Fils de la princesse polonaise Catherine Jagellon, Sigismond est né à Gripsholm alors que ses parents sont prisonniers du roi Éric XIV (frère aîné de Jean III). En dépit de la domination protestante de la Suède, le jeune Sigismond est élevé dans la foi catholique romaine.
L'élection est cependant disputée par un autre candidat, l'archiducMaximilien d'Autriche. Les partisans de celui-ci n'acceptent pas le résultat de l'élection et soutiennent que Maximilien est monarque de droit.
Puisqu'il doit succéder à son père à la tête du royaume de Suède, seize jours après son l'élection sur le trône de Pologne-Lituanie, Sigismond signe l'article de Kalmar qui règle les relations entre la république et le royaume de Suède. Les deux royaumes seront unis pour une période indéterminée, mais chacun conservera ses lois et ses coutumes. La Suède protestante conservera la liberté de religion. En l'absence de Sigismond, elle sera gouvernée par un Conseil formé de sept Suédois choisis par le roi. La Suède ne sera ainsi pas administrée par des Polonais.
Une semaine après la signature de cet article, le jeune prince se rend en Pologne pour prendre possession du trône. Son père lui demande expressément de rentrer en Suède lorsque la délégation polonaise, qui l'attend à Dantzig, exige que l'Estonie suédoise soit cédée à la Pologne. Il s'avère que les Polonais sont encore plus difficiles à contenter que prévu. Il est finalement décidé de ne régler ces questions territoriales qu'à la mort du roi de Jean III de Suède.
Maximilien se résout à régler son différend par la force et déclenche une guerre de succession. Il est battu à la bataille de Byczyna le par les partisans de Sigismond, emmenés par Jan Zamoyski. Fait prisonnier, il ne doit sa libération qu'à l'intervention du papeSixte V. Le , par le traité de Bytom et Będzin, il renonce à ses droits sur la couronne de Pologne.
Situation en Pologne
La position de Sigismond en Pologne est extrêmement difficile. En tant qu'étranger, il ne peut compter sur la sympathie de ses sujets. Son goût pour la musique et les arts n'est pas partagé par la noblesse, et sa retenue et son calme sont interprétés comme de la rudesse et de l'orgueil. Même Zamoyski, qui l'a porté sur le trône, se plaint que le roi est habité par le diable[réf. souhaitée].
Les difficultés de Sigismond s'aggravent encore du fait des vues politiques qu'il a amenées, déjà toutes élaborées depuis la Suède et diamétralement opposées à celles du chancelier. Sigismond vise une alliance étroite avec les Habsbourg d'Autriche, dans le double objectif d'inclure la Suède dans son domaine de pouvoir et de contenir l'Empire ottoman grâce à l'alliance des deux grandes puissances catholiques d'Europe centrale. La suite logique est la révision de la Constitution polonaise, sans laquelle rien d'utile n'est à attendre de l'union avec la Pologne. Les idées de Sigismond sont celles d'un homme d'État qui connaît clairement les obstacles et veut les lever. Ses efforts sont toutefois vains en raison des jalousies et du manque de confiance des magnats.
Les premières années du règne de Sigismond sont un combat permanent avec Zamoyski, au cours duquel les opposants ne parviennent tout au plus qu'à une neutralisation mutuelle. Lors de la première diète de 1590, le chancelier contrecarre tous les efforts des alliés de la maison d'Autriche. Le roi profite en revanche des vacances des hauts-fonctionnaires pour placer les Radziwill et autres dignitaires lituaniens au pouvoir. Il réussit ainsi à limiter un tant soit peu l'autorité du chancelier.
Le , Sigismond épouse Anne d'Autriche et la même année, une réconciliation intervint entre le roi et le chancelier. Cela permet au roi de prendre possession du trône de Suède qui vient d'être libéré par la mort de Jean III.
Sigismond III arrive à Stockholm le . Il est couronné à Uppsala le et promet que la Suède pourra continuer à soigner la confession protestante. Le , il rentre en Pologne et laisse le duc Charles et le Sénat gouverner pendant son absence.
Son fort soutien à la Contre-Réforme ne tarde pas à éroder le soutien dont il jouit en Suède. Quatre ans après son accession au trône de Suède, en , Sigismond est contraint de se battre pour la couronne de sa patrie, car son oncle travaille à s'approprier le pouvoir avec le soutien du Sénat. Sigismond III débarque à Kalmar avec 5 000 hommes, essentiellement des mercenaires hongrois. La forteresse lui ouvre immédiatement ses portes et la capitale lui souhaite la bienvenue. Le monde catholique observe ses progrès avec confiance ; le succès de Sigismond est considéré comme le début d'un triomphe encore plus grand.
Il en est toutefois autrement. Après des négociations avec son oncle, Sigismond retire son armée de Kalmar, mais est battu à la bataille de Stångebro(en) le . Trois jours plus tard, il accepte la paix de Linköping(en) selon laquelle tous les points de litige entre lui et son oncle seront présentés à une réunion de la diète à Stockholm. Par ailleurs, Sigismond a l'interdiction de gouverner la Suède depuis l'étranger.
Sigismond rentre tout de même à Dantzig, d'où il déclare qu'il a signé cette paix sous la pression des Suédois et qu'elle n'a aucune valeur. Sigismond est déposé en 1599 et ne revoit jamais la Suède, mais il ne renonce pas à ses droits et refuse de reconnaître le nouveau gouvernement suédois. Cette ténacité entraîne la Pologne dans une série de guerres malheureuses contre la Suède. Le duc Charles est couronné sous le nom de Charles IX.
L'éviction de Sigismond du trône de Suède et la décision polonaise d'incorporer la Livonie provoquent une guerre polono-suédoise qui dure, excepté deux brèves interruptions, de 1600 à 1629. Aucun des deux États ne gagne grand-chose dans cette guerre. La couronne est finalement cédée à Charles, mais Sigismond refuse de renoncer à ses prétentions sur le trône de Suède et sa politique extérieure est ensuite destinée à le regagner. Cela conduit à des relations difficiles et à plusieurs autres guerres entre les deux pays, qui prennent fin avec la grande guerre du Nord.
Le , Sigismond épouse en deuxièmes noces Constance d'Autriche, la sœur de sa première épouse décédée quatre ans auparavant. Cet évènement renforce l'influence des Habsbourg à la cour et déprime encore plus le chancelier.
Pendant la diète de 1605, le roi s'efforce de faire passer une réforme de la Constitution polonaise pour introduire le vote à la majorité plutôt que le vote à l'unanimité (liberum veto) pour décider des propositions du roi, ainsi qu'une augmentation des impôts et des effectifs de l'armée. Cette réforme hautement utile est contrecarrée par la résistance de Zamoyski. La mort de celui-ci, qui intervient la même année, ne fait qu'empirer les choses car l'opposition est désormais entre les mains d'hommes incapables et corrompus.
De 1606 à 1610, une anarchie presque complète règne en Pologne. Des révoltes éclatent de toutes parts tandis que Sigismond tente de limiter les dégâts. Les opposants, regroupés autour de Mikołaj Zebrzydowski, décident de former une confédération à Sandomierz. Cela conduit à une guerre civile appelée rébellion de Zebrzydowski. Les rebelles sont battus par les royalistes le à la bataille de Guzów(en). Finalement, il est décidé de revenir au statu quo d'avant la diète de 1605.
Ce désordre a de gros rebondissement sur la politique extérieure. Le temps des troubles, qui a lieu durant la même période en Russie, représente une occasion unique d'écarter définitivement les tsars de Russie. La diète ne parvient toutefois pas à se décider sur les renforts à apporter à l'hetmanStanisław Żółkiewski et aux autres généraux qui accomplissent des prouesses avec des armées minuscules. Moscou est brièvement occupée en 1610 et le tsar Vassili IV est renversé le .
L'armée polonaise n'a pas les moyens nécessaires pour mener la guerre polono-russe. Le traité de Déoulino met fin à cette guerre, qui se termine quand même avec quelques gains territoriaux pour la Pologne, principalement dans la région de Smolensk.
Sa maîtresseUrszula Mayerin (1570 – 1635), choisie par sa belle-mère Marie-Anne de Bavière, exerce une grande influence sur la politique du roi. Elle est nommée chambellan (maître de la maison royale) de la cour de la reine.
Titres royaux en latin : Sigismundus Tertius Dei gratia rex Poloniæ, magnus dux Lithuaniæ, Russiæ, Prussiæ, Masoviæ, Samogitiæ, Livoniæque, necnon Suecorum, Gothorum Vandalorumque hæreditarius rex.
Morceau de tissu damassé aux armes de la famille Vasa, commandé pour les funérailles de Sigismond III.
Statue du roi Sigismond III au sommet de la colonne Sigismond à Varsovie.
Notes et références
↑François Grumel Jacquignon, Géopolitique passée et présente de l'Ukraine : le poids de la géohistoire sur l'Ukraine, Editions Connaissance et Savoirs, Saint-Denis, 2018, p.95
↑Une autre émission au même type pour 100 ducats et pesant 350 g. a aussi été émise en 1621. C'est une des plus lourdes et des plus chères pièces européennes, atteignant plus de 2 millions de dollars lors de son dernier passage en vente.