En 2023 Lanneuffret est la plus petite commune du département du Finistère pour le nombre de ses habitants (136 habitants). La commune n'a plus de commerce, ni d'entreprise, et son école est fermée depuis 1972. Elle possède encore 3 exploitations agricoles[1].
Relief et hydrographie
Lanneuffet, commune de petite superficie (2,24 km²) a une altitude maximale de 106 mètres (près du hameau de Kerprigent, à peu près ay centre du finage communal) ; l'alttitude la plus basse s'abaisse à 46 mètres dans la vallée du Justicou, petite affluent de rive droite de l'Élorn, qui forme un temps la limite ouest avec Plouédern, à l'endroit où cette rivière quitte la commune. Un autre modeste affluent de l'Élorn, le ruisseau de Kerantraon, sert pendant une partie de son tracé de limite orientale à la commune, la séparant de Plounéventer.
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[2]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Finistère nord, caractérisée par une pluviométrie élevée, des températures douces en hiver (6 °C), fraîches en été et des vents forts[3]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Monts d'Arrée », avec des hivers froids, peu de chaleurs et de fortes pluies[4].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,3 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 10,4 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 133 mm, avec 17,1 jours de précipitations en janvier et 8,6 jours en juillet[2]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Saint-Servais à 4 km à vol d'oiseau[5], est de 11,6 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 160,4 mm[6],[7]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[8].
Transports
La voie expressRoute nationale 12 travernse la commune approximativement en son milieu, passant au ud du bourg, mais aucun échangeur ne se trouve sur le territoire communal, les plus proches étant en direction de l'ouest celui de Kériel (en Plouédern) et en direction de l'est celui de Prat Lédan (en Plounéventer).
La commune n'est desservie par ailleurs que par des routes secondaires, la plus importante étant la D 86 qui côté sud, va en direction de Landerneau.
Paysages et habitat
Lanneuffret présente un paysage agraire traditionnel de bocage avec un habitat dispersé formé de hameaux (dénommés loclement "villages") et fermes isolées. Le bourg, excentré dans la partie ouest du territoire communal, est tout petit.
Bourg de Lanneuffret : la place Saint-Guévroc et la mairie.
Bourg de Lanneuffret : la salle communale.
Le château de Kerantraon est situé dans la partie sud de la commune, ainsi qu'une partie du monastère de Kerbénéat dont la partie la plus importante est en Plounéventer.
Au , Lanneuffret est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à 7 niveaux définie par l'Insee en 2022[9].
Elle est située hors unité urbaine[10] et hors attraction des villes[11],[12].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (82,6 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (82,6 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
terres arables (47,1 %), zones agricoles hétérogènes (35,6 %), forêts (17,4 %)[13]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Lan Uuiurett au XIe siècle, Languefret vers 1330, Lanevret en 1467, Laneuffret en 1516, Laneuvret en 1689, Lanneuffret en 1924[14].
Lanneufret vient du breton lann (ermitage) et de saint Gwévret.
Un prieuré de l'Ordre de Saint-Benoît aurait existé sur des terres données par le comte Even à saint Guénolé en 955 et qui seraient à l'origine de la création de la trève de Lan-Sancti-Wivreti [Lanneuffret], citée dans le Cartulaire de Landévennec ; les moines auraient résidé dans la ferme de Keranmanach, dénommée Caer-Menedech dans le Cartulaire ; d'autres noms de lieux-dits de la commune de Lanneuffret attestent de la présence du prieuré : un champ est dénommé 'le Cloître', une ferme Ar Prioldi ("la maison du prieur")[14]. « On montre encore (..;) l'emplacement et le cloître de ce monastère » écrit l'abbé Le Guen en 1888[15].
Avec ses 223 ha enclavés dans la paroisse de l'Armorique primitive de Plounéventer et son nom commençant par lann, le nom de la paroisse de Lanneuffret rappelle son origine monastique. Selon la notice 38 du cartulaire de Landévennec, le tref de lann Uuivret, comprenant 12 fermes au XIIe siècle aurait été donné, avec ses revenus et ses dépendances qui s'étendaient jusqu'à l'Élorn et à l'est jusqu'au gué de Rodoed Carn et un chemin se dirigeant vers le sud par le comte Even à saint Guénolé[16].
« De Tribu Lan Uuivrett. Haec memoria retinet, quod felix et nobilis comes Euuenus nomine dedit sancto Uuingualoeo tribum quandam nomine Lan sancti [f° 156 r°] Uuiuureti, XII villas, cum omni debito et decima et omnibus ei apendiciis, Laedti superior et Laedti inferior, Caer Guingualtuc, cujus divisio est usque ad flumen Helorn ; Caer Menedech : divisio ejus est ad occasum ; Rodoed Carn id est vadum corneum* : divisio ad orientem et ruga quae pergit contra meridiem [Les mots id est vadum corneum sont une glose interlinéaire][17]. »
Le manoir de Kerantraon appartenait à la famille de Penancoët, puis à la famille de Kerléan, avant de passer aux mains de la famille de Rodellec du Porzic lors du mariage en 1731 à Lanneuffret de Roberte de Kerléan[Note 1] avec Ronan Le Rodellec du Portzic[Note 2].
« Lanneuvret ; à 5 lieues un tiers au sud-sud-ouest de Saint-Pol-de-Léon, son évêché ; à 40 lieues trois-quarts de Rennes ; et à 1 lieue et demie de Landerneau, sa subdélégation. Cette paroisse relève du Roi et ressortit au Siège royal de Lesneven. On y compte 250 communiants[Note 3] ; la cure est présentée par l'évêque. Son territoire est fort peu étendu, et forme une plaine, à quelques monticules près ; on y voit des terres en labeur, des landes et les maisons nobles de Ker-Aret et de Keranguriec[19]. »
Des lettres et autres documents d'Yves Kerdoncuff[Note 4], , qui habitait le manoir de Kerloual (un manoir désormais disparu) dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, sont évoqués dans un article publié en 1940[20].
D'après l'"Enquête sur la mendicité dans le Léon" qui date de 1774, la paroisse de Lanneuffret « compte trente-deux feus, vingt-huit aisés, huit qui achètent le blé et n'en vendent pas, un seul mendiant laboureur journalier devenu infirme depuis sept ou huit mois. Sa femme est tisserande, ils ont quatre enfants dont l'aîné âgé d'environ douze ans sera en état d'être aussi tisserand à l'âge de quatorze ou quinze ans tout au plus tard »[21].
Huit kanndi pour le blanchiment du lin et du chanvre ont été recensés sur le territoire de la commune de Lanneuffret.
La Révolution française
Les deux députés représentant la paroisse de « Laneuvret » (Lanneuffret), lors de la rédaction du cahier de doléances de la sénéchaussée de Lesneven le , étaient Jacques Mével et Jacques Troadet[23].
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Lanneuffret en 1843 :
« Lanneufret (sous l'invocation de saint Guevroc, ou Guevrec, ou Kyrec, solitaire) ; autrefois Lanneuvret, ou Lan-Guevrec (...). Principaux villages : Kerillé, Kermanac'h, Kerprigent, Kerantram, Keramval, Kerdyven, Kerioual. Superficie totale : 224 hectares, dont (...) terres labourables 118 ha, prés et pâturages 21 ha, bois 11 ha, vergers et jardins 6 ha, landes et incultes 49 ha (...). Moulins : 4 (de Poulbron, de Kermanac'h, de Kerarsant, de Kerantraon. Cette paroisse est nommée [par Dom Lobineau]Lan Sancti Winwreti. Ce saint Winwret ou Wenwret ne serait-il pas le même que Guevroc ou Guevrec ? Géologie : granite ; micaschiste au nord du bourg ; quelques points de granite amphibolique. On parle le breton[25]. »
En 1879 la maison d'école mixte étant en très mauvais état, la commune de Lanneuffret, « dénuée de toute ressource », « une des plus pauvres du département », sollicite l'aide du département pour son projet de construction nouvelle[27].
« Dans la petite commune de Lanneufret, deux cents habitants étaient rassemblés dans le cimetière et entassés sous le porche autour de leur curé. La gendarmerie a dû refouler les fidèles. Le prêtre, resté seul devant la porte, a été appréhendé par les gendarmes. Après les trois sommations faites par le commissaire, les portes de l'église ont été enfoncées par les sapeurs du génie. L'inventaire a pu être opéré tandis que des hussards et des gendarmes gardaient les abords de l'édifice[28]. »
Le journal La Dépêche de Brest et de l'Ouest publie le un récit détaillé des événements survenus lors des opérations d'inventaire des biens du clergé à Lanneuffret le [29]. Une première tentaive d'inventaire avait eu lieu le , mais avait échoué, le recteur, l'abbé Richard, et les membres du conseil de fabrique refusèrent d'ouvrir les portes de l'église et l'agent du fisc n'insista pas ce jour-là[30].
Le pardon de Saint-Guévroc, « un des plus importants de la région (...), attire chaque année beaucoup de monde », indique un article de journal en septembre 1907[31]. Un article de presse indique que le « les routes de Lanneuffret présentaient une vive animation, en raison de la multitude de promeneurs de Landerneau, La Roche, Plounéventer, Saint-Servais, Plouédern » venant au pardon[32].
La petitesse de la commune explique que pour l'année 1909 la commune de Lanneuffret n'eût aucun conscrit à présenter au conseil de révision[33].
La Première Guerre mondiale
Un article publié le dans le journal La Dépêche de Brest et de l'Ouest décrit la générosité des habitants de la « bretonnante commune de Lanneuffret, d'une population si minime de 206 habitants » à l'occasion des diverses œuvres de soutien pour les blessés et orphelins de la guerre[34].
En l'absence de monument aux morts, la plaque commémorative située dans l'église en tient lieu : elle indique les noms de 5 soldatsmorts pour la France pendant la Première Guerre mondiale : Pierre Mével (mort de maladie en novembre 1914) ; Jean Berthou (tué à l'ennemi en septembre 1915 à Sommepy-Tahure (Marne)), Jean Le Bras (mort des suites de ses blessures le dans la Somme) et Jean Péron (mort le lendemain dans le même département) et Olivier Mével (mort de maladie le dans l'Oise)[35].
Le blason de Lanneuffet : De sinople aux deux haches d'armes adossées d'or, au chef d'argent chargé de trois mouchetures d'hermine de sable. Adopté en conseil municipal le 12 octobre 2004. Concepteur : Jean-François Binon.
Capitaine de corvette Secrétaire général de l'Union des syndicats agricoles du Finistère et des Côtes-du-Nord Président de la Caisse régionale d'assurances mutuelles agricoles de Bretagne contre l'incendie Châtelain de Kerantraon
↑« Lanneuffret », sur pays-landerneau-daoulas.fr (consulté le ).
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bAbbé J.-M. Guéguen, « De l'ancien prieuré bénédictin de Lanneuffret », Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, , pages 74 à 79 (lire en ligne, consulté le ).
↑Abbé Le Guen, « Antiquités du Léon. Origine de quelques paroisses du Léonnais. Lanneuffret », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, , page 133 (lire en ligne, consulté le ).
↑Notice d'information se trouvant dans le Musée de l'ancienne abbaye de Landévennec
↑J. Baudry, La Fontenelle le ligueur et le brigandage en Basse-Bretagne pendant la Ligue : 1574-1602, Nantes, L. Durance, (lire en ligne), pages 82-83.
↑Jean-Baptiste Ogée, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, vol. 2, Nantes, Vatar Fils Aîné, (lire en ligne), page 342.
↑Cité par Andrée Le Gall-Sanquer, Jean-Luc Richard, Marie-Louise Richard, "L'or bleu (An aour glaz) : le lin au pays de Landerneau-Daoulas", Association Dourdon, Cloître Imprimeurs, 2005, [ (ISBN2-9505493-1-4)]
↑Jean Rohou, Catholiques et Bretons toujours ? : essai sur l'histoire du christianisme en Bretagne, Brest, Dialogues, , 534 p. (ISBN978-2-918135-37-1).
↑René Kerviler, Répertoire général de bio-bibliographie bretonne : Livre premier, Les bretons. 7,BROU-CARN, Rennes, J. Plihon et L. Hervé, 1886-1908 (lire en ligne), page 221.
↑A. Marteville et P. Varin, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, t. 1, Rennes, Molliex, (lire en ligne), page 449.
↑Finistère. Conseil général, « Séance du 24 avril. Commune de Lanneuffret. Construction d'une Maison d'école mixte », Rapports et délibérations / Conseil général du Finistère, , pages 141 et 142 (lire en ligne, consulté le ).