Parsemée de récifs, animée par de forts courants de marée provenant d'étroites passes, elle est exposée à de fréquentes et intenses tempêtes hivernales.
Le nom de cette étendue d'eau a changé au fil du temps. Quatre noms correspondent à quatre périodes bien marquées : « Bressont » au XVIIe siècle, « passage de l'Iroise » au XVIIIe, « Iroise » au XIXe et dans la majeure partie du XXe, et « mer d'Iroise » depuis la fin du XXe siècle.
Breesondt
Deux cartes hollandaises du XVIIe siècle désignent l'endroit par « Breesondt ». Une carte anglaise de 1701 écrit « Bresont »[1].
Passage de l'Iroise
L'origine du nom Iroise est obscure. Selon le chanoine Jourdan de La Passardière[2], il pourrait provenir du féminin de l'ancien nom Irois. Ce serait une allusion aux Irlandais qui empruntaient ce passage en arrivant aux côtes bretonnes[3]. Cette explication ne convainc pas du tout Bernard Tanguy. L'historien croirait plus à l'hypothèse d'une francisation du mot hirwazh — sans en être complètement satisfait. Hir (« long ») appartient en effet au vieux breton (antérieur au XIe siècle), tandis que rien ne prouve que gwazh (« ruisseau ») soit aussi ancien dans le sens particulier de « chenal, passage, passe »[4].
Le mot « Iroise » apparaît en 1693 sur deux cartes :
la carte dite « Bretagne longue » de Romeyn de Hooghe, qui indique « Bressont ou Le Passage de l'Yroise »[1] ;
Nicolas de Fer indique en 1705 « Passage de Lyroise »[3] ; et en 1711 « Passage de l'Iroise », graphie qui va s'imposer chez les autres cartographes du XVIIIe siècle[6].
Iroise
Sur une carte de Beautemps-Beaupré levée en 1817 et parue en 1819, « Passage de l'Iroise » devient « Iroise ». Ce nom s'impose dès lors[7].
La mer d’Iroise est caractérisée par un régime macrotidal semi-diurne dont le marnage varie entre 3 m en marée de morte-eau (coefficient 45) et 7 m en vive-eau exceptionnelle (coefficient 120)[17].
Durant une campagne de mesure effectuée sur le phare de la Jument pendant l'hiver 2017-2018, une hauteur de vague maximale de 24,60 m a été relevée avec des épisodes de tempêtes considérés comme classiques [18],[19].
Étendue
Bernard Tanguy observe que, « si le nom d'Iroise est largement connu du public, il n'est pas dit que beaucoup sachent précisément ce qu'il recouvre[4] ». À l'est, la mer d'Iroise communique par le goulet de Brest avec la rade de Brest, et plus largement avec la baie de Douarnenez[9],[11],[14]. La carte de 1705 de Nicolas de Fer suggère que le « passage de Lyroise » n'est rien d'autre que l'accès au goulet de Brest[3]. Mais, « pour les cartographes les mieux renseignés (les auteurs des cartes marines, et Jean Ogée, par exemple)[1] », le passage de l'Iroise « dessert, à l'est, aussi bien la baie de Douarnenez que la rade de Brest[20] ».
Jean-Pierre Pinot considère que les cartographes anciens donnent pour limite ouest « la ligne qui joint les dangers les plus occidentaux d'Ouessant à ceux de la chaussée de Sein[1] » (de 5° 9′à 5° 5′ de longitude ouest).
Si les auteurs s'accordent quant aux limites de cette étendue d'eau, ils hésitent lorsqu'il s'agit de la définir : « espèce de golfe[21] », « petite mer bordière[9] », « mer semi-fermée[12] », « passages maritimes[23] », « espace maritime restreint[3] », « bras de mer[4] »…
Le nom d'Iroise est emprunté pour désigner deux zones dont l'étendue ne correspond pas à celle de la mer d'Iroise, ce qui peut introduire une certaine confusion.
Le parc naturel marin d'Iroise, créé en 2007, est bien plus grand que la mer d'Iroise. Il couvre 3 500 km2, l'équivalent de la moitié du Finistère. Il s'étend au nord jusqu'au parallèle 48° 31′ N (pointe des Capucins) ; à l'ouest jusqu'à « la limite extérieure de la mer territoriale » ; au sud jusqu'au parallèle 47° 59′ N, mais en excluant les eaux du cap Sizun. Il comprend la baie de Douarnenez, mais pas la rade de Brest[24].
Météo-France a une zone de météorologie marine appelée « Iroise »[25]. Son étendue est très vaste, sans commune mesure avec celle de la mer d'Iroise. Au large, elle s'étire jusqu'au 6° O. En latitude, elle va du 48° 27′ N (latitude de l'île d'Ouessant et de Lampaul-Plouarzel) au 47° 30′ N (au sud-est, elle couvre jusqu'à l'estuaire de la Vilaine).
Si la Bretagne compte à elle seule plus de 75 % des phares de France, en matière de signalisation maritime, c'est l'Iroise qui est la zone maritime où la densité de phares et balises est la plus importante de l'hexagone, en lien avec le nombre de dangers à parer y étant considérable : « Qui voit Molène voit sa peine, qui voit Ouessant voit son sang, qui voit Sein voit sa fin !… ». Les instances touristiques finistériennes revendiquent que la mer d'Iroise compte la plus grande concentration de phares au
monde (la côte d'Iroise entre la pointe Saint-Mathieu et la pointe du Raz regroupe 19 phares terrestres dont 4 sont ouverts de manière systématique une bonne partie de l'année, sans compter les phares en mer)[26]. Parmi eux, le phare du Créac'h, le plus puissant d'Europe, le phare maudit du Tévennec ou le phare du Stiff, le doyen des phares bretons. La mer d'Iroise compte aussi plusieurs phares mythiques isolés en pleine mer : La Jument et Kéréon dans le passage du Fromveur, Les Pierres Noires au sud-est de l'archipel de Molène, La Vieille accompagnée de Tévennec dans le raz de Sein, Ar-Men à l'extrémité occidentale de la Chaussée de Sein… La côte continentale et les îles abritent également de nombreux phares : celui de la pointe Saint-Mathieu, le Petit Minou et le Portzic dans le goulet de Brest, le phare de l'île de Sein, les cinq phares d'Ouessant, le Toulinguet au bout de la presqu'île de Crozon, Le Millier sur la côte nord du cap Sizun… Sans parler de toutes les autres balises de moindre importance, bouées, tourelles et feux d'entrée de port.
Les opérateurs économiques et touristiques finistérienns ont lancé dans les années 1990 une première Route des phares qui n'a pu se démarquer dans l'offre touristique foisonnante. Impulsé par le pôle métropolitain du Pays de Brest, le groupement d'intérêt public "Brest terres océanes" créé en 2015 relance[27] ce concept[28].
Pour faire reconnaître la qualité de leur pêche et créer un label, des pêcheurs de bar de ligne se sont organisés en association depuis 1993[31], les autres espèces de poissons faisant majoritairement l'objet d'un petit chalutage restant à organiser en filière locale.
Loisirs
Plaisance
L'Iroise est très fréquentée par les plaisanciers, y pratiquant notamment la voile et la pêche de loisir. C'est en outre un passage obligé pour la croisière-côtière entre Bretagne-Nord et Bretagne-Sud, jalonné par le chenal du Four au nord et le raz de Sein au sud.
Plongée
Il existe en Iroise de nombreux sites de plongée, fréquentés par plusieurs clubs. Plusieurs épaves sont relativement accessibles et intéressantes, mais les fonds en eux-mêmes sont souvent spectaculaires. La chasse sous-marine est pratiquée par de nombreux plongeurs. Quelques bateaux à fond de verre permettent en outre de découvrir les fonds marins.
L'archipel de Molène abrite un des plus grands champs d'algues d'Europe ; ces algues (notamment les laminaires) sont exploitées par une flotte de goémoniers (pour une bonne part basés à Lanildut), pour les besoins des industries chimique et alimentaire (gélifiants). Plusieurs dizaines de milliers de tonnes de goémon sont ainsi récoltées chaque année. Certaines algues sont aussi récoltées manuellement sur l'estran.
Notes et références
↑ abcd et eJean-Pierre Pinot, « L'Iroise sur les cartes anciennes de Bretagne », Les Cahiers de l'Iroise, no 180, , p.14.
↑Jourdan de La Passardière, Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 1878 et 1879. Cité par Bernard Tanguy, « Le nom d'Iroise », Les Cahiers de l'Iroise, no 180, , p.15.
↑Les médias parlent beaucoup de la mer d'Iroise dans la période 1975-1985, lorsque treize forages pétroliers infructueux sont effectués en mer Celtique et en Manche. Claude Péridy, « Pas d'or noir en mer d'Iroise » sur letelegramme.fr, 13 septembre 2009 (consulté le 21 octobre 2016). — Les trois permis de recherche d'hydrocarbures délivrés par le ministère de l'Industrie étaient dits « permis d'Armor », « permis d'Iroise » et « permis de mer Celtique ». Ces noms de code ne recouvraient pas une réalité océanographique : l'Armor désigne les eaux entourant l'ensemble de la Bretagne ; et la zone du permis d'Iroise ne correspondait nullement à la mer d'Iroise. Ministère de l'Industrie, Décret du 3 avril 1981, sur legifrance.gouv.fr, Journal officiel de la République française, 9 avril 1981, p. 3630 (consulté le 23 octobre 2016). — Les treize forages se sont faits bien plus au large : onze en mer Celtique et deux en Manche. Le forage le plus proche de la mer d'Iroise (TAK 1 bis) s'effectua au nord-ouest de l'île d'Ouessant, à quelque 14 milles (26 km) de la mer d'Iroise. « Marges du Finistère », sur developpement-durable.gouv.fr (consulté le 23 octobre 2016).
↑ abcd et eGrand Larousse en cinq volumes, Paris, Larousse, 1994, t. III, p. 1658.
Jean-Pierre Abraham, « Tévennec », in La place royale, Le Temps qu'il fait, 2004.
Hervé Hamon (1999) L'abeille d'Ouessant, Le Seuil, (ISBN2020333317) (édition poche en 2000 (ISBN202040804X)) – Un an à bord de l'Abeille Flandre, remorqueur gardant le rail d'Ouessant et intervenant au cœur des tempêtes de la mer d'Iroise.
Michel Mazeas (1994) Les houles de la mer d'Iroise, Ouest France, 222 pages, (ISBN2737326435) – Récits d'histoires s'étant déroulées dans la mer d'Iroise au XXe siècle.
Photos
Michel Coz & Sandrine Pierrefeu (2005) Mer d'Iroise, Le Télégramme, 117 pages, (ISBN2848331194) : très belles photos de la mer d'Iroise.
Christophe Courteau (2005) Un photographe en mer d'Iroise, Ouest France, (ISBN2737333350) : très belles photos de mer, mais aussi une attention particulière portée à la faune et la flore.
Discographie
Alan Stivell interprète une chanson en français et breton, Iroise, sur son album Back to Breizh en 2000.
Yann Tiersen (1998) Le phare, Virgin : Brestois d'origine, Yann Tiersen compose un album résolument tourné vers sa mer comme en témoignent les titres L'arrivée sur l'île, La noyée, Les bras de mer et surtout Le Fromveur, du nom du courant au Sud Est de Ouessant.
Les cendres de Jean Gabin y furent dispersées en 1976, selon ses dernières volontés.
Les cendres de Jean-François Deniau y furent dispersées en 2007, selon ses dernières volontés.
Liens externes
Cartographie
La mer d'Iroise est particulièrement « mal pavée » et sujette à de très puissants courants. Aussi le SHOM propose-t-il de nombreuses cartes, y compris à petite échelle, pour permettre d'y naviguer en sécurité. La liste ci-dessous n'est donnée qu'à titre indicatif, reportez-vous au catalogue du SHOM concernant la région qui fait toujours référence !