Partie à bord de deux gabares armées en frégates, La Recherche et L'Espérance, qui n'étaient malheureusement pas faites pour naviguer de concert, ce qui engendra la suppression de certaines escales d'avitaillement indispensables pour la santé des embarqués[2], l'expédition mobilisera 219 officiers, « savants » (naturalistes, botanistes, minéralogistes, ingénieurs, géographe et hydrographe) et hommes d'équipage dont une grande partie ne survivra pas au voyage.
Si elle échoua dans la mission qui lui avait été assignée, à savoir retrouver « Monsieur de la Pérouse », cette expédition permit d'améliorer la connaissance de la topographie de nombreuses îles de l'océan Indien, îles qui portent aujourd'hui le nom de membres de l'expédition ; ainsi que de procéder à de nombreuses découvertes, notamment en botanique. Ce fut, grâce aux travaux de Beautemps-Beaupré, un véritable laboratoire de l'hydrographie moderne[3].
Partie de France en 1785, l'expédition de La Pérouse avait été vue pour la dernière fois le quittant Botany Bay en Nouvelle-Hollande (Australie). Elle avait été aperçue par les vaisseaux de la First Fleet qui transportaient des bagnards depuis l'Angleterre, sous le commandement d'Arthur Phillip, quittant Port Jackson après avoir estimé que Botany Bay ne convenait pas pour l'implantation d'un établissement[4],[5]. Mais, en 1791, cela faisait trois ans que l'on était sans nouvelles de l'expédition.
Décret de l'Assemblée constituante du 9 février 1791[6]
L'assemblée nationale, après avoir entendu ses comités réunis d'agriculture, de commerce et de marine, décrète,
Que le roi sera prié de donner des ordres à tous les ambassadeurs, résidens, consuls, agens de la nation auprès des différentes puissances, pour qu'ils aient à engager, au nom de l'humanité, des arts et des sciences, les divers souverains auprès desquels ils résident, à charger tous les navigateurs et agens quelconques qui sont dans leur dépendance, en quelque lieu qu'ils soient, mais notamment dans la partie australe de la mer du Sud, de faire toutes recherches des deux frégates françaises la Boussole et l'Astrolabe, commandées par M. de la Pérouse, ainsi que de leurs équipages, de même que toute perquisition qui pourroit constater leur existence eu leur naufrage; afin que dans le cas où M. de la Pérouse et ses compagnons seroient trouvés ou rencontrés, n'importe en quel lieu, il leur soit donné toute assistance, et procuré tous les moyens de revenir dans leur patrie, comme d'y pouvoir apporter tout ce qui seroit en leur possession; l'assemblée nationale prenant l'engagement d'indemniser et même de récompenser, suivant l'importance du service, quiconque prêtera secours à ces navigateurs, pourra procurer de leurs nouvelles, ou ne feroit même qu'opérer la restitution à la France des papiers et effets quelconques qui pourroient appartenir ou avoir appartenu à leur expédition.
Décrète, en outre, que le roi sera prié de faire armer un ou plusieurs bâtimens, sur lesquels seront embarqués dès savans, des naturalistes et des dessinateurs, et de donner aux commandans de l'expédition la double mission de rechercher M. de la Pérouse, d'après les documens, instructions et ordres qui leur seront donnés, et de faire en même tems des recherches relatives aux sciences et au commerce, en prenant toutes les mesures pour rendre, indépendamment de
la recherche de M. de la Pérouse, ou même après l'avoir recouvré ou s'être procuré de ses nouvelles, cette expédition utile et avantageuse à la navigation, à la géographie, au commerce, aux arts et aux sciences.
Collationné à l'original, par nous président et secrétaires de l'assemblée nationale.
A Paris, ce 24 février 1791.
Signé Dupont, président ; Lions, Boussion, secrétaires.
Pour mener à bien cette expédition, d'Entrecasteaux demande au gouvernement « deux flutes du port d'environ cinq-cent tonneaux »[7]. Le gouvernement lui fournit un budget de 1 160 000 livres prélevé sur le budget de 30 millions de livres de la Marine royale, un montant qui s'élèvera finalement à 1 369 516 livres avec l'acquisition du matériel scientifique nécessaire aux « savants » embarqués[8]. On lui fournit deux gabares, La Truite et La Durance, dont les coques sont doublées de cuivre et armées de canons. Une fois les travaux effectués, les deux frégates sont rebaptisées respectivement La Recherche et L'Espérance.
Les plans de d'Entrecasteaux
Pour retrouver les traces de la Pérouse, d'Entrecasteaux disposait d'une lettre que le navigateur disparu avait adressée au Ministre de la Marine et datée du . Tous les points de reconnaissance cités dans cette lettre forment le complément de ceux qui entraient dans le plan de campagne de La Pérouse. À Paris, on recommande au contre-amiral d'Entrecasteaux de les faire dans l'ordre où ils étaient relatés ; ce qu'il fera aussi strictement que les circonstances le lui permettront.
Sur place, le gouverneur hollandais remet à d'Entrecasteaux la lettre de Saint-Félix, commandant des forces navales françaises dans les Mers de l'Inde, basé sur l'Île-de-France, qui apprenant la tenue de l'expédition avait fait affréter la frégate L'Attalante, commandée par le capitaine Bolle, à destination du Cap pour lui porter les nouvelles dont il était en possession[9].
Lettre de Saint-Félix au général d'Entrecasteaux du 9 novembre 1791[10]
J'APPRENDS, par des lettres particulières que vous ne comptez passer à l'Île-de-France qu'au retour de l'importante expédition que vous allez entreprendre. Privé de l'espérance dont je m'étois flatté, d'avoir l'honneur de vous voir, je m'empresse de vous faire parvenir au cap de Bonne-Espérance deux rapports relatifs à l'objet de votre mission, qui viennent de m'être faits par des capitaines de deux bâtimens français arrivans de Batavia. Vous y verrez par quelle circonstance un bâtiment hollandois ayant à bord le commodore Hunter, commandant de la frégate angloise le Syrius, ainsi que son équipage a vu près des îles de l'Amirauté dans la mer du Sud, des hommes couverts d'étoffes européennes, et particulièrement d'hâbits qu'il a jugés uniformes françois. Vous y verrez aussi que le commodore n'a pas douté que ce ne fussent les débris du naufrage de M. de la Pérouse, qu'il avoit beaucoup vu à Botany-Bay.
J'ai jugé que la connoissance de ces rapports devoit vous intéresser, et je les ai trouvés assez importans pour me déterminer à vois les faire parvenir directement par une frégate que j'envoie au Cap, uniquement pour cet objet. Le major du vaisseau, Bolle, qui la commande, y laissera ma dépêche, s'il ne vous y trouve pas, au chargé d'affaires de la nation, pour qu'elle vous soit remise à voire arrivée. Quoiqu'aucune connoissances officielles de votre expédition ne m'autorisent à cette destination d'une frégate, je suis sûr de l'approbation de S. M. dans le parti que j'ai pris à cet égard, autant par la considération de l'intérêt public, que par le vœu de mon cœur. Il vous étoit réservé d'acquérir des droits à la reconnoissance de toute la nation, en acceptant le commandement d'une expédition qui honore également le souverain qui l'ordonne et le chef qui l'exécute. Quelle que soit la route que vous fassiez, vous y serez suivi par mes vœux pour vos succès et l'inviolable et parfait attachement avec lequel je suis, etc.
Signé SAINT-FELIX. Île-de-France, le 9 de novembre 1791
D'après les témoignages du capitaine Préaudet, commandant du navire Le Jason en provenance de Batavia (Indes néerlandaises), et de Pierre Mangon Lépinay, commandant du Marie-Hélène également en provenance de Batavia, le commodore Hunter et l'équipage de la frégate anglaise Syrius, qui était en transit à Batavia après avoir fait naufrage près de l'île de Norfolk, affirmaient avoir aperçu des Indiens portant des ceintures et des uniformes de marine européens, alors que son bateau mouillait près des îles de l'Amirauté.
Au Cap, les provisions sont reconstituées et trois hommes sont débarqués pour raisons de santé, le minéralogisteJean Blavier, le peintre Chailly-Ely et l'astronomeClaude Bertrand — ce dernier qui avait fait une chute de 15 mètres en redescendant de la montagne de la Table et décédera au Cap en . Le , La Recherche et L'Espérance quittent le port du Cap[11].
Le 18 février, le maître charpentier de l'expédition, Louis Gargan décède « victime des excès auxquels il s'était livré » pendant le mouillage au Cap ; et deux passagers embarqués clandestinement manifestent leur présence, un déserteur de la garnison du Cap et un Allemand, condamné pour dettes en Angleterre et destiné à être emmené au bagne en Nouvelle-Hollande[12].
La traversée de l'océan Indien
Le , les frégates de l'expédition longent les côtes de Natal ; le 3 mars, elles pénètrent dans le canal du Mozambique[13]. Les dépositions des capitaines Préaudet et Mangon Lépinay avaient fini par convaincre d'Entrecasteaux de se rendre sans tarder aux îles de l'Amirauté, ce qu'il voulait faire avant la mousson en passant au nord de la Nouvelle-Hollande (Australie).
Le , l'expédition est en vue de l'île Saint-Paul (alors en proie à une éruption) et de l'île Amsterdam. Et, un mois plus tard, la Tasmanie est atteinte.
Le 21 avril, le cap Van Diemen (cap du Sud-Est) est franchi par l'est et, le 23, les navires s'engagent dans ce qu'ils croient être la baie de l'Aventure (mais qui est en réalité la baie des Tempêtes[14]), où se trouve l'actuelle capitale Hobart. Cette baie est alors renommée baie de la Recherche, du nom du navire amiral de l'expédition et l'abri naturel formé par cette baie est baptisé Port d'Entrecasteaux, du nom de son commandant.
Le 8 mai, le jardinierFélix Delahaye plante non loin du rivage le premier jardin potager européen de Tasmanie[15]. Ce dernier devait servir de source de nourriture aux équipages, mais était également conçu comme outil de civilisation des populations indigènes et source d'approvisionnement pour les vaisseaux européens qui viendraient y faire escale dans le futur[16].
Le 17 mai, après 25 jours passés dans la baie de la Recherche, les navires de l'expédition reprennent la mer, mettent le cap à l'Est et s'engagent dans un canal qui sépare l'île de Tasmanie d'une autre île. Le canal est baptisé détroit d'Entrecasteaux et l'île, île Bruny. Les jours suivants, les deux frégates mouillent non loin de l'île aux Perdrix et les membres de l'expédition entrent brièvement en contact avec des Aborigènes locaux[17],[18]. Le 28 mai, l'expédition atteint l'extrémité du canal d'Entrecasteaux, double le cap Pillar le lendemain, rejoint l'océan Pacifique et se met en route vers la Nouvelle-Calédonie.
Nouvelle-Calédonie (juin - juillet 1792)
Le 5 juin, le manque d'eau douce commence à se faire ressentir parmi les équipages[19]. Le 16 juin à huit heures du matin, l'île des Pins à la pointe sud de la Nouvelle-Calédonie est en vue, et le 20 juin, L'Espérance manque de faire naufrage sur les récifs de l'île. Les jours qui suivent sont passés à cartographier la côte sud de la Nouvelle-Calédonie, et le manque d'eau se fait à nouveau sentir.
Le 17 juillet 1792, l'île aux Marteaux est dépassée et les Français passent entre l'île des Cocos et la Nouvelle-Irlande, à proximité de laquelle les frégates sont mises au mouillage jusqu'au 24 juillet. D'Entrecasteaux qui songeait à rester sur place une quinzaine de jours dut modifier ses plans en raison du mauvais temps[21].
Empruntant le canal Saint-Georges, l'expédition poursuit sa course en doublant l'île de Man (le 25), l'île de Sandwich (le 26) et en empruntant le canal séparant la Nouvelle-Irlande de la Nouvelle-Hanovre. Le , l'expédition poursuit sa route vers les îles de l'Amirauté où, selon le témoignage du capitaine anglais Hunter, des hommes portant des uniformes européens avaient été aperçus. Ces îles sont atteintes le lendemain. Le capitaine de L'Espérance, Huon de Kermadec se rend à bord de La Recherche pour se concerter avec d'Entrecasteaux. À terre, des indigènes manifestent des signes de joie et d'étonnement[22], des canots sont mis à la mer et des échanges ont lieu avec les habitants des lieux.
Le 12 août, l'expédition passe au large des îles Schouten et le 14 août à quelques milles nautiques de l'île de la Providence en Nouvelle-Guinée. Les côtes de la Nouvelle-Guinée sont longées jusqu'au 23 août, puis celles de Batanta, d'Entrecasteaux ayant pour dessein de rejoindre les Moluques en passant par le détroit de Watson plutôt que par le détroit de Pitt. Le 1er septembre, l'équipage aperçoit des feux allumés sur les côtes de l'île de Céram.
L'escale à Amboine
Au début du mois de septembre 1792, le nombre de scorbutiques augmente grandement parmi les membres de l'expédition[23]. Le 6 septembre, La Recherche, suivie de peu par L’Espérance, atteint la colonie hollandaise d'Amboine. D'Entrecasteaux envoie alors son second lieutenant demander au gouverneur de la ville la permission de se ravitailler. Les nouvelles d'Europe ne parvenant dans ce point reculé qu'avec dix-huit mois de retard, et Batavia étant trop éloignée pour en espérer une réponse rapide, cette permission lui est accordée[24] et un accueil chaleureux leur est réservé[24].
À Amboine, l'aumônier et naturalisteLouis Ventenat tombe gravement malade. Atteint d'une « fièvre maligne[25] », il est pris en charge par le chirurgien-major Pierre Renard et par le chirurgien de l'hôpital militaire d'Amboine, le Hollandais Hoffman, et d'un médecin malais. Il mettra huit jours avant de se rétablir complètement.
Le , plus d'un mois après leur arrivée à Amboine, et après avoir reconstitué leurs provisions de nourriture[26] et d'eau douce, les navires de l'expédition quittent la petite colonie hollandaise[27].
Les jours suivants, les deux frégates longent la côte sud de l'Australie-Occidentale, lorsqu'elles sont surprises par une tempête le 9 décembre, qui menace de les faire s'échouer contre des rochers. C'est Jacques-Bertrand Legrand, enseigne à bord de L'Espérance qui sauve l'expédition[28] en découvrant un abri, auquel d'Entrecasteaux donne le nom de baie de l'Espérance[29], en l'honneur de son second navire.
Mais l'eau douce commençant à manquer à bord, et étant dans l'impossibilité de se réapprovisionner dans la baie de l'Espérance [30], d'Entrecasteaux ordonne dès le 14 décembre de procéder à un rationnement[31]. Le 23 décembre, l'expédition quitte la baie, retardée de plusieurs jours par le naturalisteClaude Antoine Gaspard Riche qui s'était perdu à terre.
En raison des pénuries précédemment évoquées, décision est prise de rallier la baie de la Recherche, plus à l'est, où l'expédition s'était arrêtée en et où d'Entrecasteaux savait qu'il était possible de se ravitailler. Le 24 décembre, l'expédition atteint la baie des Roches. La Billardière y découvre une nouvelle espèce végétale qu'il nomme Mazeutoxeron reflexum (Correa reflexa(en)). De retour dans la baie de la Recherche, le , l'expédition se met en recherche du jardin potager planté un an plus tôt par le jardinierFélix Delahaye. Mais le rendement du jardin potager était décevant, les graines ayant été plantées dans un sol sec et sablonneux. Cette fois, Delahaye essaya d'expliquer aux aborigènes locaux que les tubercules, lorsqu'ils étaient cuits sur des braises, étaient comestibles[32],[33].
En retournant à la baie de la Recherche, les deux frégates venaient d'effectuer une circumnavigation antihoraire complète du continent.
Le , l'expédition quitte la baie de la Recherche avec l'intention d'aller mouiller dans le canal d'Entrecasteaux qui est atteint le 19 février. Le 23, l'expédition fait à nouveau escale dans la baie de l'Aventure, sur l'île Bruny[34]. Le jardinier Delahaye y retrouve deux grenadiers, un cognassier et trois figuiers, plantés en 1792 par l'expédition de Bligh[35], ainsi qu'une inscription laissée par le capitaine Bligh[36].
Nouvelle-Zélande et Pacifique sud
Le , les navires appareillent de la baie de l'Aventure et doublent le cap Pillar. Le 12 mars, l'expédition arrive en vue de la Nouvelle-Zélande et, sans prendre le temps de s'y arrêter, poursuit sa route vers les « îles des Amis » (ancien nom de Tonga).
Le 17 mars, l'expédition atteint l'île Curtis. L'amiral d'Entrecasteaux repère à cinquante deux milles de là une île qu'il baptise île Raoul en l'honneur de son quartier-maître. Et, en ayant découvert une quatrième baptisée du nom de L'Espérance, il décide que les îles forment un archipel qu'il baptise archipel Kermadec, en l'honneur de son commandant en second.
À Tonga, La Billardière et Delahaye reçoivent l'instruction de collecter des plants d'arbre à pain de qualité destinés à être transportés sur l'Île-de-France[38]. Les 200 plants sélectionnés par leurs soins sont conditionnés dans des caisses en bois rectangulaires dotées de trous pour permettre le drainage et d'un cadre en verre et en grillage pour permettre une régulation de la température[35], à l'image de ce qu'avait fait David Nelson, jardinier-botaniste du capitaine Bligh sur la Bounty en 1792.
En outre, les récits détaillés des insulaires à propos de leurs rencontres avec des Européens[39] permirent à d'Entrecasteaux d'apprendre que La Boussole et L'Astrolabe, les vaisseaux de La Pérouse n'avaient pas mouillé à proximité des îles Tonga. Aussi, le , l'expédition quitte les Tonga en direction du nord-est. Le 16 avril, elle aperçoit Erronan, Anatom et Tanna, trois îles de l'« archipel du Saint-Esprit », avant de mettre les voiles à l'ouest en direction de la Nouvelle-Calédonie qui est atteinte le 18 avril, pour la seconde fois depuis le départ de Brest en 1791.
Le , le capitaine de L'Espérance et commandant en second de l'expédition, Jean-Michel Huon de Kermadec meurt d'épuisement, considérablement affaibli par le scorbut qui le rongeait depuis plusieurs semaines, il est enterré selon ses volontés sur l'île de l'Observatoire (Pudyoua en kanak)[41], sans aucun monument, de peur que les cannibales rencontrés ne viennent déterrer sa dépouille. Le 8 mai, d'Entrecasteaux confie le commandement de L'Espérance à son second à bord de La Recherche, le lieutenant de vaisseaud'Hesmivy d'Auribeau, alors âgé de 33 ans.
En Nouvelle-Calédonie, d'Entrecasteaux ne parvient pas à recueillir d'informations supplémentaires sur l'expédition de La Pérouse. Le 10 mai, la décision est prise de partir. Le lendemain, les frégates dépassent l'île Huon et le surlendemain l'île Sainte-Croix. Un des membres de l'équipage est tué par une flèche des indigènes de l'île. L'expédition croise alors au large de Vanikoro, une des îles Santa Cruz, sans savoir qu'il s'agissait de l'endroit où La Boussole et l'Astrolabe de La Pérouse avaient fait naufrage.
Principaux récifs et îles de Nouvelle-Calédonie. Un certain nombre d'entre eux portent le nom de membres de l'expédition d'Entrecasteaux.
Fin mai, l'expédition atteint les îles Salomon, passe à proximité des îles de la Délivrance (probablement les actuelles île Santa-Ana et île Santa Catarina), puis entre l'île Saint-Christophe (île San Cristobal) et celle de Guadalcanal, découvertes par Álvaro de Mendaña au XVIe siècle.
La remontée se poursuit en direction du Détroit de Dampier, entre la Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-Bretagne, passe par le golfe d'Huon, avant d'atteindre le détroit, le 8 juillet[42]. Des relevés topographiques sont effectués dans la région. Les symptômes du scorbut réapparaissent parmi les membres de l'expédition. Le 10 juillet, l'expédition passe près des îles Portland; le 11, les îles de l'Amirauté et le 18 juillet les îles Anachorètes.
Le , vers 19 h, le contre-amiral d’Entrecasteaux meurt du scorbut[43]. L'expédition passe alors sous le commandement Alexandre d'Hesmivy d'Auribeau. Elle fait escale sur l'île de Waygiou (du 16 au 28 août), puis dans celle de Buru (du 4 au 16 septembre) dans les Moluques (non loin de la colonie hollandaise d'Ambon, visitée en septembre 1792) ; emprunte le Détroit de Bouton et fait escale sur l'île de Pangesani.
Sur l'île Bouton, les deux frégates se réapprovisionnent en riz, maïs, canne à sucre, igname, poules, canards et chèvres[44]. Le 9 octobre, elles quittent le détroit de Bouton; le 19 octobre, elles jettent l'ancre à Madura (en actuelle Indonésie), à l'entrée du canal qui mène à la colonie de Surabaya. Une chaloupe est envoyée vers la colonie hollandaise, afin qu'un pilote vienne assister les frégates à naviguer dans ce canal. Le 25 octobre, cinq jours après le départ de la chaloupe, une lettre de l'officier parti en reconnaissance parvient au commandant Alexandre d'Hesmivy d'Auribeau, l'informant que la France était en guerre avec la Hollande et qu'il était retenu prisonnier. Le 26 octobre, deux pilotes hollandais sont néanmoins envoyés. La dysenterie qui sévissait depuis le départ de l'île Bouton avait tué six membres de l'expédition[45].
Surabaya et Java
Les membres de l'expédition s'installent à Surabaya mais, dix jours après leur arrivée, le conseil de la ville reçoit des instructions de Batavia (Indes néerlandaises) et réexpédie les membres de l'expédition à bord des frégates, à l'exception des malades qui sont admis à rester en ville. Le , de nouvelles instructions parviennent de Batavia et les sept Français, Laignel, Legrand, Willaumez, Riche, Ventenat, La Billardière et Piron, sont arrêtés par le commandant hollandais de la place. Suspectés d'avoir de la sympathie pour les idées révolutionnaires[46], ils sont envoyés en détention à Semarang, à 300 kilomètres de là, et leurs travaux sont confisqués. Ceux-ci seront par la suite récupérés par un navire britannique, sur un vaisseau français rapportant les précieux documents en France. Et, sous l'insistance de sirJoseph Banks, ils seront par la suite restitués à la France[47].
Apprenant que la France était en état de guerre avec ses voisins européens parmi lesquels les Provinces-Unies, l'Angleterre et le royaume d'Espagne, que le roi de FranceLouis XVI avait été guillotiné le , que la République avait été déclarée, le commandant d'Auribeau — qui était un royaliste convaincu — décide « arborer le pavillon blanc et [de] se mettre sous la protection des Hollandois »[48]. Le , il envoie une Lettre au gouvernement émigré. Destitué par le Comité de salut public, avec rétroactivité au , à la suite de ses prises de position royalistes. Il meurt le . Le second lieutenant Élisabeth-Paul-Édouard de Rossel (1765-1829) prend le commandement de l'expédition.
Les Hollandais se saisissent des deux frégates de l'expédition. [réf. souhaitée]
Retour en France des survivants
Sur les deux-cent-dix-neuf membres de l'expédition ayant quitté Brest en , seuls quatre-vingt-neuf survivants parvinrent à regagner l'Île-de-France[49], la plupart étant décédés pendant le long séjour à Java.
Bilan de l'expédition
Pendant plus de deux ans, l'expédition commandée par d'Entrecasteaux et par ses successeurs explore une vaste région de l'océan Indien et du sud du Pacifique, elle effectue une circumnavigation autour de l'Australie et de la Tasmanie, en passant par les îles Tonga, la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-Guinée, avant de rejoindre Java. Mais toutes les recherches furent vaines. Nulle part, elle ne retrouve de trace de l'expédition de La Pérouse, bien qu'elle soit passée, en 1793, à quelques milles seulement de l'île Vanikoro, lieu du désastre de l'expédition.
Pourtant, si elle échoua dans son objectif premier, l'expédition se solda néanmoins par une moisson de découvertes botaniques, elle permit de mieux connaître les peuples vivant dans les îles de l'océan Indien et dans le Pacifique sud, de confirmer les découvertes réalisées par les navigateurs européens les ayant précédés et d'améliorer la précision des cartes des régions explorées, notamment grâce aux travaux de l'hydrographeCharles-François Beautemps-Beaupré.
Le nom de d'Entrecasteaux et celui de ses collaborateurs (Huon de Kermadec, Le Grand, Rossel, Beautemps-Beaupré) sont encore aujourd'hui attachés à de nombreux toponymes des côtes qu'ils ont reconnues, comme l'archipel d'Entrecasteaux au large des côtes de Nouvelle-Guinée.
Principaux membres de l’expédition
La Recherche quitte Brest avec 113 hommes à son bord.
J.H. de La Billardière, Relation du voyage à la recherche de La Pérouse, fait par ordre de l'Assemblée constituante pendant les années 1791, 1792 et pendant la 1re et la 2e année de la République françoise, Paris, 1799
↑Olivier Chapuis, À la mer comme au ciel : Charles-François Beautemps-Beaupré (1766-1854) et la naissance de l'hydrographie moderne (1750-1850) : Ou, l'émergence de la précision en navigation et dans la cartographie marine en France : de l'empirisme à la science de la route et du point. Comparaisons ponctuelles avec la Grande-Bretagne, première puissance maritime du monde, thèse soutenue en 1997 à Paris 4, sous la direction de Jean Meyer.
↑Ainsi nommée par le navigateur hollandais Abel Tasman qui la découvre en 1642.
↑Il plante du céleri, du cerfeuil, de la chicorée, des choux, de la laitue romaine grise, différente sortes de navets, des oignons blancs, des radis, de l'oseille, des pois, des salsifis noirs et des pommes de terre.
↑« Le salut des deux vaisseaux tenoit à cette découverte ; car La Recherche, obligée de louvoyer pendant la nuit au milieu de ces écueils périlleux, après avoir lutté aussi longtems qu'elle eût pu contre la force de la tempête dans l'espoir qu'un changement de vent permit de gagner la pleine mer, se seroit infailliblement perdue » (La Billardière, tome 1, p. 390-391).
↑La Bardillère nomme cette baie baie Le Grand, mais il semble qu'il soit le seul à adopter cette dénomination. Legrand ne sera pas complètement oublié puisque le cap, à l'extrémité est de la baie, sera nommé cap Le Grand en son honneur.
↑Les habitants des Tonga se rappelaient très bien le passage de James Cook et distinguaient les deux nations. Ils avaient même conservé la mémoire des Espagnols qui avaient abordé, en 1781, l'île de Yavao, voisine de Tongatapu.
Étienne Taillemite, Marins français à la découverte du monde : De Jacques Cartier à Dumont d'Urville, Paris, éditions Fayard, , 725 p.
Jacques-Julien Houtou de La Billardière, Relation du voyage à la recherche de La Pérouse, fait par ordre de l'Assemblée constituante pendant les années 1791, 1792 et pendant la 1re et la 2e année de la République françoise, t. 1, Paris, Chez H.J. Jansen, , 441 p. (lire en ligne)
Jacques-Julien Houtou de La Billardière, Relation du voyage à la recherche de La Pérouse, fait par ordre de l'Assemblée constituante pendant les années 1791, 1792 et pendant la 1re et la 2e année de la République françoise, t. 2, Paris, Chez H.J. Jansen, , 441 p. (lire en ligne)
Hélène Richard, Le voyage de d'Entrecasteaux à la recherche de Lapérouse, Paris, Éditions du Comité des travaux Historiques et Scientifiques,
Hélène Richard, « L'expédition de d'Entrecasteaux (1791-1794) et les origines de l'implantation anglaise en Tasmanie », Revue française d'histoire d'outre-mer, vol. 69, no 257, , p. 289-306 (lire en ligne, consulté le )
Georges Pisier, D'Entrecasteaux en Nouvelle-Calédonie : 1792 et 1793, Société d'études historiques de la Nouvelle-Calédonie, , 148 p.
Maurice Dupont, D'Entrecasteaux : rien que la mer, un peu de gloire, Éditions maritimes et d'outre-mer, , 404 p.
Jean-Pierre Ledru, D'Entrecasteaux à la recherche de la Pérouse : Deux sabots sur la mer, La Rochelle, La Découvrance, , 558 p. (ISBN978-2-84265-521-1, lire en ligne)
Archives de la Marine à Vincennes (article BB4 1000)
Yannick Romieux, « Une nouvelle contribution à l'histoire de la Pharmacie navale : Philippe Chaumet, D'Entrecasteaux à la recherche de Lapérouse (1791- 1793) ; sa Pharmacopée », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 84, no 311, , p. 436-437 (lire en ligne, consulté le )
(en) Edward Duyker et Glynnis M. Cropp, Pacific Journeys : Essays in Honour of John Dunmore, Wellington, Victoria University Press, , 232 p. (ISBN978-0-86473-507-2, OCLC62409072, lire en ligne)
(en) John Mulvaney, The Axe had Never Sounded’ : Place, People and Heritage of Recherche Bay, Tasmania, Canberra, ANU E Press and Aboriginal History, , 141 p. (ISBN978-1-921313-20-2, lire en ligne)
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Artikel ini sebatang kara, artinya tidak ada artikel lain yang memiliki pranala balik ke halaman ini.Bantulah menambah pranala ke artikel ini dari artikel yang berhubungan atau coba peralatan pencari pranala.Tag ini diberikan pada Oktober 2022. Jendela kaca patri Santo Jermanus Jermanus dari Normandie, juga dikenal sebagai Jermanus orang Skotlandia (Prancis: Germain le Scot), merupakan seorang santo Kristen yang divenerasikan terutama di Normandie. Ia adalah murid Jermanus dari Auxerre, d...
River in northern France For other rivers with the same name, see Aa (river). You can help expand this article with text translated from the corresponding article in French. (March 2021) Click [show] for important translation instructions. View a machine-translated version of the French article. Machine translation, like DeepL or Google Translate, is a useful starting point for translations, but translators must revise errors as necessary and confirm that the translation is accurate, rat...
This article is about the Con Funk Shun album. For the Majek Fashek album, see Spirit of Love (Majek Fashek album). For the 2006–2008 Taiwanese Formosa TV drama, see The Spirits of Love. 1980 studio album by Con Funk ShunSpirit Of LoveStudio album by Con Funk ShunReleased1980Recorded1980StudioThe Automatt, San Francisco, CaliforniaGenreFunk, soulLabelMercury RecordsProducerSkip ScarboroughCon Funk Shun chronology Candy(1979) Spirit Of Love(1980) Touch(1980) Professional ratingsRevie...
Ten artykuł dotyczy placu. Zobacz też: inne artykuły noszące tę nazwę. Ten artykuł od 2011-05 wymaga zweryfikowania podanych informacji.Należy podać wiarygodne źródła, najlepiej w formie przypisów bibliograficznych.Część lub nawet wszystkie informacje w artykule mogą być nieprawdziwe. Jako pozbawione źródeł mogą zostać zakwestionowane i usunięte.Sprawdź w źródłach: Encyklopedia PWN • Google Books • Google Scholar • Federac...
Industrial production Kozloduy Nuclear Power Plant, the largest power plant in south-eastern Europe Main industries Metallurgical industry, electricity, electronics, machinery and equipment, shipbuilding, petrochemicals, cement and construction, textiles, food and beverages, mining, tourism Industrial growth rate 5.5% (2007) Labor force 33.6% of total labor force GDP of sector 31.3% of total GDP Bulgaria is an industrialized nation with a developed heavy and light manufacturing industry. In 2...
2003 video game 2003 video gameSimCity 4Developer(s)Maxisi5works (Mac OS X)Publisher(s)EA GamesAspyr Media (Mac OS X)Producer(s)Kevin HoganSean DeckerDesigner(s)Joseph KnightMichael McCormickProgrammer(s)Paul PedrianaArtist(s)Ocean QuigleyDavid PatchWriter(s)Dorothy BradshawTom BentleyComposer(s)Jerry MartinSeriesSimCityPlatform(s)Microsoft WindowsMac OS XReleaseMicrosoft WindowsNA: January 14, 2003[2]EU: January 17, 2003[1]Mac OS XNA: June 27, 2003[3]Genre(s)City-buil...
Cheviot countryside near Cessford Cessford is a hamlet and former barony about a mile south of the B6401 road, in the Scottish Borders area of Scotland. The placename is from Gaelic 'ceis' and means 'the wattled causeway over the ford'; spellings vary between Cesfuird, Cesford, Cessfoord, Cessfuird, and Cessfurde. Places nearby include Crailing, Eckford, Kelso, Morebattle, Nisbet, and Oxnam Cessford Castle is a ruined castle nearby. Cessford Burn is a tributary of the Kale Water. See also Lis...
Influence of mother's environment and genotype on offspring's phenotype This article is about the legitimate scientific concept of genes that are expressed only when carried by the female parent. For the generally discredited theory, see maternal impression. A maternal effect is a situation where the phenotype of an organism is determined not only by the environment it experiences and its genotype, but also by the environment and genotype of its mother. In genetics, maternal effects occur whe...
British politician Andrew BoffAMBoff in 2018Leader of the Conservative Partyin the London AssemblyIn officeJune 2012 – October 2015Preceded byJames CleverlySucceeded byGareth BaconMember of the London AssemblyIncumbentAssumed office 1 May 2008 Personal detailsBorn (1958-04-14) 14 April 1958 (age 65)Uxbridge, Middlesex, EnglandPolitical partyConservativeDomestic partnerGareth CareyResidenceBarking RiversideOccupationPoliticianProfessionIT consultantWebsiteAndrew Boff offici...
Swiss firearms manufacturer SIG Sauer AGHeadquartersNeuhausen am Rheinfall (canton of Schaffhausen), SwitzerlandProductsFirearmsOwnerL&O HoldingWebsitehttp://www.sigsauer.swiss/en/ SIG Sauer AG is a Swiss manufacturer of armaments. The company was previously registered as SAN Swiss Arms AG and changed its name to SIG Sauer AG in December 2019.[1] It was known as SIG Arms AG before 2000 when it was acquired by the German investors Michael Lüke and Thomas Ortmeier from parent compa...
1961 soundtrack album by Ernest GoldExodusSoundtrack album by Ernest GoldReleased1961LabelRCA Victor Exodus is a soundtrack album by Ernest Gold with the Sinfonia of London from the 1960 film Exodus directed by Otto Preminger. The main theme from the film (Theme of Exodus) has been widely remixed and covered by many artists. The most popular version was an instrumental by Ferrante and Teicher, which reached number two on the Billboard Hot 100 in 1960.[1] It was kept of out the...
This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: List of vegetarian organizations – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (October 2020) (Learn how and when to remove this template message) This is a list of vegetarian or vegan organizations. Vegetarian organizations are located in numerous locations an...
For other places with the same name, see Koślinka. Village in Pomeranian Voivodeship, PolandKoślinkaVillageKoślinkaCoordinates: 53°58′2″N 19°4′16″E / 53.96722°N 19.07111°E / 53.96722; 19.07111Country PolandVoivodeshipPomeranianCountySztumGminaSztumPopulation160 Koślinka [kɔˈɕlinka] is a village in the administrative district of Gmina Sztum, within Sztum County, Pomeranian Voivodeship, in northern Poland.[1] It lies approximately 6 kilome...
One of the 39 Parliamentary Constituencies in Tamil Nadu, in India. TenkasiLok Sabha constituencyTenkasi constituency, post-2008 delimitationConstituency detailsCountryIndiaRegionSouth IndiaStateTamil NaduAssembly constituenciesRajapalayam Srivilliputhur Sankarankovil Vasudevanallur Kadayanallur TenkasiEstablished1957Total electors15,03,898 [1]ReservationSCMember of Parliament17th Lok SabhaIncumbent Dhanush M. Kumar PartyDMKElected year2019 Election Tenkasi Lok Sabha constituency is o...