Dans le nom hongroisKárolyiMihaly, le nom de famille précède le prénom, mais cet article utilise l’ordre habituel en français MihalyKárolyi, où le prénom précède le nom.
Né en 1875, Mihály Károlyi est le fils aîné de la branche principale de l'une des plus importantes familles de Hongrie. Il ne débute en politique qu'en 1909 en succédant à contrecœur à son oncle Sándor Károlyi dirigeant de la puissante Association nationale agrarienne hongroise, qui regroupe les grands propriétaires terriens. En 1913, il devient directeur exécutif d'une des deux grandes formations dominant alors la vie politique hongroise, le « Parti de l’indépendance et de 48 » se réclamant des idées de Lajos Kossuth, auquel s’opposait le Parti du travail (ancien Parti libéral) dirigé par István Tisza, fidèle au Compromis austro-hongrois de 1867 qui établit la double-monarchie d'Autriche-Hongrie[2].
Quand décède Ferenc Kossuth, le fils du grand révolutionnaire, Károlyi le remplace comme président du parti indépendantiste le 28 mai 1914. Il incarne alors le courant pacifiste (notamment après la scission de la tendance pro-germanique d'Albert Apponyi en 1916) favorable à la démocratie libérale : à la veille de la guerre, c'est sous sa présidence que s'établit le Conseil national hongrois, qui regroupe le « Parti Károlyi », le Parti social-démocrate et le Parti radical[2].
Le , Mihály Károlyi est proclamé président de la République démocratique hongroise avec Dénes Berinkey à la tête du gouvernement. Le , le chef de la mission militaire de la Triple-Entente, Fernand Vix, remet à Károlyi une note (dite note Vix) exigeant sous vingt-quatre heures un nouveau recul de l'armée hongroise, qui doit évacuer une nouvelle zone d'environ 100 km dans le Körösvidék, comprenant notamment le comitat de Bihar et ses environs. Ne pouvant accepter pareil ultimatum, Károlyi et Berinkey démissionnent. Károlyi annonce alors son intention de former un nouveau gouvernement social-démocrate, mais une proclamation signée de son nom circule aussitôt, annonçant que le président « transmet le pouvoir au prolétariat ». Károlyi niera toujours avoir rédigé et signé cette note[3].
En , huit mois après la chute de la République des conseils, l'amiral Horthy est élu régent du Royaume de Hongrie restauré, Károlyi n'occupant dès lors plus aucune fonction officielle, à l'instar d'Alexandre Kerenski auquel on le comparera souvent. En , il accepte la direction de la légation de Hongrie à Paris, mais en apprenant l’arrestation de László Rajk, il démissionne le , rompt avec le régime communiste et demande l'asile politique à la France. Il meurt en 1955, à Vence.
Il est auteur de Faith Without Illusion, publié à Londres en . Sa femme, la comtesse Catherine Andrássy[5], écrivit ses Mémoires sous le titre On m'appelait la comtesse rouge (Paris-Budapest, 1980).
Références
↑Président de la République à titre provisoire du 16 novembre 1918 au 11 janvier 1919.
↑ a et bAtes Uslu, Le comte Mihaly Karolyi et la France, Regards croisés, 1909-1919. Dans Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin, 2007/1 (N° 25), pages 115 à 130
↑Miklós Molnar, Histoire de la Hongrie, Hatier, 1996, p. 330-331
↑La guerre contre Béla Kun de la coalition antibolchévique a été ultérieurement qualifiée par les sources hongroises révisionnistes grand public de « guerre entre la Hongrie et la Roumanie pour la Transylvanie », avec, selon ce point de vue nationaliste, une durée de deux ans et demi (1918-1920) mais « sans opérations militaires » avant et après la période allant de mars à août 1919, et en occultant les autres intervenants et le contexte géopolitique décrits par József Breit, Hungarian Revolutionary Movements of 1918-19 and the History of the Red War, Vol. I : Main Events of the Károlyi Era, Budapest 1929, pp. 115-16.