Aux côtés de Tazio Nuvolari, Achille Varzi, Rudolf Caracciola ou Bernd Rosemeyer, Louis Chiron fut l'un des plus glorieux pilotes, d'avant et d'après-guerre. Surnommé le « Vieux Renard », il savait être présent au bon moment pour engranger, une à une, les victoires, et ce durant un quart de siècle (de 1924 au fort de Barbonnet en côte, jusqu'au GP de France 1949). Louis Chiron fut par ailleurs célèbre pour son élégance, liée notamment à son fameux foulard à pois.
Biographie
Chauffeur du maréchal Foch
Possédant la double nationalité franco-monégasque[1], il sert comme volontaire dans l'artillerie française durant la Première Guerre mondiale. À la fin des hostilités, il parvient à devenir chauffeur personnel des maréchaux Ferdinand Foch et Philippe Pétain, s'aguerrissant ainsi au maniement d'une automobile.
Il est aussi danseur de salon et réputé pour proposer ses services aux dames fortunées. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il accuse, sans fondement, la pilote Hellé Nice d'avoir collaboré avec la Gestapo, ce qui brisa la carrière de cette jeune femme et la fit tomber dans la misère[2],[3].
Fer de lance des Bugatti
Engagé dans des courses de côte dès 1923, il débute sur circuit en 1926 sur Bugatti, encouragé par Alfred Hoffmann, propriétaire d'une entreprise pharmaceutique. Repéré l'année suivante, par Ettore Bugatti, il rejoint son équipe en tant que pilote de réserve. En 1926 et 1928 il remporte la Course de côte Nice - La Turbie, sur Bugatti 1,5l puis 2l. Dès 1928, le Monégasque devient le chef de file de la marque, en décrochant la victoire aux Grands Prix d'Espagne et d'Italie puis, l'année suivante, d'Allemagne et d'Italie. Parallèlement, Louis Chiron est, cette année-là, l'un des organisateurs du premier Grand Prix de Monaco, et il participe aux 500 miles d'Indianapolis 1929 (septième, sur Delage, après treize années d'absence de la marque). 1928 l'aura aussi vu remporter le Grand Prix de la Côte d'Azur, grâce à ses succès au Circuit de la Riviera et à la côte de La Turbie.
Après une saison 1932 dominée par les Alfa Romeo P3, Louis Chiron quitte Bugatti pour former avec son ami Rudolf Caracciola la Scuderia CC (comme Chiron et Caracciola). Achetant deux Alfa Romeo, le Monégasque et l'Allemand s'attendent à une année pleine de succès. Caracciola est toutefois victime d'un terrible accident dès le Grand Prix de Monaco et, se retrouvant seul, Chiron dissout l'équipe à la mi-saison pour rejoindre les Alfa Romeo de la Scuderia Ferrari, emportant par la même occasion une troisième victoire consécutive en Tchécoslovaquie, ainsi qu'un succès aux 24 Heures de Spa avec Luigi Chinetti sur une 8C 2300.
La compétition automobile prend un nouveau tournant en 1934 avec l'engagement des Allemands Mercedes et Auto Union. En coureur d'expérience, le monégasque parvient cependant à signer l'une des plus retentissantes victoires du sport automobile lors du Grand Prix de France 1934 après avoir terrassé l'ensemble des Flèches d'Argent.
Début , Louis participe au Spreckels Trophée du Yacht Moteur Club de France sur la Seine à Paris, une course internationale de hors-bords de 2 heures dont il termine troisième, derrière Jean Dupuy premier, et Raymond Sommer[4].
Expérience mitigée chez Mercedes
Les voitures italiennes étant de plus en plus surclassées par les Allemands, Chiron accepte de rejoindre Mercedes pour 1936, encouragé par son ami Caracciola. L'expérience se résume à une suite d'accidents et d'incidents mécaniques et s'achève par un terrible accident au Grand Prix d'Allemagne ; s'en sortant sans trop de blessures, le Monégasque préfère mettre un terme à sa carrière.
Entre 1928 et 1953, il aura participé à neuf éditions des 24 Heures du Mans, avec huit marques différentes. Toutes se seront soldées par des abandons (en 1931 il fait équipe avec Varzi -avec lequel la même année il gagne le GP de l'A.C.F.-, et en 1933 il boucle 177 tours)[5]. En Endurance il s'impose toutefois aux 24 Heures de Spa en 1933 avec Luigi Chinetti.
Il remporte encore le rallye Monte-Carlo1954, et il apparaît épisodiquement sur les Grands Prix de Formule 1, essentiellement à Monaco notamment sur Lancia D50. En finissant sixième de cette course en 1955, il demeure le plus vieux pilote à avoir pris le départ d'un Grand Prix du championnat du monde (56 ans). Il est toujours le seul pilote à avoir remporté à la fois le Grand Prix de Monaco et le rallye Monte-Carlo.
La fin de carrière de Louis Chiron s'effectue cependant essentiellement au volant de voitures de sport (O.S.C.A.) et, après avoir manqué les qualifications des Grand Prix de Monaco 1956 et 1958, il arrête définitivement la compétition.
Avant ses débuts en course automobile, Louis Chiron fut taxi-boy, c'est-à-dire danseur social professionnel rémunéré comme cavalier de danse pour femmes fortunées. C'est ainsi qu'il rencontra Alice « Baby » Hoffmann-Trobeck[6], l'épouse de l'hériter de la firme pharmaceutique Hoffmann, Alfred Hoffmann. Alfred Hoffmann impressionné par le jeune Louis lui offrit sa première Bugatti Type 35B[7].
À la suite d'une relation extra-conjugale entre Chiron et Alice Hoffman au début des années 1930, Alfred Hoffmann se sépara de son pilote Chiron qui de plus entrait en conflit avec Bugatti en contestant la stratégie. Cela mit fin à toute collaboration avec la marque alsacienne en 1932[7].
↑Le Grand Prix de la Côte d'Azur n'est pas à proprement parler un podium, car il s'agit en fait de la quatrième et dernière édition d'un trophée récompensant les résultats acquis dans les deux côtes de La Turbie, du Mont Agel et lors du contre-la-montre de Super Cannes au Circuit de la Riviera, décerné par les Automobile Clubs de Nice, Monaco et Cannes[10].