Le duché de Lorraine est né du partage de la Lotharingie en 959 par le duc Brunon de Cologne. Celui-ci confie la partie méridionale du duché au vice-duc Frédéric de Bar qui prend le titre de duc de Haute-Lotharingie en 977. Au fil du temps, cette entité politique devient le duché de Lorraine, mentionné comme tel dès 1067[1], qui perdure jusqu'en 1766, date du rattachement à la France.
Durant ces sept siècles et à l'exception des périodes d'occupation étrangère, la Lorraine est gouvernée par ses ducs héréditaires, descendants de Gérard d'Alsace. Par le mariage d'Isabelle de Lorraine et de René d'Anjou en 1420, cette maison d'Alsace (ou maison de Lorraine) s'unit à la branche angevine des Valois. Plus tard, à la mort sans descendance du duc Nicolas d'Anjou, la couronne passe à sa tante Yolande qui y renonce en faveur de son fils René II, né de son union avec le comte Ferry II de Vaudémont. Dès lors, les Lorraine-Vaudémont ne cessent de se succéder jusqu'en 1737.
À cette date, le dernier duc héréditaire François III renonce au trône lorrain. Cette abdication est la condition imposée par la France pour qu'il puisse épouser l’archiduchesse d'Autriche Marie-Thérèse, héritière des possessions des Habsbourg[2]. L'ancien duc, d'abord grand-duc de Toscane, est par la suite élu roi des Romains et couronné empereur du Saint-Empire romain germanique sous le nom de François Ier. Les descendants de François et Marie-Thérèse sont connus sous le nom de « Habsbourg-Lorraine» et ont conservé au chef de famille, à titre honorifique, le titre de « duc de Lorraine ». Depuis le , c'est Charles de Habsbourg-Lorraine (Charles VII), fils d'Otto de Habsbourg-Lorraine, qui le porte.
Afin de préparer l'annexion du duché par la France, la couronne de Lorraine est donnée à titre viager à Stanislas Leszczynski, souverain polonais détrôné et beau-père de Louis XV. Privé de réels pouvoirs politiques, il règne sur le duché jusqu'à sa mort en 1766.
Numérotation
La numérotation des ducs de Lorraine est un peu complexe dans le sens où elle a été fluctuante et sujette à des manipulations visant à rehausser le prestige des souverains. En effet, l'origine messine de la maison d'Alsace parut sans doute trop obscure pour les ducs de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. Des généalogies, aujourd'hui reconnues comme fictives, furent élaborées qui les reliaient à Charlemagne et à des rois francs légendaires eux-mêmes descendant des Troyens. Ce phénomène, qui n'est pas propre à la Lorraine, permettait d'appuyer les revendications ducales sur les trônes de France et de Jérusalem. La figure de proue de cette généalogie était Godefroy de Bouillon, censé être à l'origine des alérions des armes ducales. Outre Baudouin de Boulogne, il aurait eu un frère nommé Guillaume. Ce personnage, fictif, serait le père de Thierry II.
Afin de correspondre à ces constructions généalogiques, la numérotation des souverains a parfois omis les ducs des Maisons de Bar et de Verdun.
Thierry II est parfois numéroté Thierry Ier en omettant le duc de Haute-Lotharingie qui régna à la fin du Xe siècle.
Les Ferry de la Maison d'Alsace ne tiennent généralement pas compte de ceux de la Maison de Bar (pour lesquels on utilise la variante anthroponymique Frédéric). De plus, Ferry de Bitche n'est parfois pas pris en compte ce qui fait de son fils Ferry le premier du nom à sa place et décale le reste de la numérotation.
Charles II devrait être le premier du nom mais on tient traditionnellement compte de Charles, duc de Basse-Lotharingie, le compétiteur malheureux d'Hugues Capet dont les ducs descendaient par Hadwide de Namur, épouse de Gérard d'Alsace mais qui n'a jamais régné sur la Haute-Lotharingie.
Godefroid II « le Barbu » se révolte en 1046 de n'avoir été investi que de la Haute-Lotharingie et non de la Basse Lotharingie. L'Empereur des RomainsHenri III lui confisque son duché et le confie en 1047 à Adalbert d'Alsace. Ce dernier est considéré comme le premier duc de Lorraine.
Antoine, comte de Vaudémont, de la branche cadette de Lorraine, n'accepte pas que le duché de Lorraine se transmette en ligne féminine par sa cousine Isabelle Ire de Lorraine. Le conflit est alors arrangé avec la décision de marier Yolande d'Anjou, fille d'Isabelle Ire et de René Ier, avec Ferry II, le fils d'Antoine de Vaudémont. Leur fils René II hérite des possessions des comtes de Vaudémont du droit de son père, du duché de Lorraine en 1473 et du duché de Bar en 1480 du droit de sa mère (la loi salique ne s'appliquant pas en Lorraine), tandis que les autres possessions de René Ier se transmettent en ligne masculine aux Anjou.
Avec René II, les deux duchés de Lorraine et de Bar sont définitivement réunis sous une même autorité (ils restent toutefois des États distincts). Les ducs de Lorraine sont désormais également ducs de Bar.
Marié en premières noces en 1471 à Jeanne d'Harcourt (morte en 1488), fille de Guillaume d'Harcourt, comte de Tancarville, et de Yolande de Laval. Répudiée en 1485 pour cause de stérilité.
Mariée en 1621 à son cousin Charles de Vaudémont (1604 - 1675), fils de son oncle François, comte de Vaudémont, et de Christine de Salm, et qui devient duc consort (Charles IV) par le testament de Henri II. Séparés en 1635.
Son oncle François conteste sa succession aux duchés, prétendant qu'un testament de René II spécifiait que le duché ne pouvait se transmettre qu'en lignée masculine. Il produit un document, et saisit les États Généraux de Lorraine qui révoquent Nicole.
Marié en secondes noces en 1637 à Béatrice de Cusance (1614 - 1663), fille de Claude-François de Cusance, baron de Belvoir et de Saint-Julien, et d'Ernestine van Witthem.
Marié en troisièmes noces en 1665 à Marie Louise d'Aspremont (1651 - 1692).
En 1633, la France envahit les duchés de Lorraine et de Bar. Le duc Charles IV abdique l'année suivante en faveur de son frère, Nicolas-François de Lorraine, espérant le maintien de sa famille à la tête du duché. Mais les Français décident d'occuper les duchés et de gouverner, imposant soit des ducs[réf. nécessaire], soit des gouverneurs. Les chefs de la maison de Lorraine conservent cependant le titre de duc de Lorraine et de Bar.
↑Gerardus…Lothariensium dux cité dans une donation en faveur de l'abbaye d'Eternach, le 11 avril 1067 ((en) Charles Cawley, « A prosopography of medieval European noble and royal families », sur Medieval Lands, Foundation for Medieval Genealogy, 2006-2016 (consulté le ).
↑Michel Parisse, L'Histoire de la Lorraine, éditions Ouest-France, Rennes, 2005, p. 41, (ISBN2708916866).
↑En 1552, Christine de Danemark est écartée par le roi de France en raison de sa politique favorable à Charles Quint, dont elle est la nièce.
Voir aussi
Bibliographie
Dom Augustin Calmet, « Tombeaux des ducs de Lorraine », dans Histoire ecclésiastique et civile de Lorraine, qui comprend ce qui s'est passé de plus mémorable dans l' archevêché de Trèves, et dans les évêchés de Metz, Toul et Verdun, depuis l'entrée de Jules César dans les Gaules jusqu'à la mort de Charles V, duc de Lorraine, arrivée en 1690, chez Jean-Baptiste Cusson, Nancy, tome 3, 1728, planches I à V (lire en ligne)
Nicolas Clément, Rois et Ducs d'Austrasie, vers 1562, 63 médaillons circulaires portraits des ducs de Lorraine par Pierre Woeiriot (présentation en ligne)
Georges Poull, La Maison ducale de Lorraine : étude historique, biographique et généalogique des branches ainée, cadette et illégitime de cette Maison, Rupt-sur-Moselle, chez l'auteur, coll. « Les cahiers d'histoire, de biographie et de généalogie » (no 3), , 90 + 63 + 25 + 68 + 50 + 30 + 28
Sept fascicules au format in-quarto.
Georges Poull (préf. Hubert Collin), La maison ducale de Lorraine devenue la maison impériale et royale d'Autriche, de Hongrie et de Bohême, Nancy, Presses universitaires de Nancy, , 592 p. (ISBN2-86480-517-0).
Manuscrit numérisé des Bibliothèques de Nancy, Ms. 1696 : Aucy, Jean d’ (...-1566), Epitome des gestes des soixantes trois ducz de Lorraine depuis Lother jusques Charles troisième du nom, (lire en ligne)
Exemplaire numérisé des Bibliothèques de Nancy, Rés. 11 203 : Clément, Nicolas (15..-15.. ), Les roys et ducs d'Austrasie, Francfort, Feyrabend, Jean, (lire en ligne)