants Mammouths Grenoblois de Jacques Fouroux[11].
Mais en 1993, Jacques Fouroux est candidat à la présidence de la FFR en concurrence justement avec le président sortant Bernard Lapasset.
Avant match
La semaine entre la demi et la finale du FC Grenoble est marquée par une polémique. Bernard Lapasset, président de la FFR (et ancien adversaire de Fouroux pour ce poste), fustige ainsi l'arbitrage de M.Thomas sur le passage à vide des avants Grenoblois.
Le camp grenoblois se plaint lui d'un essai de pénalité refusé pour une mêlée écroulée sur sa ligne de but par les Agenais[15] et s’étonne que, pour pouvoir assister aux deux demi-finales, le président Lapasset ait utilisé le jet privé du Castres olympique leur futur adversaire en finale[7].
Jacques Fouroux en conflit avec la Fédération se méfie donc de l’arbitrage déjà avant cette finale[16].
Un essai d'Olivier Brouzet est refusé aux grenoblois en début de match[21], et Cyril Savy l'arrière du FCG pense que son troisième but de pénalité, celui des 42 mètres qui passe largement au-dessus des poteaux et qui a été refusé est valable[22].
Cette finale est aussi marquée par un taux d'échec au pied particulièrement élevé de la part des buteurs grenoblois Cyril Savy, Frédéric Vélo et Franck Hueber avec seulement deux coups de pied sur dix réussis[22].
À la suite de ces événements et après avoir inscrit un essai par Frédéric Vélo, les Grenoblois dominateurs ne comptent seulement que deux petits points d'avance à la 62e minute quand cette finale va vraiment tourner au scandale[1], en effet Francis Rui, l'ouvreur Tarnais tape une chandelle que Le Grenoblois Franck Hueber attrape de volée et aplatit dans son en-but[23], puis dans son mouvement relâche le ballon. C'est après qu'aplatit à son tour le deuxième ligne castrais Gary Whetton[24]. L'arbitre, Daniel Salles, valide l'essai[25] sans consulter son arbitre de touche[26].
Les images montreront que Hueber avait aplati et que l'essai n'était donc pas valable[27].
Cette erreur d'arbitrage permet aux Tarnais de remporter le match le score de 14 à 11[28].
Fouroux en conflit avec la Fédération crie au complot[11].
Après la rencontre, à la question : « Comment avez-vous trouvé cette finale ? », Jacques Fouroux répond alors : « Salles. Très Salles ». « Mais c'est difficile pour Monsieur Salles, qui est d'Agen ne l'oublions pas et choisi par Ferrasse et Lapasset qui sont d'Agen et ne sont pas mes amis comme on le sait »[11].
Les Grenoblois sont alors très virulent à l'égard de l'arbitre et surtout de la FFR[29] et notamment Fouroux[30].
Lorsque les mammouths de Grenoble sont rentrés en Isère, ils ont été fêtés par leurs supporters comme si ils étaient champions de France[31].
La photo de Franck Hueber aplatissant le ballon dans l'en-but grenoblois fera la une du quotidien sportif L'Équipe intitulé « Il n'y avait pas essai ! » trois jours plus tard[32].
Un t-shirt avec cette photo et la mention « Hold-up au Parc » est créé pour l'occasion[33].
Par la suite, le FC Grenoble ne dépose pas réclamation au sujet de l'arbitrage auprès de la Fédération française de rugby[34].
Jacques Fouroux déclare alors : « Nous sommes champions de France du fair-play »[35]. Persuadé d'avoir été volé par la fédération, Jacques Fouroux se tournera alors vers le XIII avec le PSG[36] en [37].
L'arbitre ne reconnaît que treize ans plus tard qu'il a commis une faute d'arbitrage ce jour-là, privant ainsi les Grenoblois du titre[38].
Selon l'entraîneur Grenoblois Michel Ringeval, l’arbitrage de la finale était tourné délibérément contre Grenoble et contre son manager Jacques Fourroux car il était candidat à la présidence de la fédération et cela a selon lui influencé beaucoup de choses[39]. Michel Ringeval déclarera également plus tard : « Jean Liénard, dont j’étais le successeur, était venu me voir. La veille s’était tenue une réunion où un arbitre lui avait dit : « Jean, vous ne pouvez pas gagner cette finale. » Il avait été décidé que nous jouions nos mauls de façon illicite. Pourquoi ? Un quart de siècle plus tard, je l’ignore toujours... Toujours est-il qu’en finale, au bout de dix minutes, j’ai compris ce qui se passait... »[40].
Pour le deuxième ligne du FC GrenobleOlivier Merle cette finale est l'un des plus gros scandales du rugby français[42].
En 2006, lorsqu’il a sorti ses mémoires, Daniel Salles avoue alors avoir été sous l’influence des supporters du SU Agen dont leur club a été éliminé par le FC Grenoble en demi-finale.
Les agenais se plaignaient du jeu des isérois et l’arbitre est justement originaire du Lot-et-Garonne.
Mais Daniel Salles dit toujours n’avoir jamais reçu de consignes[6].
Plus de 20 ans après, l'arbitrage de cette finale fait toujours parler dans le monde du rugby[43],[44],[45].
L'arrière Cyril Savy déclare plus tard : « Avec le recul, ce fut une erreur de se focaliser sur ce fait de jeu. Une mauvaise décision peut toujours arriver. Mais la réalité était plus insidieuse : c'est toute la rencontre qui avait été dirigée à charge contre nous. L’action de l'essai n’est rien par rapport à ce qui s’est passé tout au long de la partie. »[40].
↑Réginald Mouyan, « Michel Ringeval (Part 2) : « Au bout d'un quart d'heure, j'ai compris qu'on en gagnerait pas » », Le Sport Dauphinois, (lire en ligne, consulté le )
Jacques Gauthier (préf. Max Micoud et Marc Chérèque), La Fabuleuse Histoire Du Football Club De Grenoble Rugby, Association des Amis de l'histoire du Pays vizillois, , 448 p.