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En 1668, le roi Jean II Casimir le nomme grand hetman (commandant en chef des armées polonaises). À la mort de Jean II, Michael Korybut Wisniowiecki est élu roi de Pologne. Jean Sobieski se range du côté de l’opposition, ce qui lui vaut une semi-disgrâce, bien vite oubliée en raison de ses nombreux succès contre les Turcs, notamment à la bataille de Khotin en 1673, et de la mort du roi. Sobieski est à son tour élu roi, quasi unanimement, par les grands électeurs de la szlachta (la noblesse), le , et couronné le .
La guerre contre les Turcs. Jan Sobieski héros national
Une des ambitions de Jean III est de rassembler l’Europe chrétienne dans une guerre contre l’Empire turc ottoman et de chasser cette puissance expansionniste, de religion musulmane, qui était parvenue, au fil des siècles, à conquérir militairement une grande partie du sud-est de l’Europe et qui tentait alors de submerger sa partie occidentale. Sobieski s’allie au Saint-Empire romain germanique et rejoint la ligue catholique du pape Innocent XI.
Selon l’historien polonais Oscar Halecki, Jean III projetait d’occuper la Prusse avec l’aide des Suédois et celle de la France. Mais cette entreprise est vite condamnée à l’échec, en raison de l’opposition des magnats (noblesse polonaise) et de la guerre initiée par l’Empire ottoman, qui l’oblige à s’allier aux Habsbourg, dynastie impériale d’Autriche. En 1676, il remporte la victoire de Zurawno contre les Turcs.
Son plus grand succès survint le à la bataille de Vienne, où il parvint à vaincre de manière décisive l’envahisseur ottoman, qui menait le siège de la capitale autrichienne. Sobieski commandait les troupes polonaises, au côté des troupes impériales d’Autriche placées sous les ordres de Charles V de Lorraine. Le résultat éclatant de son action permit de chasser une fois pour toutes l’armée ottomane commandée par Kara Mustafa, pourtant supérieure en nombre et sur le point d’attaquer.
Sobieski avait prévu d’attaquer le , mais il se rendit compte que les Turcs étaient en ordre de bataille dès le 12. À quatre heures du matin, les troupes de Sobieski fortes d’environ 81 000 hommes attaquent une armée turque d’environ 130 000 hommes. Vers dix-huit heures, Sobieski charge avec ses hussards ailés et enfonce les lignes ennemies qui détalent dans la plus grande confusion. La bataille de Vienne est terminée.
Sa gloire de héros national polonais et de défenseur du monde chrétien est née de cette victoire qui ferma définitivement les portes de l’Europe occidentale aux Turcs ottomans. De leur côté, les Ottomans le surnommèrent le Lion de Lechia (« Lion de Pologne »).
Le pape et les dignitaires étrangers le surnomment « Sauveur de Vienne et de la civilisation occidentale ».
Dans une lettre à son épouse, il écrit qu’à la suite de cette bataille : « … Tout le petit peuple me baisait les mains, les pieds, les vêtements ; d'autres se contentaient de me toucher en disant : Ah, laissez-nous baiser une main si courageuse ! ». La fête du Saint Nom de Marie fut instituée en la mémoire de cette victoire.
Jean Sobieski meurt le , dernier souverain qui a essayé de renforcer les prérogatives de la monarchie déjà bien entamée dans ce que les contemporains décrivent comme une république nobiliaire[1].
Batailles sous le commandement de Jean III
Bataille de Podhajce (1667) * Bataille de Bracław (1671) * Bataille de Mohylów (1671) * Bataille de Kalnik (1671) * Bataille de Krasnobród (1672) * Bataille de Niemirów (1672) * Bataille de Komarno (1672) * Bataille de Kałusz (1672) * Bataille de Khotin (1673) * Bataille de Bar (1674) * Bataille de Lwów (1675) * Bataille de Trembowla (1675) * Bataille de Wojniłów (1675) * Bataille de Żurawno (1676) * Bataille de Vienne (1683) * Bataille de Parkany (1683) * Bataille de Jazłowiec (1684) * Bataille de Żwaniec (1684) * Bataille de Jassy (1686) * Bataille de Suczawa (1691)
Mort et funérailles
Il meurt au château de Wilanów, à Varsovie, le . Il est inhumé dans la crypte royale de la cathédrale du Wawel à Cracovie. Une urne avec son cœur se trouve dans un sarcophage à la chapelle royale de l’église des Capucins à Varsovie.
Montesquieu, dans son Spicilège, écrit une anecdote que le cardinal de Polignac lui aurait raconté concernant la mort du roi :
"Le cardinal de Polignac disoit que, lorsque le grand Sobieski mourut, il étoit sur le bord de son lit, la reine d’un côté et l’abbé de Polignac d’un autre ; qu’il tomba d’apoplexie et se laissa couler à terre ; que la reine, ne pouvant soutenir ce spectacle, s’en alla ; que, lui, alla appeler du monde ; que, soudain, arriva un aumônier qui s’enivroit, s’approcha du Roi et se précipita sur sa panse et s’écria : « Nomen meum, sicut deum effusum » ; qu’entra un jésuite nommé le P. Rota qui, ayant vu un crucifix d’or, où il y avoit de la vraie croix, pendu au cou du Roi, dit : « Eh, mon Dieu, voilà qui l’étrangle », coupa le cordon et mis le crucifix dans sa poche ; que le jésuite et l’aumônier s’accablèrent d’injures, le jésuite ayant accusé l’aumônier d’être ivre ; que, comme il fallut donner un lavement au Roi, l’apothicaire, qui étoit ivre, ne put jamais placer la canule et alla à gauche, ce qui réveilla le Roi, qui se mit à l’appeler fils de p…" (471-472)