Pour les funérailles d'un soldat, à l'incipit « Qu'on voile les tambours, que le prêtre s'avance », est un chœur à 4 voix mixtes (SATB), baryton solo et piano composé du au sur un poème d'Alfred de Musset[1]. La partition est orchestrée par Lili Boulanger le [1].
La pièce est dédiée à Georges Caussade, « en profonde reconnaissance, en sincère attachement »[2].
L'œuvre est donnée en première audition le à Paris, salle du Conservatoire, au Salon des musiciens français, par Alexis Ghasne (baryton), la Chorale des auditions modernes et le Cercle choral parisien, sous la direction de Maxime Thomas, avec Lili Boulanger au piano[3]. Avec orchestre, Pour les funérailles d'un soldat est créé le à Paris, salle Gaveau, par Alexis Ghasne et l'Orchestre des Concerts Colonne-Lamoureux, sous la direction de Gabriel Pierné[3],[4].
Qu’on voile les tambours, que le prêtre s’avance.
A genoux, compagnons, tête nue et silence.
Qu’on dise devant nous la prière des morts.
Nous voulons au tombeau porter le capitaine.
Il est mort en soldat, sur la terre chrétienne.
L’âme appartient à Dieu ; l’armée aura le corps.
Si ces rideaux de pourpre et ces ardents nuages,
Que chasse dans l’éther le souffle des orages,
Sont des guerriers couchés dans leurs armures d’or,
Penche-toi, noble cœur, sur ces vertes collines,
Et vois tes compagnons briser leurs javelines
Sur cette froide terre, où ton corps est resté !
Le contrat d'édition a été signé par Lili Boulanger le , la date de première publication de la partition d'orchestre, avec paroles françaises, étant le (le copyright a été attribué le ). La partition chœur et piano (Ricordi, 1918 et 1919) porte le cotage R. 111, ainsi que la version anglaise (Frederick H. Martens, For a Soldier Burial) ; les parties vocales (Ricordi, 1914) le cotage R. 34[5].
La partition est aussi publiée par Schirmer (New York) en 1981, avec une traduction anglaise de Jane May (Memorial for a Soldier)[3].
Pour Mireille Gaudin, « dans le contexte de rituel funéraire, la jeune compositrice manifeste une incroyable prescience de la misère humaine. La 1re et la 3e parties avec cuivres, vents et percussions et les lamentations du chœur sont bouleversantes, l'épisode central, poignant, est confié au baryton solo[6] ».
Pour Roman Hinke, Pour les funérailles d'un soldat, « avec son caractère de marche funèbre et ses sombres sonorités sur l'hymne médiéval du Dies irae, permet de mesurer la grande sensibilité de Boulanger pour les développements dramatiques, tout en témoignant de sa vision du monde humaine et profondément pacifique[7] ».
Mireille Gaudin, « Lili Boulanger », dans Association Femmes et Musique, Compositrices françaises au XXe siècle, Sampzon, Delatour, (ISBN2-7521-0043-4), p. 51-55.
(fr + en) Harry Halbreich, « L'esprit souffle où il veut », p. 6-9, Timpani (1C1046), 1998 .
(de + en + fr) Roman Hinke (trad. Sylvie Coquillat), « Avant-propos », p. 8-9, Carus (83.489), 2018 .
Alexandra Laederich, « Catalogues de l'œuvre de Nadia Boulanger et de l'œuvre de Lili Boulanger », dans Alexandra Laederich (dir.), Nadia Boulanger et Lili Boulanger : témoignages et études, Symétrie, coll. « Perpetuum mobile », , 533 p. (ISBN978-2-914373-29-6), p. 309-402.