Santa Cruz est la deuxième ville la plus peuplée des îles Canaries. Elle est également l'une de ses deux capitales, avec Las Palmas de Gran Canaria. Jusqu'en 1927, année où les Canaries furent scindées en deux provinces, elle était la seule capitale de tout l'archipel[1],[2].
L'économie de la ville dépend beaucoup du tourisme, mais le secteur industriel est également développé, surtout dans les domaines de la chimie et du raffinage.
Avec la ville voisine de San Cristóbal de La Laguna et les communes plus petites de Candelaria, Tacoronte, El Rosario et Tegueste, elle forme une aire métropolitaine qui compte une population d'environ 450 000 habitants en 2020. C'est la deuxième plus grande zone urbaine des îles Canaries et la seizième d'Espagne[3].
La commune de Santa Cruz de Tenerife occupe l'extrémité nord-est de l'île de Tenerife. Le massif d'Anaga occupe la partie nord de la commune, et la ville le sud.
Le territoire actuel de Santa Cruz de Tenerife a été d'abord occupé par les Guanches, le peuple autochtone des Canaries présent depuis l'Antiquité. Ils ont laissé sur le territoire communal une momie trouvée dans le village de San Andrés ainsi que des restes d'animaux momifiés et des pierres avec des gravures.
En 1494, Santa Cruz de Tenerife fait partie du royaume guanche (menceyato) d'Anaga, dirigé par le menceyBeneharo. De l'archipel des Canaries, Tenerife est la seule île à échapper encore au contrôle de l'Espagne. L'Andalou Alonso Fernández de Lugo, déjà conquérant de Grande Canarie et de La Palma, débarque en avril 1494 dans l'actuelle Santa Cruz Tenerife. Il y fait construire un fort qui lui servit de base lors de ses combats contre les Guanches. C'est seulement au bout de deux ans qu'il parvint à soumettre les habitants de l'île et à faire déporter Beneharo. En signe de victoire il fait ériger une croix en bois qui donne son nom à la cité.
Au cours du XVIe siècle, l'ascension économique de l'importante ville portuaire située sur la route des Amériques est encore renforcée grâce aux échanges commerciaux avec l'Angleterre. Pour cette dernière, Santa Cruz est aussi une cible en cas de guerre : en 1657, Robert Blakedétruit une partie de la Flotte des Indes dans le port. En 1707, lors de la guerre de Succession d'Espagne, John Jennings tente de prendre la ville mais échoue. En 1723, Santa Cruz de Tenerife devint la résidence du Capitaine Général des Canaries à la place de La Laguna, tout en restant une dépendance de celle-ci. Du 22 au , elle fut l'objet d'une nouvelle tentative de conquête par la marine anglaise commandée par Horatio Nelson qui y perdit son bras droit. Le canon El Tigre qui tira le boulet qui lui arracha le bras est toujours exposé au fort d'Almeyda(es).
En 1803, un décret de Charles IV donne à Sant Cruz son autonomie par rapport à La Laguna. Elle compte alors, d'après Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent environ 8 397 âmes. Très profonde, la rade est assez spacieuse et peut contenir dix à douze vaisseaux de guerre[4].
Entre 1833 et 1927, elle est la capitale de la province des Îles Canaries. En 1893, une épidémie de choléra se propage dans toute la ville et les municipalités voisines. La maladie a été apportée par un navire italien revenant du Brésil. Il y a 382 morts[5].
Depuis 1982, Santa Cruz de Tenerife se partage avec Las Palmas de Gran Canaria le siège du gouvernement de la région autonome des Canaries. Les deux villes se relaient tous les quatre ans pour assurer cette fonction.
Climat
Le climat est aride (à peine plus de 200 mm de précipitations) et à longueur d'année doux, tempéré par les alizés. La variation de température est faible d'une saison à l'autre. La saison des pluies se situe entre novembre et Mars. En hiver les températures varient entre 16−17 °C minimum et 21−22 °C maximum, et en été, entre 22−23 °C minimum et 28−29 °C maximum. En 2007, Santa Cruz a été la plus chaude ville d'Espagne, avec 21,6 degrés en moyenne toute l'année, selon les données disponibles dans l'annuaire statistique annuel de l'Institut national de la statistique. Selon ses données, la ville a bénéficié de 3 094 heures d'ensoleillement, cette année, la seconde capitale de province avec le plus d'heures d'ensoleillement[6].
Relevé météorologique de Santa Cruz de Tenerife-altitude: 4 m (période: 1981-2010)
Les habitants de Santa Cruz sont appelés familièrement chicharreros (nom qui s'étend généralement à tous les habitants de Tenerife). La majorité de la population est de confession catholique mais il y a également une grande communauté d'hindous et de musulmans.
Lors des élections municipales du , la ville de Santa Cruz de Tenerife comptait 208 688 habitants. Son conseil municipal (Pleno del Ayuntamiento) se compose donc de 27 élus.
Santa Cruz de Tenerife a la plus grande concentration de magasins des îles Canaries[12].
Culture et patrimoine
La plus grande place de Santa Cruz de Tenerife, en centre-ville, est la place d'Espagne (Plaza de España), avec en son centre le monument aux morts de la guerre d'Espagne.
Au nord, le fort d'Almeyda(es) abrite de nos jours le musée historique militaire des Canaries. Celui-ci est principalement consacré à la bataille du , perdue par les Anglais, à la suite de laquelle l'amiral Nelson fut amputé de son bras droit.
En comparaison avec la ville voisine de San Cristóbal de La Laguna, qui est le siège de l'évêché de Tenerife, traditionnellement la ville de Santa Cruz de Tenerife a eu un caractère beaucoup plus profane. Cette tradition laïque s'est illustrée dans le Temple maçonnique de Santa Cruz de Tenerife (Templo Masónico de Santa Cruz de Tenerife), actuellement[Quand ?] en cours de restauration, qui fut l'un des plus grands centres maçonniques d'Espagne avant sa saisie par le régime franquiste en 1936[13].
Santa Cruz compte néanmoins plusieurs églises notables :
L'église Nuestra Señora de la Concepción date des XVIe et XVIIe siècles. À l'intérieur, on peut voir la croix en bois qui donna son nom à la ville ainsi que des bannières prises aux Anglais. Elle est populairement appelée « cathédrale de Santa Cruz », bien qu'elle ne soit pas une cathédrale.
L'eglise San Francisco de Asís, des XVIIe et XVIIIe siècles, est l'un des plus importantes églises de la ville. À l'intérieur se trouve l'image vénérée du Seigneur des Tribulations, une image miraculeuse de Jésus-Christ qui est considérée comme le protecteur de la ville, d'où l'appellation le « Seigneur de Santa Cruz ».
L'Église de San José est située dans la rue de Méndez Núñez, à côté de la Rambla de Santa Cruz, qui souligne sa façade avec deux clochers. C'est l'une des églises les plus représentatives du milieu du XXe siècle. Son extérieur est de style architectural néocanarien.
Architecture contemporaine
L'Auditorium de Tenerife, conçu par l'architecte Santiago Calatrava, est une salle de spectacle construite en bord de mer inaugurée en 2003. Il est considéré comme l'un des bâtiments les plus remarquables des Canaries[14].
Les Torres de Santa Cruz sont les plus hauts gratte-ciels de la ville et des îles Canaries, et jusqu'en 2010 les plus grands bâtiments résidentiels en Espagne. Ce sont aussi les plus hautes tours jumelles d'Espagne.
L'Espace des Arts de Tenerife(es) (Tenerife Espacio de las Artes, TEA), un centre culturel qui héberge une bibliothèque ouverte au public 24h/24 et des expositions sur l'histoire de l'île[15]. Depuis 2007, Santa Cruz de Tenerife accueille le siège de l'UNESCO aux îles Canaries[16].
Espaces naturels
Le Palmetum de Santa Cruz de Tenerife est un jardin botanique de douze hectares dédié aux palmiers. Ouvert au public en 2014, il est construit au sommet d'une ancienne décharge municipale fermée en 1983[17],[18]. Il reçoit en 2016 le prix des meilleures pratiques de l'UNESCO[19].
Le Parc Maritime César Manrique(es) (Parque Marítimo César Manrique) est un complexe de loisirs situé en bord de mer. Le parc, réalisé d'après des ébauches de César Manrique combine avec bonheur l'eau, la roche volcanique et la végétation. Le Parque García Sanabria est quant à lui le plus grand parc urbain des îles Canaries.
À 8 km au nord de la ville, la plage de Las Teresitas est une plage artificielle aménagée dans les années 1970 avec du sable rapporté du Sahara tout proche.
Carnaval
Le carnaval de Santa Cruz de Tenerife est le plus important carnaval d'Espagne[20] et est parfois considéré comme l'un des plus grands au monde, avec plus de 200 000 participants habituellement[21],[22]. Par ses musiques et son style glamour, il se rapproche des carnavals brésiliens[23]. Depuis 1980, il est l'une des « fêtes d'intérêt touristique international » reconnues par le gouvernement espagnol[24]
Influence de la franc-maçonnerie
Santa Cruz de Tenerife se caractérise, entre autres, par l'influence de la franc-maçonnerie manifestée par certains des bâtiments historiques les plus importants de la ville, une influence palpable même sur le plan de la ville[25],[26]. La ville comptait un nombre important de maires et d'hommes politiques affiliés à la franc-maçonnerie, en particulier entre le XIXe et le début du XXe siècle. Dans cette ville, la « Loge Añaza » a été fondée en 1895, qui était l'un des ateliers maçonniques les plus importants d'Espagne au XXe siècle. Sous ses auspices, le temple maçonnique de Santa Cruz de Tenerife sera construit, qui était le plus grand centre maçonnique d'Espagne jusqu'à l'occupation militaire du franquisme. L'influence du symbolisme maçonnique sur l'architecture et l'urbanisme de la ville a fait l'objet de diverses études académiques[27],[28],[29],[30].
En 2016, un important congrès international de la franc-maçonnerie s'est tenu à Santa Cruz de Tenerife auquel ont participé 17 conseils réguliers suprêmes de différents pays du monde. À l'heure actuelle, plusieurs itinéraires touristiques à thème maçonnique sont organisés dans la ville[31],[32].
Certains des bâtiments et des lieux avec des symboles maçonniques dans la ville sont[33] :
↑Paul Ingendaay, « A Tenerife, on lit jusqu’au bout de la nuit », sur courrierinternational.com, (consulté le ), traduit d'un article publié le 26 mars 2018 dans Frankfurter Allgemeine Zeitung, Francfort.
↑El arte masónico oficial de la Postguerra en Canarias. Marrero Regalado y Aguiar.
↑Sobre artistas masones y filomasones en tiempos de represión: José Aguiar, un pintor al Servicio de Franco. Martín López, David.
↑Arte y masonería: consideraciones metodológicas para su estudio (1936-1939). Madrid: Sociedad Estatal de Conmemoraciones Culturales, Ministerio de Cultura, 2007.