Totalisant 495 épisodes d'une durée initiale de 30 minutes en noir et blanc, puis de 60 minutes en couleur, il raconte la vie des habitants du village réel de Sainte-Adèle, au nord de Montréal. Seuls 70 à 80 épisodes, datant principalement de 1967 à 1970, ont survécu à l'épreuve du temps[1].
L'histoire se situe durant la colonisation des Laurentides, plus précisément dans ce qui est devenu la MRC des Pays-d'en-Haut, vers la fin du XIXe siècle (environ 1885 à 1890). L'action se déroule principalement à Sainte-Adèle, où un homme avare, Séraphin Poudrier, contrôle d'une main de fer la petite communauté en employant sa richesse et sa duplicité[2]. Maire de la municipalité, il convoite puis épouse Donalda Laloge, après que le père de celle-ci, incapable de rembourser sa dette, la lui donne à contrecœur en mariage. Donalda est une femme douce et soumise, initialement promise au bel Alexis Labranche, cousin de Séraphin. Après son mariage, elle accepte dès lors de vivre plutôt sa vie en fonction des volontés de cet homme dur en affaires, mais doté d'une grande éthique de travail. Elle ne se laisse jamais abattre par sa situation grâce au réconfort de la prière et à la certitude du devoir accompli. Plusieurs intrigues se greffent à l'histoire avec les familles Laloge, Fourchu, Ruisselet, Pothier et Bouchonneau, sans oublier le curéAntoine Labelle et la riche héritière Mayfair[2].
Guy Provost : Alexis Labranche alias Joe Branch dit « l'exilé », colon cultivateur, gardien du club de chasse et pêche du lac Manitou, maire, inspecteur des lots, gérant de saloon, mineur, forgeron, cousin de Séraphin, Délima et Joseph-Déodat Poudrier, époux d'Artémise Baltour Labranche (2e) (1965-1970)
Louise Roux : Aurélie, secrétaire particulière du « boss Réné », fille de Georgianna Bouchonneau (1961-1970)
Thérèse Arbic : Donatienne Marignon, fille de Cyprien Marignon et Angélique Pothier Marignon, nièce de Prudence Pothier, sœur de Jérôme Marignon (1956-?)
Andrée Basilières : Angélique Pothier Marignon, maîtresse de poste, sœur de Prudence Pothier, cousine de Félicia Pothier, épouse de Cyprien Marignon, mère de Jérôme et Donatienne Marignon
Jean Brousseau : Dr Jérôme Marignon, médecin, marguiller en charge, fils de Cyprien Marignon et Angélique Pothier Marignon, neveu de Prudence Pothier, frère de Donatienne Marignon, époux de Pâquerette Marignon (1956-1968)
Geneviève Bujold : Julie Fourchu, fille de Basile et Scholastique Fourchu, sœur d'Elzéar Fourchu (1re)
Paul Guèvremont : Théophraste Raudin dit « le mendiant de la nuit », plus vieux frère du curé Raudin (1968) / Joseph-Déodat Poudrier, fils d'Évangéliste Poudrier, frère aîné de Séraphin Poudrier et Délima Poudrier, cousin d'Alexis Labranche (1970)
Louis-Philippe Hébert : « père » François-Xavier « F.-X. » Laloge, colon cultivateur, agent des terres, père d'Adélard et Donalda Laloge
Avant d'être adapté pour la télévision, l'univers des Belles Histoires avait fait l'objet d'un feuilleton radiophonique à la radio de Radio-Canada à partir de 1939. D'une durée de 15 minutes, il était diffusé du lundi au vendredi durant 24 années[4],[5]. Deux films avaient également été réalisés en 1949 et 1950.
Différences avec le roman
Dès les premières télédiffusions (hebdomadaires) en 1956, certains spectateurs dénoncent les changements apportés au feuilleton radio. En effet, Séraphin est rajeuni : il a 28 ans et Donalda, 17. Cette dernière n'est également plus la fermière bien en chair qu'elle était à l'époque de la radio, mais une jeune femme svelte et blonde, imaginée pour plaire au public.
Parmi les autres différences entre le roman initial et le feuilleton télévisé : la maîtresse de poste Angélique a comme prétendant le Dr Cyprien sur papier, mais le notaire Lepotiron dans la série. Aussi, le père de Donalda, F.-X. Laloge meurt dans la version imprimée, contrairement à la télé, où il reste en vie. Enfin, le père Chevron est à l'origine tanneur, mais devient forgeron au petit écran[6].
Tournage
Une partie des scènes extérieures a été tournée aux chutes Monte-à-Peine au Parc régional des Chutes-Monte-à-Peine-et-des-Dalles[7].
La course de chevaux sur le lac et la pêche du père Laloge ont été tournées au Havre familial Camp Marcel à Sainte-Béatrix. Dans l'épisode de Un oubli une maison de Séraphin est détruite par un incendie. La scène a été tournée en deux parties. La première partie nous fait voir un paysage de la rivière L'Assomption à l'arrière plan. La seconde partie où l'on voit la maison brûler se situe elle aussi au Havre familial Camp Marcel à Sainte-Béatrix. Le Camp appartient aux Frères de Saint-Gabriel. La maison nommée « maison Beaupré » a été achetée par Radio-Canada pour cette scène. C'est le site actuel du camping de la grange[réf. nécessaire]. Les extérieurs du château de Baby ont été tournés au manoir historique de Saint-Henri-de-Mascouche[8].
Avant 1967, l'émission est tournée en noir et blanc en une seule prise, puis diffusée en différé[9]. C'est aussi à partir de cette année (saison 10) que les épisodes passent d'une durée de 30 minutes à 60 minutes.
Archives
Les épisodes n'ont pas été conservés. En 2005, quatorze épisodes complets et 55 scènes inédites sur un total de 400 épisodes en noir et blanc, ainsi que soixante épisodes complets et dix scènes inédites sur un total de 95 épisodes en couleur, ont été sauvegardés ou ont survécu dans les archives de Radio-Canada[10].
Ce n'est qu'à partir de la saison 1967-1968 que la direction décide d'enregistrer et conserver systématiquement les épisodes, afin d'éventuellement pouvoir les rediffuser[11].
Générique d'ouverture
La musique du générique, bien connue du public québécois, est le Petit Adagio tiré du quatrième tableau (L'Automne) du ballet Les Saisons, op. 67, d'Alexandre Glazounov. Cet indicatif musical avait été choisi par Guy Mauffette en 1939 pour le feuilleton radiophonique Un homme et son péché et repris pour la suite télévisée[9].
La voix hors champ de François Bertrand lisait le texte qui apparaissait à l'écran sur fond de paysages des Laurentides[12].
Accueil
Ce téléroman a connu un record de longévité de quatorze saisons, battu par L'Auberge du chien noir lors de la saison 2016-2017, mais aussi par Virginie en 2010 (qui était toutefois une quotidienne[9]).
Dans les années 1960, plusieurs critiques culturels dénoncent la faiblesse des textes et des personnages n'évoluant jamais, mais le public reste assidu, tous les lundis soir. En 1963, le 300e épisode attira 2 340 000 d'entre eux, du jamais-vu dans la province[13].
Malgré l'énorme popularité de la série, Radio-Canada a cherché à la retirer des ondes à quelques reprises. À chaque fois, le commanditaire est parvenu à repousser le couperet – jusqu'en 1970[5].
Par la suite, il a été rediffusé à quelques reprises, entre autres sur la chaîne culturelle ICI ARTV (saisons 1967-1970 en couleur), et en partie sur DVD. ARTV retire la série de sa programmation en 2007, après trois diffusions complètes des épisodes couleur existants[14]. Elle est par la suite rediffusée en après-midi de semaine en 2009 à Radio-Canada, et revient à l'horaire d'ARTV de 2011 à 2013.
L'acteur devant incarner Séraphin Poudrier n'a été choisi qu'un mois avant le début du tournage. Yvon Leroux, qui jouera finalement Bidou Laloge, a même été considéré en tant que finaliste[17].
Quelques noms de lieux québécois sont inspirés des Belles Histoires[18] : le lac Laloge, le lac Bidou, le lac Séraphin, le lac Poudrier, le lac Donalda sont situés dans un même secteur de la MRC du Fjord-du-Saguenay, tout juste au sud du réservoir Pipmuacan. Il y a aussi le lac du Père-Chevron sur La Haute-Côte-Nord (secteur Lac-au-Brochet), la rue du Père-Ovide et la rue Séraphin à Sainte-Adèle, et dans la MRC d’Antoine-Labelle (secteur Lac-Douaire) : le lac Viande-à-Chien et le lac Bouleau-Noir – les expressions respectives de Séraphin et d'Alexis.
↑ a et bFrançois Baby, « Téléromans : personnages et dialogues », L'Annuaire théâtral, , p. 117 (lire en ligne)
↑Rosaire Fontaine, « Avant-propos », dans Claude-Henri Grignon, Séraphin: Nouvelles histoires des pays d'en haut, t. 1, Québec Amérique, (ISBN9782764425107, lire en ligne), p. 24
↑« Pour les Belles Histoires : Le Manoir historique de Saint-Henri-de-Mascouche devient le Château de Baby », documents recueillis par Benoît David, photographies de Guy Dubois, Le Journal des Vedettes, 20 mai 1967, page 15.
↑Daniel Chartier, L'Émergence des classiques : la réception de la littérature québécoise des années 1930, Fides, coll. « Nouvelles études québécoises », (lire en ligne), p. 67-68.
↑Louise Cousineau, « ARTV se lance dans la critique de télé et se passera de Séraphin », La Presse, vol. 123, no 285, , p. C3 (ISSN0317-9249, lire en ligne)
↑André Gélinas, L'Administration centrale et le cadre de gestion : les ministères, les organismes, les agences, les appareils centraux, PUL, (lire en ligne).
↑Georges Desmeules et Chantale Gingras, « Crimes et châtiments : Séraphin. Un homme et son péché », Québec français, no 129, , p. 99 (lire en ligne)
↑Rosaire Fontaine, dans Claude-Henri Grignon, op. cit., p. 26.
↑« Une belle histoire », sur Commission de la toponymie du Québec, (consulté le )