Le duché de Teschen (en polonais : Księstwo Cieszyńskie), ou duché de Cieszyn (en allemand : Herzogtum Teschen) ou duché de Těšín (en tchèque : Těšínské knížectví, en latin : Ducatus Tessinensis), est un ancien duché héréditaire en Haute-Silésie, ayant pour chef-lieu la ville de Cieszyn (Teschen).
Depuis que la dynastie des Piast y prend le pouvoir au IXe siècle, la Haute-Silésie fait partie intégrante de l’État polonais. Cependant depuis la fin du Xe siècle, le royaume de Pologne des premiers Piasts doit batailler ferme avec les princes de Bohême pour la suprématie en Silésie. Il faut attendre l'année 1137 pour qu'un traité de paix fixe la frontière entre les deux États le long des Sudètes.
Le duché des Piast
En 1138, le duc de Pologne Bolesław III Bouche-Torse partage son royaume entre ses fils. Au fil du temps, leurs duchés héréditaires subissent un morcellement progressif aboutissant à la formation de multitudes de petites principautés. Cette période du démembrement territoriale du royaume de Pologne s’achèvera seulement en 1320 avec la réunification des terres polonaises et le couronnement du roi Ladislas Ier de Pologne.
En 1177, sans doute pour compenser ce désavantage territorial et pour apaiser les conflits, le duc Casimir II le Juste qui règne alors à Cracovie et possède l'autorité sur les autres duchés des Piasts, octroie à Mieszko les domaines de Beuthen, d'Auschwitz, de Zator, de Sievers et de Pless. En 1202, peu après le décès de son frère Boleslas, Mieszko récupère également le duché d'Opole.
À la mort du petit-fils de Mieszko, le duc Ladislas d'Opole en 1281, la Haute-Silésie est à nouveau divisée. Ainsi, l’aîné des quatre fils de Władysław, Mieszko, devient le premier "duc de Teschen" en 1290.
Dans le conflit qui oppose différents Piast pour la suprématie, Mieszko, qui règne sur Teschen et Auschwitz se rapproche du royaume de Bohême. Il rend hommage au roi Venceslas II et participe aux batailles contre son cousin Ladislas Ier de Pologne. En 1305, il marie sa fille Viola Élisabeth avec le fils du roi, Venceslas III.
Après la mort de Mieszko en 1315, son fils aîné,Ladislas, hérite des territoires situés à l'est de la rivière Biała et y établit le duché d'Auschwitz, alors que son fils cadet, Casimir Ier de Cieszyn, conserve la partie occidentale autour de Teschen.
En 1431, après la mort du fils de Przemysław Ier, Boleslas Ier, le gouvernement du duché de Teschen revient à sa veuve Euphémia de Mazovie et à leurs quatre fils mineurs : Venceslas Ier, WLadislas de Glogau, Przemyslas II et Boleslas II[5]. En 1442, à la majorité des princes, le duché est divisé entre les fils qui sont officiellement corégents de Teschen. Un an plus tard, Venceslas vend le duché de Sievers à l'évêque de CracovieZbigniew Oleśnicki. Le pouvoir réel sur Teschen passe à Przemyslas II, un fidèle soutien au roi de Bohême, Georges de Podébrady, mais aussi au roi de Hongrie Mathias Corvin. Après la mort de son frère Boleslas II en 1452, Przemyslas II règne seul sur Teschen. Son neveu et fils de Bolesław II, Casimir II lui succède à son décès en 1477. En 1480, Casimir acquièrt le duché de Pless à son beau-père, le duc de Troppau Victor de Poděbrady.
Le grand-fils de Casimir II, le duc Venceslas III de Teschen, règne sur le duché à partir de 1528. Son règne dure cinquante ans. Au début placé sous tutelle de sa mère Anne, fille du margrave Frédéric II de Brandebourg-Ansbach. A cette époque, la foi protestante commence à se répandre à partir de Breslau dans toute la Silésie. Lorsque le duc se prononce en faveur de la foi réformatrice lors de son arrivée au pouvoir en 1545, la nouvelle foi est déjà bien ancrée dans la population. Le duché passe au protestantisme selon la formule cuius regio, eius religio, "tel prince, telle religion". Cependant, son fils et successeur Adam Venceslas revient au catholicisme en 1609 et promeut la Contre-Réforme. C'est la période de tensions politiques et religieuses croissantes dans les pays de Bohême. En 1572, le domaine de Bielitz-Bialia est séparée de Teschen.
Les empereurs de la maison de Habsbourg qui règnent sur Teschen à partir de 1653 soutiennent la Contre-Réforme. Les cultes protestants sont interdits, les édifices religieux remis à l’Église catholique, les livres protestants confisqués et la population protestante forcée, sous peine de représailles, soit à la conversion, soit à l’exil. En 1707 lorsque le roi de Suède, Charles XII, profitant de sa suprématie militaire face aux Habsbourg, force l’empereur Joseph à édifier « par grâce impériale » six églises protestantes en Silésie. L’église de la grâce de Teschen, l’Église de Jésus, est la plus grande des six et reste pendant des décennies la seule église protestante en Haute-Silésie[7].
Après la mort de François, l'impératrice Marie-Thérèse offre le duché de Cieszyn en dot à sa fille Marie-Christine au moment de son mariage avec le prince Albert-Casimir de Saxe en 1766, qui prend le nom de Saxe-Teschen.
Dès la deuxième moitié du XIXe siècle, l'économie de la région de Teschen, correspondant aux districts de Bielitz-Biala, de Karviná, de Frýdek-Místek et Teschen, avec pour villes statutaires Teschen et Frydek-Mistek, se développe en particulier dans les secteurs des charbonnages et des usines sidérurgiques. Cependant cette partie de l'empire austro-hongrois reste très arriérée au point de vue économique. Les terrains forestiers des Carpates polonaises subissent au XIXe siècle et au commencement du XXe siècle une grave dévastation quantitative et qualitative[8].
À la fin de la Première Guerre mondiale, le duché disparaît avec la dissolution de l'Autriche-Hongrie.
↑Stanislas Berezowski, « Problèmes économiques des Karpates polonaises . », Revue de géographie alpine, vol. 51, no 3, , p. 515-544
Sources
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Duchy of Teschen » (voir la liste des auteurs), édition du 8 juillet 2014.
(de) Europaïsche Stammtafeln Vittorio Klostermann, Gmbh, Francfort-sur-le-Main, 2004 (ISBN3465032926), Die Herzoge von Auschwitz †1495/97, von Zator †1513 und von Tost †1464 sowie die Herzoge von Teschen 1315-1625 resp. 1653 des Stammes der Piasten Volume III Tafel 16.
(en) & (de) Peter Truhart, Regents of Nations, K. G Saur Münich, 1984-1988 (ISBN359810491X), Art. « Teschen (Pol. Cieszyn) », p. 2.455.
Bibliographie
(de) Gottlieb Biermann, (1894). Geschichte des Herzogthums Teschen (2e edition ed.). Teschen: Verlag und Hofbuchhandlung Karl Prochaska. OCLC 34926439.
(pl) Krzysztof Nowak, (2008). Polskość i ruch narodowy. In Krzysztof Nowak. « Pierwsza Niepodległość ». Cieszyn: Urząd Miejski Cieszyn. p. 7–17. (ISBN978-83-89835-40-6).
(pl) Idzi Panic, (2002). Poczet Piastów i Piastówien cieszyńskich). Cieszyn: Urząd Miejski. (ISBN83-917095-4-X).
(cs) Rudolf Žáček, (2004). Dějiny Slezska v datech. Praha: Libri. (ISBN80-7277-172-8).