L’avenue Foch est une avenue du 16e arrondissement de Paris qui doit son nom, depuis 1929, au maréchal Ferdinand Foch, qui s'est illustré pendant la Première Guerre mondiale. Elle était auparavant connue sous le nom d'avenue du Bois-de-Boulogne. C'est l'une des rues les plus prestigieuses de Paris, ainsi que l'une des adresses les plus chères au monde, abritant de nombreux hôtels particuliers, certains ayant notamment appartenu aux familles Onassis et Rothschild.
L'avenue Foch est longue de 1 300 mètres et large de 120 mètres[1] grâce aux jardins qui la bordent d'un bout à l'autre et qui en font la plus large avenue de la capitale[2]. Autre particularité, unique à Paris : ses grandes allées cavalières, situées entre la chaussée et les jardins, ne sont pas goudronnées (elles permettaient jadis aux cavaliers de rejoindre à cheval le bois de Boulogne, qui se trouve à son extrémité ouest, côté porte Dauphine).
Ouverte en 1854, elle s'est d'abord appelée « avenue de l'Impératrice » (en hommage à l'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III), puis « avenue du Général-Uhrich » à la chute du Second Empire, avant de devenir « avenue du Bois-de-Boulogne » (souvent simplifié en « avenue du Bois ») en 1875[1].
Le projet original de Jacques Hittorff prévoyait une chaussée de 16 mètres et deux contre-allées. Le baron Haussmann en faisait un projet plus grandiose d'une chaussée de 1 200 mètres de longueur, de 120 mètres de largeur et d'une superficie de 144 000 m2[3].
L'avenue prend son nom actuel par l'arrêté du [1].
Sous l'occupation allemande de Paris, l'endroit est surnommé « avenue Boche », les forces allemandes réquisitionnant plusieurs immeubles. Un officier gradé s'installe au palais Rose, au no 31 bis se trouvent les Affaires juives et au no 84, il y a la Gestapo (où Pierre Brossolette est torturé)[8]. Une pelouse de l'avenue porte depuis le nom de ce résistant, pour lui rendre hommage
Le , le producteur de cinéma et éditeur Gérard Lebovici est assassiné dans un parking de l'avenue Foch[8].
En , un projet présenté par la candidate PS à la mairie de Paris Anne Hidalgo propose de créer une coulée verte dans la partie ouest de l'avenue et de construire sur la moitié est de vastes immeubles de commerces, logements et bureaux, grâce à la suppression de la voie de circulation centrale[9],[10]. La circulation automobile doit se faire alors sur les contre-allées. Une association de riverains se constitue pour s'opposer au projet, son président dénonce la pollution automobile et les bouchons se concentrant alors juste sous les fenêtres des habitants[8]. Le maire du 16e arrondissement, Claude Goasguen, juge pour sa part le projet « abracadabrantesque ». Ce projet donne lieu à une polémique dont l'un des promoteurs concernés est lié à la gauche et cité dans l'affaire de la MNEF[11].
À l'approche du bois de Boulogne, l'avenue Foch a longtemps vu déborder sur ses allées les activités de prostitution qui s'y déroulent (côté porte Dauphine, les échangistes et les homosexuels ; sur le côté pair de l'avenue, la prostitution de luxe). Le phénomène diminue à partir des années 2000, sous l'action conjuguée de Nicolas Sarkozy et du maire de Paris Bertrand Delanoë, ainsi qu'avec le développement des sites web spécialisés[8].
Durant les années 1960-1970, de nombreux hôtels particuliers qui bordaient l'avenue sont détruits pour faire place à des immeubles modernes. Plusieurs ont néanmoins subsisté, comme au no 19 (ambassade d'Angola), au no 72 (résidence parisienne privée du prince sultan Ben Abdul Aziz) et au no 42, où Teodoro Nguema Obiang Mangué, surnommé Teodorin, possédait également un hôtel particulier (confisqué en 2021 par la justice).
No 2 bis : boîte de nuit « Le Duplex », accessible depuis une bouche d'entrée donnant sur le trottoir.
No 3 : le romancier Gérard de Villiers y a vécu[13], après avoir été domicilié au no 46.
No 7 : le romancier Paul Hervieu y est mort en 1915 ; une plaque lui rend hommage.
No 8 : cinéma « Terminal Foch ». Ouvert en 1970 en souterrain, il est également accessible par le parking, par le centre commercial « Air Inter Foch Shopping » et par la station de RER Charles-de-Gaulle - Étoile. Il ferme en 1976[14].
No 22 : le marchand d'art Paul Guillaume (1891-1934) s'installe à cette adresse avec son épouse Domenica à la fin des années 1920, dans un appartement de 600 m2 (c'est alors encore l'avenue du Bois). Le musée de l'Orangerie, à Paris, expose deux maquettes au 50e du bureau et de la salle à manger de cet appartement, réalisées par Rémi Munier en 2006. Le commodore Charley J. Drouilly (qui vend des chapeaux pour dames au 30, rue Saint-Antoine à Paris) y réside le samedi, avec son épouse née Sarah Lamy[17]. Cette dernière a été peinte en 1926 par Kees Van Dongen. Entre 2002 et 2019, le multimillionnaire[18] américain et délinquant sexuelJeffrey Epstein (1953-2019) possède un appartement de 800 m2 situé au deuxième étage de l'immeuble[19], estimé dans son testament à 7,8 millions d'euros. Il y reçoit, pour des dîners mondains, de nombreux visiteurs : le prince Andrew, fils de la reine Élisabeth II, l'homme politique français Jack Lang, l'homme d'affaires et homme politique Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump, et bien d'autres[Note 2]. En 2002, le financier américain tente également de faire l'acquisition d'un appartement de 400 m2 au premier étage de l'immeuble mais cet appartement est finalement acheté par un membre de la famille royale saoudienne[20].
No 28 : en 1975, une autorisation de démolir est accordée concernant le bâtiment situé à cette adresse mais il est précisé que « la façade de l’immeuble ancien devra être intégralement conservée »[22].
No 33 : le , le baron Édouard-Jean Empain est enlevé devant son domicile situé au no 33, donnant lieu à l'affaire Empain. À cette adresse se trouve un immeuble contemporain comprenant notamment une piscine de 18 mètres de long et une salle de cinéma privée. Y ont notamment résidé le milliardaire saoudien Akram Ojjeh, le prince héritier d'Iran Reza Pahlavi et l'armateur grec Yiannis Latsis(en)[8].
No 34 (et 3, rue Le Sueur) : hôtel Blumenthal, dit également de Montmorency, construit en 1900, par Henri-Paul Nénot, sur un terrain acquis de la compagnie d'assurances La Nationale par le négociant américain d'origine allemande Ferdinand Blumenthal (1847-1914)[23]. Ce terrain abrite auparavant une maison en pierre de taille avec communs, écuries et sellerie louée en 1894 au prince Boris Swiatopold Czetewerlinski puis, en 1896, au comte de Ludre. Ferdinand Blumenthal présente dans son hôtel sa collection d'antiquités et de tableaux, notamment de Corot et d'autres peintres de l'École de Barbizon. Après la mort de Ferdinand Blumenthal en 1914, l'hôtel est la résidence de sa veuve, née Cécilia Ulman (1863-1927), qui se remarie en 1917 avec Louis de Talleyrand-Périgord (1867-1951), 7educ de Montmorency et le 2e de la maison de Talleyrand-Périgord. De ce mariage entre un rejeton de la plus haute aristocratie et une fille de la bourgeoisie d'affaires juive new-yorkaise qui fait jaser, et les mauvaises langues n'appelent plus la nouvelle Mme de Talleyrand-Périgord que « la duchesse de Montmorenthal ». Ultérieurement, l'hôtel est acquis par Jorge Luis Ortiz de Linares, ambassadeur de Bolivie en France après la Seconde Guerre mondiale, et sa femme Graziella Patiño, dont le père Simón Iturri Patiño habitait 30, avenue Foch, de l'autre côté de la rue Le Sueur. Dans les années 1980, il appartient à Mohammed Mahdi Al Tajir, ministre du Pétrole des Émirats arabes unis et leur ambassadeur à Londres[24]. Fin décembre 2023, ce dernier revend l’hôtel à une société française de gestion, Mindston Capital, pour 46,5 millions d’euros[25].
No 38 : hôtel particulier de sept étages et 3 600 m2 appartenant à l'ancien vice-président syrien Rifaat al-Assad[27], oncle du président Bachar Al-Assad ; le , le tribunal correctionnel de Paris condamne Rifaat al-Assad à 4 ans de prison, pour blanchiment en bande organisée de détournement de fonds publics syriens et ordonne également la confiscation de ses biens immobiliers, considérés comme des « biens mal acquis »[28].
No 40 : le poète et dramaturge Henry Bataille (1872-1922) y vécut. Dans le même arrondissement, un square lui rend hommage[29].
No 42 : hôtel particulier de Teodoro Nguema Obiang Mangué (fils du président de la Guinée équatoriale), confisqué par la justice française. En , dans le cadre de l'affaire dite des « biens mal acquis », la police y saisit onze véhicules de luxe (Bugatti, Ferrari, Maserati, Porsche, Rolls-Royce, etc.)[31]. En 2012, le bâtiment est réaffecté aux services diplomatiques du pays[8], devenant dans le courant de la décennie le siège de l'ambassade de Guinée équatoriale en France. Mais, en , Teodorin Obiang est condamné à la confiscation de tous ses biens pour « blanchiment d'abus de biens sociaux, détournement de fonds publics et abus de confiance », dont l'hôtel particulier de l'avenue Foch de près de 3 000 m2, comprenant hammam, cinéma, robinetterie en or, estimé à près de 107 millions d'euros. Le , son pourvoi ayant été rejeté par la Cour de cassation, Teodorin Obiang est définitivement condamné[32].
No 43 (angle rue de la Pompe) : l'ancien président de la République Gaston Doumergue (1863-1937) s'y installe en 1934, au premier étage, peu de temps avant sa mort. Il a pour voisin, au rez-de-chaussée, l'ambassadeur de Belgique, le baron Gaiffier d'Hestroy[33].
No 44 : dans les années 1900, légation de Saint-Marin[34]. Maria Callas y vit après sa rupture avec Aristote Onassis (ils habitaient auparavant au no 88 de l'avenue, dans un hôtel particulier racheté à Louis Renault)[8]. Fernandel vécut également à cette adresse jusqu'à sa mort, dans un superbe duplex au-dessus de l'appartement de la Callas. La cohabitation a été parfois difficile, à cause du tapage répété de la célèbre cantatrice[35].
À l'extrémité de l'avenue, juste avant la porte Dauphine, se trouve un remarquable édicule surmontant une bouche de métro, créé par Hector Guimard, le seul parmi les trois derniers de ce type subsistant à Paris qui soit à son emplacement d'origine. C'est une entrée Art nouveau entièrement couverte d'une verrière.
No 55 : en 1929, un appartement de six pièces « entre cour et jardin » est à vendre à cette adresse pour la somme de 640 000 francs[38]. En 1937, le général Gamelin (1872-1958), commandant de l'armée française en 1939-1940, s'installe dans un appartement qu'il a acheté au rez-de-chaussée de l'immeuble, doté d'un jardinet[39],[40]. L'homme d'État canadien Georges Vanier (1888-1967) y a également résidé avec sa femme Pauline dans un appartement occupant un étage entier[41], de même que Philippe Roy, ministre plénipotentiaire du Canada, en 1933[42]. L'homme d'affaires Pierre Wertheimer (1888-1965), propriétaire de chevaux de course et partenaire financier de Coco Chanel, a également habité l'immeuble[43] ; il y vécut « au milieu d’antiquités égyptiennes, de maîtres de l’impressionnisme et de tableaux de Nicolas de Staël »[44].
No 59 : hôtel particulier construit en 1875[45] ayant appartenu à l'auteur dramatique Adolphe d'Ennery (1811-1899) ; à sa mort, celui-ci lègue, au grand désappointement de ses héritiers, son hôtel et ses collections de chinoiseries et de japonaiseries à l'État ; le musée d'Ennery, qui porte donc son nom, est inauguré en 1908[46] ; au rez-de-chaussée, le musée arménien de France l'est, lui, le par le président de la République Vincent Auriol[47][source insuffisante].
Nos 66-68 : un des derniers grands hôtels particuliers[50], construit dans un style néo-Renaissance par l'architecte Armand Pollet en 1883. La princesse Hortense Louis de Croÿ, à l'origine de l'une des plus importantes donations jamais faites au musée du Louvre (3 800 dessins et peintures)[51], y est décédée en 1932, en son hôtel[52].
No 71 : immeuble construit en 1896 par l'architecte Charles Michel[53]. L'homme d'affaires Georges Lesieur, fondateur de la Société des huiles Lesieur, y meurt en son domicile en 1931[54].
No 81 : la famille du roi Salmane d'Arabie saoudite occupe les trois derniers étages de cet immeuble[58] ; la princesse Hussa Bint Salman, fille unique du roi d'Arabie saoudite, y occupe un appartement, dans lequel un artisan venu effectuer des travaux, en 2016, aurait été séquestré plusieurs heures et brutalisé par un de ses gardes du corps[59].
No 82 : l'écrivain et journaliste Félicien Champsaur (1858-1934) est mort à cette adresse[60]. Le dramaturge, dialoguiste et scénariste André Mouëzy-Éon (1880-1967) a vécu et est mort lui aussi à cette adresse.
Nos 82, 84 et 86 : pendant la Seconde Guerre mondiale, ces immeubles abritent le quartier général de la Gestapo. Pour cette raison, l'artère est alors surnommée « avenue Boche[61] ». C'est dans l'un de ces immeubles, au 84, que Pierre Brossolette se suicide pour ne pas parler.
L'écrivain Octave Mirbeau a vécu au no 64, devenu 84, de 1901 à 1909 dans un appartement de très grand standing loué fort cher[62].
No 86 : immeuble de 1952 conçu par l'architecte Clément Palacci, signé en façade ; délégation permanente de Chypre auprès de l'UNESCO.
No 88 : l’armateur grec Aristote Onassis (1906-1975) possédait deux appartements à cette adresse[63], l’un situé au-dessus de l’autre ; il habitait l’appartement du haut, d’une superficie de 450 mètres carrés ; celui du bas était occupé par sa fille Christina (1950-1988)[64].
No 90 : hôtel particulier de style Louis XVI construit en 1917. Il a été la demeure de l'industriel Louis Renault (1877-1944)[65]. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, son propriétaire étant accusé de collaboration économique avec l'occupant, l'hôtel particulier est perquisitionné et ses cuisines sont pillées[66], le , par des membres armés du Comité de libération du 16e arrondissement[66]. À la fin des années 1970, l'ancienne propriété de l'industriel est proposée à la vente pour la somme de 13 millions de francs et est ainsi décrite : 2 500 m2 de terrain, 727 m2 de bâti — dont 391 m2 pour la partie habitable et 336 m2 pour les salles de réception —, 346 m2 pour les domestiques[67][source insuffisante]. En 2015, agrandi de deux appartements du no 88 voisin, l'ensemble appartient au fils du roi Abdallah d'Arabie saoudite[68].
No 30 : hôtel de Yturbe. Construit par Manuel de Yturbe, ancien diplomate mexicain en Europe. L'hôtel est vendu à M. Simon I. Patiño après la Seconde Guerre mondiale.
No 53 : hôtel particulier de 753 m2 sur deux étages avec jardin sur l'avenue ; mis à prix 750 000 francs en 1933[74].
No 55 : Skating Palais, salle de patinage inaugurée le [75] et considérée comme l'une des plus belles du monde[76].
No 64 (ancienne numérotation) : en 1867-1868, le peintre français James Tissot (1836-1902) s'installe dans un hôtel particulier de style anglais qu'il a fait construire à l'angle de l'avenue et du square de l'Avenue-Foch[77]. Cette maison, qui n'existe plus[78], se présente de la façon suivante : rez-de-chaussée, étage carré (c'est-à-dire non mansardé), caves, serre[79]…
Dans la culture
Tout le roman Les Années Foch, de Jean-Pierre Montal (Pierre-Guillaume de Roux, 2015[80]), se déroule dans les contre-allées de l'avenue Foch, dans les années 1990, 2010 et 2020.
Plusieurs personnages de l'écrivain Marcel Proust fréquentent l'avenue : sur le conseil de Charles Swann, Odette y fait régulièrement son footing car c'est un endroit chic, où il faut être vu. Après la guerre, l'avenue devient l'adresse du prince de Guermantes[81].
En 1950, Maurice Chevalier interprète une chanson intitulée Sur l'avenue Foch[8].
↑ abcdefghijkl et mVanina Prélat L'Hermitier et Jean-Baptiste Roques, « Splendeurs et misères de l'avenue Foch », Vanity Fair, no 38, août 2016, p. 96-103.
↑Anna Madœuf, Divertissements et loisirs dans les sociétés urbaines à l’époque moderne et contemporaine, Presses universitaires François-Rabelais, 2013.
↑(en) Lucy Paquette, The Hammock: A novel based on the true story of French painter James Tissot, 2012.
↑(en) Il en existe une photographie reproduite dans le catalogue de l'exposition « James Tissot: Fashion and Faith » (12 octobre 2019 - 9 février 2020), organisée par le California Palace of the Legion of Honor, San Francisco.
↑Sommier des biens immobiliers (1879), DQ18 900, Archives départementales de Paris.