Il est le fils du peintre Louis-Abraham van Loo et le frère 21 ans moins âgé du peintre Jean-Baptiste van Loo (1684-1745). Il connut une carrière brillante et devint immensément célèbre. Il demeure le plus connu des membres de la dynastie des Van Loo, établie en France au XVIIe siècle.
Biographie
Charles André van Loo perdit son père en 1712 et fut élevé par son frère, Jean-Baptiste. Il le suivit à Turin, puis à Rome au cours de deux voyages en Italie (1712-1715 et 1716-1718). Lors du second de ces séjours, il prit des leçons de dessin avec le peintre Benedetto Luti et étudia sous la direction du sculpteur Pierre Le Gros. Il acquit une grande maîtrise de son art et serait demeuré illettré. On lui prêta diverses aventures romanesques et galantes.
Carle Van Loo fait partie de la génération de peintres comme Natoire, Boucher et Trémolières qui va dominer l'art français après la mort de François Lemoyne en 1737, dont ils adoptent sa palette claire et ses nudités voluptueuses. Sa carrière se développa rapidement.
Parallèlement, il réalise d'élégantes peintures religieuses comme Saint Charles Borromée donnant la communion aux lépreux exécuté en 1743 pour la chapelleSaint-Marcel de la cathédrale Notre-Dame de Paris, L'Adoration des Anges (1751) pour la chapelle de l'Assomption de l'église Saint-Sulpice. Grimm dira : « C’était le véritable génie de Carle que ces tableaux d’église ; il y est presque toujours simple, grand, admirable. »[réf. nécessaire] On lui commande une Vierge à l’Enfant, réalisée en 1738 pour la salle d’audience de la juridiction consulaire de Rouen. L’usage étant d’ouvrir chaque jour l’audience par une messe, elle était installée sur un autel faisant face au Tribunal des Consuls. Découvrant le tableau au Salon de 1741, le critique Desfontaine le jugeait « aussi beau que tout ce que le fameux Carle Maratta a produit dans ce genre »[2].
Vers 1750, il rompt avec le style rococo. Tandis que Boucher exacerbe son style dans le sens de la rocaille, Van Loo renforce le caractère classique déjà sensible dans ses compositions antérieures et se fait le premier interprète — avant Vien, Doyen et Deshays — de la lutte menée pour ranimer en France la peinture d'histoire. Cette peinture en réaction aux afféteries du rococo tente de renouer avec les maîtres du siècle passé. Elle est caractérisée par une attention particulière à la convenance des costumes, à la concentration de l'action, à un coloris plus terne, bref à une plus grande sévérité. Le cycle de la Vie de saint Augustin en sept tableaux pour le chœur de la basilique Notre-Dame-des-Victoires de Paris où ils se trouvent toujours, réalisé entre 1748 et 1755, est typique de ce courant et accroit la renommée de Van Loo.
Il travaille de manière régulière pour Mme de Pompadour, fournissant à la maitresse du roi Louis XV, entre 1752 et 1754, pour la décoration de son château de Bellevue, une dizaine de toiles dont les Allégories des Arts figurées par des enfants et popularisées par les innombrables copies, et deux turqueries dont l'une représente la marquise sous les traits d'une Sultane prenant le café (Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage). Peu avant la mort de celle-ci, il peignit en 1764 une allégorie intitulée : Les Arts implorant la Destinée d'épargner la vie de Mme de Pompadour. Son chef-d'œuvre comme peintre d'histoire est Le Sacrifice d'Iphigénie[3], peint pour Frédéric II de Prusse en 1757, regardé par ses contemporains comme un des plus grands triomphes de la peinture française.
Carle van Loo travailla pour la cour, la manufacture des Gobelins (Madame Geoffrin lui commanda deux tableaux, La Lecture et Le Concert Espagnol, représentant sa fille, la marquise de La Ferté-Imbault), l'Église, et aussi pour de riches particuliers, abordant tous les genres : peinture religieuse, peinture d'histoire, sujets mythologiques ou allégoriques, portraits et scènes de genre (notamment des turqueries). Melchior Grimm le considérait, en 1755, comme le « premier peintre de l'Europe », et Voltaire le mettait à l'égal de Raphaël. Mais dès la fin du XVIIIe siècle, son étoile avait pâli, et les disciples de David inventèrent l'injure « vanlotter » pour injurier ceux qui cherchaient la grâce aux dépens du contour.
La maîtrise technique de Carle van Loo est assurément exceptionnelle. Dans le genre léger, il ne vaut pas Boucher, son grand rival. Ses grandes compositions mythologiques ou religieuses, quoique d'une qualité d'exécution sans faille, manquent de mystère et d'émotion. Restent des scènes de genre – à l'image de la magnifique Halte de chasse (1737) du musée du Louvre – qui offrent la parfaite image rêvée du « siècle de Louis XV ».
Consciencieux, peu sûr de lui et peu instruit, il suivait les conseils de ses amis, se laissant influencer par la critique, modifiant ses compositions et n'hésitant pas à détruire ses œuvres. Ce fut le cas, par exemple, pour la première version de son œuvre Les Trois Grâces (ici représentée). Ceci explique la froideur de ses toiles les plus ambitieuses, en comparaison avec les esquisses préparatoires.
Diderot dira dans sa Notice sur Carle Vanloo en 1765 : « Le premier malotru assez confiant pour dire des bêtises était capable de lui barbouiller le plus beau tableau avec une sotte critique ; il en a gâté plus d’un sur des observations qui n'avaient souvent pas le sens commun ; et à force de changer, il se fatiguait sur son sujet, et finissait par une mauvaise composition, après en avoir effacé une excellente. »
Le succès public des tableaux fut considérable. On ne connaît pas d'équivalent à ce phénomène avant l'engouement suscité par la peinture morale de Jean-Baptiste Greuze et la peinture héroïque de Jacques-Louis David.
Accademia Nazionale di San Luca (Académie Nationale de Saint-Luc) Rome. La cena in casa di Baldassarre – Le dîner chez (à la maison de) Balthazar, 1728. Crayon et sanguine, cm. 50,5 x 74,5. Inv. A 312.
Étude d'homme assis sur une pierre, de face, les jambes écartées, la main gauche sur l'épaule droite, sanguine brûlée travaillée en hachures et estompe, H. 0,535 ; L. 0,392 m[12].
Étude d'homme assis, presque de face, les bras croisés sur la tête, sanguine, contre-épreuve, H. 0,515 ; L. 0,312 m[13].
Van Loo exécuta ces académies en tant qu'adjoint au professeur ou professeur à l'Académie royale de peinture et de sculpture, c'est-à-dire entre 1736 et 1752. Ce sont des dessins destinés à servir d'exemple aux élèves. L'Étude d'homme assis, presque de face, les bras croisés sur la tête témoigne de l'influence des ignudi gravés par Pietro d'Aquila d'après les fresques d'Annibale Carrache à la galerie Farnèse[14].
↑Marianne Delafond, De Le Brun à Vuillard : Catalogue d’exposition, Institut de France, , 205 p., p. 52.
↑ a et bRenaissance du Musée de Brest, acquisitions récentes : [exposition], Musée du Louvre, Aile de Flore, Département des Peintures, 25 octobre 1974-27 janvier 1975, Paris, , 80 p..
↑Sous la direction d'Emmanuelle Brugerolles, François Boucher et l'art rocaille dans les collections de l'Ecole des beaux-arts, Ecole nationale supérieure des beaux-arts, 2003-2006, p. 238-244, Cat. 58 et Cat. 59
Lettre & notes historiques sur la vie de feu M. Carle-Vanloo, Peintre célèbre de l’École Françoise, adressées à M. Rousseau, dans le Journal encyclopédique, Bouillon, 1er décembre 1765, t. 8, part. 2, p. 124 [2]
Paul Lacroix, « Nécrologie des artistes et des curieux de 1765 à 1782 : Carle Vanloo, peintre », Revue universelle des arts, t. 12, 1860-1861, p. 86-100 (lire en ligne)
Louis Réau, Carle van Loo (1705-1765), dans Revue de l'art français ancien et moderne, 1935-1937, tome 19, p. 9-52(lire en ligne)
Catalogue de l'œuvre de Carle van Loo, dans Revue de l'art français ancien et moderne, 1935-1937, tome 19, p. 53-96(lire en ligne)
Marie-Catherine SAHUT, Catalogue Carle VANLOO, Premier peintre du roi (nice 1705 - Paris 1765), Musée de Nice, Clermont-Ferrand et Nancy, 1977.
Colin B. Bailey (dir.), Les Amours des dieux. La peinture mythologique de Watteau à David, Fort Worth et Paris, Kimbell Art Museum et Réunion des musées nationaux, 1991.
Christophe Henry, Aux sources du style : l'imitation et le culte des grands maîtres dans la peinture française de 1708 à 1799, thèse de doctorat en Histoire de l'art, soutenue en 2002 sous la direction de Daniel Rabreau, Université Paris 1
Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2003 (ISBN978-2-22104-810-8)
Kate E. Tunstall, « Le récit est un voile : esthétique et Lumières », in SVEC 2006: 12, p. 155-164 (à propos du tableau du Sacrifice d’Iphigénie)