La Bačka (en serbe : Бачка ou Bačka, en hongrois : Bácska, en croate : Bačka, en slovaque : Báčka, en ruthène pannonien : Бачка, en allemand : Batschka, en bunjevac : Bačka, et en turc : Baçka) est une région historique située dans la plaine de Pannonie, entre le Danube et la Tisza. Elle s'étend principalement en Serbie et en Hongrie, avec quelques enclaves sur la rive gauche du Danube qui font partie de la Croatie mais qui, depuis 1991, se trouvent sous le contrôle de la Serbie.
La plus grande partie de la région se trouve aujourd'hui en Voïvodine, une province autonome au sein de la Serbie. Novi Sad, la capitale de la Voïvodine, se trouve à la frontière entre la Bačka et la Syrmie. La partie la plus septentrionale de la région est située dans le comitat de Bács-Kiskun, en Hongrie.
Nom
Le terme de Bačka est d'origine slave. Dans les langages slaves, Bačka signifie « la terre qui appartient à la ville de Bač ». Les Hongrois ont également adopté ce terme pour désigner cette région.
La région de la Bačka est habitée depuis plus de 4 000 ans, c'est-à-dire depuis la période du Néolithique. Les premiers habitants historiques de la région furent probablement des Illyriens.
Les Slaves, parmi lesquels se trouvent les Serbes, s'installèrent dans l'actuelle Bačka aux VIe et VIIe siècles. Au IXe siècle, le territoire de la Bačka fit partie de l'Empire bulgare. Salan, un voïvodebulgare exerça son pouvoir sur la région et fit de Titel sa capitale. Puis, au Xe siècle, les Hongrois battirent Salan et ses terres furent intégrées à la Hongrie.
Au XIe siècle fut formé le comté de Bacsensis, dont le centre administratif fut la ville de Bač. Le premier préfet de ce comté, appelé Vid, est mentionné en 1074 ; le nom de ce chef est d'origine slave. Sous le règne du roi Coloman de Hongrie (1095-1116), les chefs serbes de la région portaient les noms de Uroš, Vukan et Pavle. Un document daté de 1309 évoque les chrétiens orthodoxes « schimatiques » qui habitaient la Bačka.
XVIe et XVIIe siècles
En 1526 et 1527, la Bačka se trouva au centre d'un éphémère État serbe indépendant qui s'étendait sur le territoire de l'actuelle Voïvodine. Son chef fut l'empereur Jovan Nenad qui prit comme capitale la ville de Subotica.
À l'époque de la présence ottomane (XVIe et XVIIe siècles), la Bačka fit partie du sandjak de Segedin (Szeged). La région était alors peuplée principalement de Serbes.
La période autrichienne
En 1699, la Bačka entra dans les possessions des Habsbourgs. Un comté du nom de Bacsensis, fut établi dans les parties occidentales de la région, tandis que la partie orientale fut intégrée dans la section Tisa-Mureş de la Frontière militaire. Quand cette partie de la Frontière fut abolie, en 1751, la partie orientale de la Bačka fut intégrée au comté de Bacsensis ; en revanche, la petite sous-région de Šajkaška resta sous le régime administratif de la Frontière militaire jusqu'en 1873.
Selon le recensement autrichien de 1715, les Serbes, les Bunjevci et les Šokci formaient la plus grande part de la population. En revanche, au cours du XVIIIe siècle, les Habsbourgs menèrent dans la région une active politique d'immigration, destinée à pallier les pertes dues aux guerres contre les Ottomans. Les nouveaux arrivants furent d'abord des Serbes, des Magyars et des Allemands. En raison du grand nombre d'Allemands qui venaient de Souabe, ces derniers furent connus sous le nom de Donauschwaben, ou « Souabes du Danube ». Certaines populations germaniques vinrent également d'Autriche, d'autres de Bavière et d'Alsace. Des Slovaquesluthériens, des Ruthènes pannoniens et d'autres encore peuplèrent la région dans une moindre mesure.
La Bačka connut également une émigration serbe en provenance des parties orientales de la région, celles qui appartinrent à la Frontière militaire jusqu'en 1751. Après la suppression du secteur de Tisa-Mureş, de nombreux Serbes émigrèrent, quittant le nord-est de la Bačka. Ils partirent s'installer en Russie, notamment dans la province de Nouvelle Serbie et de Slavo-Serbie, ou bien encore dans le Banat, où l'administration de la Frontière militaire était encore maintenue.
Le territoire de la Bačka, réuni au Banat et à la Baranja, fut intégrée au royaume de Serbie en 1918. Au traité de Trianon, signé le , la Bačka fut répartie entre la nouvelle Hongrie indépendante et le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, lui aussi nouvellement créé et qui devint, en 1929, le royaume de Yougoslavie. La partie septentrionale de la région devint un comitat séparé appartenant à la Hongrie, le comitat de Bács-Bodrog, qui eut comme chef-lieu la ville de Baja ; ce comté fut ensuite intégré au comté de Bács-Kiskun. La partie méridionale, quant à elle, devint une subdivision du royaume des Serbes, Croates et Slovènes (1918-1929). En 1929, la région fut intégrée à la banovine du Danube, une province du royaume de Yougoslavie.
En 1941, la Bačka yougoslave fut occupée par les puissances de l'Axe et rattachée à la Hongrie de Miklós Horthy. Durant cette période, les troupes hongroises tuèrent dans la région 19 573 civils, pour la plupart Serbes, Juifs ou Roms ; de nombreux autres civils furent arrêtés, violés ou torturés. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Bačka fit partie de la nouvelle république fédérale socialiste de Yougoslavie. Avec la défaite de l'Axe, de nombreuses populations d'origine germanique durent quitter la région dans les fourgons de l'armée nazie ; ceux qui restèrent, une minorité, furent emprisonnés dans des camps par les nouvelles autorités yougoslaves ; les Partisans de Tito tuèrent alors un certain nombre d'habitants d'origine hongroise ou allemande, en représailles pour les morts yougoslaves de la guerre.
Les municipalités de Sremski Karlovci, Petrovaradin et Beočin, qui, administrativement, font partie du district de Bačka méridionale sont en fait situées dans la région géographique et historique de Syrmie. En revanche, les municipalités d'Ada, Senta et Kanjiža, géographiquement situées dans la région de la Bačka, sont intégrées dans le district du Banat septentrional.
Senta, Kanjiža, Ada et Mol sont géographiquement situées dans la région de la Bačka mais elles sont rattachées administrativement au district du Banat septentrional.
Il est à signaler que les parties hongroises de la Bácska appartiennent aussi aux sous-régions de Kiskunhalasi et Mohácsi, même si l'essentiel de ces sous-régions ne fait pas partie de la Bácska.
Selon le recensement de 2001 en Hongrie, la population de la Bácska hongroise (incluant les districts de Bajai, Bácsalmási, et Jánoshalmai), comptait 113 432 habitants[2]. Les frontières administratives des différents districts ne correspondent pas exactement aux frontières géographiques de la Bácska hongroise. La plupart des habitants de la Bácska hongroise sont des Hongrois[3].
La rue principale de Kanjiža et l'église catholique
Notes et références
↑Popis stanovništva, domaćinstava i stanova 2002. Knjiga 1: Nacionalna ili etnička pripadnost po naseljima. Republika Srbija, Republički zavod za statistiku Beograd 2003. (ISBN86-84433-07-6) (OCLC71210713)