Fleur de lys
Fleur de lys.
Fleur de lys dans la couronne, ordre du Saint-Esprit et armoiries.
La fleur de lys , ou fleur de lis (â ), est un meuble hĂ©raldique . C'est l'une des quatre figures les plus populaires avec les multiples croix , l'aigle et le lion . Elle est habituellement classĂ©e parmi les figures naturelles.
La fleur de lys ne représente pas le lys (Lilium sp.) que l'on trouve dans les jardins (utilisé plus rarement en héraldique sous le nom de lys de jardin ). Certains auteurs comme Charles Bruneau y voient plutÎt une représentation stylisée de l'iris des marais .
Du fait de sa valeur dans la tradition chrĂ©tienne , la fleur de lys Ă©tait symboliquement trĂšs prĂ©sente sous la forme d'aigrette trifide, dans l'Empire byzantin puis dans les royaumes francs et le royaume lombard . Ce symbole fut utilisĂ© par les souverains carolingiens puis par leurs successeurs, empereurs ottoniens et rois capĂ©tiens . C'est sous le rĂšgne de Louis VII que l'expression « fleur de lis » apparut et que les fleurs de lis d'or sur champ d'azur devinrent les armes de France et l'emblĂšme spĂ©cifique des rois de France . Aujourd'hui dĂ©laissĂ©e en France, elle est encore en AmĂ©rique du Nord un symbole de la prĂ©sence francophone , en particulier au QuĂ©bec oĂč elle fait office de symbole national.
Une fleur de lys blanche est l'élément central du logo de l'emblÚme du scoutisme mondial choisi par son fondateur Baden Powell depuis sa création.
Sur les cartes anciennes la fleur de lys est traditionnellement utilisée pour indiquer le nord et souvent additionnée à une rose des vents sur les cartes marines.
Les fleurs de lys de France
LĂ©gendes sur l'origine des fleurs de lys de France
De nombreuses légendes ont cherché à expliquer l'origine des armes de France.
Clovis recevant la fleur de lys. Parmi les hypothĂšses donnant Ă la fleur de lys des origines religieuses, on peut citer cette lĂ©gende hagiographique[ 1] : dans l'ancienne forĂȘt de Cruye (actuelle forĂȘt de Marly ), prĂšs du chĂąteau de Montjoie oĂč la tradition a fait sĂ©journer Clovis et son Ă©pouse, vivait prĂšs d'une fontaine un ermite que la trĂšs chrĂ©tienne reine Clotilde avait l'habitude de venir consulter. Un jour qu'elle Ă©tait en priĂšre avec le saint homme, un ange leur serait apparu et lui aurait demandĂ© de remplacer l'Ă©cusson de son mari portant trois croissants ou trois crapauds par trois fleurs de lys qui brillaient d'une couleur d'or sur la plaine de l'actuel Joye-en-Val. On prĂȘtait Ă Clovis avant sa conversion des armes Ă trois crapauds [ 2] .
Une autre lĂ©gende rapportĂ©e par Louis Girard rappelle que la fleur de lys est un iris stylisĂ© dont Clovis a fait sa fleur favorite : lors de la bataille de VouillĂ© en 507 , les armĂ©es de Clovis sont repoussĂ©es dans les marĂ©cages de la Vienne par les Wisigoths d'Alaric II . Une biche au son de l'armĂ©e traverse alors la Vienne en crue au niveau d'un guĂ©[ 3] environnĂ© de grands iris dont les rhizomes contribuent Ă la stabilisation des berges et vasiĂšres des cours d'eau, indiquant ainsi que ce passage au sol stable pouvait ĂȘtre franchi par les armĂ©es franques qui vont pouvoir battre les Wisigoths. Cette fleur, symbole de la victoire de Clovis, est dĂšs lors adoptĂ©e par le roi des Francs[ 4] .
Il a aussi Ă©tĂ© affirmĂ© que la fleur de lys serait un ancien symbole des Francs saliens qui Ă©taient originaires de Flandre oĂč l'iris Faux-Acore ou iris des marais (Iris pseudacorus L.), plante hĂ©lophyte Ă fleurs jaunes spectaculaires, pousse en abondance sur les rives de la Lys [ 5] , le cours d'eau le plus important de Flandre aprĂšs l'Escaut . Le seigneur d'ArmentiĂšres , une ville oĂč coule cette riviĂšre, en fit le motif de son blason. Lors de l'annexion de son fief par le roi des Francs, celui-ci dĂ©cida Ă son tour de l'ajouter Ă son propre blason. Ainsi serait nĂ©e la « fleur de Lys », qui n'aurait pas Ă©tĂ© un lys mais un iris[ 6] .
Pierre-BarthĂ©lemy Gheusi donne Ă la fleur de lys une origine plus guerriĂšre que botanique : ce serait un embout de javelot gaulois (ou encore l'Angon des Francs) avec pointe et crochets (voir l'analogie de forme avec ce sceptre fleurdelisĂ© du blason de Trieste â blasonnĂ© « Hallebarde » â et qui serait la lance de Saint Serge selon Ottfried Neubecker , Le Grand Livre de l'hĂ©raldique ).
Le lys chez les Carolingiens
Le lys apparaßt dans le monde franc à la fin du rÚgne de Pépin le Bref (715-768) et au début de celui de Charlemagne (742-814), qui furent précisément en contact de plus en plus étroit avec les Lombards .
On a dĂ©couvert dans ce qui reste de l'Ă©glise de Saint-Denis , construite par lâabbĂ© Fulrad Ă la fin du rĂšgne de PĂ©pin le Bref et au dĂ©but de celui de Charlemagne, des colonnes dont les bases Ă©taient ornĂ©es d'une frise de lys et rinceaux. Il y a Ă©tĂ© vu une influence de l'art aulique lombard[ 7] .
Le Christ de lâĂ©vangĂ©liaire de Godescalc , peint vers 782 Ă la cour de Charlemagne , est environnĂ© de lys blancs[ 8] . De nombreux manuscrits carolingiens prĂ©senteront des lys blanc et or, parfois sous la forme de rinceaux et associĂ©s au monde stellaire[ 8] . L'Ă©vangĂ©liaire de Charlemagne fut rĂ©alisĂ© aprĂšs son second voyage Ă Rome et chez les Lombards[ 9]
Les lys sont apprĂ©ciĂ©s par Charlemagne qui les place en tĂȘte du capitulaire De Villis , rĂšglement des villae royales, grandes exploitations agricoles carolingiennes[ 10] . Dans l'Ancien Testament, le IVe livre d'Esdras montre de mĂȘme que Dieu a choisi le lys comme la premiĂšre des fleurs (4 Esdras 5, 24) : voulant se placer dans la tradition de la royautĂ© biblique, les Carolingiens font cultiver le lys qui figure en tĂȘte des fleurs devant pousser dans les jardins royaux[ 11] .
Sur la statuette Ă©questre du Louvre reprĂ©sentant Charlemagne ou Charles II le Chauve , le roi porte une couronne gemmĂ©e ornĂ©e de quatre aigrettes trifides et chaque chaussure est ornĂ©e dâun tel fleuron qui est, semble-t-il, un signe royal[ 12] , [ Note 1] .
Vers 850, Sedulius de LiÚge chante « le lys royal [qui] rÚgne du haut des sceptres étincelants » dans De rosae liliique certamine , vers 850.
DĂšs Charles II le Chauve , les lys dâor prolifĂšrent, dâun style trĂšs vĂ©gĂ©tal mais trĂšs simplifiĂ© sur les sceptres et les couronnes : ils prĂ©sentent trois pĂ©tales au lieu de six, comme le lys blanc des jardins des mosaĂŻques de Rome et Ravenne Ă©galement trois[ 13] .
Les bulles impĂ©riales et royales de Charlemagne , Louis Ier le Pieux et Charles II le Chauve reprĂ©sentent le souverain coiffĂ© dâune couronne ornĂ©e dâune aigrette trifide[ 14] dont la forme est celle de la fleur de lys.
Les autres rois d'Europe imiteront les usages carolingiens : ainsi, en Angleterre, le roi Edgar le Pacifique (959-975) est peint en souverain carolingien dans le frontispice de sa charte de New-Minster, ce qui explique sa couronne Ă trois lis dâor Ă deux pĂ©tales ; dâautres couronnes anglaises destinĂ©es au Christ , Ă la Vierge, au roi sont ornĂ©es de lys Ă trois pĂ©tales ; les premiers empereurs du Saint-Empire utiliseront des sceptres dont la hampe est une tige vĂ©gĂ©tale[ 13] .
Le lys chez les Capétiens
Fleur de lys, collée dans un manuscrit de médecine du XVII e siÚcle.
Le lys sous les premiers Capétiens directs
DĂšs les premiers CapĂ©tiens directs , le lys est prĂ©sent dans la symbolique royale[ 15] : Hugues Capet a sur son sceau une couronne de trois lys ; Robert II le Pieux , sur son deuxiĂšme sceau en navette, porte une couronne fleurdelisĂ©e et tient un fleuron Ă trois Ă©tages ; Philippe Ier est reprĂ©sentĂ© coiffĂ© dâune couronne Ă trois lys avec dans sa main droite un fleuron du genre lotus Ă trois pĂ©tales et un long sceptre Ă lis[ Note 2] ; sous Louis VI , est frappĂ© un denier dont la croix est cantonnĂ©e de deux lis sous forme de trois pĂ©tales sortant dâun triangle[ Note 3] ; Louis VII , fut nommĂ© Ă sa naissance Florus selon OrdĂ©ric Vital dans son Historia Ecclesiastica et son sceau le montre avec trois lis sur sa couronne.
Apparition de la fleur de lys sous Louis VII
Il semble que Louis VII ait joué un rÎle déterminant dans l'adoption de la fleur de lys comme symbole spécifique de la royauté française. De fait, l'héraldique apparaßt sous son rÚgne et, à partir de Louis VII, le décor royal et étatique est criblé de fleurs de lys.
Avant Louis VII , Ă la suite des souverains carolingiens , les premiers rois capĂ©tiens imitaient la robe talaire bleue semĂ©e dâastres et de constellations du grand prĂȘtre dâIsraĂ«l [ Note 4] . On sait par Helgaud en sa Vie du roi Robert que Charles II le Chauve avait un ornement appelĂ© orbis terrarum . Le ciel cosmique a Ă©tĂ© changĂ© en ciel des Ă©lus, ciel spirituel, et le manteau royal est devenu bleu semĂ© de fleurs de lys dâor, composition assurĂ©e pour lâordo de 1200 environ, reflet probable du sacre de Philippe II Auguste en 1179[ 11] . Ce changement se serait fait sous l'influence des idĂ©es que Bernard de Clairvaux a exprimĂ© dans ses Sermons sur le Cantique des cantiques , pour qui dans le monde spirituel, les Ălus sont assimilables Ă des lys[ 16] , [ 17] , [ 18] ; le lys n'est pas en lui-mĂȘme un symbole marial mais un signe de ressemblance avec le Christ [ 19] . Cette influence aurait pu transiter par l'intermĂ©diaire du frĂšre du roi, le prince Henri , qui avant d'ĂȘtre archevĂȘque de Reims , fut simple moine Ă Clairvaux entre 1145 et 1149[ 20] ; dans cette optique, le Cosmos du vĂȘtement du roi ne doit plus ĂȘtre celui du monde matĂ©riel des astres, mais le monde spirituel des saints ; dĂšs lors, une banniĂšre semĂ©e de lys peut concrĂ©tiser la parole de la Sagesse selon laquelle tout l'Univers (spirituel) combat avec le juste[ 21] . DĂšs avant Bernard de Clairvaux , le ciel fleuri, Ă©vocation des Ă©lus, est omniprĂ©sent dans l'art occidental, par exemple dans la Chanson de Roland , ou sur les Ă©glises comme celle de la Lande de Fronsac[ 22] . Sur les vĂȘtements du sacre de Jean II le Bon , les deux cosmos matĂ©riel et spirituel coexistent[ 23] . De fait, les vĂȘtements du sacre français ont un dĂ©cor identique aux armes du roi, ce qui n'arrive dans aucun autre pays[ 24] .
Le nom fleur de lys apparaĂźt sous le rĂšgne de Louis VII , dans Ărec et Ănide peu aprĂšs 1160[ 11] et on peut remarquer que ce terme est phonĂ©tiquement identique, en tout cas trĂšs proche de « Flor de Loys » (Fleur du Roi Louis), Louis VII ayant en fait adoptĂ© comme blason l'Iris des marais mais l'assonance entre « Flor de Loys » (l'iris) et « Flor de Lys » a perpĂ©tuĂ© une Ă©quivoque historique[ 25] .
Le gisant de Louis VII Ă lâabbaye cistercienne de Sainte-Marie de Barbeau. Le tombeau date de 1180-1206 : la dalmatique du roi y est ornĂ©e de bandes dĂ©corĂ©es dâun rĂ©seau losangĂ© comblĂ© de fleurs de lis, de mĂȘme que la tunique ; on peut penser que son Ă©pouse AdĂšle de Champagne nâaurait pas fait installer des fleurs de lis sur la tombe de son mari si celui-ci ne les avait pas assumĂ©es[ 26] . La fusĂ©e de l'Ă©pĂ©e Joyeuse , qui est contemporaine, prĂ©sente la mĂȘme symbolique fleurdelisĂ©e[ 24] .
Tous les descendants de Louis VII eurent des armes liliacĂ©es alors que les descendants des frĂšres de ce roi (Maisons de Dreux et Courtenay) et de ses cousins (Maisons de Vermandois et Bourgogne) nâont pas eu de fleur de lis[ 27] .
Les armes de France depuis Louis VII
Le baron François-Marie-Claude Richard de Hautesierck (1713-1789) fit établir cette borne-frontiÚre portant fleur de lys prÚs de la cité Bois-Richard de L'HÎpital (Moselle) . Cette borne a été déplacée et se trouve placée prÚs de l'église de Lauterbach (Sarre).
Représentations
Les fleurs de lys sont couramment représentées sous une forme stylisée, jaune sur fond bleu : d'azur semé de lys d'or ou d'azur à trois lys d'or pour la version « moderne ».
Philippe II Auguste utilise une banniĂšre bleue fleurdelisĂ©e dâor bleue dĂšs 1191 lors de la TroisiĂšme croisade et lâun de ses baillis porte lâĂ©cu fleurdelisĂ© en 1207[ 11] .
Lâaspect botanique et floral de ce symbole royal apparaĂźt, notamment, dans les fines nervures sur les fleurs de lys des contre-sceaux des rois de France Ă partir de Philippe II Auguste : le graveur de ce roi a mis deux Ă©tamines stylisĂ©es qui apparaissent aussi dans la fleur tenue par la main droite de ce roi sur son sceau de majestĂ©[ 28] . Un emploi du semis de lys attestĂ© se trouve sur un sceau du fils de Philippe II Auguste , le prince Louis, futur Louis VIII , en 1211 . Le semis qui est remplacĂ© en 1375 par trois fleurs de lys.
La France du Moyen Ăge sera symbolisĂ©e par des pavillons aux armes de France sur les portulans : des navires ont utilisĂ© cet emblĂšme dĂšs 1270 sur un manuscrit[ 11] . Ainsi, Les armes d'azur semĂ© de fleur de lys d'or et d'azur Ă trois fleurs de lys d'or sont si Ă©troitement liĂ©es Ă la monarchie française que la langue du blason utilise les expressions de France ancien (pour le semĂ© ) et de France moderne (pour les trois fleurs de lys ) pour Ă©conomiser une description archi-connue de tous. On trouve notamment le chef de France (suivant les Ă©poques et les villes, de France ancien ou de France moderne ) souvent accordĂ© en augmentation par les rois de France Ă des villes « fidĂšles » Ă la couronne, comme Lyon , Angers , Tours , Poitiers , FrĂ©jus , Le Havre , Laon mais aussi la bande de France ou le chevron de France .
En France, les « bonnes » villes, câest-Ă -dire celles qui avaient le droit de se faire reprĂ©senter par leurs « mayeurs » (ou maires) au sacre du roi de France, avaient le droit de porter sur leur blason un chef de France, câest-Ă -dire « d'azur semĂ© de fleurs de lys d'or » (France ancien) ou « d'azur Ă trois fleurs de lys d'or » (France moderne). Le chef de France est une augmentation accordĂ©e aux armes de ces villes. Un terme proche est l'expression chef d'Anjou qui dĂ©signe un chef d'azur fleur-de-lysĂ© d'or brisĂ© d'un lambel de gueules utilisĂ© surtout dans l'hĂ©raldique italienne. InspirĂ© des armes des Anjou rois de Naples , il marque la fidĂ©litĂ© ou l'alliance politique de certaines familles avec cette dynastie.
C'est Charles V qui rĂ©duisit le nombre de fleurs de lys Ă trois (1376), en l'honneur de la Sainte TrinitĂ©[ 29] . Le passage de France ancien Ă moderne a conduit Ă de nombreuses armes irrĂ©guliĂšres, Ă enquerre. En effet, le fleurdelisĂ© primitif est un semis , qui n'est pas soumis Ă la rĂšgle de contrariĂ©tĂ© des couleurs . Il peut donc ĂȘtre associĂ© Ă des piĂšces ou des meubles de tout fond. En revanche, la France moderne est un Ă©mail (azur ) chargĂ© de meubles, qui ne peut en principe recevoir que des charges d'or ou d'argent. Les charges Ă©taient trĂšs souvent de gueules (bĂąton du Bourbonnais , lambel de l'Artois, bande de la Marche, chef du Lyonnais, bordure du Berry, sautoir de Langres).
Symbolisme
Dans la Bible, à l'entrée du Temple de Salomon "Les chapiteaux qui étaient sur le sommet des colonnes, dans le portique, figuraient des lis et avaient quatre coudées." (1 Rois 7:19). Le lys forme une corolle pure ouverte vers le haut symbolisant la réception du divin. Le quatre est le symbole de la Terre. Le Livre des Rois confÚre au lys la symbolique du terrestre recevant le divin.
Sous le rĂšgne de Charles V , le rĂ©dacteur de la Charte de Limay indiquait que les fleurs de lis Ă©taient « trois pour exprimer la TrinitĂ© , afin que, Ă la façon oĂč le PĂšre, le Verbe et lâEsprit des trois fleurs prĂ©figurent mystĂ©rieusement un signe unique ; et Ă la maniĂšre oĂč le soleil de la divinitĂ© illumine du haut de lâempyrĂ©e le monde entier, ainsi les trois fleurs dâor, placĂ©es sur un champ cĂ©leste ou dâazur resplendissent plus glorieusement sur toute la terre et Ă©blouissent dâune clartĂ© vive, et afin que le sens du signe sâadapte correctement aux personnes de la TrinitĂ©, la puissance des armes, la science des lettres et la clĂ©mence des princes correspondent trĂšs parfaitement au groupe des trois lis par lesquels le royaume de France a brillĂ© aujourdâhui et conserve en cela les marques de la TrinitĂ©. Telle est lâexcellence et le prestige du roi envers lequel lâindivisible TrinitĂ© manifeste une si grande volontĂ© quâelle a acceptĂ© de lui consacrer sa propre image et de ce fait, le royaume nâest soumis Ă lâautoritĂ© dâaucun prince sur terre et semble sâĂȘtre placĂ© sous sa protection propre et privilĂ©giĂ©e. »[ 30]
Dans un texte paru un siĂšcle plus tard, il est prĂ©cisĂ© que « les fleurs de lys sont au nombre de trois parce que ce nombre est complet, quâil contient en lui le commencement, le milieu et la fin ; de mĂȘme que dans la trĂšs Sainte-TrinitĂ©, au PĂšre est attribuĂ©e la puissance, au Fils la sagesse et au Saint-Esprit la clĂ©mence, attribut nĂ©cessaire du prince. Aussi dans les fleurs de lis, celle du milieu signifie la foi chrĂ©tienne, celle de droite le clergĂ©, celle de gauche lâarmĂ©e. »[ 30]
Abolition de la fleur de lys comme symbole de la France
La fleur de lys hors des armes de France
Une fleur d'iris des marais, Iris pseudacorus .
La fleur de lys se retrouve notamment sur des villes dont le nom évoque les mots lys ou fleurs, on parle d'armes parlantes . On la retrouve aussi dans des armes ou des drapeaux indiquant une origine dans la France royale, notamment chez les Franco-Américains .
Ă l'origine le blason de Lille est un iris des marais (d'argent sur champs de gueules, analogue Ă celui d'or sur azur de Bruxelles-Capitale ). La transformation en lys (aux formes trĂšs proches) serait due Ă une intervention de Louis XIV Ă la prise de la ville, en en faisant, volontairement ou non, des armes parlantes (Lille, lilium). Il ne s'agit pas d'une augmentation , et d'ailleurs la fleur de lis lilloise est d'argent (alors que le lis royal est d'or) et florencĂ©e (peut-ĂȘtre un rappel de l'iris primitif), comme celle de Florence (lys de Florence en totale symĂ©trie quant aux couleurs, ce lys avec des boutons entre les fleurons n'apparaĂźt qu'au XI e siĂšcle) (le lis florencĂ© de l'administration des Postes n'est pas trĂšs exubĂ©rant, nĂ©anmoins les petites boules au bout des feuilles le dĂ©marquent du lis royal).
Fleur de lys indiquant le nord sur une carte Les villes de Deûlémont et d'ArmentiÚres , trÚs proches de Lille, ont le symbole floral dans leurs armes, elles sont traversées par la Lys .
Le 21 janvier 1948 , un nouveau drapeau du Québec portant la fleur de lys est adopté[ 31] .
La ville de Québec est l'une des villes nord-américaine les plus fleuries de lys. Dans le seul secteur de la vieille ville, plus de 650 fleurs de lys ornent l'extérieur des édifices : frontons, portes, enseignes commerciales, boßtes à fleurs, clÎtures, etc. à l'occasion du 400e anniversaire de la fondation de Québec en 2008, une fresque[ 32] regroupant les 400 plus belles a été créée.
La fleur de lys figure sur le drapeau de la ville de Saint-Louis dans l'Ătat du Missouri aux Ătats-Unis . Elle est un hĂ©ritage de la prĂ©sence française dans la rĂ©gion de la rive orientale du Mississippi . La ville de Saint Louis doit d'ailleurs son nom Ă Louis IX de France.
Le drapeau franco-ontarien , déployé officiellement pour la premiÚre fois le 25 septembre 1975 à l'université de Sudbury, possÚde une fleur de lys qui rappelle l'appartenance des Franco-Ontariens au peuple canadien français [ Note 5] .
Le drapeau d'Acadiane et du peuple cadien contient le fleur de lys grùce à l'héritage partiellement français des cadiens.
D'autres villes, familles, organisations, villes, provinces ou Ătats utilisent ou ont utilisĂ© ce symbole. On peut citer par exemple :
La famille Lalis en France ;
Les Bourbons en Espagne (on peut aussi noter que le Drapeau de l'Espagne comporte trois fleur de lys) ;
La famille Fugger en Allemagne ;
Darmstadt en Allemagne ;
Wiesbaden en Allemagne ;
Laƥko en Slovénie ;
la Maison de Lancastre d'Angleterre ;
Lincoln en Angleterre ;
Lelystad aux Pays-Bas ;
Turku en Finlande ;
JÔelÀhtme en Estonie ;
Daugavpils en Lettonie ;
Jurbarkas en Lituanie ;
Skierniewice en Pologne ;
La Serbie a deux fleurs-de-lis sous l'aigle sur ses armoiries ;
La province du Dauphiné
Le Québec ;
La ville de Montréal;
La Nouvelle-Orléans et La Nouvelle-Ibérie en Louisiane ;
Baton Rouge en Louisiane ;
DĂ©troit dans le Michigan ;
Louisville dans le Kentucky ;
Saint-Louis dans le Missouri ;
le fabricant de guitares américain, Schecter , en a fait son logo ;
Le vin Henkell Trocken [1] ;
Le lys bosniaque ou lilium bosniacum , issu des armes du roi Stefan Tvrtko Ier de Bosnie, devint le drapeau de la Bosnie-Herzégovine entre 1992 et 1998.
La fleur de lys, qui indiquait traditionnellement la direction du nord sur les cartes, fut pour cette raison choisie comme symbole international du scoutisme [ Note 6] par Baden Powell le fondateur du scoutisme[ 33] .
Quelques équipes sportives ont une fleur de lys dans leur logo officiel. Par exemple, l'équipe de football de Serie A, la Fiorentina , l'équipe de football de Ligue 1 du Paris Saint-Germain , l'équipe allemande de football de SV Darmstadt 98 , l'équipe de soccer de la MLS, l'Impact de Montréal , et l'équipe de football américain de la NFL, les Saints de La Nouvelle-Orléans .
Le lys hors du monde franc
Le meuble héraldique
Composants
La fleur de lis est constituée de :
Trois pétales, un central, droit, accompagné de chaque cÎté d'un pétale plus court et courbé vers l'extérieur.
Les pétales sont le plus souvent directement accolés à leur base, mais pas nécessairement. Cette caractéristique n'est pas significative et ne se blasonne pas.
Les pétales sont parfois nervurés d'un trait, plus rarement d'une couleur différente - ce qui dans ce dernier cas doit se blasonner.
Une barrette horizontale (ou « traverse », parfois « douille »), à blasonner si d'une couleur différente.
Un pied, formĂ© par le prolongement des pĂ©tales ou par une seule piĂšce trilobe. Ce pied peut ĂȘtre absent, la fleur de lis est alors dite « coupĂ©e » ou « au pied nourri » (ou simplement « nourrie »).
La fleur de lis peut ĂȘtre enrichie de quelques accessoires et produire des variantes sans que soit modifiĂ©e sa nature fondamentale (voir quelques exemples dans la galerie ci-dessous).
La fleur de lis, meuble de meuble
La fleur de lis intervient assez peu dans les autres meubles. Ci-contre une croix et un trĂȘcheur fleurdelysĂ©s ou fleurdelisĂ©s (mais on dit aussi florencĂ©s ). Le double trĂȘcheur fleurdelisĂ© et contre-fleurdelisĂ© du blason des rois d'Ăcosse est passĂ© dans le langage hĂ©raldique de ce pays sous le nom de « trĂȘcheur royal » (royal tressure ). Il est souvent employĂ© comme augmentation .
à noter que pour la croix comme pour le sceptre de Trieste , la fleur de lis perd sa partie inférieure. Elle est dite « nourrie » ou « au pied nourri » (on ne voit pas ses racines, si on les voyait elle ne serait plus « nourrie »). Le terme de « au pied coupé » concernant tout végétal représenté sans racine est parfois utilisé pour la fleur de lis à la place de son terme spécifique.
Différentes représentations
Suivant les Ă©poques et les modes, la fleur de lys (comme pratiquement tous les autres meubles hĂ©raldiques) s'est vue figurĂ©e - et parfois dĂ©figurĂ©e - selon une trĂšs grande variĂ©tĂ© de styles, des plus simples silhouettes jusqu'aux reprĂ©sentations dĂ©taillĂ©es, en passant par des figures surchargĂ©es, peu compatibles avec la nature de l'hĂ©raldique, qui ne manipule que des symboles. MĂȘme certaines villes ont adoptĂ© leur propre style de fleur de lys (voir galerie).
Galerie
Drapeaux avec fleurs de lys
Pavillon de la
marine marchande du
XVII e siĂšcle Ă 1790.
Pavillon personnel du roi de France.
Exemple de drapeau royaliste utilisé pendant la Révolution.
Compagnie Franche de la Marine.
Drapeaux des provinces françaises avec fleurs de lys (symbole du rattachement au royaume de France)
Armes avec fleurs de lys
Semé de fleur de lys ou Semé de France.
Armes des ducs d'Anjou.
Armes de
Wiesbaden (Allemagne).
Armes de
Skierniewice (Pologne).
Armes de
Pertuis (France).
Armes de Lille et de Florence.
Armes d'ArmentiĂšres.
Croix et Trécheur fleurdelisés.
Armes des rois des Ăcossais avec le double-trĂ©cheur.
Différents types de fleur de lys
Standard
Standard, pied tréflé
Standard, pied unilobe
Fendue standard
Epanouie ou florencée
Dite « de Florence »
Dite « de gelre » (silhouette)
Style québécois (nervurée, feuilles décollées)
Gouvernement du Québec.
Silhouette, feuilles décollées.
Ombre
Nervurée et relief
Encodage informatique du caractĂšres de fleur de lys
nom
glyphe
code HTML décimal
code HTML hexadécimal
Unicode
fleur-de-lis
â
⚜
⚜
U+269C
Notes et références
Notes
â Plus tard, les chevaliers porteront leurs armes au mĂȘme endroit.
â Philippe Ier eut un fils nommĂ© Florus.
â Sur les monnaies royales, la reprĂ©sentation de fleur de lys sortant d'un triangle perdurera jusqu'Ă Jean II le Bon ; on les retrouve aussi ce type de reprĂ©sentation sur la fresque de l'ancienne commanderie du Temple de Cressac (du Dognon , Charente) peinte vers 1170-1180 ; la fleur de lis d'or peut ĂȘtre assimilĂ©e Ă un sceptre d'or et dans ce cas, le triangle pourrait ĂȘtre selon HervĂ© Pinoteau le culot d'insertion de la hampe.
â Un passage du Livre de la Sagesse 18-24 , apprend que la robe talaire du grand prĂȘtre figurait tout lâunivers, en latin totus orbis terrarum .
â Les diffĂ©rentes communautĂ©s francophones du Canada utilisent la fleur de lys comme tĂ©moignage de leur appartenance Ă la francophonie en la plaçant sur leur drapeau.
â Les organisations et Ă©vĂ©nements scouts reprennent la fleur de lys dans leur logo, voir par exemple le Symbole du Jamboree Mondial Scout 1947 .
Références
â Pernette Rickli-Gros et BĂ©atrice Obergfell, GenĂšve et ses mystĂšres - FlĂąneries insolites dans l'histoire , 2007.
â On peut lire (orthographe respectĂ©e:), dans TraitĂ© singulier du blason par Gilles-AndrĂ© de la Roque Ă©ditĂ© Ă Paris chez SĂ©bastien Mabre-Cramoisy, Imprimeur du Roy, rue Saint-Jacques , aĆ Cigognes. M. DC. LXXIII, Avec privilĂšge de Sa MajestĂ© :
Page 41 : Barthelemi ChassanĂ©e (BarthĂ©lemy de Chasseneuz ), aprĂšs avoir parlĂ© de la Verge de Justice, & du Sceptre ou Baston de commandement, qui est ornĂ© Ă la cime d'une Fleur de Lis, dit que le Roi de France ne peut concĂ©der le port de ses Armes, parce qu'elles lui appartiennent, non par coutume, mais par rĂ©vĂ©lation divine, faite Ă Clovis, de prendre les Fleurs de Lis envoiĂ©es du ciel au lieu des trois CrapauxâŠ
Page 42 : Robert Gaguin dit expressĂ©ment que la vie de Clovis premier Roi ChrĂ©tien en France, qu'il a appris de la renommĂ©e, que les trois Crapaux que le Rois de France portoient pour leurs Armes, furent changez aux Fleurs de Lis d'or en champ d'azur, envoiĂ©es du Ciel lors du BaptĂȘme de ClovisâŠ
Mais certains auteurs parlent de 3 croissants, d'autres de 3 abeillesâŠ.
â Le « GuĂ© de la biche » qui existe toujours sous le nom de « Pas de la biche » au niveau de ChĂątellerault .
â Jean-Baptiste de Vilmorin, Marcel ClĂ©bant, Le jardin des hommes : vagabondages Ă travers l'origine et l'histoire des plantes cultivĂ©es , Ăditions Belfond , 1991 , p. 263 .
â Relevons Ă©galement que le nom de cette fleur est « gele lis » en nĂ©erlandais moderne, or la langue nĂ©erlandaise et le flamand sont issus du bas-francique que parlaient les Francs saliens. (nl) Voir l'article « Gele lis » sur WikipĂ©dia en nĂ©erlandais..
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Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
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Liens externes
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