Un détroit (du latin districts, adjectivation du participe passé du verbe latin distringere, « maintenir écarté »), parfois dénommé pas ou canal, est un bras de mer plus ou moins long et resserré entre les deux côtes qui le bordent (par opposition avec l'isthme[1]), et mettant en relation deux étendues marines ou lacustres[2].
L'origine diverse des détroits (détroit intercontinental d'origine géotectonique, détroits d'archipel issus de l'ennoyage de reliefs, détroit intracontinental issu de jeux de cassure locales) explique leur variabilité en forme, largeur, longueur et profondeur.
Les détroits sont le lieu de courants parfois violents du fait des marées qui s'intensifient avec les filets d'eau qui doivent converger entre les deux côtes, comme dans les raz et les pertuis.
Ils sont associés à des images souvent anthropomorphes : bras, manche, bouche (Bouches de Bonifacio), porte (Bab-el-Mandeb), pas, passe et passage. Lorsque le détroit est large à une extrémité et étroit à l'autre, on lui donne fréquemment le nom de manche[réf. nécessaire] ; s'il est long, et étroit, on l'appelle quelquefois canal ; si ses dimensions ne sont pas considérables, on le nomme pas, passage, goulet, ou pertuis mais cette terminologie n'est pas bien fixée[3].
Les détroits, zones de « confluence », sont souvent d'importantes voies de communication maritimes du point de vue géostratégique. Pour cette raison, ce sont souvent des zones à risque ou des zones de tension du point de vue militaire ou de la sécurité maritime (records de trafic maritime). Les grands détroits ont joué aussi un rôle passif dans la transgression des espèces vivantes et des hommes, comme le détroit de Béring par où sont venus les Indiens d'Amérique.
Les plus longs détroits au monde sont celui de Malacca, avec une longueur d'environ 800 km, celui de Tartarie avec une longueur de 900 km, et celui du Mozambique avec 1 600 km, ce dernier atteignant le record de largeur qui varie de 400 à 950 km[5] tandis que le détroit de l'Euripe ne fait que 38 m dans son passage le plus étroit.
Certains détroits ont un faible trafic du fait de leur dangerosité, tel le raz Blanchard. Le détroit de Malacca est le plus fréquenté du monde avec 100 000 navires marchands qui l'empruntent par an, dont la moitié du trafic mondial des pétroliers[6], devant le pas de Calais avec 80 000 navires marchands et 20 000 car-ferries et bateaux de pêche[7].
Histoire
Les détroits ont joué un grand rôle au cours de l'histoire : rôle militaire (à commencer par la guerre du Péloponnèse ou les guerres puniques au cours desquelles la domination des détroits par Sparte ou Rome a assuré leur hégémonie[8]), rôle commercial (fixation de villes comme Singapour, fondation de comptoirs comme les établissements des détroits), rôle touristique[réf. nécessaire] (côtes françaises de la Manche où se développe au début du XIXe siècle la vogue des bains de mer et comme corollaire l'activité des ports, des débarcadères des bateaux et du chemin de fer)[9].
Le développement du commerce international et la baisse du coût du transport maritime au XIXe siècle a conduit le droit international maritime à légiférer à cette époque sur le régime du passage par les détroits[10].
Le pas de Calais (Strait of Dover ou Dover Strait pour les anglophones) est le détroit qui marque la limite entre la Manche et la mer du Nord, et sépare la Grande-Bretagne (ville de Douvres) de la France (ville de Calais) ;
↑(en) Hamzah Ahmad, The Straits of Malacca : international co-operation in trade, funding & navigational safety, Pelanduk Publications, , p. 35
↑(en) Sebastian Bersick, Paul van der Velde, The Asia-Europe Meeting : Contributing to a New Global Governance Architecture, Amsterdam University Press, , p. 130