Avec son camarade d'études Charles Percier, Fontaine est l'un des inventeurs et principaux représentants du style Empire.
Formation et carrière
Outre l'intérêt de son architecture, Pierre Fontaine est remarquable par sa capacité à mener une carrière inégalée et à traverser les changements de Régimes : il est resté aux affaires du Consulat au Second Empire sans avoir à subir de « traversée du désert ».
Ancien Régime
En 1778 et 1779, sous la direction de l'architecte André, le jeune Pierre François Léonard Fontaine participe, avec son père Pierre Fontaine (1735-1807), architecte-fontainier, aux travaux d’adduction d’eau au château de L'Isle-Adam, qui appartient à Louis-François-Joseph de Bourbon, comte de la Marche et prince de Conti.
Il obtient le second prix de Rome en 1785 pour un projet dont le sujet est Un monument sépulcral pour les souverains d'un grand empire, dans lequel l'influence de Étienne-Louis Boullée est assez marquée. N'ayant pas obtenu la bourse d'études attribuée avec le premier prix, il se rend à ses frais à Rome, où Charles Percier le rejoint l'année suivante. En 1787, une place se libère à l'Académie de France à Rome, alors hébergée dans le palais Mancini, et Fontaine devient pensionnaire.
En 1790, Fontaine revient à Paris, il commence par travailler pour Claude Nicolas Ledoux sur les barrières d'octroi du mur des Fermiers généraux. Entre septembre et , afin de s'éloigner de la Révolution, il part pour l'Angleterre où il fait de la décoration (papiers peints, éventails, etc.). À son retour à Paris, il est nommé, avec Percier, directeur des décors du théâtre de l'Opéra. Ils occupent ce poste jusqu'en 1796.
Le , Fontaine est architecte du palais des Tuileries, du Louvre et dépendances, des manufactures impériales des tapisseries des Gobelins et des tapis de la Savonnerie, des magasins de marbre, et de tous les bâtiments de la couronne situés dans l'enceinte de la ville de Paris[2]. À cette époque, Charles Percier met fin à sa carrière officielle.
En 1810, Percier et Fontaine gagnent le grand prix d'Architecture pour l'arc de triomphe du Carrousel. La même année, Napoléon Ier confie à Percier et Fontaine la mission de préparer les plans d'une cité impériale dont le centre eût été le palais du Roi de Rome édifié sur la colline de Chaillot, mais que la chute de l'Empire empêchera de réaliser. Il travaille également avec Alexandre Dufour à un projet de reconstruction du château de Versailles qui doit accueillir Napoléon et sa famille[3].
Le , le titre de premier architecte de l'Empereur est supprimé. Fontaine devient alors architecte de Paris, architecte du roi et architecte du duc d'Orléans.
Le , Pierre Fontaine est maintenu (à 86 ans) dans ses fonctions d'architecte des Bâtiments de l'ancienne liste civile à Paris. Cependant, le , il démissionne de sa charge d'architecte du Louvre et des Tuileries et Bâtiments de l'ancienne liste civile de Paris. Le mois suivant, il est nommé président honoraire du Conseil des bâtiments civils.
1798-1799 : restauration de divers hôtels particuliers parisiens.
1800-1802 : aménagement et décoration du château de Malmaison pour Joséphine de Beauharnais. Bonaparte y établira le siège du gouvernement français pendant le Consulat. Ce dernier n'aimait pas sa bibliothèque, qui selon lui « ressemblait à une sacristie ».
(1erFloréalan X) : arrêté consulaire donnant l'alignement d'une rue qui conduira des Tuileries au Louvre (la rue Impériale, qui deviendra la rue de Rivoli), avec en annexe les plans, coupes et façades du projet signés Charles Percier et Fontaine et datés du 28 germinal an X ().
1821-1831 : restauration et agrandissement du château de Randan au sein d'un domaine forestier de 8 000 hectares, pour Adélaïde d'Orléans, sœur du futur Louis-Philippe Ier (1830-1848) (cf. dépliant-guide du domaine par le Conseil régional d'Auvergne, 2006).
De 1830 à 1833, le nouveau roi lui confie la transformation du château de Maulmont, domaine voisin acquis par sa sœur en 1829, en un rendez-vous de chasse pour lui et sa Cour (source : site du château-hôtel-restaurant de Maulmont, 22/01/2007, qui indique également que Fontaine a dessiné l'aile de la "Galerie des Batailles" de Versailles, créée par le roi).
1822 : rétablissement du Théâtre-Français au Palais-Royal.
1824-1833 : travaux au château d'Eu propriété du comte de Paris (1838-1894), incendiée le 11/11/1902 et reconstruite.
1843 : plans de la chapelle Saint-Ferdinand à Paris, édifice devant commémorer la mort accidentelle sur place du prince héritier Ferdinand d'Orléans, fils ainé de Louis-Philippe, avec l'architecte Lefranc comme inspecteur.
Jean-Philippe Garric, « Partie II. Les recueils du début du XIXe siècle : chapitre 5. Percier et Fontaine et leurs imitateurs », dans Jean-Philippe Garric, Recueils d'Italie : Les modèles italiens dans les livres d'architecture français, Sprimont, Pierre Mardaga, , 319 p. (ISBN2-87009-877-4 et 978-2-87009-877-6, OCLC57231745, BNF39912552), p. 127-164
Texte basé sur la thèse de doctorat en urbanisme de l'auteur, Paris 8 : 2002.