La presse arménienne de France (en arménien Ֆրանսահայ մամուլ), ou presse en langue arménienne de France, regroupe les publications périodiques comme les journaux et revues littéraires publiées par les membres de la diaspora arménienne en France.
Jusqu'à aujourd'hui, plus de 200 périodiques en langue arménienne ont été publiés en France. Ils sont principalement écrits en arménien occidental.
La première revue est Maciats Aghavni (Մասեաց աղաւնի, « La colombe du Massis », 1855-1858 à Paris[1] puis jusqu'en 1865 à Théodosie) du père Gabriel Aïvazian (1812-1880, frère d'Ivan Aïvazovski), qui se donne pour objectif de promouvoir l'éducation culturelle, scientifique et morale du peuple[2],[1]. Peu après paraît Pariz (Փարիզ, « Paris », 1860-1864)[1]. On trouve aussi à cette époque Arevelk (Արեւելք, « Orient », 1855-1856) puis Arevmoudk (Արեւմուտք, « Occident », 1859 et 1864-1865) par Stepan Voskan (1825-1901), qui promeut une vision militante et nationaliste inspirée du Risorgimento[2],[1] et veut diffuser les idées de progrès économique et social ainsi que les idéaux de liberté que lui inspirent les luttes politiques en France[3].
Avec la prise de pouvoir du sultan Abdülhamid II (1876) et les massacres hamidiens (1894-1896) qui éprouvent durement les Arméniens de l'Empire ottoman, la France accueille de nombreux réfugiés, en particulier politiques. Parmi eux, on compte des auteurs comme Minas Tchéraz, qui publie le mensuel L'Arménie (1889-1906, principalement en français), mais aussi Meguerditch Portoukalian, fondateur du parti Arménagan et qui publie à Marseille le journal Armenia (Արմենիա, 1885-1923)[4],[1].
À la fin du siècle, on voit apparaître des revues littéraires comme Anahit (Անահիտ) d'Archag Tchobanian dont la première série (1898-1911) publie la production littéraire d'écrivains comme Daniel Varoujan, Siamanto et même Komitas[1]. Un an après le début d'Anahit commence la publication du trimestriel Panaser (Բանասեր, « Le philologue », 1899-1907)[1].
Une trentaine de périodiques sont édités jusqu'en 1920. La majorité le sont à Paris, au sein d'une colonie arménienne peu nombreuse, estimée à moins de 1500 personnes, et désorganisée[5].
Dans les années 1910, quelques périodiques voient le jour comme Haï-Guiank (Հայ-կեանք, « Vie arménienne », 1913-1914), Khetan (Խթան, Aiguillon en français, 1915-1931, par Aram Turabian), Artzakank Parisi (Արձագանգ Փարիզի, « Échos de Paris », 1916-1925), Veradzenount (Վերածնունդ, « Renaissance », 1917-1921), Ayk (Այգ, « Aube », 1919)[5]. Ces journaux assistent et écrivent sur le sujet du génocide arménien et de l'instauration de la Première république d'Arménie.
C'est surtout à partir des années 1920 que la presse arménienne de France prend un essor considérable, car les réfugiés fuyant le génocide affluent à partir de 1922-1923 sur le territoire français. Ainsi, une soixantaine d'écrivains, intellectuels, journalistes et poètes arrivent alors à Paris[6], ainsi que de nombreux jeunes gens ayant fréquenté les écoles arméniennes en particulier de Constantinople[7]. Ces lettrés fondent des petites imprimeries indépendantes : les imprimeries Araxes, Elekian, Bezazian, du Globe, de Navarre, Nersessian, Turabian, Der-Hagopian, Le Soleil, etc.[8], une demi-douzaine fonctionnant en permanence[9]. Ils ouvrent aussi des librairies, dont la plus connue est la librairie Hrant Samuelian, qui ouvre en 1930 dans le quartier latin en rachetant le fonds d'une libraire arménienne de Constantinople[6]. Mais surtout, dans cette entre-deux-guerres qu'Anahide Ter Minassian qualifie de « renaissance culturelle », ils publient beaucoup : 87 périodiques arméniens voient le jour ainsi que des milliers d'ouvrages[9].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la plupart des journaux et revues disparaissent, leurs acteurs étant mobilisés sous les drapeaux, engagés dans la résistance ou choisissant le silence pour ne pas subir la censure de l'occupant allemand[22], comme Chavarche Missakian qui décide de ne pas faire paraître Haratch pendant le conflit. Après la libération, les publications reprennent.
Au XXIe siècle, il n'existe presque plus de périodiques en langue arménienne en France. Le dernier quotidien ayant une certaine envergure, Haratch, disparaît en 2009. Il est remplacé par Nor Haratch la même année.
Ce déclin est en grande partie dû au fait que la diaspora arménienne de France est alors composée d'Arméniens de la seconde et troisième génération qui ne maîtrisent plus dans leur majorité l'arménien, en particulier l'arménien occidental[32].
La presse principale de la diaspora arménienne de France est aujourd'hui majoritairement en langue française, en particulier Nouvelles d'Arménie Magazine (1995-) et France Arménie (1982-)[32]. Les quelques rares publications encore en arménien restent les bulletins des églises.
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