Louis Valtat est né dans la maison paternelle, au 41, rue d'Écosse à Dieppe, fils de François Victor Valtat, armateur et peintre amateur et de son épouse, Marguerite Valtat, née Barluet, originaire de Bernay (Eure), où la famille s'installera en 1874, rue des Champs-de-la-Couture.
En 1880, les parents de Louis Valtat s'installent rue Montebello à Versailles. Il fait ses études au lycée Hoche à Versailles. Son père participe en 1884 au premier Salon des indépendants où il expose un paysage. En 1886, Louis Valtat entre à l'École des beaux-arts de Paris dans les ateliers de Jules Lefebvre (1834-1911). De 1886 à 1888, il complète sa formation à l'Académie Julian sous la direction de Gustave Boulanger (1824-1888), puis de son successeur Benjamin-Constant (1845-1902), et se lie d'amitié avec Albert André[2] et Pierre Bonnard. Il fait la connaissance d'Édouard Vuillard et du groupe des nabis qui eurent également une influence sur son travail, au départ orienté vers le pointillisme. Il débute au Salon des indépendants en 1889. Lauréat en 1890 du prix Jauvin d'Attainville, il installe son premier atelier rue de la Glacière à Paris, et les tableaux de son envoi au Salon des indépendants de 1893, comme Sur le boulevard, ont pour motif l'animation des rues environnantes.
En 1895, poursuivant sa convalescence à Arcachon, Louis Valtat réalise de nombreuses peintures aux tons très vifs qui, exposées au Salon des indépendants de 1896, sont remarquées par Félix Fénéon qui en fait mention dans La Revue blanche. Ces peintures annoncent le fauvisme qui fera scandale dix ans plus tard au Salon d'automne de 1905. En 1896, il fait un séjour à Arcachon.
À partir de 1897, il exécute des dessins et des gravures sur bois pour illustrer la revue L'Omnibus de Corinthe fondée par son ami Marc Mouclier rencontré dans le cercle des amis de La Critique[3].
À l'exposition de groupe organisée par Paul Signac à la galerie Durand-Ruel, en , il figure avec vingt peintures dont quinze sont regroupées sous le titre Notations d'Agay, 1899.
En effet, depuis l'hiver 1897-1898, c'est à Agay, petit hameau de pêcheurs proche de Saint-Raphaël, puis à Anthéor distant de quelques kilomètres, que Louis Valtat réside de l'automne au printemps, avec sa femme Suzanne. Il y peint sur la plage où Auguste Renoir est admiratif de sa vigueur picturale[réf. nécessaire]. Il l'invite à lui rendre visite à Cagnes-sur-Mer, où Valtat fera la connaissance de Georges d'Espagnat. En 1899, il fait l'acquisition de terrains qu'il achète à Ferrouillat, Polaire et Eugène Brieux, où il fait bâtir une maison qu'il nommera « Roucas Rou ». Il y habitera une grande partie de l'année jusqu'en 1914.
Le , il épouse Suzanne Charlotte Noël. La même année, sur l’amical conseil de Renoir, Ambroise Vollard passe un accord avec Valtat dont il acquiert pratiquement la totalité de la production durant douze ans, mais n'améliore que peu la cote du peintre. Renoir invite le couple Valtat et l'encourage à s'essayer à la sculpture. Ils font ensemble des séjours à Magagnosc.
Pendant leurs séjours à Anthéor, les Valtat traversent souvent l'Esterel, parfois à bicyclette, pour aller voir Renoir qui à cette époque loue la « Maison de la Poste » à Cagnes. À l'occasion d'une de ces visites en 1903, Renoir peint le Portrait de Suzanne Valtat, pendant que Louis Valtat réalise à l'encre quelques portraits de Renoir, dessins qui lui serviront pour graver un bois. La distance séparant Anthéor de Saint-Tropez étant d’environ 40 kilomètres, des visites à Paul Signac se font facilement dans la journée à bord de la Bollée, voiturette à pétrole que Valtat tient de Signac en échange de sa peinture Le Cap Roux. Il fait une incursion en Italie en 1902.
Le collectionneur russe Ivan Morozov achète à Vollard plusieurs peintures de Valtat. Vollard détenant pratiquement l'intégralité de la production de Valtat, c'est généralement le marchand qui se charge d'adresser ces peintures dans les principales expositions d'avant-garde. Ambroise Vollard fait également les envois des peintures pour les expositions qui se tiennent à Paris. Ainsi Louis Valtat participe à l'exposition des fauves au Salon d'automne de 1905, une de ses peintures est reproduite dans le journal L'Illustration à côté de celles d'Henri Manguin, Henri Matisse, André Derain et Jean Puy.
Au printemps et en été, pour retrouver le bord de mer et surtout pouvoir y peindre, Louis Valtat se rend volontiers en Normandie, à Port-en-Bessin, à Arromanches et plus tard à Ouistreham. En 1903, il installe un nouvel atelier parisien, le deuxième, rue Girardon, sur la Butte Montmartre. En février, il fait un séjour chez Signac à Saint-Tropez et expose au premier Salon d'automne. Le , il est pour quelques jours chez Auguste Renoir[4]. Au début de l'année 1904, il séjourne à nouveau chez Signac, à Saint-Tropez. Il voyage en Algérie en 1906 et s'installera place Constantin-Pecqueur en 1907, dans son troisième atelier parisien. La même année, à la demande de Vollard, il réalise à Asnières-sur-Seine des pièces de céramique à l'atelier d'André Metthey, qu'il exposera pour une partie au Salon d'Automne de 1907. Il effectue des séjours en Normandie à Port-en-Bessin et Arromanches pendant l'été. Son épouse donne naissance à leur fils Jean à Versailles en 1908. Il retourne peindre sur les plages normandes à Arromanches et Port-en-Bessin à l'été de 1909.
En 1914, il déménage pour s'installer au 32, avenue de Wagram à Paris, à proximité de l'Arc de triomphe et du bois de Boulogne dont les lacs sont un sujet récurrent dans l'œuvre de Valtat. À l'été, il se rend aux Andelys, quittant définitivement le Midi, où il installe son quatrième et dernier atelier. Il fait quelques séjours à Asnelles, Ver-sur-Mer où il sculptera un Saint-Martin qui ornera le portail de l'église en 1918.
En 1922, il séjourne à Vieux-Moulin, en forêt de Compiègne, et fait un séjour à Boulogne-sur-Mer en 1923. Après avoir mis un terme aux séjours à Anthéor en 1914 et passé dix ans sans les plaisirs d'un jardin, Louis Valtat fait l'acquisition, en 1924, d'une propriété à Choisel, petit village de la vallée de Chevreuse, à quelques kilomètres de l'abbaye des Vaux-de-Cernay où il séjourne une grande partie de l'année, passant l'été en Bretagne.
Son jardin, comme les fleurs et les fruits qu'il y cultive, sont alors les motifs de prédilection de ses peintures. À Choisel, Valtat aime recevoir ses amis, Georges d'Espagnat ou Maximilien Luce, qui profitera d'une de ses visites pour réaliser une peinture de l'église du village. En 1925, il fait un séjour aux Sables-d'Olonne et pousse jusqu'à La Rochelle. Il visite la même année le Cirque de Gavarnie dans les Pyrénées et retourne à Banyuls.
À présent, la reconnaissance officielle lui est acquise : il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1927[5]. De 1929 à 1931, il passe les étés à Ouistreham en compagnie de son épouse et de son fils Jean qui est maintenant docteur en stomatologie et qui fera la connaissance de Marie Lucie Nessi[6]. Louis Valtat conseillera sa belle-fille sur son travail artistique qu'il appréciait[réf. nécessaire].
En 1939, il se rend au lac du Bourget et apprend à devenir grand-père avec la naissance de sa première petite-fille, Caroline, en 1940. Il sera par deux fois encore grand-père de 1942 à 1944.
Après l'exode de 1940 et les années d'Occupation, Louis Valtat, atteint d'un glaucome, ne quitte plus guère son atelier acquis en 1914 au 32, avenue de Wagram où il réalise ses dernières peintures qui datent de 1948.
Article rédigé à partir des ouvrages cités en référence, ainsi que des notes de l'Association Louis Valtat réunissant la famille de l'artiste (sources primaires).
↑Les Lettres françaises, 1953, Albert André se souvient qu'il avait connu Valtat dans l'atelier de Benjamin-Constant. Cité dans Albert André par Evelyne Yeatman, Paris, 1990, p. 20.
↑[PDF] « Les cercles artistiques, littéraires et philosophiques d’Hector Guimard ”architecte d’Art” » par Bruno Montamat, in: Romantisme : la revue du dix-neuvième siècle, Armand Colin, 2017 — lire en ligne.
↑Chronologie, Renoir, FC, 1979-A.372, lettre à Albert André.
Maïthé Vallés-Bled, Valtat indépendant et précurseur, préface de François Commeinhes, Musée Paul Valéry, Salles la Source, Au fil du Temps, 2011, (ISBN9782918298908).
Bernard Seiden, Ivonne Papin-Drastik, Louis Valtat. À l'aube du fauvisme, Éditions Midi-Pyrénéennes, 2011 (ISBN978-2953760217).