L'Allemagne, championne d'Europe en titre et triple championne du monde figure parmi les favoris de cette 16e édition.
Le tirage au sort, effectué le 4 Novembre 1997 à Marseille[1], place l'Allemagne, tête de série, dans le groupe F en compagnie de la Yougoslavie, des États-Unis et de l'Iran. Au premier tour du tournoi, elle assume son statut en terminant première du groupe devant la Yougoslavie, qu'elle devance à la différence de buts. Ses deux autres adversaires présumés plus faibles sont battus sur le score identique de 2-0. Après un huitième de finale remporté difficilement contre le Mexique, les hommes de Berti Vogts butent au même stade qu'en 1994, battus en quart de finale par la Croatie, la révélation du mondial 1998.
Le style de jeu du onze allemand est considéré comme stéréotypé et timoré, l'équipe s'appuyant sur l'efficacité de ses deux avant-centres Klinsmann et Bierhoff. Contre la Croatie, l'Allemagne, certes réduite à dix pour la seconde période, est cruellement en panne d'inspiration et apparait sans réel fond de jeu. Cette élimination et cette défaite 0-3 contre la formation balkanique signe la fin d'une époque et d'un style footballistique pour l'Allemagne[2].
Qualifications
Contrairement au mondial 1994, qui avait vu l'Allemagne qualifiée d'office en raison de sa victoire finale en Italie quatre ans plus tôt, la formation germanique a cette fois suivi le parcours des qualifications pour être présente en France. La Nationalmannschaft a dû attendre la dernière journée contre l'Albanie le 11 Octobre 1997 pour valider son billet. L'équipe est vieillissante et la relève peine à être assurée, les jeunes talents se faisant plus rares, ce qui peut expliquer une campagne qualificative en demi-teinte, où l'Allemagne, certes invaincue, a parfois été accrochée par ses adversaires[3]. Elle a fait preuve toutefois d'un potentiel offensif remarquable avec vingt-trois réalisations, dont la moitié proviennent des deux attaquants Oliver Bierhoff et Ulf Kirsten. Le sélectionneur préfèrera laisser ce dernier cantonné au rôle de remplaçant lors de la phase finale en France. En grand compétiteur historique, l'Allemagne s'affiche comme un prétendant au titre mondial, à la vue de son glorieux passé et de son statut de champion d'Europe en titre.
Résultats détaillés de l'Allemagne durant les éliminatoires du Mondial 1998
Matthias Sammer, ballon d'or 1996 et champion d'Europe avec la Mannschaft la même année, est absent de l'effectif à la suite d'une blessure au genou[8]. Pour pallier son forfait, Lothar Matthäus est appelé à la dernière minute et a ainsi l'opportunité de disputer sa cinquième et dernière Coupe du monde[9]. Jürgen Kohler, fort de ses cents sélections, apparait être le leader de la défense comme lors des deux derniers mondiaux aux États-Unis et en Italie, épaulé dans sa tâche par Christian Wörns. Au milieu de terrain le sélectionneur se prive du potentiel de joueurs plus jeunes et créatifs comme Mario Basler, Mehmet Scholl ou Lars Ricken[10]. Le domaine strictement offensif s'annonce être le point fort de cette formation puisque Ulf Kirsten évoluant au Bayer Leverkusen a fini meilleur buteur de la Bundesliga 1997-1998 avec 22 réalisations, talonné d'une longueur par son coéquipier en sélection Olaf Marschall (seul joueur sacré champion d'Allemagne 1998 au sein du FC Kaiserslautern sélectionné)[11],[12]. Seul Oliver Biehroff dans le championnat italien a fait mieux avec 27 buts à son actif. Pourtant Berti Vogts préfèrera titulariser aux côtés de Biehroff Jurgen Klinsmann capitaine indéboulonnable, auteur seulement de 9 réalisations avec son club anglais de Tottenham[13].
Équipe d'Allemagne de football à la Coupe du monde de 1998[14]
Au premier tour l'Allemagne assure son statut de favori dans le groupe F
Une entame réussie contre les États-Unis
L'équipe d'Allemagne entame la compétition contre les États-Unis, alors que 26 millions d'allemands sont devant leur poste de télévisions pour regarder ce match[15]. C'est la première fois en trente six ans que le onze de départ ne compte aucun joueur issu du Bayern Munich[16]. La rencontre est assez équilibrée dans l'ensemble et se déroule avec un engagement physique des deux côtés. Les allemands peinent à produire un jeu créatif à cause notamment d'une mauvaise complémentarité entre Möller et Hässler. Le mouvement collectif le plus abouti sera d'ailleurs américain, avec comme conclusion une tête de Frankie Hejduk qui obligera Andreas Köpke à faire un arrêt sur sa ligne en début de seconde période. En ouvrant la marque très tôt par Möller, les Allemands prennent une petite marge de sécurité sur leurs adversaires du soir, un avantage que Klinsmann se chargera d'accroitre un peu après l'heure de jeu en maitrisant parfaitement l'art de l'amorti poitrine et de la frappe du plat du pied à la suite d'un centre de Bierhoff.
C'est finalement sur ses forces traditionnelles, alliant solidité défensive et efficacité offensive, que l'Allemagne écarte l'obstacle américain. La véritable satisfaction allemande est le milieu de terrain défensif du Munich 1860 Jens Jeremies. Jürgen Klinsmann auteur d'un but et d'une passe décisive éteint les critiques et doutes à son égard[17]. Contrairement à 1986, mais comme en 1990 et 1994 l'Allemagne remporte son match d'ouverture imitant d'autres favoris comme le Brésil, la France, et faisant mieux que l'Italie ou les Pays-Bas.
Cette seconde rencontre synonyme de duel au sommet de ce groupe F a failli voir l'Allemagne sombrer face à la qualité technique et collective des Yougoslaves, en partie à cause des défaillances de son gardien Köpke. Sur le premier but encaissé en fin de premier quart d'heure, Köpke analyse mal la trajectoire du ballon en étant gêné par Stankovic qui coupe une ouverture de Mijatović sans toucher le ballon. La seconde erreur de Köpke est plus grossière car il ne parvient pas à se saisir du cuir sur un centre à ras de terre de Kovacevic qui met Stoijkovic dans une position idéale pour doubler la mise. Menée 0-2 avant l'heure de jeu, la Mannschaft est mal embarquée. L'entrée à la mi-temps de Lothar Matthäus fait de ce dernier le seul joueur de champs à jouer effectivement lors de cinq phases finales de coupe du monde. Selon les mots de Berti Vogts, Matthäus est sur le terrain pour remettre de l'ordre. C'est grâce à leur combativité et avec un peu de réussite que les Allemands vont revenir dans la partie[18]. Ils comblent ainsi leur retard dans le dernier quart d'heure en l'espace de seulement six minutes, d'abord sur un coup franc de Michael Tarnat détourné par le défenseur Siniša Mihajlović, puis sur une tête de Oliver Bierhoff à la suite d'un corner. Solide mentalement, l'Allemagne a su renverser une situation très défavorable et conserver sa première place avant d'affronter une équipe d'Iran considérée sur le papier comme bien plus modeste.
Pour cette dernière rencontre du premier tour, Berti Vogts titularise huit joueurs âgés de 30 ans et plus, dont Lothar Matthäus, à qui il confie la tâche de mener le jeu. Les Iraniens sont particulièrement motivés à l'idée d'affronter l'Allemagne et pensent pouvoir gagner la rencontre. La sélection iranienne pose des problèmes offensifs au onze allemand durant la première période, mais ne tient pas la distance. Les Allemands font le différence en seconde période : Oliver Bierhoff (50e) et Jürgen Klinsmann (58e) portent la marque à deux zéro. Jürgen Klinsmann inscrit d'ailleurs un but acrobatique, c'est en effet à la suite d'un tir d'Oliver Bierhoff sur le poteau que le ballon revient vers lui, il plonge et marque de la tête.
L'Allemagne termine première de son groupe devant la Yougoslavie, Berti Vogts est satisfait d'affronter le Mexique plutôt que les Pays-Bas en huitième de finale[19],[20],[21].
Avant la rencontre Berti Vogts déclare : « Jusqu'ici, nous avons été laborieux. J'ai beaucoup de respect pour le Mexique ». La température est en cet après-midi du de 32 degrés Celsius et le onze allemand aligné a une moyenne d'âge de 30 ans, ce qui constitue peut-être un handicap, les joueurs trentenaires préférant les matchs en nocturne[22].
Les deux équipes tentent de porter le jeu vers l'avant. Les Mexicains sont les premiers à se créer une occasion, (16e) Marcelino Bernal frappe de loin, Andreas Köpke ne peut se saisir du ballon et Markus Babbel dégage en touche.
Les Allemands vont petit à petit imposer leur jeu et se créer des opportunités, Jürgen Klinsmann (21e) perd un face à face avec le gardien mexicain, il ne peut suffisamment contrôler le ballon dans la surface pour frapper. À la 38e, Michael Tarnat frappe de 25 mètres Jorge Campos effectue une parade. Deux minutes plus tard Oliver Bierhoff envoie le ballon de la tête sur la barre transversale à la suite d'un mouvement collectif entre Klinsmann et Thomas Häßler. La dernière occasion de la première mi-temps est pour les Mexicains, Francisco Palencia obligeant le gardien allemand à intervenir dans sa surface.
Dès la reprise (47e) Luis Hernández s'infiltre dans la surface allemande, dribble trois défenseurs et trompe le gardien (0-1). Après cette ouverture du score la sélection mexicaine se montre entreprenante et dominatrice en prenant possession du ballon et en exerçant une pression sur la défense allemande. À la 62e minute, sur une contre attaque, Jesús Arellano frappe aux abords de la surface de réparation, le ballon heurte le poteau, Luiz Hernandez récupère le ballon et se retrouve seul devant Andreas Köpke, son tir atterri dans les bras du gardien allemand. Cette énorme occasion manquée est sans doute le tournant du match. Le Mexique semble avoir le match en main, mais sur une erreur défensive Jürgen Klinsmann égalise (1-1) (75e). Tout est à refaire. À la 86e minute, Ulf Kirsten centre pour Oliver Bierhoff qui marque de la tête, (2-1). L'Allemagne vient encore une fois de renverser la situation et se qualifie pour les quarts de finale[23],[24],[25].
La Croatie et l'Allemagne se retrouvent deux ans après l'Euro 1996 en Angleterre. Les Allemands l'avaient emporté 2-1 en quart de finale[26].
Avant cette rencontre Berti Vogts dit : « La Croatie compte beaucoup de joueurs de classe mondiale. Nous sommes devenus modestes, car beaucoup d'équipes plus fortes que nous sont déjà à la maison ».
La première demi-heure de la rencontre est équilibrée entre les deux sélections. Toutefois ce sont les Allemands qui sur des frappes de Michael Tarnat, Dietmar Hamann, et Thomas Häßler sont les plus entreprenants. La première véritable occasion de la partie est pour les Allemands, Jörg Heinrich centre pour Oliver Bierhoff, le portier croate effectue une parade (31e).
À la 42e minute, Christian Wörns commet une faute sur Davor Suker, en position de dernier défenseur, il reçoit un carton rouge et doit quitter ses partenaires. L'Allemagne va devoir jouer la suite de ce match réduite à dix et cette infériorité numérique va lui être fatale. À la (45e) Robert Jarni d'une frappe de loin trompe le gardien germanique (0-1).
En seconde période les Croates profitent donc de l'infériorité numérique allemande pour développer leur jeu et se créer des occasions par Boban et Suker notamment. La « Nationalmannschaft » a cependant deux occasions de revenir au score par Oliver Bierhoff, qui oblige le gardien Dražen Ladić à effectuer une parade (53e), et aussi par Dietmar Hamann, qui envoie le ballon sur le poteau à la suite d'un coup franc direct (79e).
À la 80e minute, Goran Vlaović frappe de l'extérieur du pied et trompe le gardien allemand (0-2) puis, à la (85e) Davor Šuker s'infiltre dans la surface, dribble jörg Heinrich et marque le dernier but de la rencontre (0-3). La sélection allemande quitte la seizième édition de la Coupe du monde en quart de finale, comme quatre ans auparavant contre la Bulgarie[27].
Berti Vogts dit à la fin du match : « C'est un moment difficile pour nous ». Il affirmera également que la classe d'âge des footballeurs de 18-24 ans, est sinistrée en Allemagne[28],[29],[30].