C'est au sein du GRMC, avec Pierre Schaeffer et Pierre Henry, que Philippe Arthuys se familiarise avec la musique concrète. Le principe de base de la musique concrète consiste à travailler la matière sonore directement sur le support d'enregistrement, à partir d'une écoute assidue des éléments enregistrés, conformément à l'idée, que Schaeffer formule dès 1948, « qu'il existe un autre chemin que la notation pour accéder à la musique ».
À cette période, la musique concrète paraît essentiellement destinée à renouveler la musique dramatique. Le tempérament d’Arthuys s'accommodant bien de cette tendance, il recherche surtout les rapports de la musique avec la poésie ou l'image, dans des œuvres illustrant des textes de Kipling (Le crabe qui jouait avec la mer, 1955) ou d’Apollinaire (Le voyeur, pour un film de Henri Gruel, 1956). La libération d’esprit et de technique ainsi trouvée influence les musiques de films qu'il compose pour Jacques Rivette (Paris nous appartient, 1961) et Jean-Luc Godard (Les Carabiniers, 1963).
Mais la collaboration entre Maurice Béjart et Pierre Henry s'intensifie, et Philippe Arthuys se spécialise dans la composition de musiques de films, ce qui exaspère Pierre Schaeffer. Constatant qu'ils s'adonnent plus à la composition qu'à la recherche, celui-ci finit par les contraindre à démissionner du Groupe. Ce sera la fin de l'avant-garde de la musique concrète, et la naissance du GRM que l'on connaît encore aujourd'hui[2].
Compositeur
Philippe Arthuys défend l'idée que le traitement musical doit être appréhendé par-delà sa fonction de renforcement du récit. Le musical doit demeurer selon lui « en dehors du film »[3] : « Les nouvelles procédures prétendent à un plus haut degré d'abstraction, une plus grande complexité. En réaction, en lutte avec les images, son action visant à exhiber, voire à déterminer la structure filmique, le musical entre dans son rapport d'hétérogénéité avec le discours visuel.»[3].
Il écrit de nombreuses musiques de films, entre autres : Les Camisards (1970) et Rude journée pour la Reine (1973) de René Allio, Le Vent des Aurès (1966), Chronique des années de braise (Palme d'or au Festival de Cannes de 1975), Vent de sable (1982) et la Dernière Image (1986) de Mohammed Lakhdar-Hamina.
Parallèlement à la musique de film, Arthuys compose des musiques pour le théâtre, le cirque et la danse. Il écrit notamment la musique de Voilà l'homme (1956), ballet de Maurice Béjart sur un argument de Jacques Prévert[4].
Réalisateur
Parallèlement à sa carrière de compositeur, il se dirige vers la réalisation. Il travaille comme assistant réalisateur sur Vanina Vanini de Roberto Rossellini puis réalise de nombreux films, faisant notamment tourner Françoise Prévost dans La Cage de verre (coréalisateur : Jean-Louis Levi-Alvarès, 1965), sur l'holocauste juif ; Jean Vilar dans Des Christs par milliers (1969), sur la violence du monde ; Jean Négroni dans Noces de sève (1979), parabole antinucléaire.