Le macron ‹ ◌̄ › est un diacritique de plusieurs alphabets : latin, grec et cyrillique. Il prend la forme d’une barre horizontale que l’on place le plus souvent au-dessus (suscrit) d’une voyelle. Son principal rôle est d’indiquer que le signe qui le porte reçoit une quantité vocalique longue. La voyelle longue ainsi constituée se différencie de la lettre écrite sans signe particulier considérée comme brève. Signe diacritique suscrit : ‹ ◌̆ ›.
Il est aussi utilisé pour modifier la valeur de certaines consonnes comme l̄, m̄, n̄, r̄, v̄, ȳ dans l’écriture de quelques langues, ou d’autres consonnes comme ḡ dans certaines translittérations.
Le macron se retrouve aussi au-dessous de certaines lettres modifiant ainsi leur son, où on l’appelle macron souscrit ou ligne souscrite.
Utilisation
Phonologie
Le couple macron ~ brève est d’un usage très fréquent en phonologie : c’est en effet un artifice philologique très ancien puisqu’on le fait remonter à l’époque byzantine, celle pendant laquelle les diacritiques de l'alphabet grec ont été rationalisés.
Letton et lituanien
Le letton, par exemple, utilise le macron au-dessus des voyelles a, e, i et u pour former ā, ē, ī et ū tandis que le lituanien ne l’utilise qu’au-dessus du u.
Français
Le français n’utilise normalement pas de macron (sauf pour les transcriptions de termes étrangers, notamment arabes et japonais). Pour les transcriptions du japonais, la barre horizontale est fréquemment remplacée par un accent circonflexe[1].
Cependant, la linguiste Nina Catach (1923-1997) a signalé en 1989, dans Les Délires de l’orthographe, un usage du macron dans la presse[2] :
« Aujourd’hui je pose la question : avons-nous besoin de deux accents, l’aigu et le grave ? Notre presse imprimée, toujours à l’avant-garde, a résolu le problème (autre problème séculaire) des capitales non accentuées, et de l’aspect disgracieux des accents de guingois en travers des titres, par une procédure, sans bavures : un seul accent, horizontal, qu’on appelle couramment l’accent plat :
DEUX BUTS ENCAISSĒS
UN OUVRIER TUĒ
UN PIĒTON RENVERSĒ PAR SON FRĒRE. »
Puis, à propos du rapport de 1990 sur les rectifications orthographiques, Nina Catach constate que les élèves l’utilisent souvent dans leurs copies lorsqu’ils ont un doute quant au type d’accent à choisir, afin de ne pas avoir à se prononcer, et ainsi éviter d’être pénalisés en cas d’erreur[3]. Cette pratique est appelée « neutralisation de l’accent », et une étude montre que son usage est courant chez les adultes également[4],[5].
En 1992, elle plaide pour le remplacement des accents grave et aigu par l’accent plat[6].
« les travaux historiques de Nina Catach sont certes remarquables, mais je suis loin de partager tous ses points de vue sur la situation actuelle et singulièrement pas, puisque c’est le sujet, son curieux penchant pour l’accent plat (qui pourrait remplacer l’aigu et le grave). »
Le linguiste Maurice Gross (1934-2001) recommande également en 1989 de remplacer les trois types d’accent (ainsi que le tréma) par cet accent plat, afin de réduire le surcoût de traitement pour l’informatique, par rapport à des langues comme l’anglais qui n’utilisent pas de diacritiques[8].
On utilise aussi le macron pour indiquer des nuances de prononciation en latin : la 1re déclinaison est aujourd’hui écrite, dans certains ouvrages scolaires, rosa au nominatif, rosā à l’ablatif, bien que le macron n'existât pas à l’époque romaine où l'on utilisait l'apex (accent aigu) pour indiquer les voyelles longues de la même manière qu'on utilise aujourd'hui le macron.
Transcription Hepburn
En japonais, le macron est employé pour donner des nuances de prononciation à partir d’alphabets autres que latin : la méthode Hepburn utilise le macron pour représenter les voyelles longues, par exemple dans Tōkyō. Le macron est parfois remplacé par un accent circonflexe par contrainte typographique ou tout simplement omis[9],[10]. La recommandation officielle japonaise Kunrei, instituée dans la norme ISO 3602:1989 comme norme internationale de transcription pour le japonais, utilise l’accent circonflexe et non pas le macron.
La transcription Hepburn avec macron est la norme la plus utilisée en dehors du Japon[11],[9],[10]. Elle est aussi utilisée au Japon, notamment dans les transports[12] et dans certaines universités[10].
Le macron est aussi largement utilisé pour la transcription du japonais dans les publications francophones comme certaines encyclopédies[13],[14], des atlas[15],[16],[17],[18], des dictionnaires de noms propres[19],[20],[21], des guides touristiques[22] ou de nombreux livres[23],[24] et revues[25],[26] spécialisées sur le Japon.
Transcription du chinois
Le macron est utilisé en hanyu pinyin pour marquer le premier ton (haut et long) : ā, ō, ē, ī, ū, ǖ.
la lettre modificative macron bas (U+02CD, ˍ) : « ˍ » ;
le diacritique macron (U+0304, ̄) combinable avec une lettre, par exemple « ɛ̄ » ;
le diacritique macron souscrit (U+0331, ̱) combinable avec une lettre, par exemple « o̱ » ;
le diacritique double macron (U+035E, ͞) combinable entre deux lettres, par exemple « o͞o » ;
le diacritique double macron souscrit (U+035F, ͟) combinable entre deux lettres, par exemple « o͟o » ;
le diacritique macron-aigu « ᷄ » (U+1DC4) ;
le diacritique grave-macron « ᷅ » (U+1DC5) ;
le diacritique macron-grave « ᷆ » (U+1DC6) ;
le diacritique aigu-macron « ᷇ » (U+1DC7) ;
le diacritique brève-macron « ᷋ » (U+1DCB) ;
le diacritique macron-brève « ᷌ » (U+1DCC) ;
le diacritique moitié gauche de macron « ︤ » (U+FE24) ;
le diacritique moitié droite de macron « ︥ » (U+FE25) ;
le diacritique conjoining macron « ︦ » (U+FE26) ;
le macron pleine chasse «  ̄ » (U+FFE3).
Voici la liste des lettres latines, grecques et cyrilliques pour lesquelles il existe une version précomposée avec macron dans la norme Unicode, en minuscule et majuscule, avec leur codage HTML.
Sur les versions 10.3 et 10.4 de Mac OS X, il convient de sélectionner la méthode de saisie « clavier américain étendu », de taper « option » + « A » et de compléter par la lettre à accentuer (en prenant garde au fait que le clavier est considéré comme étant QWERTY). Le caractère particulier ǖ s'obtient en tapant « option » + « A », suivi de « V ».
Sur les systèmes utilisant X11, une lettre accentuée d'un macron peut s’obtenir grâce à la touche « Compose » puis « _ » puis la lettre à accentuer ou si le système utilise la disposition fr-oss (française alternative) en appuyant sur les touches « Alt Gr » + « Maj » + « * » puis en appuyant sur la lettre à accentuer.
En LaTeX, le macron s'obtient par l'instruction \=, par exemple \={a} ou \=a pour obtenir ā.
En Bépo, le macron s'obtient avec les touches « Alt Gr » + « m » (ou « Alt » + « m » sur Mac).
Notes et références
↑Exemple de transcription de Sūtra en Sûtra sur la couverture d’un ouvrage en français : Fayard, « Le Sûtra du Lotus » (consulté le ).
↑Nina Catach, « Le Rapport du 6 décembre 1990 », Mots. Les langages du politique, vol. 28 « Orthographe et société », , p. 120–124 (123) (ISSN1960-6001, lire en ligne).
↑Vincent Lucci (dir.) et Agnès Millet (dir.), L’orthographe de tous les jours : Enquête sur les pratiques orthographiques des Français, Honoré Champion, coll. « Politique linguistique », , 248 p. (ISBN2-85203-348-8).
↑Marinette Matthey, « Éveil au langage et politique linguistique : L’exemple des rectifications orthographiques de 1990 en Suisse romande », dans Jacqueline Billiez (dir.), De la didactique des langues à la didactique du plurilinguisme : Hommage à Louise Dabène, Grenoble, CDL-LIDILEM (Centre de didactique des langues-Laboratoire de linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles), Université Stendhal-Grenoble III, , 414 p. (ISBN2-9510714-6-9), p. 335–340 (338).
↑Jean-Pierre Lacroux, à France-Langue, du 25 mars au 9 juillet 1997, reproduit dans « D’Académie à Accentuation », sur le site Orthotypographie.
↑Bernadette Wynants (préf. Jean-Marie Klinkenberg), L’Orthographe, une norme sociale : La construction sociale et les transformations de l’orthographe française, Sprimont, Pierre Mardaga, coll. « Psychologie et sciences humaines », , 288 p. (ISBN2-87009-660-7, présentation en ligne), p. 205–206, citant un entretien avec Le Monde de l'éducation, octobre 1989, p. 46.
↑Louis Frédéric, Japon, l’empire éternel : Une histoire politique et socio-culturelle du Japon, éd. du Félin, coll. « Les Racines de la connaissance », 1985, 476 p. (ISBN2-86645-019-1).