Anatole de Montesquiou entre dans les rangs de l'armée comme simple soldat à l'époque la plus faste pour l'Empire français, en 1806, deux ans avant d'être appelé par la conscription.
les campagnes qui suivent lui fournissent bientôt l'occasion de se signaler ; c'est sur les champs de bataille qu'il conquiert ses grades. Décoré à la bataille d'Essling, il combat à Wagram auprès de l'Empereur, qui l'a déjà attaché à sa personne comme officier d'ordonnance ; il prend part aux campagnes de Russie en 1812, et d'Allemagne en 1813. Dans ses mémoires, il décrit comment Napoléon prit appui sur son épaule pour observer Moscou qui brûlait.
Sa conduite à la bataille de Hanau lui vaut le grade de colonel ; il est bientôt nommé aide-de-camp de l'Empereur. À la campagne de 1814, il participe aux combats les plus importants et a l'honneur de s'emparer d'un drapeau ennemi.
Après l'abdication de l'Empereur, Montesquiou, resté fidèle à Napoléon Bonaparte, sollicite la faveur de le suivre à l'île d'Elbe ; n'ayant pu l'obtenir, il se retire à Vienne. Ce dévouement le fait porter sur la liste des proscrits ; son parent, l'abbé de Montesquiou, qui a été ministre de Louis XVIII pendant la première Restauration, parvient, par ses démarches, à obtenir sa radiation.
Montesquiou peut alors rentrer en France et se livre à l'étude des arts et des belles-lettres.
Nommé aide de camp du duc d'Orléans en 1816, puis chevalier d'honneur de la duchesse d'Orléans en 1823, il est constamment honoré de la confiance de cette famille. Le roi Louis-Philippe Ier, lors de son avènement au trône en 1830, le choisit pour aller faire reconnaître le nouveau gouvernement auprès des cours de Rome et de Naples ; cette mission, remplie avec beaucoup de zèle et d'habileté, est suivie du plus heureux succès.
Anatole de Montesquiou est bientôt appelé par la confiance de ses concitoyens à la Chambre élective ; élu député de la Sarthe en 1834, 1837, 1839, il se place au nombre des défenseurs les plus zélés de la monarchie fondée en 1830.
En 1834, il est élu conseiller-général de la Sarthe pour le canton de Saint-Calais, jusqu'en 1845, puis à nouveau de 1859 à 1871.
Anatole de Montesquiou consacre les loisirs que lui laissent les affaires publiques aux beaux-arts, à la poésie. Il publie, en 1842, une traduction en vers de toutes les poésies italiennes et de beaucoup de poésies latines de Pétrarque ; cette œuvre, fruit de longues années de persévérance, est accueillie à l'époque par le plus légitime succès.
Il est mis d'office à la retraite, comme général de brigade, le , suit Louis-Philippe en exil et ne rentre en France qu'après la mort de ce dernier, le 26 août 1850.
Il publie également deux volumes de poésies intitulés Chants divers. Dans le cadre le plus varié il réunit tous les genres : des odes, des morceaux épiques, des contes, des élégies, des chansons ; il y célèbre les magnificences de l'Empire, les gigantesques combats auxquels il prit part, il raconte dans un langage vraiment inspiré les effroyables désastres de la Russie, les scènes de douleur et d'angoisse dont il fut témoin.
Anatole de Montesquiou épouse en 1809 sa cousine germaine Elodie de Montesquiou, dame d'honneur de la duchesse d'Orléans (Paris, 10 novembre 1790 - Paris 7e, 19 mai 1875), fille de Henri de Montesquiou et d'Augustine Dupleix de Bacquencourt. Le couple a trois fils, tous avec postérité :
Thierry-Anatole de Montesquiou Fezensac (Paris, 5 mars 1824 - Paris 8e, 16 avril 1904), marié en 1844 avec Albertine du Roux (1823-1864). Dont postérité, ils sont notamment les parents du célèbre dandy et poète Robert de Montesquiou ;
Wolodimir-Anatole de Montesquiou Fezensac (Paris, 18 mars 1830 - Paris 8e, 13 mars 1905), propriétaire du château de Bourron, qu'il achète en 1878[5], marié en 1851 avec Marie Louise Caroline Sauvage (1829-1887), dont postérité[6].
Sonnets, canzones et ballades et sextines de Pétrarque, traduits en vers par le comte Anatole de Montesquiou, 1842-1843, Paris, Leroy, 3 volumes, tome 1,tome 2,tome 3;
Chants divers, 1843, Paris, Amyot, 2 volumes ;
Moïse, poème en vingt-quatre chants, 1850, Paris, Amyot, 2 volumes, tome 1, , tome 2 ;
Un Crime, drame en cinq actes et en vers, 1853, Paris, Amyot, 1 volume ;
Le Fablier des Fleurs, 1855, Paris, Firmin-Didot, 1 volume ;
Hercule, poème épique, 1873, Paris, A. Lemerre, 2 volumes ;
Souvenirs sur la Révolution, l'Empire, la Restauration et le règne de Louis-Philippe, présentés et annotés par Robert Burnand, 1961, Paris, Plon, 1 vol., IV+541 pages[7].
Notes et références
↑Albert Révérend, Armorial du premier empire; titres, majorats et armoiries concédés par Napoléon Ier, t. 3, Annuaire de la noblesse, (lire en ligne), p. 269
↑Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, vol. 8, (lire en ligne), p. 20
↑Fortuné Legeay, Nécrologie et bibliographie contemporaines de la Sarthe 1844-1880, Leguicheux-Gallienne, (lire en ligne), p. 302
↑Cet article indiquait : [Le couple a trois fils, et une fille, ancêtre d'Anne-Aymone Giscard d'Estaing, « Première dame de France » entre 1974 et 1981. Cette dernière explique d'ailleurs que ce sont les écrits de son ancêtre qui ont inspiré Valéry Giscard d'Estaing pour son roman Le retour de la Grande Armée (2010) ; Référence : Georges Valance, VGE, une vie, Flammarion, 2011]. Mais en fait, Madame Giscard d'Estaing a pour ancêtre Marie-Madeleine/Françoise Zilia de Montesquiou-Fezensac (1818-1886 ; grand-mère maternelle de Paul-Marie-Joseph Sauvage de Brantes (1864-1950), lui-même grand-père paternel d'Anne-Aymone ; et Marie-Madeleine/Françoise Zilia était la fille d'Alfred-Félix de Montesquiou-Fezensac (1794-1847), fils d'Anne-Pierre-Elisabeth (1764-1834) et frère de notre comte Anatole). En revanche, ce sont bien la vie et l'œuvre d'Anatole qui ont pu inspirer l'ancien président de la République.
↑Georges Martin, Histoire et généalogie de la Maison de Montesquiou, Lyon, l'auteur, , 269 p., p. 100-103 et 124
Rabbe, Sainte-Preuve, Biographie universelle et portative des contemporains, ou Dictionnaire historique des hommes vivants et des hommes morts depuis 1788 jusqu'à nos jours..., 1836
Joseph Alexandre Lardier, Biographie des députés, session de 1839, 1839