Elle commence sa carrière en 1964 après avoir assisté à une soirée avec les Rolling Stones, où elle a été remarquée par Andrew Loog Oldham. Son premier album Marianne Faithfull(en) (1965) (sorti en même temps que son album Come My Way) est un succès commercial suivi de plusieurs albums sur Decca Records. De 1966 à 1970, elle a une relation amoureuse très médiatisée avec Mick Jagger. Sa popularité est encore renforcée par ses rôles au cinéma, tels que Qu'arrivera-t-il après ? (1967), La Motocyclette (1968) et Hamlet (1969). Cependant, sa popularité est éclipsée par des problèmes personnels dans les années 1970 ; elle souffre d'anorexie, elle est sans abri et héroïnomane.
Connue pour son timbre distinctif et son style mélodique qui prévalait tout au long de sa carrière dans les années 1960, sa voix a été affectée de façon permanente par une laryngite sévère, associée à sa toxicomanie persistante au cours des années 1970, la laissant râpeuse, fissurée et plus grave.
Après une longue absence commerciale, Marianne Faithfull a fait un retour avec la sortie en 1979 de son album Broken English, un succès commercial et acclamé par la critique, qui a marqué une résurgence de sa carrière musicale. La nouvelle sonorité de sa voix a été vue comme « imbibée de whisky » par certains critiques et considérée comme ayant aidé à capturer les émotions brutes exprimées dans sa musique. Broken English lui a valu une nomination pour le Grammy de la meilleure performance vocale rock féminine et est souvent considérée comme son « enregistrement définitif ». Une série d'albums a suivi, dont Dangerous Acquaintances (1981), A Child's Adventure (1983) et Strange Weather (1987). Marianne Faithfull a également écrit trois livres sur sa vie : Faithfull : An Autobiography (1994), Memories, Dreams & Reflections (2007) et Marianne Faithfull : A Life on Record (2014).
Marianne Faithfull figure sur la liste des « 100 plus grandes femmes du rock and roll » selon VH1. Elle a reçu le World Lifetime Achievement Award aux Women's World Awards 2009 et a été nommée Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres par le gouvernement français.
Biographie
Les débuts
Fille d'un officier du renseignement britannique, universitaire qui enseigne l'italien à Liverpool, et d'une aristocrate autrichienne, petite-nièce de l'écrivain Leopold von Sacher-Masoch, Marianne Evelyn Gabriel Faithfull est élevée à Londres jusqu'au divorce de ses parents. Elle suit alors sa mère à Reading. Pendant six ans, elle fréquente une école catholique. Elle y complétera sa connaissance de l'allemand, langue maternelle de sa mère. Pendant sa scolarité, elle participe aux spectacles du « Progress Theatre » de la ville[1].
Au début des années 1960, elle se produit dans des cafés où elle interprète des chansons populaires traditionnelles. C'est à l'issue d'un de ces récitals qu'elle fait, en 1964, la rencontre déterminante d'Andrew Loog Oldham, le manager des Rolling Stones. Mick Jagger et Keith Richards écrivent au même moment, poussés par leur manager, leur première chanson As Tears Go By, mais ils ne veulent pas la faire interpréter par les Stones car, jugée trop sentimentale, elle ne correspond pas à ce qui constitue leur répertoire de l'époque : le (rhythm and) blues et le rock. Le titre est donc confié à Marianne Faithfull, alors âgée de 17 ans ; la chanson rencontre le succès et lance sa carrière. Elle enchaîne avec d'autres succès comme This Little Bird et Summer Nights.
En 1965, elle épouse l'artiste et directeur de galerie d'art John Dunbar, et donne naissance à leur enfant Nicolas. Le couple ne dure pas longtemps. Marianne Faithfull part s'installer avec son fils chez le guitariste des Rolling Stones Brian Jones, dont la compagne d'alors, le mannequin Anita Pallenberg, l'initie au cannabis. Elle entame par la suite une liaison avec Mick Jagger qui dure plusieurs années, tout en commençant à s'adonner à l'héroïne ; elle tombera dans le coma après une surdose.
La mort de Brian Jones, ainsi qu'une surdose qui manque de les réunir, achèvent les « sixties » de Marianne Faithfull. Elle co-écrit et chante Sister Morphine, mais le titre jugé choquant est rapidement retiré de la vente. Les Rolling Stones en feront plus tard un succès, le texte étant jugé plus acceptable dans la bouche d'un homme. Son mérite en cette occasion ne sera reconnu que beaucoup plus tard. Elle aime reprendre cette chanson sur scène et demander ensuite malicieusement au public avec coquetterie et assurance : « Je la chante bien ? ». La chanteuse avait par ailleurs collaboré à plusieurs textes du groupe, écrivant des passages déterminants de certains de leurs plus grands succès[réf. souhaitée].
Années 1970 et 1980
Elle quitte Mick Jagger en et perd la garde de son fils la même année. En se séparant de Mick Jagger, elle interrompt les enregistrements et s'adonne aux drogues dures. Pendant deux ans, elle vit dans les rues du quartier de Soho à Londres. Des amis lui font suivre un programme de désintoxication du National Health Service, grâce auquel elle a droit à une dose journalière délivrée en pharmacie, mais c'est un échec. En 1971, un producteur qui la voit dans la rue lui fait enregistrer Rich Kid Blues, mais l'album ne sortira pas avant 1985. Sa voix a déjà fortement changé.
Sa carrière au cinéma piétine également, malgré Lucifer Rising de Kenneth Anger : elle est obligée de refuser le Macbeth de Roman Polanski à cause de ses problèmes de drogue, ce qu'elle regrette encore aujourd'hui. Elle demeure présente sur les planches (Alice de Lewis Carroll, A Patriot for Me de John Osborne, Le Collectionneur de John Fowles, The Kingdom of Earth de Tennessee Williams) et, au moins au début de la décennie, à la télévision dans des adaptations de Somerset Maugham (Anne Torel) et August Strindberg (The Stronger avec Britt Ekland). Puis elle joue dans Terrible Jim Fitch de James Leo Herlihy, avec Nicol Williamson.
1979 marque son grand retour avec l'album Broken English, qui connaît un succès critique et commercial avec environ un million d'exemplaires vendus. Broken English est très influencé par le punk, l'album d'une rare cohérence contient notamment un hommage à Ulrike Meinhof, une chanson basée sur un tango, Why D'Ya Do It, au texte violemment explicite, destiné initialement à Tina Turner ; le standard The Ballad of Lucy Jordan (repris dans les films Cours privé de Pierre Granier-Deferre en 1986 et Thelma et Louise de Ridley Scott en 1991), et Working Class Hero de John Lennon.
Au début des années 1980, elle sort également Dangerous Acquaintances en 1981 et A Child's Adventure (qui contient le titre Times Square) en 1983, disques pop rock. Elle vit à New York et, en 1985, suit une cure de désintoxication dans le Minnesota. Elle a une liaison avec un homme souffrant de maladie mentale qui se suicide, et divorce de Ben Brierly. En 1985, Marianne Faithfull est conviée, comme plusieurs autres artistes des scènes rock et country, à participer à la rétrospective consacrée à Kurt Weill à l'occasion de Lost in the Stars : The Music of Kurt Weill, pour lequel elle enregistre une reprise de The Ballad of the Soldier’s Wife[4]. Strange Weather, publié en 1987, contient entre autres la chanson éponyme de l'album. Autre standard de la chanteuse, une reprise de As Tears Go By et The Boulevard of Broken Dreams, morceau des années 1930 ; c'est son plus important succès critique de la décennie. De l'aveu de Faithfull, Strange Weather lui fait prendre conscience de sa valeur et la décide à soigner son addiction.[réf. nécessaire] En 1988, elle épouse l'acteur Giorgio Della Terza, dont elle divorce en 1991[5].
Sa carrière évolue pendant cette période avec la sortie de Blazing Away et sa remontée sur les planches avec des interprétations de pièces de Bertolt Brecht et de Kurt Weill. L'album The Seven Deadly Sins (opéra de Brecht et Weill) suit, ainsi que sur scène, son interprétation dans l'Opéra de quat'sous. De nombreux spectacles consacrés au répertoire des années 1930, relativement confidentiels, dans des cabarets, donneront lieu à une captation : le disque 20th Century Blues, qui comprend deux reprises de standards interprétés par Marlene Dietrich, à laquelle le producteur Hal Willner compare Marianne Faithfull.
En 1994, elle publie une autobiographie : Faithfull. En 1995, Angelo Badalamenti lui compose l'album A Secret Life, qui s'ouvre avec Dante et se clôt avec Shakespeare, dont elle écrit ou coécrit presque tous les textes. Marianne Faithfull interprète également la chanson Who Will Take My Dreams Away? de la bande originale du film La Cité des enfants perdus, dont la musique est de Badalamenti et le texte de Marianne Faithfull.
Dreaming my Dreams (1999) est un DVD avec une biographie de son enfance et des vidéos remontant à 1964 qui suit l'évolution de sa carrière, comprenant des entrevues et des commentaires d'artistes l'ayant fréquentée, dont les Rolling Stones. Le disque retrace aussi sa vie personnelle avec son mari John Dunbar(en) et son amant Mick Jagger. En clôture, on peut voir un concert de 30 minutes. La même année, Marianne Faithfull publie le mélancolique Vagabond Ways dont elle cosigne la moitié des titres et qui contient une chanson de Roger Waters, Incarceration of a Flower Child, et une reprise de Leonard Cohenn, Tower of Song, ainsi qu'une chanson de Daniel Lanois, Marathon Kiss, qui a coproduit l'album avec Mark Howard. Lanois a aussi cosigné deux autres chansons, Great Expectations avec la chanteuse et After the Ceasefire avec Frank McGuinness.
Depuis 2000
Elle a sorti le CD pop Kissin' Time en 2002, avec des chansons coécrites par Beck, Billy Corgan, Blur, Jarvis Cocker et Étienne Daho. Dans cet album, elle rend hommage à Nico (Song for Nico), tout en acceptant l'autodérision avec Sliding Through Life on Charm. En 2003, elle lit un extrait de "la Vénus à la fourrure" de son arrière-grand-oncle Leopold von Sacher-Masoch et chante en duo avec Étienne Daho le sulfureux Les liens d'Eros dans l'album de ce dernier, Réévolution. À la même époque, sort en DVD The Wall : live in Berlin de Roger Waters, où elle interprète la mère de Pink au milieu d'une pléiade de stars.
En 2004, l'album Before the Poison, conçu avec PJ Harvey et Nick Cave, avec la participation de Damon Albarn, est diversement accueilli par les critiques comme le Rolling Stone américain[6] et Village Voice[7] mais il est, dans l'ensemble, salué comme un de ses meilleurs disques.
La même année, elle renoue avec la scène en jouant le rôle du diable dans The Black Rider, un spectacle musical faustien écrit par William Burroughs et Tom Waits. En 2006, Faithfull participe au disque hommage Monsieur Gainsbourg Revisited (avec une version de Lola R. for ever). En 2011, elle interprète un autre titre de Gainsbourg, Manon, sur l'album From Gainsbourg to Lulu publié par Lulu Gainsbourg.
En 2007, la chanteuse déclare sur son site officiel qu'elle est « fauchée »[8]. « Je m'aperçois que je n'ai pas de filet de sécurité »[8], dit-elle. Les médias mentionnent cependant qu'elle possède un appartement à Paris[9],[10], situé dans « l'une des rues les plus prisées de la capitale »[9], ainsi qu'une maison en Irlande[10]. Durant cette période, elle chante en duo avec Patrick Wolf, sur le titre Magpie extrait de son album The Magic Position. Au cinéma, elle joue le rôle principal de Irina Palm de Sam Garbarski, qui recueille d'excellentes critiques et lui vaut un prix d'interprétation européen. L'année suivante, elle sort le double album Easy Come, Easy Go composé de reprises variées, avec les collaborations prestigieuses de Nick Cave, Rufus Wainwright, Keith Richards, Sean Lennon et Jarvis Cocker.
Marianne Faithfull fait également une apparition dans la série télévisée britannique FM, diffusée depuis le . Elle reçoit aussi une distinction lors des Women's World Awards.
L'actrice-chanteuse sort, le , un nouvel album nommé Horses and High Heels pour lequel elle revient à l'écriture et auquel participent Lou Reed et Laurent Voulzy. Cependant, le disque reçoit des critiques mitigées de la part de la presse[11],[12],[13].
Le , la chanteuse de 73 ans est annoncée hospitalisée, ayant contracté le Covid-19[14]. Après plus de trois semaines à l'hôpital et avoir craint le pire, elle en sort le 22 avril[15]. La chanteuse explique au mois de janvier suivant que « ses poumons ne vont toujours pas bien » et qu'elle doit prendre régulièrement de l'oxygène, confiant ne plus pouvoir chanter pour le moment. Elle a aussi indiqué aux quotidiens britanniques que la Covid-19 lui provoquait « d'incroyables pertes de mémoire récente et une fatigue intense ». « Je me souviens très bien du passé lointain. Ce sont les choses récentes dont je ne me souviens pas »[16].
Live at the BBC (2008) - (Compilation concert/interview enregistrée en 1965/1966 pour l'émission radiophonique "Saturday Club" sur la BBC)
No Exit (2016) - (Concert enregistré durant sa tournée européenne 2014)
The Montreux Years (2021) - (Extraits des concerts aux Montreux Jazz Festival 1995-1999-2002-2005-2009)
Bandes originales
Mark Isham/Marianne Faithfull - Trouble In Mind (Original Motion Picture Soundtrack) (1986) - Chante Trouble In Mind (The Return), Trouble In Mind (Reprise) et The Hawk (El Gavilan).
David A. Stewart/Marianne Faithfull - Crimetime - Music From The Motion Picture (1996)
Compilations
Faithfull Forever... (1966)
Greatest Hits (1968)
The World of Marianne Faithfull (1969)
Marianne Faithfull's Greatest Hits (1969)
This Little Bird (1970)
As Tears Go By (1980)
The Very Best of Marianne Faithfull (1987)
Faithfull : A Collection of Her Best Recordings (1994)
2004 : Artistes Variés : The L Word - Chant sur The Pleasure Song.
2006 : The London Symphony Orchestra Featuring Mick Jagger, Michael Hutchence & Marianne Faithfull : Paint It Black - Symphony Music Of The Rolling Stones - Chante sur Ruby Tuesday.
Avec David Dalton, traduit par Jean Rosenthal. Faithfull : une vie. Belfond, 1995. Titre original : Faithfull : An autobiography. Little, Brown, 1994 (ISBN0-316-27324-4)
Avec David Dalton, traduit par Jean Guiloineau. Mémoires, rêves et réflexions. Christian Bourgois, 2008. Titre original : Memories, dreams and reflections. Harper Collins, 2008 (ISBN0-00-724581-5)
Notes et références
↑Marianne Faithfull , fleur d'âme, documentaire de Sandrine Bonnaire (2017) diffusé le 2 mars 2018 sur Arte.
↑Elle est la première à prononcer un certain mot vulgaire dans le cinéma britannique grand public.
↑(en) « This Day in 1973: David Bowie Hosts The Midnight Special », Rhino, (lire en ligne, consulté le ).
↑Barry Walters. "Before the poison (chronique)". Rolling Stone (édition américaine). 2005. "The combination often proves too bleak".
↑(en) Josh Goldfein, « Angel With Big Friends (Before the poison -chronique) », Village Voice : « Faithfull's voice is just too weak to carry a tune without a narrative crutch... Luckily for you, the age of iconic chanteuse auto-tribute albums (Nancy Sinatra, Loretta Lynn, the Sixths) is coincident with the rise of iTunes. Unless you dig Nick's poetry, grab the Polly songs and run. »
↑ a et b(en) Iley, Chrissy, « Marianne Faithfull interview », The Telegraph, (consulté le ) : « She still lives in Paris and has a house in County Waterford, Ireland. ».
↑(en) Andy Gill, « Horses and High Heels Marianne Faithfull », The Independent, (consulté le ) : « it's not territory she occupies comfortably (Two stars out of five) ».
↑"Horses and High Heels". Uncut. avril 2011, page 80 "Producer Hal Wilner again helms this follow-up but the chemistry proves more fitful".
↑(en) Green, Thomas H, « Horses and High Heels, CD review », The Telegraph, (consulté le ) : « Marianne Faithfull's Horses and High Heels is heavy with world-weary pathos ».
↑Valérie Simard, « Marianne Faithfull hospitalisée après avoir contracté la COVID-19 », La Presse (Montréal), (lire en ligne, consulté le ).
↑Largement repris en public dans No Exit (CD & DVD).
Voir aussi
Filmographie
Marianne Faithfull , fleur d'âme, documentaire de Sandrine Bonnaire (2017)
Bibliographie
Certaines informations figurant dans cet article ou cette section devraient être mieux reliées aux sources mentionnées dans les sections « Bibliographie », « Sources » ou « Liens externes » ().
Barney Hoskyns (trad. de l'anglais par Corinne Julve), Tom Waits, une biographie : Swordfishtrombones et chiens mouillés, Paris, Rivages, , 456 p. (ISBN978-2-7436-2467-5)
La relation entre Marianne Faithfull et les Rolling Stones est assez largement traitée dans la biographie de Keith Richards, Life. Keith Richards, James Fox , 2010, Little, Brown (ISBN978-0-297-85439-5)