Spécialiste du cinéma américain et en particulier du Nouvel Hollywood et du cinéma italien des années 1970[1], il est l'auteur d'une quinzaine de livres sur le cinéma, parmi lesquels Le Cinéma américain des années 1970 et Michael Mann, mirages du contemporain[2].
De 1995 à 2015, Jean Baptiste Thoret écrit onze livres sur le cinéma (particulièrement américain) et de nombreuses critiques. Il collabore régulièrement à Radio France et dans diverses revues de cinéma.
Débuts
Il suit des études de cinéma à l'ESRA puis à Paris III où il rencontre Luc Lagier[3] et développe un attrait pour le cinéma de genre comme en témoigne sa maîtrise écrite en 1995 intitulée "Videodrome" ou l'image virale selon David Cronenberg.[4] Il est titulaire d'un doctorat d'esthétique du cinéma et consacre sa thèse au concept d'énergie dans le cinéma américain des années 1970.
En 1998, il co-écrit avec Luc Lagier son premier livre Mythes et Masques : Les fantômes de John Carpenter publié aux éditions Dreamland[5], premier livre français consacré au réalisateur américain[6].
Parallèlement il publie plusieurs livres consacrés à des figures cruciales du cinéma de genre telles que Dario Argento et Tobe Hooper, et pose les bases de sa réflexion en identifiant l'assassinat de JFK comme basculement et source de la métamorphose du cinéma américain à la fin des années soixante dans son livre 26 secondes : L'Amérique éclaboussée[9],[10] qui reçoit le prix du meilleur essai par le Syndicat de la Critique en 2003.
Le Cinéma américain des années 70
C'est en 2006 qu'il publie l'un de ses ouvrages majeurs : Le Cinéma américain des années 70 édité par les Cahiers du Cinéma[11] dans lequel il théorise le cinéma de cette époque. Il continue d'écrire tout en diversifiant ses activités.
Il contribue à de nombreux ouvrages parmi lesquels Dennis Hopper et le Nouvel Hollywood (Cinémathèque française), Riffs pour Melville (Yellow Now, ), Kōji Wakamatsu, cinéaste de la révolte (IMHO, 2010) et Paris vu par Hollywood (Flammarion, 2012, dir. A. De Baecque).
De 2009 à 2011 il collabore occasionnellement aux Cahiers du cinéma[12] et à GQ[13], et anime également un blog sur le site du Nouvel Observateur (« Parallax View ») consacré à l'actualité des images.
Il a également écrit pour le Dictionnaire de la pensée du cinéma, dirigé par Antoine de Baecque et Philippe Chevallier (PUF, 2011) et a collaboré au Dictionnaire des assassins (Calmann-Levy, 2012) ainsi qu'aux catalogues des expositions Jacques Demy (Flammarion, Cinémathèque française, 2013) et Louis de Funès (Cinémathèque Française, 2019).
Activité radiophonique et télévisuelle
Parallèlement à son travail d'écriture, Il collabore régulièrement aux émissions de radio Mauvais Genres de François Angelier et La Dispute sur France Culture, et de 2012 à 2014 il co-produit avec Stéphane Bou l'émission quotidienne puis hebdomadaire Pendant les travaux, le cinéma reste ouvert sur France Inter[14]. Durant la même période il tient une chronique sur France Musique dans La Matinale.
En 2010, il collabore à l'émission Histoires de cinéma (Canal + - prod. Beall) et réalise les fragments consacrés à William Friedkin, Richard C. Sarafian et Robert Duvall. Il fut également chroniqueur sur Arte, pour l'émission quotidienne 28', présentée par Élisabeth Quin.
En , il met fin à sa collaboration dans l'émission Mauvais Genres (France Culture), à laquelle il collaborait depuis 1998.
De 2012 à 2016, il a animé un cinéclub mensuel au Centre des Arts d'Enghien-les-Bains. Chaque année ayant un thème diffèrent : Le Nouvel Hollywood, L'âge d'or du cinéma italien, Pleins feux sur le cinéma américain, Autour de John Ford. Soit une quarantaine de conférences disponibles sur Youtube.
À partir de 2015 Jean-Baptiste Thoret abandonne la critique au profit de la réalisation avec cinq films documentaires tout en continuant son travail d'écriture.
Arrêt de la critique
En retard à la conférence de rédaction hebdomadaire du 7 janvier 2015, il n'est pas témoin de l'attentat contre Charlie Hebdo. Le il reçoit avec Gérard Biard, au nom de Charlie Hebdo, le James C. Goodale Freedom of Expression Courage Award lors du gala du Pen American Center à New York[15].
De plus en plus gagné par l'idée que la cinéphilie française vit ses derniers feux[16] et ne désirant plus s'enfermer dans une discipline toujours plus tournée vers l'actualité au détriment du patrimoine, il décide de mettre fin à son activité de critique en 2016[3] et entreprend un tournant dans sa carrière en s'orientant vers la réalisation.
Jean-Baptiste Thoret réalise son premier long-métrage, We Blew It, en 2016[17]. Ce documentaire polyphonique réalisé en pleine campagne présidentielle se fonde sur les témoignages de citoyens américains ou de personnalités du cinéma sur les années 70, l'âge d'or qu'elles ont constitué pour l'Amérique, mais aussi sur la motivation du vote Donald Trump. Sélectionné au Festival du Film Américain de Deauville, le film sort dans les salles françaises le .
En 2017, il réalise 86 Printemps, Jean-Luc Godard, un documentaire sur Jean-Luc Godard.
En parallèle de son activité de cinéaste, il consacre une partie de son activité à la composition musicale, et composera la musique de certains de ses propres films, et du documentaire Dernier train pour Séoul de Jean-Marie Nizan et Stéphane Berghounioux.
En 2019, il réalise Dario Argento, Soupirs dans un corridor lointain[18] dans lequel il réalise un portrait du réalisateur italien Dario Argento à l'aide de deux entretiens réalisés à 19 ans d'écart, le premier à Turin en 2000 et le second à Rome en 2019. Le film est présenté au festival de La Rochelle et au festival de Bologne (Il Cinema Ritrovato) et sort dans les salles françaises le .
En 2021, il écrit et réalise Michael Cimino, un mirage américain dont il compose également la musique. Ce documentaire évoque le cinéma de Michael Cimino, notamment à travers un portrait intime de la ville de Mingo Junction et de ses habitants, qui ont accueilli le tournage du film Voyage au bout de l'enfer[19]. Présenté aux festivals de La Rochelle, de Bologne (Cinema Ritrovato) et de Deauville, le documentaire sort en salle le . Le film obtient le Grand Prix du documentaire cinéma du Festival International du Film d'Histoire de Pessac.
En 2023, il tourne The Neon People. Produit par Kidam, le film s'intéresse aux sans-abris qui vivent dans les souterrains de Las Vegas. Présentés aux festival de La Rochelle et de Deauville, le film, d'une durée de 124 min, sortira en salles au printemps 2025.
Michael Mann, mirages du contemporain
En , Thoret publie chez Flammarion Michael Mann, mirages du contemporain. Fruit de 25 années de réflexion sur l’œuvre entière du cinéaste américain[20].
Peu après, les éditions Magnani publient Qu'elle était verte ma vallée - Écrits sur le cinéma, recueil de textes variés choisis par l'auteur.
1998 : Mythes et Masques : Les fantômes de John Carpenter, Dreamland (prix de la Cinémathèque française pour le meilleur ouvrage critique français de l’année) — avec Luc Lagier[24].
(en) « The Seventies Reloaded: (What does the cinema think about when it dreams of Baudrillard?) », Senses of cinema, no 59, (lire en ligne, consulté le )
« Sur la route : trois jours avec Michael Cimino », Cahiers du cinéma, no 671,
« «Spring Breakers», poétique de l’idiotie », Libération, (lire en ligne)
"Michael Cimino : un esthète anachronique au sein du Nouvel Hollywood", Libération, [lire en ligne]
"George Romero : mort d'un monstre vivant", Libération,
"Tobe Hooper, l'ultime frisson", Libération,
"The Last Movie : hippie end pour Dennis Hopper", Libération, .
↑(es) Catalogue Bpi : Document 26 secondes : l'Amérique éclaboussée : l'assassinat de J. F. K. et le cinéma américain, , 205 p. (ISBN978-2-915083-03-3, lire en ligne)