Après la mort du roi Louis Ier en , sa sœur aînée Marie hérite du royaume de Hongrie et du royaume de Pologne. Cependant, la noblesse polonaise souhaite mettre fin à l’union avec la Hongrie et elle désigne Hedwige comme souveraine de Pologne. Hedwige quitte alors sa Hongrie natale et le [3], elle est couronnée « roi » (rex) de Pologne en tant que monarque à part entière[4],[5].
À la demande de la Diète polonaise qui ne souhaite pas d'alliance avec un Habsbourg, la jeune souveraine rompt ses fiançailles avec le prince Guillaume d'Autriche pour épouser le à Cracovie le grand-duc de LituanieJogaila ou Jagellon, son ainé de 21 ans. Ce mariage suit l’union de Krewo signée par la Pologne et la Lituanie le , par laquelle les deux pays se sont déclarés d’accord pour s’unir sous une même couronne, et Jogaila est proposé comme souverain, à condition de se convertir au christianisme et d’épouser Hedwige. Au baptême, Jogaila prend le nom de Władysław (Ladislas II).
Hedwige et Władysław règnent ensemble pendant presque 13 ans. Hedwige s’engage fermement dans la vie politique, diplomatique et culturelle de son nouveau pays. À sa cour, elle rassemble l’élite intellectuelle de la Pologne. Elle fonde de nombreuses abbayes, églises et hôpitaux, et veille au développement du christianisme en Lituanie. Elle crée des bourses pour les étudiants polonais, pour leur permettre de parfaire leur instruction à l’université de Prague.
Grâce à ses efforts et ses démarches à la cour du pape, on procède à la rénovation de l’Académie de Cracovie et à la création de la prestigieuse faculté de théologie. À cet effet, elle lègue dans son testament tous ses bijoux et objets précieux.
Le , elle donne naissance à une fille, Élisabeth Bonifacia, qui meurt le de la même année. Hedwige meurt pour sa part le , à la suite de complications liées à l'accouchement. Son mari, à la requête des États du royaume unanimes, reste l'unique roi de Pologne.
La jeune femme, qui parlait plusieurs langues (le latin, le bosniaque, le hongrois, le serbe, le polonais et l'allemand) est devenue la patronne de la nation polonaise et a été canonisée par Jean-Paul II le . Elle est fêtée le [6].
Une légende est liée à la construction de l’église carme de la Visitation de Notre-Dame à Cracovie dite « sur le sable ». Un jour, lorsque la reine vint sur le lieu des travaux, elle aperçut qu’un des ouvriers était très triste. Elle en fut bouleversée et lui demanda la cause de sa tristesse. Celui-ci lui fit part de sa situation familiale difficile : sa femme, mère de trois enfants, était gravement malade, frôlant la mort. Malgré son travail il ne gagnait pas assez pour pouvoir lui acheter le traitement nécessaire. La reine Hedwige, émue par le malheur de cet homme, se pencha alors pour enlever une de ses chausses, de laquelle elle enleva un fermoir en or et le donna à l’ouvrier. À ce moment-là, elle posa son pied nu sur une pierre imprégnée de chaux et y laissa une empreinte. Lorsqu’elle fut partie, l’ouvrier aperçut l’empreinte, il travailla cette pierre particulière et l’emmura dans une des parois de l’église. Il est possible d’admirer l’empreinte du pied de la reine Hedwige encore aujourd’hui. Entourée de barreaux, elle est visible dans un des angles de l’église des Carmes « sur le sable », rue Karmelicka.
↑Elle est couronnée en tant que « Hedvig Rex Poloniæ » (« Hedwige, roi de Pologne ») et non « Hedvig Regina Poloniæ » (« Hedwige, reine de Pologne ») puisque le titre de « roi » ne spécifiait pas que le souverain devait être un homme. Toutefois, ses documents étaient signés « Regina » (reine). (en) Margaret Schaus, Women and Gender in Medieval Europe : An Encyclopedia, Margaret Schaus, Routledge, , 944 p. (ISBN9780415969444), Marianne Sághy, « Jadwiga », page 421 (pl) Piotr Węcowski, « Jadwiga Andegaweńska w opinii prawniczej z końca XV w. Przyczynek do późnośredniowiecznych wyobrażeń na temat władzy monarszej », Ecclesia regnum fontes. Studia z dziejów średniowiecza, , p. 255 (OCLC998583838, lire en ligne)
Références
↑(en) Oscar Halecki, Jadwiga of Anjou and the Rise of East Central Europe, Polish Institute of Arts and Sciences of America, (ISBN0880332069).
↑Frédéric Schoell, Cours d'histoire des états européens depuis le bouleversement de l'Empire romain d'Occident jusqu'en 1789, vol. 11-12, (lire en ligne), p. 196.