Lors d'un voyage en 1837, Stendhal, fatigué par un long trajet en calèche, indique à son arrivée à Valence que c'est d'ici « qu'il faudrait commencer les chemins de fer ». Mais il faut attendre le début des années 1840 pour que Valence, du fait de sa position géographique, soit retenue, par les ingénieurs chargés des études du tracé, pour être située sur l'axe ferroviaire de Paris à Marseille via Lyon. Les autorités locales ne sont pas opposées à ce projet qui peut favoriser le développement de la ville mais s'inquiètent des problèmes posés par le passage de la ligne et le choix de l'emplacement de la gare[3]. Le conseil municipal, lors de sa séance du , accepte le projet d'une implantation dans la basse ville[4]. Mais cette proposition de l'ingénieur De Lannoy devient rapidement caduque du fait que Valence est choisie pour être le point de départ d'un embranchement vers Grenoble[3], ce qui nécessite une gare avec une situation plus centrale et donc que la ville soit traversée par la ligne. Bien que ce nouveau projet engendre la création d'une tranchée, large de six à sept mètres, il est accepté par le conseil municipal. Les travaux débutent en ville en 1852[5].
Le correspondant du Journal des débats politiques et littéraires relate cet évènement : « Pendant les derniers jours qui ont précédé l'ouverture de l'exploitation du chemin de fer de Valence à Avignon, la gare de Valence a présenté un coup d'œil d'une animation extraordinaire, par suite des préparatifs qui ont été faits pour organiser le service. Hier soir particulièrement, les abords de l'embarcadère étaient encombrés de wagons de toutes classes et de locomotives qui semblaient attendre le moment où ils allaient s'élancer sur la voie pour la parcourir d'une manière régulière et définitive, tandis qu'on remarquait sur un des trains récemment arrivés d'élégants omnibus destinés à transporter les voyageurs des divers quartiers de la ville et des environs. Un grand nombre d'employés, revêtus de leur uniforme, sont encore arrivés par un convoi qui a fait son entrée à la gare vers six heures du soir. Ce matin enfin, à six heures, le service a commencé par le départ du premier convoi régulier de Valence à Avignon. Trois diligences et une centaine de voyageurs composaient ce départ, qui s'est effectué dans le plus grand ordre et en présence d'un nombre considérable de curieux, accourus pour jouir de la nouveauté de ce spectacle. À midi, est arrivé le premier convoi express, parti de Marseille : il était (sic) également très nombreux et presque tous les wagons étaient pleins. Toute notre population paraissait heureuse de voir, après une longue attente, la mise en exploitation d'une entreprise dont elle attend de si précieux résultats. Les réjouissances publiques, dans cette occasion ont été remplacées par d'abondantes aumônes. La Compagnie a fait remettre au maire de Valence une somme de 5 000 fr pour être redistribuée aux pauvres. »[7].
Cette ouverture qui ne concerne que la grande vitesse permet la mise en service de trains omnibus qui rejoignent Avignon en quatre heures et Marseille en 8 h 45 min. Les voyageurs qui font le voyage entre Paris et Marseille doivent prendre le bateau entre Lyon et Valence ; néanmoins, leur temps de parcours est réduit de douze heures. Le succès est rapide mais une épidémie de Choléra, qui touche le sud de la France et de l'Europe, vient briser dès le mois de juillet l'engouement pour ces voyages. Localement, la foire de Beaucaire est suspendue. Le , la ligne est ouverte au service de la petite vitesse[6].
La gare devient une gare de passage le , lorsque la Compagnie ouvre la section suivante de Lyon (La Guillotière) à Valence[8].
Un journaliste et un dessinateur du journal L'Illustration racontent cette ouverture : « On traverse un beau viaduc de quatre arches, l'Isère teinte d'ardoises qu'elle a rencontrées sur sa route. Arrivée à Valence, on voit, avant de s'engager dans le tunnel qui passe sous la promenade, la silhouette des clochers et des tours se détacher sur les cimes bleues de la Provence. La ville était en fête ; la population accourait à la rencontre de cette force motrice qui malgré une distance de 58 myriamètres, met Valence à une journée de Paris, et lui ouvre une ère nouvelle de prospérité. Nous sortons par l'embarcadère, édifice bas, écrasé, indigne d'une grande compagnie comme celle du chemin de fer de la Méditerranée. »[9].
La mise en service de la ligne de Combs-la-Ville à Saint-Louis (LGV) — relation à grande vitesse de Paris-Gare-de-Lyon à Marseille-Saint-Charles — a profondément changé l'activité de la gare. Celle-ci voyait en effet passer la totalité des relations de Paris vers la Côte d'Azur et le Languedoc, les relations en provenance du nord-est de la France et à destination du sud, ainsi que le courant des Alpes vers le sud et même le sud-ouest (Hendaye par exemple). L'essentiel des relations à longue distance se sont reportées sur la gare de Valence TGV, située à 11 km au nord-est.
En , des travaux de rénovation de la « grande halle voyageurs » (recouvrant les quais) doivent être entamés, pour s'achever en septembre de la même année. Ce chantier (coûtant 10 millions d'euros) a nécessité la mise en place d'échafaudages, dont l'installation s'est déroulée de l'été jusqu'en [12].
Fréquentation
De 2015 à 2023, selon les estimations de la SNCF, la fréquentation annuelle de la gare s'élève aux nombres indiqués dans le tableau ci-dessous[13].
Année
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
Voyageurs
2 120 883
2 051 764
2 094 614
1 809 507
2 143 873
1 359 903
1 783 419
2 373 588
2 564 772
Voyageurs et non voyageurs
3 262 897
3 156 560
3 222 484
2 783 857
3 298 266
2 092 159
2 743 721
3 651 674
3 945 804
Service des voyageurs
Accueil
La gare de Valence-Ville est ouverte au public tous les jours de la semaine, de 5 h à 23 h (à 23 h 40 le vendredi). En plus de la salle d'attente, un service de bagages, ainsi qu'un service d'objets trouvés sont à disposition des voyageurs[14].
La façade principale sur rue du pavillon central, du bâtiment voyageurs, fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [16]. Ce bâtiment voyageurs a été mis en service en . Il a été conçu par Louis-Jules Bouchot[17], architecte de Napoléon III. La façade du corps principal, en pierre de taille, s'inspire du Petit Trianon de Versailles ; elle comporte cinq grandes baies vitrées encadrées de pilastres à chapiteaux doriques, le tout surmonté d'une balustrade à colonnades. Deux ailes en léger retrait complètent l'édifice. Une marquise métallique courait autrefois sur toute la longueur du bâtiment. La dernière rénovation, qui date de l'année 2000, lui a fait retrouver son aspect d'origine. Côté voies, une halle métallique abrite trois des quatre quais.
Notes et références
↑Reinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau français : lignes 601 à 990, vol. 2, La Vie du Rail, , 239 p. (ISBN978-2-918758-44-0), « [830/8] St-Rambert-d'Albon - Montélimar », p. 149.
↑Reinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau français : lignes 601 à 990, vol. 2, La Vie du Rail, , 239 p. (ISBN978-2-918758-44-0), « [908] Valence - Moirans ».
↑ a et bFrançois Palau et Maguy Palau, Le rail en France : Le Second Empire, t. 1 : 1852-1857, Paris, Palau éd., , 215 p. (ISBN2-9509421-1-3, BNF36712104), « 1.21. Avignon-Valence », p. 76-77.
↑François Palau et Maguy Palau, Le rail en France : Le Second Empire, t. 1 : 1852-1857, Paris, Palau éd., , 215 p. (ISBN2-9509421-1-3, BNF36712104), « 1.28. Lyon (La Guillotière)-Valence », p. 101-102.
↑François Palau et Maguy Palau, Le rail en France : Le second Empire, t. 3 : 1864-1870, Paris, Palau, , 239 p. (ISBN2-9509421-3-X, BNF39191508), « 7.4. Valence-Moirans », p. 10.
↑François Pourpardin, « Les bâtiments voyageurs édifiés le long de la ligne impériale (La Compagnie du PLM : les gares de l'architecte Jules Bouchot) », dans Revue d’histoire des chemins de fer, no 38, 2008, pp. 59-71 lire (consulté le 13 juillet 2011).
PLM, Chemin de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée : Nomenclature des gares, stations et haltes, Paris, Impr. Maulde, Doumenc, , 173 p. (lire en ligne), p. 47, 81 et 163.
Gérard Bouchet, « 1854 : à folle vitesse, le train s'élance de la gare de Valence », Études drômoises (la revue du patrimoine de la Drôme), no 66, , p. 5-7 (ISSN0240-3994, résumé).
Alain Balsan, « La gare de Valence à 150 ans », Études drômoises (la revue du patrimoine de la Drôme), no 66, (ISSN0240-3994).
Jacques Delatour, « 1854 : Le train s'élance de la gare de Valence », Regard Magazine un point de vue local, no 67, , p. 34-36 (ISSN2110-6517, lire en ligne, consulté le ).