L'épreuve comptait également pour le championnat national américain (AAA).
Contexte avant la course
Le championnat du monde
Lorsqu'en 1949 les membres de la FIA posèrent les bases du championnat du monde des conducteurs, ils s'accordèrent pour que les principaux Grands Prix de Formule 1 soient retenus pour l'attribution du titre. Toutefois, à la suite de la requête de l'AAA, la course des 500 miles d'Indianapolis fut ajoutée à la liste des grandes épreuves sélectives[1]. Bien que disputée sous l'ancienne formule internationale établie en 1938 (moteurs atmosphériques de 4 500 cm3 ou suralimentés de 3 000 cm3), c'est la troisième manche du championnat du monde 1950; mais c'est surtout la course la plus prestigieuse du championnat national américain. Peuvent être également admises les monoplaces à moteur Diesel (cylindrée maximale de 6 600 cm3). En pratique, seuls les spécialistes américains ont une chance de se qualifier pour cette épreuve particulière. Giuseppe Farina (en tête du championnat mondial à égalité de points avec Juan Manuel Fangio) fait néanmoins partie des engagés.
Le circuit d'Indianapolis (Indiana), inauguré en 1909, était au départ une piste de graviers. Ce premier revêtement fut alors la cause de nombreux accidents graves, et quelques mois plus tard la piste fut pavée de briques rouges. Les 500 miles d'Indianapolis s'y déroulèrent pour la première fois en 1911. Ce circuit rectangulaire comportant quatre virages relevés à rayon constant développe exactement 2,5 milles (en anglais miles), soit 4,023 km. Au milieu des années 1930, certaines parties de la piste furent revêtues de Tarmac, c'est donc sur un circuit alternant briques et goudron que va se dérouler cette course. Le départ est de type lancé, après un tour accompli derrière la voiture de sécurité (une Mercury pour cette édition 1950).
Monoplaces en lice
Les Special
Presque toutes les monoplaces alignées ici sont spécialement adaptées pour ce circuit, qui ne compte que quatre virages à gauche, tous relevés. Ce sont pour la plupart des voitures américaines, dont la conception s'inspire des monoplaces européennes d'avant-guerre. Une monoplace est dotée d'un moteur diesel Cummins, c'est le seul diesel du plateau. Quelques modèles sont équipés d'un moteur Kraft ou d'un antique moteur Maserati, on trouve également deux monoplaces équipées du moderne 8 cylindres Novi, mais la plupart des concurrents sont motorisés par un bloc Offenhauser de trois litres (versions à compresseur) ou quatre litres et demi (versions atmosphériques). Soixante-six Special (ou Spl.) vont participer aux essais qualificatifs. Le constructeur le plus représenté est Kurtis Kraft (une vingtaine de concurrents), mais on trouve également des Deidt à traction avant[2] (vainqueur de l'édition précédente), des Stevens, des Maserati modifiées, ainsi que de nombreuses marques artisanales.
Ces voitures sont officiellement désignées par le nom du concurrent (suivi de Spl.) plutôt que par celui du constructeur : ainsi la Deidt de Bill Holland, précédent vainqueur, est-elle alignée sous le nom de Blue Crown Spark Plug Spl. Parmi les favoris, on trouve également la Kurtis Kraft 3000 de Johnnie Parsons, second en 1949, et la Deidt de Mauri Rose, vainqueur en 1941, 1947 et 1948.
Les Maserati « Usine »
Deux Maserati officielles sont engagées pour les pilotes de Formule 1 Giuseppe Farina et Franco Rol. Elles ont toutefois peu de chances de réaliser une performance correcte aux essais, car peu adaptées aux particularités du circuit.
Remarque : Un pilote peut être inscrit sur plusieurs voitures. De même, plusieurs pilotes peuvent tenter de qualifier une même voiture. Un numéro de concurrent peut être réattribué à un autre (par exemple le numéro 10, utilisé deux fois au cours des qualifications).
Qualifications
Les qualifications (trial days) se déroulent les trois week-ends précédant la course. Les pilotes sont chronométrés sur quatre tours lancés consécutifs. Contrairement aux Grands Prix européens, ce sont les vitesses moyennes qui sont communiquées officiellement, et non les temps. La moyenne minimale imposée est de 185 km/h. Seuls les trente-trois premiers qualifiés seront admis pour la course. La première séance a lieu le samedi , le même jour que le Grand Prix de Grande Bretagne, et va déterminer les onze premières places (le premier tiers) de la grille de départ.
La piste est sèche pour cette première journée d'essais. C'est un débutant (dans la catégorie), Walt Faulkner, sur Kurtis Kraft, habitué des courses de midget, qui va s'imposer d'entrée, bouclant ses quatre tours qualificatifs à la moyenne de 216,204 km/h avec un temps total de 4 min 27 s 97. Son deuxième tour lancé a été couvert à l'étonnante moyenne de 218,892 km/h, effaçant le précédent record de Ralph Hepsburn de 215,562 km/h en 1946. Pour sa première participation à cette course prestigieuse, Faulkner obtient la pole position, aucun des dix autres qualifiés de cette première journée n'ayant pu approcher cette performance. Le second meilleur temps est établi par Fred Agabashian, également sur Kurtis Kraft, avec une moyenne de 213,708 km/h, la première ligne étant complétée par la Deidt de Mauri Rose.
Aucun pilote ne s'étant qualifié le dimanche , c'est le samedi suivant que se poursuivent les essais. C'est à nouveau un débutant, Cecil Green qui sur Kurtis Kraft 3000 va dominer cette séance, avec une moyenne de 213,898 km/h. Ce sera le deuxième temps absolu des trois week-ends d'essais, mais Green ne s'élancera qu'en douzième position, derrière les onze qualifiés de la première session. Seuls quatre pilotes se qualifient ce samedi , six autres le lendemain.
Lors du dernier week-end de ces trial days, il reste douze places à pourvoir. Les Maserati officielles de Giuseppe Farina et Franco Rol n'ont pu participer aux séances précédentes, leurs dates coïncidant avec celles des deux premiers Grands Prix du championnat. Les monoplaces européennes se révèlent totalement inadaptées au circuit et abandonnent rapidement tout espoir de qualification. Onze pilotes vont se qualifier le samedi , le plus rapide étant Bill Schindler (pilote unijambiste[5]) sur sa Snowberger, à la moyenne de 213,544 km/h, quatrième temps absolu. Pour la dernière session, le lendemain, la piste est humide; huit concurrents renoncent à tenter leur chance. Finalement, la dernière place sur la grille sera pour Johnny McDowell (Kurtis Kraft), qui parvient à tourner à 208,719 km/h de moyenne dans ces conditions.
Notons que parmi les trente-trois voitures qualifiées se trouve la Cummins Diesel Spl., seule monoplace à moteur Diesel du plateau. Pilotée par Jimmy Jackson, elle s'élancera de la dernière ligne.
La Cummins Diesel Spl., à moteur Diesel suralimenté.
Le départ (lancé) est donné à 11 heures sous un ciel menaçant. Walt Faulkner part en tête mais Mauri Rose le dépasse avant la fin du premier tour. Deux tours plus tard, Fred Agabashian et Johnnie Parsons ont également dépassé Faulkner. Parsons redouble son coéquipier Agabashian, puis s'empare de la tête au dixième tour. Il va dès lors imposer un train très rapide. En seconde position, Rose est légèrement distancé; au vingtième tour, l'écart s'élève à huit secondes, mais Rose commence alors à grignoter son retard, et parvient à reprendre la tête au trente-troisième tour. Parsons réagit aussitôt, et reprend son bien au tour suivant. Dès lors, il n'est plus inquiété jusqu'à son ravitaillement, qu'il effectue au cent-cinquième tour. Rose a repris brièvement la tête, mais ravitaille quatre tours plus tard. Un début d'incendie se produit, rapidement maîtrisé, mais le double vainqueur 1947/1948 a perdu quelques places lorsqu'il parvient à repartir. En tête, Bill Holland est rapidement rattrapé puis dépassé par Parsons, tandis que Rose remonte rapidement à la troisième place. Les positions des trois premiers n'évolueront plus, la course étant arrêtée au cent trente-huitième tour lorsque la pluie fait son apparition. Second l'année précédente, Johnnie Parsons remporte une belle victoire, malgré une fissure dans le bloc moteur décelée peu avant le départ[1].
Classements intermédiaires
Classements intermédiaires des monoplaces aux premier, troisième, dixième, vingtième, trentième, quarantième, soixantième, quatre-vingtième, cent-dixième et cent-vingtième tours[2].
Mauri Rose (Deidt-Offenhauser) a été victime d'un début d'incendie lors de son ravitaillement au 109e tour, mais a pu repartir, ayant perdu quelques places.
Pole position : Walt Faulkner en 1 min 06 s 992 lors de la première séance de qualification (quatre tours en 4 min 27 s 97 - vitesse moyenne : 216,187 km/h).
attribution des points : 8, 6, 4, 3, 2 respectivement aux cinq premiers de chaque épreuve et 1 point supplémentaire pour le pilote ayant accompli le meilleur tour en course (signalé par un astérisque)
Le règlement permet aux pilotes de se relayer sur une même voiture, les points éventuellement acquis étant alors partagés. Joie Chitwood et Tony Bettenhausen marquent chacun un point pour leur cinquième place à Indianapolis.
À noter
1re victoire pour Johnnie Parsons dans le cadre du championnat du monde.
1re victoire pour Kurtis Kraft en tant que constructeur dans le cadre du championnat du monde.
1re victoire pour Offenhauser en tant que motoriste dans le cadre du championnat du monde.
La course a été stoppée après 138 des 200 tours prévus en raison de la pluie.
Tony Bettenhausen, après avoir été contraint à l'abandon, a repris la course sur la voiture de Joie Chitwood. Dans le cadre du championnat du monde, ils se partagent les 2 points de la cinquième place.