Gaspare Spontini était issu d'une famille très modeste, qui souhaitait qu'il embrassât l'état ecclésiastique. Il étudia donc d'abord le chant et la musique dans une maîtrise. À l'époque elles étaient quasiment toutes adossées à un chœur d'église professionnel. Le jeune homme, voulant devenir musicien, alla parfaire sa formation à Naples, au Conservatoire de la Pietà dei Turchini (école également liée à l'Église). L'irrégularité de ses résultats et son caractère difficile et perturbateur lui valurent d'humiliants échecs qui le contraignirent à s'enfuir sans avoir pu terminer son éducation. Ses débuts, dans l'opéra bouffe aussi bien que seria, s'en ressentirent, mais ils témoignent d'une personnalité propre et d'une volonté de prendre ses distances par rapport aux traditions de l'école napolitaine.
Arrivée à Paris
En 1803, Spontini décida de s'installer à Paris[1], attiré par la gloire de Napoléon Ier et l'esthétique nouvelle que le régime cherchait à promouvoir. On était alors à la recherche de compositeurs capables de réaliser une synthèse entre l'esthétique révolutionnaire et républicaine, avec notamment ses références antiques et ses grandes masses orchestrales, et le style français traditionnel. En outre, cette synthèse devait être non seulement nationale mais européenne, à l'échelle de l'Empire français.
Spontini comprit qu'une place était à prendre et, dès son arrivée à Paris, il s'efforça d'assimiler le style français. Après quelques timides essais de remanier ses ouvrages italiens, il donna rapidement trois opéras-comiques au Théâtre Feydeau : La Petite maison (1804), Milton (1804) et Julie ou le Pot de fleurs (1805). Parallèlement, il se fit des relations : le président du Sénat, Lacépède, le facteur de pianos Érard, le critique musical François-Joseph Fétis, Madame de Staël, Juliette Récamier, mais surtout l'impératrice Joséphine.
Grâce à ces protections, il put faire donner en 1806 une cantate à la gloire de Napoléon Ier, L'eccelsa gara, ainsi que le vaudeville Tout le monde a tort, composé pour la fête de l'Empereur et qui fut joué par ses sœurs et ses courtisans. Auparavant, en 1805, Spontini avait été nommé Compositeur particulier de la chambre de S.M. l'Impératrice.
Succès de La Vestale
Depuis quelque temps, Spontini travaillait à un livret que lui avait proposé Étienne de Jouy sur un sujet romain, qui avait été repoussé auparavant par Méhul et par Boieldieu. Lorsque La Vestale fut donnée à l'Opéra le l'ouvrage parut incarner de manière presque miraculeuse l'esprit de l'Empire et fit aussitôt sensation. L'Institut de France le déclara meilleur ouvrage lyrique de la décennie. Le succès se renouvela avec Fernand Cortez le .
Spontini fut nommé chef d'orchestre pour l'opéra italien à l'Odéon en 1810 et dirigea plusieurs exécutions importantes d'œuvres de compositeurs variées. Le , il épousa Marie-Catherine Céleste Érard, fille du célèbre facteur de pianos Jean-Baptiste Érard. Le couple put s'installer au château de la Muette, propriété de celui-ci. Ils n'eurent pas d'enfant, mais le mariage fut parfaitement heureux.
Dans ces années il fut initié en maçonnerie dans la loge L'Âge d'Or de Paris[2].
Échec
Spontini fut fait chevalier de la Légion d'honneur le . Le , il fit donner son opéra Olympie, souvent considéré comme sa meilleure œuvre, qui ne rencontra d'abord pas le succès. Après ce premier échec, Spontini quitta Paris pour Berlin en 1820, où il fut nommé Kapellmeister en chef et reçut un salaire annuel de 4 000 thalers et la possibilité de donner un concert par an à son profit. Il mit en musique Lalla Rookh de Thomas Moore, donné au Palais royal le . Après avoir considérablement revu Olympie, il le fit jouer une nouvelle fois le et, cette fois, le public fut conquis. Puis il donna son opéra Agnes von Hohenstaufen (1829). En 1829, il fut fait docteur honoris causa de l'Université de Halle et, en 1834, il dirigea les représentations de La Vestale à Hambourg. Il retourna dans sa ville natale en 1835, voyagea en Angleterre en 1838 et retourna à Paris où il fut élu à l'Académie des beaux-arts la même année. En 1837, il y fit donner une version révisée d'Agnes von Hohenstaufen.
Fin de vie
En 1842, il quitta définitivement l'Allemagne et alla s'établir à Rome, où le Pape le fit comte de San Andrea en 1844. Cette année-là, il voyagea à Paris et à Dresde, puis se retira dans sa ville natale en 1850. À sa mort, il légua sa fortune à des institutions charitables. S'il était d'un caractère difficile, il s'était toujours montré généreux, de son vivant, pour les musiciens nécessiteux.
Œuvres
Li puntigli delle donne, opéra-bouffe, Florence, Regio Teatro degli Intrepidi, carnaval de 1796
Teseo riconosciuto, opéra, Florence, Regio Teatro degli Intrepidi,
La finta filosofa, opéra-bouffe, Naples, Teatro Nuovo sopra Toledo,
La fuga in Maschera, opéra-bouffe, Naples, Teatro Nuovo sopra Toledo, carnaval de 1800 (partition perdue pendant deux siècles, retrouvée en 2007 et achetée par la commune de Maiolati Spontini)
I quadri parlanti, opéra-bouffe, Palerme, Teatro Santa Cecilia, 1800
Gli Elisi delusi, opéra-bouffe, Palerme, Teatro Santa Cecilia,
Gli amanti in cimento, opéra-bouffe, Rome, Teatro Valle,
Fernand Cortez ou la conquête du Mexique, opéra en 3 actes, livret d’Étienne de Jouy et Joseph-Alphonse Esménard, Paris, Opéra, ; deuxième version, Paris, Opéra, ; troisième version en allemand comme Fernand Cortez ou Die Eroberung von Mexiko, Berlin, Königliches Opernhaus, ; quatrième version, Berlin, Königliches Opernhaus,
Olympie, opéra, Paris, Opéra, ; deuxième version en allemand comme Olimpia, Berlin, Königliches Opernhaus, ; troisième version à nouveau en français comme Olympie, Paris, Opéra,