Artiste touche-à-tout, auteur de nombreuses chansons à succès, il est un véritable phénomène du music-hall pendant l'entre-deux-guerres. Interdit de scène pour collaboration sous l'Occupation, il devient après-guerre scénariste et écrivain sous le pseudonyme de Jo Barnais.
Un artiste prolifique
Il est le fils de Georges Charles Joseph Guibourg, instituteur, rédacteur au Petit Mantais puis rédacteur en chef du journal hebdomadaire La France aérienne, fils et petit-fils de commerçants et d'artisans, et de Clémentine Augustine Bouteilly, née à Saint-Pierre-sur-Dives, dans le Calvados, fille de cultivateur.
Georges Guibourg commence sa carrière en 1908, en chantant des chansons dont il dit plus tard : « Ma vraie nature ne s'était pas encore révélée et je pleurnichais ce répertoire pompier que j'ai tant parodié par la suite. J'en sentais le ridicule, mais j'avais la conviction que le public aimait ça »[1]. Au fur et à mesure des différents engagements avec des cabarets, il se met à écrire quelques chansons comiques.
C'est en 1912 qu'il entame véritablement sa carrière de chansonnier. Appelé au théâtre de la Gaîté-Montparnasse pour remplacer un chanteur comique, ses chansons plaisent tellement que le théâtre lui fait signer un contrat pour un an ; il y restera trois ans. Il écrit durant cette période beaucoup de chansons, à raison de cinq par semaine, et s'associe avec de nombreux compositeurs pour la musique[2]. En 1916 il commence à écrire des pièces de théâtre, qu'il joue ensuite avec sa troupe, créée en 1919, Les Joyeux Compagnons.
En 1923, il est l'un des chansonniers les plus connus de France. Ses apparitions et ses revues ont un franc succès : il se produit même une émeute à l'Alcazar de Marseille, car les locations ne peuvent satisfaire la demande. Sa chanson la plus connue à l'époque est La Plus Bath des javas, une parodie des javas à la mode. Il continue à tourner, à monter des revues avec sa troupe, rebaptisée le Théâtre Chantant en 1926.
En 1927, il écrit et interprète La Noce à Rebecca (qui fut également chantée par André Perchicot en 1928 et par Fernandel), catalogue de clichés antisémites[à vérifier].
1930 est une année faste pour lui : il sort La Route de Pen-Zac, dont il vendra plus de 160 000 disques, un record pour l'époque ! Les spectacles s'enchaînent, et tout le monde se presse pour le voir. Les surréalistes et les intellectuels l'apprécient beaucoup[3], et Robert Desnos parle de lui dans ses chroniques musicales[1]. C'est à cette époque qu'il gagne son surnom l'Amuseur public numéro 1.
En 1936, nouveau succès, avec la chanson Au Lycée Papillon, qui bat aussi des records de vente (avec un couplet qui n'est plus chanté aujourd'hui, car aussi à clichés antisémites). Suivent encore Ça c'est de la bagnole et On ne peut pas plaire à tout le monde.
En 1938 il est auteur et interprète d'une chanson comique contre Hitler : Il travaille du pinceau (s'il se moque du peintre en bâtiment, Hitler était en fait artiste peintre dans sa jeunesse).
L'Occupation et l'interdiction de scène à la Libération
Pour avoir créé sous l'Occupation une Association syndicale des auteurs et compositeurs professionnels pour laquelle il avait fait campagne dans Je suis partout avec la complicité d'Alain Laubreaux et avoir monté la pièce d'Alain Laubreaux sur Stavisky, Les Pirates de Paris, dans son théâtre de l'Ambigu, il est en 1945 interdit de scène pendant un an par le Comité National d'Épuration du Spectacle (arrêté du ministre de l'Éducation nationale du ).
Reconversion en auteur de polars
Pendant son interdiction de scène, il entame une carrière d'auteur de romans policiers pour la Série noire sous le pseudonyme de Jo Barnais[4].
À la fin de son interdiction de scène en 1946, il crée au Casino Montparnasse une dernière revue sur le temps passé, dont Jane Aubert est aussi la vedette, et quitte définitivement la scène en 1951.
Il a écrit au cours de sa vie 1 500 chansons, 2 000 saynètes, de nombreux scénarios et une dizaine de romans policiers.
↑ a et bJean-Jacques Chollet, Georgius, l'Amuseur public no 1, Éd.C.Pirot, 1997.
↑François Vernillat et Jacques Charpentereau, Dictionnaire de la chanson française, Larousse, 1968.
↑Marie-Paule Berranger, Les genres mineurs dans la poésie moderne, Presses universitaires de France, 2004.
↑Un de ses romans policiers, Mort aux ténors, a été adapté en téléfilm en 1987 par Serge Moati. Une adaptation des plus libres, l'action passant des années 1950, l'âge d'or du music-hall, aux années télévisuelles des années 1980. L'assassin en série,joué par Mathieu Carrière, n'est plus un obscur chef de chœur brisé de rancœur et liquidant ceux qu'il n'aura jamais su égaler, mais un homme meurtri vengeant sa mère jadis laissée pour morte sur le bord d'une route après y avoir été heurtée par des chauffards en fourgonnette. Une fourgonnette portant l'inscription : les Ténors, soit le nom d'un groupe de l'ère yé yé, au succès éphémère. L'enfant assiste à la scène. Vingt ans plus tard, lorsqu'une émission de maigre audimat sollicite ce groupe depuis longtemps oublié, l'enfant devenu homme entame sa vengeance. Lucky Blondo, soliste du groupe, joue ici, avec une belle autodérision, un personnage qui ressemble à son propre destin.
Chantal Brunschwig, Louis-Jean Calvet, Jean-Claude Klein, Cent ans de chanson française, coll. « Points actuels », Seuil, Paris, 1981 (ISBN2-02-00-2915-4) (1972, 1re éd. reliée)
Jean-Jacques Chollet, Georgius, l'amuseur public no 1 (suivi de Souvenirs inédits de et par Georgius] ; préface de Jean-Christophe Averty, Éditions Christian Pirot (Collection « Chanson »), 1997, 178 p. (ISBN2-86808-113-4)