La diaspora libanaise compte entre 4 millions et 14 millions de personnes d'origine libanaise (selon la prise en compte des descendants de 1re, de 2e, de 3e, voire de 4e génération), c'est-à-dire jusqu'à trois fois la population du Liban (estimée en 2020 à 5,4 millions d'habitants)[11]. Malheureusement, il ne peut s'agir que d'estimations car aucun chiffre officiel ne peut être donné en raison d'absence de calculs statistiques dans certains pays d'accueil, de l'existence de bi-nationaux, du grand métissage des premières générations et des mobilités fréquentes entre le pays d'émigration et le Liban d'origine. La diaspora libanaise est composée des différentes vagues d'émigration qu'a connues le Liban depuis la fin du XIXe siècle.
Histoire
Vers la fin du XIXe siècle, le Levant fait partie intégrante de l'Empire ottoman. L'accroissement démographique et la situation politique, notamment les massacres de chrétiens maronites par les druzes en 1840-1860 dans le Mont Liban pousse de nombreux habitants de l'ensemble des provinces proches-orientales à émigrer, en particulier les chrétiens de la province autonome du Mont Liban. Ce premier mouvement d'émigration s'oriente essentiellement vers l'Amérique latine.
La deuxième vague d'émigration débute à partir des années 1960, puis se poursuit durant la guerre civile libanaise (1975-1990). L'émigration touche alors l'ensemble des communautés religieuses qui composent le pays.
La plus importante communauté libanaise ou d'origine libanaise est installée en Amérique latine, en particulier au Brésil, en Argentine, en Colombie et au Mexique. Aujourd'hui, ces Libanais constituent une quatrième génération parfaitement assimilée.
En Afrique[13], la diaspora libanaise est à majorité chiite, avec un taux non négligeable de grecs-orthodoxes et de maronites. En ce qui concerne singulièrement l'Afrique de l’Ouest, la majorité des Libanais est de confession musulmane chiite[14]. La Côte d'Ivoire est le pays africain qui compte le plus de ressortissants libanais suivi de la Guinée et du Sénégal, plutôt francophones à l'inverse du Nigeria et de l'Afrique du Sud qui ont une communauté anglophone particulièrement importante.
Le premier Libanais signalé en Afrique de l’Ouest est probablement arrivé au Nigeria en 1882[15]. Dès les années 1890, des centaines de "Syriens" originaires des montagnes libanaises et de son littoral sont signalés par les administrations coloniales françaises[16].
Les Libanais arrivent en plus grand nombre au Sénégal. Dans un pays sous domination ottomane, les migrants sont alors majoritairement des chrétiens appauvris, avant que leurs compatriotes chiites ne suivent le même chemin[15]. Cette immigration fortement encouragée par les autorités coloniales françaises, qui y voient des intermédiaires précieux pour commercer avec les Africains[15].
Une fois implantés tous les pays de la sous-région (Guinée, Côte d'Ivoire, Ghana, Sierra Leone…), ils sont descendus à partir des années 1950 vers le Cameroun, le Gabon, puis vers les deux Congos[15].
À l’aube des indépendances africaines, les Libanais étaient déjà près de 300 000 sur tout le continent[11].
Aujourd'hui, la communauté libanaise en Afrique est plus importante qu’à l’époque coloniale (300 000 au moment des indépendances contre probablement 500 000 aujourd'hui) mais elle est aussi plus éclatée sur le continent car elle n'est plus concentrée exclusivement sur quelques pays francophones et anglophones d’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Guinée-Conakry, Sierra Leone, Liberia)[12].
Contrairement à leurs compatriotes établis sur le continent américain, les Libanais d’Afrique ne sont pas globalement intégrés aux pays d’accueil et cette marginalisation sociale se manifeste par la sorte de « devoir de réserve » sur le plan politique vis-à-vis des pays hôtes[12].
Amérique du Nord et Europe
Le Québec compterait à lui seul 150 000 citoyens d'origine libanaise, dont 90 % seraient concentrés dans la métropole, Montréal[17].
Il existe aussi d'importantes communautés libanaises aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Europe, principalement en France[18] et en Suède. Au Canada, la population d'origine libanaise compte 270 000 personnes.
Dans les Amériques, la diaspora libanaise est majoritairement chrétienne avec les substantiels alaouites et druzes. Toutefois en Argentine, au Brésil, en Australie, au Canada et aux États-Unis il existe des populations libanaises d'origine .
En Europe occidentale, la diaspora est formée principalement de chrétiens, notamment en France (et de chiites en Allemagne).
Autre
Dans les pays du Golfe et d'autres pays arabes à musulmans, ce sont les musulmans sunnites qui sont majoritaires avec des minorités importantes de chrétiens.
Personnalités issues de la diaspora libanaise
Hommes et femmes politiques
Afrique
Chadi Moukarim, homme politique gabonais et maire du 5e arrondissement de Libreville (Gabon)
Haïdar El Ali, homme politique sénégalais, ministre de l'Écologie et de la Protection de la nature depuis
Monie Captan, ministre des Affaires étrangères du Liberia de 1996 à 2003[19]
Kazem Sharara, conseiller auprès du président sénégalais Abdou Diouf[19]
Hassan Hejeij, conseiller auprès du président gabonais Omar Bongo[19]
Hajal Massad, conseiller auprès du président camerounais Paul Biya[19]
Roland Dagher, conseiller auprès du président ivoirien Laurent Gbagbo[19]
Elie Khalil, homme d’affaires proche du dictateur nigérian Sani Abacha (1993-1998)[19]
Etel Adnan, écrivaine et poétesse libano-americaine écrivant en français, anglais et arabe
Sami Aoun, professeur de sciences politiques et analyste sur divers médias, membre du comité consultatif sur la sécurité canadienne, écrivain et comédien américain
↑Marwa El Chab, « Enquêter en tant que Libanaise et être ethnicisée comme « autre » dans des milieux migratoires libanais en Afrique de l’Ouest », Cahiers de l'URMIS, (lire en ligne).
↑ abc et dJulien Clémençot, « Côte d’Ivoire : insubmersibles Libanais », Jeune Afrique, (lire en ligne).