Née d'un père camerounais et d'une mère française d'origine espagnole[1], Maryse Éwanjé-Épée est la troisième d'une fratrie de quatre sœurs : Munia, Nadine et Monique qui ont toutes pratiqué l'athlétisme. Elle découvre l'athlétisme à 8 ans à l'école Vercingétorix d'Aubière (Puy-de-Dôme) mais ne débute en compétition que trois années plus tard, à Montpellier. Pendant quelques années, elle pratique le basket-ball et l'athlétisme avant d'être repérée dans le cadre scolaire par la femme de son futur entraîneur au Montpellier Université Club, Dominique Biau qui la suit de 11 ans à 21 ans à Montpellier. Professeur agrégé de mathématiques à la ville et ancien perchiste, il donnera à Maryse et à ses sœurs les bases d'une éducation complète basée sur les épreuves combinées. Maryse sera d'ailleurs d'abord championne de France de 100 mètres haies et d'heptathlon avant de se spécialiser dans le saut en hauteur.
Carrière sportive
En 1981, à 16 ans et 10 mois, elle est sélectionnée aux championnats d'Europe junior d'Utrecht en heptathlon. Durant l'épreuve elle bat huit records sur huit (sept épreuves plus le total de points) et améliore son record de 11 centimètres au saut en hauteur, battant dans le même temps les records de France des catégories cadette, junior et espoir.
De 1982 à 1985, elle est de multiples fois championne de France chez les jeunes en saut en hauteur, 100 mètres haies, saut en longueur et heptathlon et elle bat neuf fois le record de France senior. Lors de son premier record senior à l'occasion des championnats d'Europe en salle de Milan en 1982, Marie-Christine Debourse qui détient la meilleure marque française et qui est devenue consultante sur TF1, commente en direct le saut de sa cadette à 1,88 m. Un an plus tard, Maryse a amélioré à plusieurs reprises son record de France et elle remporte la médaille de bronze aux championnats d'Europe en salle de Budapest.
En septembre1984, après les Jeux olympiques de Los Angeles, Maryse rejoint l'Université d'Arizona à Tucson, où elle suit des études de journalisme. Sous la houlette de Bob Myers, elle est vice-championne universitaire américaine à Austin en mai1985 : les Wildcats Katrena Jonhson, Camille Harding et elle-même, respectivement, 1re, 3e et 2e, signent un triplé historique. Quelques semaines plus tard, elle bat le record universitaire américain avec 6 pieds 4 pouces 3/4 (1,96 m), record qui tiendra jusqu'en 1992 (battu par Tanya Hugues puis par Brigetta Barrett).
En septembre1985, Maryse Éwanjé-Épée rentre en France pour y poursuivre ses études et doit faire face à la retraite de son entraîneur de toujours, Dominique Biau, qui souhaite prendre du recul avec l'athlétisme. Elle se rend alors à Paris à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (INSEP) et s'entraîne avec Christian Charbonnel. Après deux saisons difficiles durant lesquelles Madely Beaugendre bat son record de France en salle avec 1,96 m, elle retrouve le haut niveau et se qualifie pour les Jeux olympiques de Séoul en 1988 le dernier jour de la période qualificative, dans ce qui reste le plus beau concours des championnats de France, à Tours, en franchissant 1,95 m tandis que Madely Beaugendre s'élève à 1,93 m.
A Séoul, Maryse se qualifie pour la finale avec 1,92 m, où elle se classe seulement 10e avec 1,90 m. Déçue par sa performance, elle quitte Christian Charbonnel et s'entraîne pendant un an avec son époux Marc Maury. Après les championnats d'Europe en salle de La Haye en 1989, où elle monte une nouvelle fois sur le podium (3e), elle rejoint, d'un commun accord avec son mari, le groupe d'entraînement de Thierry Blancon.
En 1991, elle donne naissance à sa première fille, puis reste partiellement paralysée quelques mois. On lui détecte une polyarthrite rhumatoïde. Elle est plâtrée durant deux mois et reprend l’entraînement avec un corset six mois avant les Jeux olympiques de Barcelone de 1992. Elle saute 1,91 m mais ne parvient pas à réaliser les minima olympiques pour un centimètre.
En 1995, elle est victime d'une rupture partielle du tendon d'Achille, et un an plus tard, elle échoue à nouveau d'un petit centimètre pour les minima qualificatifs pour les Jeux olympiques d'été de 1996 à Atlanta. Elle décide de mettre un terme à une carrière qui compte 43 sélections en équipe de France A en saut en hauteur de 1981 à 1996. Pendant plus de 20 ans, elle a détenu les records de France des catégories cadette, junior, espoir et senior du saut en hauteur.
Dès 1992, elle est chroniqueuse sur Eurosport. Quand elle arrête la compétition en 1996, elle passe immédiatement de l'autre côté de la caméra en intégrant l'équipe des sports de Canal+. Elle interviewe les athlètes lors des épreuves d'athlétisme des Jeux olympiques d'été de 1996 à Atlanta, commentés par Marc Maury et Charles Biétry.
Elle est également responsable des sports de la ville de Noisy-le-Grand de 1997 à 2002, où elle créé le Meeting International d'Athlétisme de Noisy-le-Grand.
Parallèlement à ses activités sur RMC, elle crée l'émission de sport et divertissement Chez José, co-animée avec l'ancien footballeur international José Touré et diffusée sur 17 radios en Afrique francophone, aux Antilles et à Paris entre novembre 2005 et septembre 2008. Elle est d'ailleurs la Directrice Associée de la société productrice de l'émission, Ya Foye Events, aujourd'hui dissoute, qui a notamment produit en 2008 pour la radio RMC Egolympics, des auto-interviews mettant en scènes 65 champions français en préparation des Jeux olympiques.
En 2009, elle prépare une exposition, Ciel mon sport, qui présente en photos et textes l'histoire de grandes personnalités du sport français, illustrées par l'astrologie. En mai 2010, elle publie le livre enquête Négriers du foot (éditions Le Rocher), nommé aux Trophées des arts afro-caribéens2010.
De 2017 à 2018, elle intervient en télévision dans le Grand Week-End Sport de BFM Sport, et présente l'émission hebdomadaire d'athlétisme Meeting Privé sur SFR Sport.
Son père Charles Éwanjé-Épée, est musicien auteur compositeur d'origine camerounaise[15],[16]. Elle a épousé en 1988 le commentateur sportif, ancien comédien et ancien rugbyman Marc Maury dont elle a eu quatre enfants, Mélissa, née pendant sa carrière sportive, Tanya, Maïa et Mikka. Ils divorcent en 2007. Sa sœur cadette Monique Éwanjé-Épée Lewin, a été championne d'Europe du 100 mètres haies dont elle détient le record de France depuis 1990. Sa sœur aînée Muñia, est candidate aux élections législatives dans la 1re circonscription de Tours en 2012 sous l'étiquette du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Elle est la tante de la mezzo-sopranoAdèle Charvet, fille de sa sœur Nadine[17].
Publications
Le stade d'athlétisme et ses métamorphoses, Paris, photos Marc Schilovitz, Stade Éditions, , 159 p. (ISBN9782845520028)
Négriers du Foot, Monaco-Paris, France, Le Rocher, , 304 p. (ISBN9782268069401)
Jesse, La Vie Fabuleuse de Jesse Owens, Paris, José Carlin/Jacques-Marie Laffont Éditions, , 240 p. (ISBN236124182X)
Révolte, Les rebelles du sport, Paris, Hugo Publishing, , 208 p. (ISBN9782755643640)