Mobilisé dès le début de la Seconde Guerre mondiale, arrêté par les Allemands en 1940 et interné au Stalag XII-D de Trèves en Allemagne, il réussit à la troisième tentative à s’évader et à rejoindre la France. À partir du printemps 1942, il prend part activement à la création d'un mouvement de résistance regroupant d'anciens évadés des camps de prisonniers en Allemagne. Ce mouvement prendra d'abord le nom de RNPG, Rassemblement national des prisonniers de guerre. Avec François Mitterrand évadé comme lui, Jacques Bénet en est un des dirigeants nationaux et prend les pseudonymes de Seguin, Turgis puis, à Alger, Auvray[3].
À partir de , il entre dans la clandestinité, rejoint la Zone libre qu'il sillonne pour y développer le mouvement. Il reçoit alors le soutien financier de l'ORA, Organisation de résistance de l'armée du général Revers. Le , rue Notre-Dame-des-Champs à Paris, eut lieu la réunion consacrant la fusion des 3 principaux mouvements de résistance regroupant d'anciens prisonniers de guerre en un mouvement unique, le MNPGD, Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés, dont Jacques Bénet sera un des dirigeants nationaux. Début juin il est à Alger, délégué par le MNPGD auprès du général de Gaulle, qui le reçoit. De retour à Paris, Il crée en le Centre de liaison et de documentation (CLD), une sorte de petit service secret composé généralement de prisonniers, la mission du CLD est l'exploitation et la centralisation de la masse d'informations collectées parmi les 250 000 prisonniers, parfois même les STO, grâce à eux, le CLD peut localiser les nouvelles usines nazies qui construisaient les missilesV1 et les V2 et en fournissant les renseignements aux Alliés[4].
Après le débarquement, Jacques Bénet, François Mitterrand et ses amis du Mouvement des prisonniers réussissent à convaincre de Gaulle et le général Juin, qui commande alors les troupes françaises, de libérer en priorité les camps.
En 1946, il entre au cabinet du gouverneur civil de la zone française en Allemagne, Émile Laffon. Il est ensuite chargé du contrôle des émissions en langue hongroise de la radiodiffusion française. Après le retour du Général de Gaulle, il entre au Commissariat Général au Plan et de la coopération pour participer à l'élaboration du plan de développement de l'Algérie. Il passe ensuite au Ministère de la Coopération où il suit les dossiers de l'Afrique francophone jusqu'en 1980.
En 1959, il est élu maire de la commune de Bosc-le-Hard et le reste jusqu'en 1979.
Engagement pour la cause berbère
En 1965, il rencontre à Paris Mohand Arab Bessaoud un militant algérien de la cause berbère, ancien combattant de la guerre d'indépendance, opposant au régime de Boumédiène et réfugié en France. Avec un groupe de militants berbères, Mohand Arab Bessaoud projette de créer une académie berbère à Paris, avec le parrainage de Jacques Bénet qui a aidé plus tard Mohand Arab Bessaoud à s'exiler en Angleterre. Ce dernier se sent menacé par les services secrets algériens. L'académie voit le jour en 1966[5]. Cette académie cristallisera les énergies militantes en faveur de la cause berbère et contribuera à l'éclosion d'une conscience et à l'éveil revendicatif pour la reconnaissance de l'identité et la culture berbère.
Mohand Arab Bessaoud n’a cessé de parler de Jacques Bénet, engagé dans le combat pour l’identité amazighe. Il écrit à son propos dans son livre L’Histoire de l’Académie berbère[5] :
« Si les Berbères, mes frères, devaient un jour se souvenir de moi au point de vouloir honorer mon nom, je leur demanderais instamment de lui associer celui de Jacques Bénet, car sans l’aide de ce grand ami des Berbères, mon action en faveur de notre identité n’aurait peut-être pas connu le succès qui est le sien. Ce serait donc faire preuve de justice que de dire : Mohand Arab-Jacques Bénet comme on dit Erckmann-Chatrian." »
Vie privée
Jacques Bénet a d'abord épousé sa condisciple Simone Berbain (1915-1949)[6], puis Marie-Claire Sarrazin parente de François Mitterrand qui devient très proche de lui à son retour de captivité en Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale[7].
↑ a et bMohand Arab Bessaoud, De petites gens pour une grande cause, ou l'histoire de l'Académie Berbère (1966-1978). L'imprimante l'Artisan, Alger, 2000