La gare de Liège-Guillemins — appelée également la gare des Guillemins — est la principale des sept gares ferroviaires de la ville de Liège en Belgique. Elle est située au pied de la colline de Cointe.
La gare de Liège-Guillemins est un carrefour important du réseau ferroviaire belge. En 2023, il s'agit de la première gare de la Région wallonne en nombre de voyageurs, qui accueille 21 313 voyageurs chaque jour en semaine[1].
Une nouvelle gare, œuvre de l'architecte espagnol Santiago Calatrava Valls, a été inaugurée le après une dizaine d'années de travaux[2]. Son esthétique est généralement considérée comme une réussite, la gare attire à Liège de nombreux touristes et est aujourd'hui un emblème de la ville et le monument liégeois le plus photographié. Elle est considérée comme l'une des plus belles gares du monde[3], d'après CNN.
Toponymie
La gare de Liège-Guillemins tient son nom du couvent dit des Guillemites de l'Ordre de Saint-Guillaume, fondé au XIIIe siècle. L'établissement religieux fut confisqué et revendu par l'administration française à la Révolution[4].
Histoire
Arrivée du train à Liège
Le choix de faire de la ville de Liège le point de passage d'un chemin de fer remonte aux premières esquisses du chemin de fer d'Anvers au Rhin, élaboré juste après la révolution belge. L'arrêté royal du , le mentionne et la loi du prévoit la création d'un réseau s'articulant autour de quatre lignes, dont la « ligne de l'Est », de Malines à Liège et la frontière prussienne[5],[6].
En 1838 trois ans à peine après l'entrée en fonction de la première ligne ferroviaire de service public d'Europe continentale (Bruxelles – Malines), la construction du réseau des Chemins de fer de l'État belge progresse en vue de former un réseau cohérent qui comprend trois lignes internationales (Bruxelles – Valenciennes, Gand – Lille et Malines – Aix-la-Chapelle), qui seront d'ailleurs les premières liaisons ferroviaires transfrontalières[6].
Le [7], la ligne de l'Est atteint la gare d'Ans, baptisée alors « Liège-Supérieure[8] », sur les hauteurs de Liège. Étant donné la déclivité de la côte d'Ans, la section de 6 km vers la vallée ne peut être réalisée que par un imposant ouvrage d'ingénierie : le plan incliné de la côte d'Ans. Le chemin de fer atteint finalement Liège le [7].
La gare en bois de 1842
Avec l'arrivée du chemin de fer, Liège a besoin d'une station intérieure. En 1842, une construction en bois[9] s'élève sur le site de l'ancien couvent des Guillemites.
Le caractère provisoire de la première gare, construite en bois, est lié à l'espoir des autorités liégeoises qui espéraient obtenir une gare près de la place Saint-Lambert. Pour les dirigeants de l'époque, le palais des Princes-Évêques devait être la station la plus importante de Liège. Mais, vu les difficultés techniques, la SNCB privilégia toujours le site des Guillemins. Durant quelques années, elle fut d'ailleurs baptisée « Liège-Extérieur » par les Liégeois[10].
Le nœud ferroviaire de Liège
En 1843, la liaison ferroviaire transfrontalière vers la Prusse voit le jour, avec la fin des travaux de la ligne reliant Liège à Aix-la-Chapelle, elle-même prolongée par une ligne partant de Cologne[6].
Le , la Société des chemins de fer de Namur à Liège[11] met en service la section entre le Val-Benoît et la gare de Liège-Guillemins. Toutefois, c'est à la gare de Liège-Longdoz, sur la rive opposée, que s'implantera le terminus liégeois de cette ligne vers Namur, rapidement reprise à bail par le Nord - Belge (filiale des Chemins de fer du Nord français). La gare des Guillemins (ou celle d'Angleur) servira pour les échanges entre les deux compagnies[12], jusqu'à la nationalisation du Nord-Belge en 1940. La ligne Namur – Liège, combinée aux lignes Charleroi – Namur et Erquelinnes-Charleroi, constituera un axe international parcouru par des trains reliant Liège à Paris et Cologne, Berlin, Vienne, Moscou, Copenhague, etc.
L’État, choisissant d'aller à l'encontre des autorités de la ville qui réclamaient le déplacement de la gare vers le centre-ville, fait construire une nouvelle station en 1863 afin de remplacer celle d’origine, en bois[9].
La gare des Guillemins, due à l'architecte A. Lambeau[8], se caractérise par un grand pavillon central accueillant la salle des pas perdus dont la verrière et le fronton s'inspirent de la gare de Paris-Est. Elle est agrandie à plusieurs reprises, d'abord par l'ajout de deux ailes de part et d'autre en 1881-1882[16] puis en 1905, à l'occasion de l'Exposition universelle de Liège avec une augmentation du nombre de quais et la création de couloirs sous-voies. Coiffée d'une statue, allégorie féminine de l'industrie, surnommée « Guillemine » par les cheminots de l'époque[16], la gare était aussi dotée d'une fontaine Montefiore[17].
La gare moderne de 1958
Une nouvelle gare est érigée en 1958, à la suite de l'électrification des lignes[9], par le complexe dit « moderne ». Les trois architectes, Charles Carlier, Hyacynthe Lhoest et Jules Mozin, du groupe EGAU, inspirés par la gare de Rome-Termini, proposent un style qui correspond aux goûts de l'époque. L'ancien bâtiment de la gare, les installations des marchandises et plusieurs bâtiments privés sont démolis en 1956[18].
Architecture
Le bâtiment central de la gare mesure 110 m de long, sur 11 m de large et 17 m de hauteur. Sa façade est presque complètement vitrée, de type « mur-rideau », avec l’utilisation de profilés en aluminium de faible section (matériaux standardisés). La façade principale est encadrée par des pierres de calcaire, qui se trouvent également sur les murs pignons. Ce volume est caractérisé, en façade, par un auvent[19].
Un deuxième volume est construit à côté du bâtiment central de la gare. Cet édifice, le « tri postal », est dédié aux services postaux, ainsi qu'à la régie des télégraphes et téléphones. Le but principal de ce nouveau bâtiment est de rassembler toutes les différentes activités en un ensemble, et ainsi dégager et agrandir les rues du quartier environnant[18].
Lieu de mouvements sociaux, puis délaissement progressif
Durant l’hiver 1960, le projet d’une nouvelle loi va avoir d'importantes répercussions sociales. Il s’agit de la « Loi unique[20] », qui consiste en l’augmentation des impôts, et un contrôle plus strict concernant notamment les assurances de chômage et de maladie. C’est à partir de là que la gare sera victime de dégradations.
Le siège de la poste de Liège X quitte le tri postal en 1994[21].
La gare TGV de 2009
L'inauguration de la nouvelle gare a eu lieu le , en présence du prince Philippe[2]. Son coût total s'élève à 445 millions d'euros, dont 145 millions à la charge d’Infrabel[22].
La nouvelle gare comporte 9 voies rectilignes. Les voies 1 et 2 sont réservées aux trains vers l'Allemagne; les voies 3 et 4 à ceux vers Bruxelles. Contrairement à l'ancienne gare, les voies qui desservent la ligne Bruxelles-Cologne (50 % des voyageurs) se trouvent du côté du centre urbain, donc plus accessibles pour la majorité des voyageurs.[réf. nécessaire]
On compte cinq quais de 8 mètres de large. Trois quais, d'une longueur de 450 mètres, sont spécialement aménagés pour accueillir les doubles rames des trains Eurostar (ex-Thalys) ; les deux autres quais ont quant à eux une longueur de 350 mètres. Tous les quais sont desservis par des escalators et des ascenseurs[23]. Chaque double quai ne comporte qu'une poignée de places assises, sans dossier, qui répondent mal au passage quotidien dans la gare. La structure de l'édifice lui conférait initialement une très mauvaise acoustique qui nuisait fortement à la diffusion des annonces en gare. Le problème a été réglé par des aménagements techniques et les annonces sont aujourd'hui plus claires.
Ouverte à tous vents, la gare protège mal les voyageurs du froid, mais des systèmes ont été mis en place fin 2014 pour maintenir la salle des pas perdus à une température minimale de 12 °C[24].
La nouvelle gare TGV de Liège figure sur toutes les cartes européennes.[réf. nécessaire] Certains[Qui ?] pensaient qu'il eut dès lors mieux valu qu'elle porte un nom connu hors des frontières belges mais qui prenne ses racines dans l’histoire de la région. Et ce d'autant que le mot « Guillemins » ne rappelle quasiment plus aucun souvenir, même aux Liégeois. La difficulté de prononciation du nom pour les non-francophones fut également évoquée.
En , soit un an et demi avant l'inauguration, un rapprochement entre les différents pouvoirs politiques de Liège et des deux Limbourgs faisait pencher la balance vers Liège-Limburg, même si rien n'avait été décidé officiellement[25]. Le groupe Liège Demain qui rassemble des représentants des milieux économiques, sociaux, culturels ou académiques désireux d'améliorer l'image et la notoriété du Pays de Liège, défendaient l'appellation Liège-Charlemagne[réf. souhaitée]. Une discussion sur ce choix de nom est disponible sur le site web du Comité de Quartier Fragnée-Blonden[26].
Service des voyageurs
En termes de fréquentation, c'est la dixième gare du réseau de la SNCB, avec 5 600 000 voyageurs en 2018, soit 17 800 par jour ouvrable[27]. En 2023, la moyenne est de 21 313 par jour ouvré, 10 647 voyageurs le samedi et 11 624 voyageurs le dimanche[1].
Accueil
Gare SNCB, elle dispose de guichets (ouverts sept jours sur sept), de facilités pour les personnes à mobilité réduite et de consignes pour les bagages. Un buffet et des commerces sont présents en gare ainsi qu'un parking routier payant, des aires de stationnement pour les vélos[28] et un service de vélos à la demande Blue-Bike[29].
Desserte
De nombreux trains[30] desservent les 9 voies[9] de la gare :
De nombreuses lignes d'autobus du réseau TEC Liège-Verviers desservent une gare routière (comportant six quais, de A à F)[31],[32],[33],[34],[35],[36] : 1, 2, 3, 4, 8, 9, 17, 20, 25, 27, 30, 48, 57, 58, 64, 65, 90, 94, 138, 140, 240, 248, 377, E20, E69.
Projet de tramway
Cet article ou cette section contient des informations sur un projet ferroviaire.
Il se peut que ces informations soient de nature spéculative et que leur teneur change considérablement alors que les évènements approchent.
Ce graphique et tableau montre le nombre de voyageurs embarquant en moyenne durant la semaine, le samedi et le dimanche[38].
Nombre de passagers qui embarquent à la gare de Liège-Guillemins
Semaine
Samedi
Dimanche
1977
15 651
6 540
6 217
1978
14 036
6 671
5 766
1979
15 342
5 906
5 781
1980
14 770
6 756
6 331
1981
15 244
6 866
6 232
1982
14 783
7 091
6 214
1983
14 717
5 744
5 021
1984
14 475
6 303
5 376
1985
14 191
6 316
7 075
1986
12 844
5 774
5 872
1987
14 424
5 917
6 386
1988
14 525
7 178
7 310
1989
13 332
5 961
6 528
1990
12 068
6 804
7 173
1991
13 855
6 711
6 812
1992
14 810
7 222
7 503
1993
13 251
6 428
6 286
1994
16 418
7 472
6 585
1995
12 626
5 512
5 793
1996
13 333
6 435
6 064
1997
13 440
5 548
5 336
1998
13 210
6 572
6 948
1999
14 392
6 414
6 088
2000
15 925
7 958
7 056
2001
11 669
5 576
5 118
2002
14 063
6 202
6 210
2003
13 819
7 096
7 105
2004
13 130
7 466
6 177
2005
16 794
9 428
8 748
2006
16 046
8 952
8 284
2007
13 463
8 186
7 428
2008
-
-
-
2009
15 153
7 590
7 508
2010
-
-
-
2011
-
-
-
2012
16 807
9 182
9 860
2013
16 800
8 237
7 619
2014
17 467
8 623
7 731
2015
17 124
8 726
7 994
2016
17 750
8 988
8 212
2017
17 735
8 414
8 480
2018
17 843
9 758
8 519
2019
17 931
12 964
11 376
2020
10 938
6 442
6 547
2021
-
-
-
2022
18139
9 630
9 076
2023
21 313
10 647
11 624
Expositions
Dans la gare
SOS PLANET, du au . L'exposition a accueilli 250 000 visiteurs[39].
Golden Sixties : J'avais 20 ans en 1960, du au (prolongée jusqu'au ). L'exposition a accueilli 315 000 visiteurs[40].
Liège expo 14-18 : J'avais 20 ans en 1914, du au (prolongée jusqu'au ). L'exposition a accueilli 255 000 visiteurs.
De Salvador à Dalí, du au . L'exposition a accueilli 180 000 visiteurs[41].
L’armée Terracotta – l’héritage de l’empereur chinois éternel, du au . L'exposition a accueilli 55 000 visiteurs.
J'aurai 20 ans en 2030, du au . Exposition réalisée par Europa 50, dans le cadre du bicentenaire de l'université de Liège[42]. L'exposition a accueilli 130 000 visiteurs.
Génération 80 Expérience, du au (prolongée jusqu'au ). L'exposition a accueilli 150 000 visiteurs.
Toutankhamon, à la découverte du pharaon oublié, du au [43] (prolongée jusqu'au ). Malgré deux fermetures imposées par la pandémie de Covid-19, l'exposition a accueilli 180 000 visiteurs[44].
Extra Muros, au-delà des murs, du au (prolongée jusqu'au ).
A World of Bricks, du au .
Da Vinci, l'artiste, l'ingénieur, le gastronome, du au (prolongée jusqu'au ).
Vers la lune et au-delà : la conquête spatiale en briques LEGO, du au .
Sur l'esplanade
Disneyland Paris Ice Dreams, festival de sculpture de glace sur le parvis de la gare, du au (prolongée jusqu'au ).
Ice Star Wars, festival de sculpture de glace sur le parvis de la gare, du au .
Le Château du Père Noël, exposition d'automates sur le parvis de la gare, du au [45].
Disneyland Paris 20 Year's, festival de sculpture de glace sur le parvis de la gare, à partir du .
Jurassic Expo, exposition de dinosaures animatronics sur le parvis de la gare, du au .
Œuvre de Daniel Buren
De surcroît aux expositions dans le hall d'exposition et sur l'esplanade de la gare, depuis le , l'imposante toiture en verre de la gare est employée comme support pour une œuvre d'art de l'artiste contemporain français Daniel Buren. L'œuvre d'art entend « faire dialoguer l'art et l'architecture » et éclaire les quais avec la lumière naturelle, par des filtres colorés, au fil de la journée[46]. Il est prévu de la désinstaller après un an, le [47]. L’exposition est finalement prolongée jusqu’en [48].
↑ ab et cUlysse Lamalle, Histoire des chemins de fer Belges, Bruxelles, Office de Publicité, , 283 p., p. 20-22, 37-42.
↑ a et bAuguste de Laveleye, Histoire des vingt-cinq premières années des chemins de fer belges, Bruxelles et Paris, A. Decq (Bruxelles) et E. Lacroix (Paris), , 228 p. (lire en ligne), p. 24.
↑Paul Pastiels, « Les origines du chemin de fer en Lorraine belge (1) », Le Rail : mensuel des œuvres sociales de la SNCB, , p. 7 (lire en ligne [PDF]).
Jean-Marie Crémer, CL; Counasse, V. de Ville de Goyet, Y. Duchêne, L. Charlier et V. Fagnoul, « La gare TGV de Liège-Guillemins », Revue construction métallique, no 3, , p. 12-42 (ISSN0045-8198).