La BundeswehrÉcouter (traduit en français par « Force de Défense fédérale » mais littéralement « Défense fédérale ») est l'armée nationale de la République fédérale d’Allemagne depuis 1955. Les forces armées de la République fédérale sont contrôlées en temps de paix par le ministère de la Défense (Verteidigungsministerium). Le ministre de la Défense est le seul civil qui peut donner des ordres aux militaires, ce qui assure le primat du politique sur le militaire[5].
La Bundeswehr est un organe de l'exécutif, ce qui explique que le parlement (le Bundestag) dispose de moyens de contrôle particuliers qui lui garantissent un droit de regard sur le fonctionnement interne et l'emploi des forces armées[6]. Ces moyens sont principalement : la possibilité pour la commission parlementaire en matière de défense (Verteidigungsausschuss (Deutscher Bundestag)(de)) de se constituer elle-même en commission d'enquête parlementaire, le travail de contrôle du commissaire parlementaire aux forces armées (Wehrbeauftragter des deutschen Bundestages), les dispositions particulières concernant l'armée dans le droit du budget.
Les premiers effectifs furent constitués à partir d'officiers et de sous-officiers ayant servi dans la Wehrmacht. Tous les officiers d'un rang au moins égal au grade de colonel devaient obtenir l'assentiment du Personalgutachterausschuss(de), une commission de trente-huit personnalités de la vie publique choisies par le président sur proposition du gouvernement et après confirmation par le Bundestag (chambre des députés). La fonction du Personalgutachterausschuss peut être considérée comme un succès puisqu'aucun officier supérieur ne fut poursuivi pour des crimes liés au nazisme. À partir de 1957, des nouvelles écoles militaires dont l'Académie de commandement de la Bundeswehr forment les cadres de la Bundeswehr.
Réunification allemande, réduction des effectifs et missions à l'étranger
La fin de la guerre froide provoque un rapide désarmement, une réduction des effectifs, et permet de bénéficier des dividendes de la paix.
Au zénith de la guerre froide, la Bundeswehr comptait 12 divisions (avec 20 000 à 30 000 soldats/division) de l’armée de terre avec 36 brigades et plus de 7 000 chars de combat, 15 escadres d'avions de combat dans l’armée de l’air et la marine avec environ 1 000 avions de guerre, 18 bataillons de missiles antiaériens et des unités navales avec environ 40 patrouilleurs lance-missiles, 24 sous-marins et des frégates. La contribution matérielle et du personnel aux forces terrestres de l’OTAN et à la défense aérienne intégrée était d’environ cinquante pour cent[8].
En 2011, une loi met fin à la conscription obligatoire, qui avait été introduite en 1956[10].
Le , la Cour constitutionnelle allemande autorise la Bundeswehr à utiliser des moyens militaires sur le territoire national contre d'éventuelles menaces terroristes sous strictes conditions[11].
En , le ministre de la Défense, Thomas de Maizière, annonce une réduction de 35 000 personnes de l’armée la faisant passer de 220 000 à 185 000 soldats (dont 170 000 professionnels et 15 000 volontaires), les effectifs civils diminuant de 20 000 postes passant de 75 000 à 55 000 équivalents temps plein.
Le tout associé à une réorganisation de la chaîne de commandement devait permettre d’accroître le nombre de soldats pouvant être envoyés à l’étranger de sept mille à dix mille[12].
Le dernier appel de conscrits a lieu le 3 janvier 2011[13]. Il n'y a pas de service militaire obligatoire depuis juillet 2011. Les derniers conscrits ont quitté l'armée en septembre 2011[13].
Colonne de chars Leopard I se dirigeant vers le terrain d'essai de Munster en juin 1965.
Époque actuelle et remilitarisation face à la Russie
Après l'annexion de la Crimée par la fédération de Russie en 2014, la mission de la Bundeswehr se concentre sur la défense nationale et les partenaires de l'OTAN. Plus d'argent est investi dans l'armée. Le nombre de soldats augmente, de nouveaux chars de combat sont livrés et de nouveaux matériels et équipements sont achetés. De plus, de nouveaux projets d'armement sont lancés (MGCS, FCAS, MEADS, etc.)
En , alors que le nombre de militaires est de 166 500[14], la ministre de la Défense Ursula von der Leyen, annonce que les effectifs seront portés à 198 000 militaires et 61 000 civils en 2024[15].
Mais au premier trimestre 2019, les effectifs atteignent seulement 181 000 personnes, alors que l’objectif était de 185 000 en 2017. Sur ce total, un peu plus de 36 000 personnes sont en formation : nombre d’entre elles pourraient ne pas rejoindre définitivement les rangs[16].
En 2019, les effectifs sont de 197 000 militaires dont 215 généraux[9].
Arrivé au pouvoir dans un contexte de vives tensions entre l'OTAN et la Russie concernant notamment l'Ukraine, le nouveau chancelier fédéral allemand, Olaf Scholz tente comme d'autres de ses homologues européens d'établir une médiation pour résoudre la crise diplomatique[17]. Après le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, il annonce le 27 février suivant devant le Bundestag, un investissement inédit de 100 milliards d'euros pour renforcer la Bundeswehr, portant le budget de la défense allemande à 2% du PIB[18],[19]. En avril 2023 cependant, cette annonce ne s'est pas réalisée dans les faits hors l'annonce de l'achat de 18 Leopard 2 A7V et de 18 obusiers PzH 2000 (plus d'autres en option) pour remplacer le matériel donné à l'Ukraine[20].
Renouant avec une fonction de sécurité intérieure abandonnée depuis 2001, le commandement territorial de commandement et de contrôle de la Bundeswehr (TerrFüKdoBw) est mis sur pied en 2022.
La tendance générale à l'augmentation des budgets de défense amorcée en 2017 en Allemagne se poursuit dans la plupart des pays d'Europe. Selon les documents budgétaires officiels d'Allemagne, le budget de la défense passe de 38,5 en 2018 à 43,2 milliards d'euros en 2019 (progression de 12,2 %). Le budget allemand est à la première place, reléguant le Royaume-Uni à la seconde place. La France est à la troisième place (35,8 milliards pour 2019)[24]. Le budget de défense de la Russie (65 milliards pour 2019) est plus élevé que celui de chacun de ces trois pays.
- . Alors que le contrat de coalition en Allemagne annonçait la nécessité de moderniser l’armée fédérale et de consacrer 3% du PIB en faveur de l’action extérieure, la nouvelle ministre de la Défense, Christine Lambrecht, a tenu un discours le 14 janvier qui voit ces ambitions à la hausse[25],[26]. Avec la nomination du nouveau ministre fédéral de la Défense depuis 2023, Boris Pistorius[27], continuité et augmentation du budget ?
Selon les données de l'OTAN et de l'EDA, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France sont les trois États d'Europe occidentale qui ont le plus gros budget militaire en valeur absolue entre 2010 et 2020. L'atteinte ou non de l'objectif fixé en 2020 que chaque pays de l'OTAN consacre au moins 2 % de son PIB à la défense est mesurée par rapport aux données publiées par l'OTAN. En proportion du PIB, l'Allemagne est dépassée par les autres États européens membres de l'OTAN.
Évolution globale des dépenses de défense en euros courants et en % du PIB de l'Allemagne
Des ogives nucléaires américaines sont présentes en territoire ouest-allemand depuis 1954[36], l'URSS faisant de même sur le territoire de la République démocratique allemande. Le « contrat de fonctionnement » du partage nucléaire de l’OTAN transforme automatiquement, en cas de conflit, des avions de la Bundeswehr en porteurs d'armes nucléaires américaines. Depuis 2005, la seule base disposant de cet arsenal réduit, en date de 29, à une vingtaine de B-61 est la base aérienne de Büchel[37]. En 2020, l'Allemagne cherche un nouvel avion pour remplacer le Tornado. Les aéronefs de Boeing (45 avions de type F/A-18E/F et EA-18G Growler) et 90 Eurofighters sont discutés en tant que remplaçants[38].
Grades de l'Armée allemande
En 2019, 24 grades et 85 désignations de grades sont définis pour la Bundeswehr. Les désignations de grade des équipages des libérés sont identiques dans toutes les régions de la Bundeswehr. La structure des grades de l'Armée allemande est ajustée à la structure hiérarchique de l'OTAN. Contrairement à ses prédécesseurs, l'Armée allemande moderne n'utilise pas le rang de colonel général. Le rang le plus élevé pour un officier de l'Armée est lieutenant général, alors que le rang de général est réservé pour le chef des Forces armées du personnel ou des agents agissant comme officiers de l'OTAN.
Ces commandements sont pour les groupements de combat de l'Union européenne, de la Force de réaction de l'OTAN et les Nations unies si le besoins en troupes sont nécessaires.
L’armée allemande après avoir été réservée à un rôle de défense de son territoire a commencé à opérer à l'étranger depuis la fin de la guerre froide et déploie en 2011 dans le monde plus de treize mille hommes dans le cadre de missions de maintien de la paix. La revue des effectifs déployés en date du est la suivante[39] :
Afghanistan : 4 998 militaires dans le cadre de la FIAS ainsi qu'un observateur militaire dans le cadre de la MANUA;
Liban : 232 militaires dans le cadre de la FINUL ;
Kosovo : 1 023 militaires dans le cadre de la KFor ;
GTK Boxer (véhicule blindé de transport de troupes multirôle) avec la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Angleterre; la France a quitté le programme en 1999
Le monument central aux morts des Forces armées fédérales est situé à Berlin. Le Monument aux morts est destiné au public. Le livre du souvenir, inauguré en 2014, se compose de 20 plaques de bronze. Les noms de tous les morts de la Bundeswehr sont inscrits sur les plaques de bronze. Les décès individuels sont affichés dans la « Salle d'information ».
Le monument aux morts de la Bundeswehr (Ehrenmale der Bundeswehr(de)) devant le ministère fédéral de la Défense.
Couronnes dans le monument aux morts de la Bundeswehr.
Plaques de bronze exposées dans le livre du souvenir (Buch des Gedenkens).
Controverses
En 2019, devant la menace du terrorisme d’extrême droite, 49 membres de la Bundeswehr ont été démis de leurs fonctions en raison de leur proximité avec des groupes extrémistes. Quatorze sous-officiers et six officiers ont été également licenciés pour cette raison. Un bureau spécifique a été créé au sein du ministère de la Défense pour suivre la situation[40].
Le chef des renseignements militaires reconnait en 2020 l'existence « de réseaux et de structures » d’extrême droite au sein de l’armée. En mai, les autorités font une découverte « spectaculaire » de munitions dans le logement d'un membre des forces spéciales. Le ministère de la Défense annonce en juillet la dissolution d’une compagnie du commando d’intervention spéciale de l’armée en raison d'un « leadership toxique », d'une « gestion trop laxiste des munitions » - des quantités de munitions et d’explosif du commando auraient disparu –, et d'une proximité revendiquée avec l’extrême droite[41].
↑« Guerre en Ukraine : en Allemagne, la révolution du chancelier Olaf Scholz sur la politique de défense », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )