Comme d’autres villes méditerranéennes, Patras s’étire le long de la côte, serrée entre mer et montagne (le mont Panachéen la surplombe) sur 15 km de long et deux à cinq de large. Elle se situe à 215 km à l’ouest d’Athènes et possède quatre grands quartiers :
la ville basse, où se trouvent le port et les commerces ;
la zone industrielle ouest ;
la zone industrielle est.
Étymologie et mythologie
Patras est née d’un synœcisme entre sept villages dont Arrhoé (« labouré »), Anthée (« fleuri ») et Mesatis (« sis au milieu »). Son nom, en grec ancienΠάτραιPátrai, « ceux de Patréus », est réputé, selon la mythologie grecque, provenir de Patréus (Πατρέας) fils de Preugène et neuvième descendant de Lacédémon (fondateur de Sparte)[2]. Les habitants de Patras devaient offrir chaque année en sacrifice la plus belle jeune fille et le plus beau garçon de leur ville, en châtiment d’un sacrilège commis autrefois dans le temple de la déesse Artémis par la prêtresse Cométho[3].
Histoire
Patras est attestée sans interruption depuis plus de trois millénaires. Son devenir suit l’histoire antique de l’Achaïe, pays enchâssé entre le mont Érymanthe et la mer. Au Ve siècle av. J.-C., elle reste prudemment neutre pendant les guerres médiques et la Guerre du Péloponnèse. En 281/280, elle est parmi les douze cités cofondatrices de la ligue achéenne, dissoute plus tard par les Macédoniens, et passe sous domination romaine en 146 av. J.-C., après la destruction de Corinthe. Elle garde une certaine autonomie, émettant ses propres monnaies. On y a découvert de nombreuses stèles funéraires de gladiateurs, témoins de l’influence romaine[4].
À l’époque romaine, Patras est le port le plus actif du golfe de Corinthe et le point de passage incontournable des trajets entre l’Italie et l’Orient en passant par la Grèce, grâce à ses relations avec le port de Brindisi en Italie du Sud. Elle prospère : la population et la production artisanale de tissus fins augmentent, avec la création d’ateliers textiles. Dès lors, Patras fut aussi un important marché avec Corinthe et Athènes. En 31 av. J.-C., après la victoire d’Octave-Auguste à Actium, ce dernier fonde à côté de la cité de Patrae une colonie de vétérans nommée Colonia Patrensis, qui conduira à une réorganisation des régions de Grèce centrale et du Péloponnèse occidental.
Durant la période ottomane, la ville est appelée Balyabadra, prononciation turque de Παλάια / Paléa Patra (« ancienne Patras »)[6]. Elle revendique l’honneur d’avoir été parmi les premières villes grecques à s’être soulevées lors de la guerre d'indépendance grecque, sous l’impulsion de son archevêque Germanos ; la cité est cependant détruite par les combats au tout début de la guerre et les insurgés ne réussissent pas à s’emparer de la forteresse, qui est finalement prise par les troupes françaises le 14 octobre 1828, au cours de l’expédition de Morée.
La ville possède 15 lignes de bus dont 3 qui appartiennent à la municipalité ; la réintroduction d’un tramway moderne est à l’étude.
Culture
Patras possède un institut de technologie et deux universités dont l’Université de Patras. C’est un important centre de recherches scientifiques notamment dans le domaine des technologies innovantes et des énergies renouvelables.
↑Pausanias, Op.cit., VII, 19, 1 et suiv., rapporte que Cométho, prêtresse du temple d'Artémis Triclarie de Patras, était amoureuse de Mélanippe. N'étant pas autorisés à se marier, ils se rencontraient secrètement dans le temple. Artémis outragée envoya la famine et la peste sur la ville ; pour l'apaiser, les habitants tuèrent les deux amants et ensuite, chaque année, un jeune homme et une jeune fille étaient sacrifiés à la déesse jusqu'à ce que, conformément aux instructions de l'oracle de Delphes, le roi Eurypyle fils de Déxamène mette fin aux sacrifices.
↑(tr) Ayşe Kayapınar, « Osmanlı Döneminde Mora’da Bir Sahil Şehri : Balya Badra/Patra (1460-1715) », in Tarih ve Coğrafya Araştırmaları Dergisi, I (1), pp. 67-93, 2016.
Jules Herbillon, Les cultes de Patras, avec une prosopographie patréenne, Johns Hopkins University Press (Studies in archaeology 5), Baltimore, 1929, XVI-183 p.