Président d'honneur[2] de l’association Droit au logement et du Comité radicalement anticorrida, il était aussi membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la décennie de la culture de paix et de non-violence. Il anime durant neuf ans, de à , une chronique radiophonique quotidienne sur France Culture.
Il était également connu pour ses engagements en faveur de personnes handicapées et de leur inclusion notamment dans les écoles ou ses engagements civiques, parmi lesquels la défense de la cause palestinienne et du boycott d'Israël[3], la défense du concept de la décroissance soutenable, le soutien aux mouvements du logiciel libre, à la langue internationale espéranto, aux laissés-pour-compte et à l'environnement.
Biographie
Jeunes années
Il est issu d'une famille catholique et conservatrice originaire du Jura, fils de François Jacquard, directeur à la Banque de France et de Marie-Louise Fourgeot. À l'âge de neuf ans, un drame bouleverse son enfance : la voiture familiale subit un accident dans lequel Albert Jacquard perd son plus jeune frère et ses grands-parents paternels. Lui-même en ressort défiguré, ce qui transforme longtemps sa perception du regard des autres (« j'ai cru qu'ils me méprisaient »[4]).
En 1941, son père est nommé directeur de la succursale de la Banque de France à Gray en zone occupée. Il quitte alors le lycée de Soissons en cours d'année, pour le lycée Augustin Cournot de Gray.
Albert Jacquard obtient à Besançon deux baccalauréats, « Mathématiques élémentaires » et « Philosophie », en 1943[5],[6].
« J’ai vécu la Libération comme un événement extérieur. J’ai été un passager de l’histoire. Je n’ai pas été du tout le conducteur. J’ai été très long à m’apercevoir qu’il fallait que je choisisse mon camp. J’étais dans le camp des salauds : ceux qui laissent faire et finalement attendent que toutes les choses s’arrangent »[9].
« Par le passé, j’étais guidé par la soumission et le conformisme. J’avais une vingtaine d’années pendant la Seconde Guerre mondiale. C’était comme si elle se déroulait au loin. Je n’ai pas pensé un instant à entrer dans la Résistance. J’étais trop occupé à préparer Polytechnique. En 1961, je vivais tout près de l’endroit où des Algériens ont été jetés dans la Seine. Lorsque je l’ai appris le lendemain, j’ai eu honte. J’aurais pu prendre position, mais je n’ai pas bougé. Je suis resté du côté des salauds, ceux qui laissent faire, pendant deux décennies encore[10]. »
Le , il épouse Alix Domergue (1927-2009). Ils ont trois fils[11].
Haute fonction publique
Albert Jacquard entre à la SEITA en tant qu’ingénieur d’organisation et méthodes, puis en est nommé secrétaire général adjoint de 1951 à 1961 ; il est ensuite rapporteur auprès de la commission de vérification des comptes des entreprises publiques : il contrôle la gestion des Houillères du Nord puis de Sud-Aviation de 1959 à 1970. Directeur adjoint au service de l’équipement du ministère de la Santé publique de 1962 à 1964, il est chargé de recherches à l’Institut national d'études démographiques (INED) de 1965 à 1966.
Titulaire d’un certificat de génétique en 1966, il s’oriente vers une carrière scientifique et part aux États-Unis pour étudier la génétique des populations à l’université Stanford, en tant que research worker en 1966 et 1967. De retour en France en 1968 avec un diplôme d’études approfondies de génétique en poche, il réintègre l’Institut national d'études démographiques en tant que directeur de recherches de 1968 à 1991. Titulaire d'un doctorat d’université de génétique en 1970 et d’un doctorat d’État en biologie humaine en 1972, il est nommé expert en génétique auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de 1973 à 1985.
Carrière universitaire et reconnaissance
À l'âge de 47 ans, il obtient un doctorat d’État en biologie humaine après un doctorat d’université de génétique obtenu à l'âge de 45 ans. Albert Jacquard s’oriente alors vers la recherche universitaire : il devient professeur invité à l’université de Genève de 1973 à 1976, puis professeur associé de 1976 à 1992. L’université de Paris VI le titularise de 1978 à 1990, et l’Université catholique de Louvain (en Belgique) l’invite de 1979 à 1981.
Le , le collège du Chemin Vert de Caen devient le collège Albert Jacquard ; le collège Albert Jacquard est implanté au cœur du quartier du Chemin Vert, au nord-ouest de la ville de Caen en ZEP. Néanmoins, le Conseil général du Calvados décide de fermer l'établissement du Chemin-Vert en 2013[13].
Engagement politique
En 1979, face à l’émergence d’un racisme prétendument scientifique[réf. souhaitée], Albert Jacquard, Colette Guillaumin et Léon Poliakov créent, au sein du Groupe de recherches sur l'histoire du racisme (CNRS), un bulletin qu’ils intitulent Sciences et tensions sociales. À ce bulletin succède, deux ans plus tard, la revue Le Genre Humain[14]. Albert Jacquard fait partie jusqu'à sa mort du comité de rédaction de cette revue.
Lors de l'élection présidentielle française de 2007, il apporte son soutien au projet de Christian Garino, candidat pour Esperanto - Liberté, qui finalement ne figure pas parmi les candidats officiels.
Il soutient aussi une pétition, créée par des victimes et proches de victimes de l'inceste et de la pédophilie. Cette pétition a pour but d'enlever la prescription de crimes sexuels commis sur les enfants, afin que les enfants victimes aujourd'hui puissent porter plainte sans restriction de temps. Il s'oppose également à la tenue du rallye Paris-Dakar, en apportant son soutien à l'association Padak.
À la suite du rapport critique de la MILS en 2000 à leur sujet, il défend en 2001[29],[30] la pédagogie pratiquée dans les écoles Steiner-Waldorf, fondée sur les idées de l'anthroposophie. Par la suite, lors de sa création en 2003, il adhère au comité pédagogique de ces mêmes écoles Steiner-Waldorf[31].
En 2006, paraît la 10e édition du manuel d'espérantoCours Rationnel d'Espéranto, édité par SAT-Amikaro, dont Albert Jacquard écrit la postface. La première édition de cette méthode d'apprentissage avait paru en 1921, alors préfacée par Henri Barbusse.
En 2011, Jacquard accepte de parrainer la campagne nationale « L'espéranto au bac ! », coorganisée par les associations Espéranto-France et SAT-Amikaro et qui demande « que l'espéranto soit ajouté à la liste des langues admises en tant qu'option au baccalauréat » en ces termes :
« Je reçois comme un honneur la proposition que me font les deux associations Espéranto-France et SAT-Amikaro de parrainer cette pétition en faveur de l’espéranto.
Je souhaite que l’enseignement de l’espéranto soit officialisé par les autorités de nombreux pays. Un jour viendra où tout être humain saura utiliser l’espéranto comme un instrument de mise en commun. Développer l’usage de l’espéranto est un moyen de préserver l’avenir du français[34]. »
Mouvement sortir du nucléaire
Albert Jacquard est favorable à l'abandon du nucléaire civil et militaire[35]. En 2012, il préface et parraine avec Stéphane Hessel l'ouvrage Exigez ! Un désarmement nucléaire total, rédigé par l'Observatoire des armements.
En 2001, il affirme : « Le nucléaire, c’est un cadeau plus qu’empoisonné. Avec des déchets qu’on veut enfouir dans le sous-sol comme on glisse la poussière sous le tapis, mais pour un million d’années ! Qu’il s’agisse du nucléaire civil ou du nucléaire militaire, les conséquences sont les mêmes : on est en train d’organiser le suicide à long terme de l’humanité[36] ».
Génétique des populations humaines, Presses universitaires de France, 1974. / (en) Genetics of Human Populations, Freeman Cooper & Co, 1978.
L’Étude des isolats. Espoirs et limites, Presses universitaires de France et INED, 1976.
Concepts en génétique des populations, Masson, vol. 4 de la collection « biologie évolutive », 1977. (ISBN2-2254-7157-6 et 978-2-2254-7157-5)
Ouvrages de vulgarisation scientifique
Éloge de la différence : la génétique et les hommes, éditions du Seuil, 1978, 217 pages ; 1981. (ISBN2-0200-5972-X et 978-2-0200-5972-5) / (en) In Praise of Difference: Genetics and Human Affairs (traduit du français par Margaret M. Moriarty), NY: Columbia University Press, 1984. (ISBN0-2310-5482-3)
Au péril de la science ?, éditions du Seuil, 1982; 1984. (ISBN2-0200-8518-6) / (en) Endangered by Science? (traduit par Margaret M. Moriarty), Columbia University Press, 1985. (ISBN0-2310-5694-X)
L’Héritage de la liberté : de l'animalité à l'humanitude, éditions du Seuil, 1986, 210 pages. (ISBN2-0200-9344-8) ; Point, 1991.
Les scientifiques parlent (collectif), Hachette, collection « La force des idées », 1987. (ISBN2-0101-1357-8)
Cinq milliards d’hommes dans un vaisseau, éditions du Seuil, 1987. (ISBN2-0200-9481-9)
Moi, je viens d’où ?, avec la participation de Marie-José Auderset, éditions du Seuil, 1988, 81 pages. (ISBN2-0201-1400-3)
Abécédaire de l’ambiguïté, de Z à A : des mots, des choses et des concepts, Seuil, 1989, 172 pages. (ISBN2-0201-0645-0) / (it) Abbecedario dell’ambiguità. Dalla Z alla A: parole, cose, concetti, Accademia di Architettura dell'Università della Svizzera Italiana, Mendrisio, 1999.
C’est quoi l’intelligence ?, avec la participation de Marie-José Auderset, éditions du Seuil, Collection : Petit point no 1, Jeunesse, 1989. (ISBN2-0201-1399-6)
Absolu, dialogue avec l’abbé Pierre, éditions du Seuil, 1994. (ISBN2-0202-0099-6)
Les hommes et leurs gènes, Flammarion, collection « Dominos », 1994 ; nouvelle édition augmentée et mise à jour, Le Pommier, « poche », 2008. (ISBN2-7465-0192-9)
La Matière et la vie, éditions Milan, coll. « Les essentiels », 1995.
Paroles de science, textes présentés par Albert Jacquard, éditions Albin Michel, collection « Carnets de sagesse », 1995, 54 pages.
La Légende de demain, Flammarion, 1997
L’Équation du nénuphar : les plaisirs de la science, Calmann-Lévy, 1998, 190 pages. (ISBN2-7021-2857-2). Éditions LGF, livre de Poche, 2000. (ISBN978-2-2531-4811-1)
L'avenir n'est pas écrit, (avec Axel Kahn), Bayard, 2001. (ISBN2-2271-3941-2)
De l'angoisse à l'espoir, (avec Cristiana Spinedi), Calmann-Lévy, 2002. (ISBN2-7021-3271-5)
La Science à l’usage des non-scientifiques, Calmann-Lévy, 2001. (ISBN2-7021-3232-4)
Petite philosophie à l’usage des non philosophes, avec la participation d'Huguette Planès, Calmann-Lévy, 1997, 232 p. (ISBN2-7021-2688-X) (aussi publié chez Québec-Livres). / (nl) Kleine Filosofie voor niet-Filosofen, Ten Have, 1998. (ISBN978-9-0259-4757-6)
Le Souci des pauvres : l'héritage de François d'Assise, 1998. (ISBN2-7021-2412-7)
À toi qui n’es pas encore né(e), 1998 ; Calmann-Lévy, 2000. (ISBN2-7021-3050-X)
↑[1], par Faouzi Ahmed , mis en ligne le 23 septembre 2013. Le Monde Juif.info
↑Émission de France 5Empreintes : Albert Jacquard, jamais sans les autres diffusée le 11 janvier 2008.
↑« En , j'ai d'abord obtenu mon bac 'math'élém', le bac scientifique de l'époque, avec mention bien. Dans la foulée, je me suis inscrit pour le bac 'philo', étant déjà très attiré par cette matière. Je l'ai obtenu en octobre de la même année, cette fois avec la mention assez bien. »Marathonien de l'humanisme, de retour aux sources, article du 16 avril 2008, La presse de Gray.
↑La possession du double baccalauréat sciences + philosophie donnait alors des points supplémentaires à l'X, et resta une tradition répandue chez de nombreux « taupins » des lycées Saint-Louis et Louis-le-Grand bien après la suppression de ces points supplémentaires ; cependant, dans la plupart des cas, le baccalauréat philosophie était présenté — et obtenu — à la fin de l'année de mathématiques supérieures.
↑Ouvrir la « Page d’accueil », sur bibliothèque de l’École polytechnique, Palaiseau (consulté le ), sélectionner l’onglet « Catalogues de la BCX → Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « Albert Jacquard », résultat obtenu : « Jacquard, Albert Marie Joseph (X 1945) ».
↑Jean Marc Governatori (préf. Albert Jacquard, postface Francis Lalane), Doubler son pouvoir d'achat c'est possible !, Le courrier du livre, , 211 p. (ISBN978-2-7029-0681-1, lire en ligne).
↑Jean-Marc Governatori (préf. Albert JACQUARD), Politique Écologique = Plein Emploi, Jouvence, , 192 p. (ISBN9782883535893, lire en ligne).
↑« Trois questions à... Jacques Dallé, président de la Fédération des écoles Steiner », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )