Enes Bilal naît le à Belgrade, en Yougoslavie[2], deux ans après sa sœur Enisa[3]. Leur père Muhamed Hamo Bilal est un tailleurbosniaque, musulman non pratiquant, originaire de Ljubuški, village de Bosnie-Herzégovine (alors en Yougoslavie), et leur mère, Ana, est une Tchèque née à Karlovy Vary (alors en Tchécoslovaquie)[3]. La famille est installée à Belgrade au 16 rue Tadeusz Kościuszko, dans le quartier de Dorćol[4]. Enki est le diminutif affectueux d'Enes utilisé en famille, et devient plus tard son pseudonyme d'auteur.
Lorsque Enes est encore enfant[5], son père qui, bien qu'ayant été un compagnon de Tito[réf. souhaitée] dans la résistance, refuse d'adhérer au Parti communiste et demande l'asile en France, où il a achevé sa formation de tailleur en 1936[3]. Sa femme et ses deux enfants le rejoignent précipitamment à Paris en 1961[6],[3]. En 1967, les Bilal sont naturalisés Français[3].
Auteur
Enki Bilal se lance d'abord dans la bande dessinée. En 1971, il gagne un concours de bande dessinée, organisé par le journal Pilote et le Drugstore Number One, dans la catégorie aventures (Pilote no 607 page 53). En 1972, après un passage éclair aux Beaux-Arts, Enki Bilal publie sa première histoire, « Le Bol maudit », dans le journal Pilote. En 1975, il rencontre le scénariste Pierre Christin et publie son premier album, l'Appel des étoiles.
En 1980, première série personnelle, dans Pilote, La Foire aux immortels. La seconde partie, La Femme piège, est éditée en album en 1986. Parallèlement, la collaboration entre Bilal et Christin se poursuit. Ils réalisent notamment, pour les éditions Dargaud et Autrement, plusieurs ouvrages d'illustrations et de photos détournées (Los Angeles : L'Étoile oubliée de Laurie Bloom, Cœurs sanglants).
En 1984, il se fait journaliste à Libération le temps d'une interview avec l'auteur-compositeur-interprète Gérard Manset[10]. Au début des années 1970, Bilal avait déjà créé une illustration sur le thème de La mort d'Orion (album de Manset)[11] et il illustrera la pochette d'un disque hommage en 1996, Route Manset[10].
Bilal participe aussi régulièrement à des expositions. En novembre 1991, c'est Opéra bulle, deux mois d'exposition à la Grande halle de la Villette, à Paris. En 1992, l'exposition Transit à la Grande Arche de la Défense, près de Paris. C'est aussi l'année de Froid Équateur, troisième tome de La Trilogie Nikopol, dans lequel il invente le chessboxing. En 2013, il expose au musée du Louvre une vingtaine de photographies de tableaux célèbres dans lesquelles il dessine des fantômes (Les Fantômes du Louvre. Enki Bilal)[12]. En 2013 également, il crée l'exposition Mécanhumanimal, Enki Bilal au Musée des arts et métiers[13]. Il y présente une rétrospective de son œuvre, ainsi qu'une sélection d'objets du Musée des Arts et Métiers qu'il a choisis dans les réserves et rebaptisés en écho à son univers[14].
En 2011, il publie l'album Julia et Roem (Casterman), ainsi qu'un livre d'entretiens sur sa vie et son œuvre, Ciels d'orage (Flammarion).
En 2013, Bilal réalise le clip Crazy Horse de Brigitte Fontaine et l'année suivante dessine la couverture de son recueil de nouvelles Les Hommes préfèrent les hommes.
En avril 2019, il déclare que, d'après lui, la science-fiction n'existe plus[16].
La même année sort le second tome de sa nouvelle série, Bug, annoncée par lui-même comme une suite de cinq volumes[18].
En 2021, il publie un livre-entretien intitulé L'Homme est un accident (Belin), en collaboration avec Adrien Rivierre. L'artiste y détaille sa vision du monde à venir en s'exprimant sur tous les thèmes brûlants de notre époque[19]. Pour son engagement écologique, le livre est finaliste du Prix du Livre Environnement de la Fondation Veolia[20]. L'ouvrage fait l'objet d'une exposition à la Galerie Barbier en juin 2023 et d'un tirage luxe.
En 2024, il participe à l'Olympiade Culturelle de Paris 2024 lors d'une performance à l'Olympia[21].
Thèmes
Enki Bilal explore le temps à travers des mondes « passé, présent, futur [qui] sont toujours intimement liés ». Il évoque dans ses œuvres des thèmes marquant le futur comme la fin du communisme dans les années 1980, l'obscurantisme religieux dans les années 1990 ou le changement climatique au début des années 2010.
Il évoque souvent le thème de la mémoire, par exemple dans la série Le Sommeil du Monstre, où le héros utilise sa mémoire pour remonter dans le temps et se rappeler jusqu'aux premiers jours de son existence. Il se dit également sensible à la mémoire collective[22].
Nu avec Picasso, Stock, 2020. Récit d'une nuit passée par l'auteur au musée Picasso (Paris).
Livre d'entretien
L'homme est un accident, avec Adrien Rivierre, éditions Belin
Filmographie
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2022 : Exposition au Musée de l'Homme, à Paris, en France — exposition « prolongeant » celle du Musée de l'Homme nommée « Aux frontières de l'humain »[28].
Distinctions
Récompenses de bande dessinée
1976 : Prix Yellow-Kid du dessinateur étranger, pour l'ensemble de son œuvre
1999 : Prix Adamson du meilleur auteur international pour ses récits de science-fiction[29].
Décorations
Le , Enki Bilal est nommé au grade de chevalier dans l'ordre national du Mérite au titre de « dessinateur de bandes dessinées ; 38 ans d'activités professionnelles »[30] puis fait chevalier de l'ordre le [31].
Le , il est nommé au grade de chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur au titre de « auteur de bandes dessinées, écrivain, réalisateur ; 50 ans de services »[32].
Enki Bilal (int. par Bernard Blanc), « Enki Bilal, une politique-fiction venue du froid », dans Jacky Goupil (dir.), Bande dessinée 1981-1982, Hounoux, SEDLI, , p. 30-33.
Enki Bilal (int. par Franck Aveline), « Entretien avec Enki Bilal », L'Indispensable, no 3, , p. 8-14.
Enki Bilal (int. par Jean-Marc Vidal), « Bilal en fin de moi », BoDoï, no 64, , p. 38-44.
Enki Bilal (int. par Frédéric Bosser), « Enki Bilal : décryptage d'un mythe. Abécédaire. », dBD, no 2, , p. 44-73.
Enki Bilal (int. par Jean-Pierre Fuéri et Frédéric Vidal), « Et la Terre s'arrêta... », Casemate, no 109, , p. 50-59.