L’éponymie est le fait de « donner son nom à » quelque chose[1].
Ainsi, le mot « poubelle » vient du nom d'Eugène Poubelle, préfet de la Seine qui, en imposant l'usage de ce dispositif[2], lui a « donné son nom » et est ainsi devenu l'éponyme des boîtes à ordures. La désignation de l'objet par le nom de son inventeur est ici le fruit d'un processus métonymique.
L'éponymie peut également obéir à d'autres raisons : elle peut notamment permettre de rendre hommage à une personnalité.
Étymologie
Le terme vient du grec ancien ἐπώνυμος / epônumos, « qui donne son nom à », composé de ἐπί / epí, « sur », et de ὄνομα / ónoma, « nom »[3],[4].
Définitions
Le Petit Larousse définit l'adjectif « éponyme » ainsi : « Qui donne son nom à quelque chose. Athéna, déesse éponyme d'Athènes[1]. » Le Trésor de la langue française informatisé définit, par extension, l'adjectif « éponyme » ainsi : « (Celui, celle, ce) qui donne son nom à quelque chose ou à quelqu'un, à qui l'on se réfère, que l'on vénère[5]. »
Le mot « éponyme » désigne un nom commun formé à partir d'un nom propre, « sans autre changement que la perte de la majuscule initiale au profit de la minuscule, par onomastisme »[6]. Cependant, cette définition n'est pas reconnue par tous les chercheurs dont beaucoup pensent que « l'éponyme est une forme générale qui se réfère à tout dérivé de nom propre »[6].
« Éponyme » est souvent utilisé à tort — sous l'influence de l'anglais — pour désigner l'objet ayant reçu son nom d'un personnage ou d'un objet (exemple : « Johnny est le dernier album éponyme de Johnny Hallyday »[7]), ou à la place du qualificatif « homonyme ». Quoique fréquent, cet usage demeure déconseillé, notamment lorsque c'est une chose — et non une personne — qui donne son nom à une autre[7]. Dans sa version en ligne, le Dictionnaire Larousse donne un exemple de cette pratique en la signalant comme abusive[8].
L'Office québécois de la langue française définit « éponyme » : « Qui donne son nom à quelque chose ou, plus rarement, à quelqu'un » et son emploi dans le domaine de la musique : « On parlera d'auteur éponyme dans le cas d'un auteur qui donne son nom à une œuvre, ou de chanson éponyme pour une chanson dont est tiré le titre de l'album[9]. »
Les consuls donnaient leur nom à l'année de leur magistrature (« sous le consulat de X et Y »).
Jules César (Caius Iulius Caesar) est l'éponyme de nombreuses villes romaines, dont certaines conservent encore la trace de son nom : Lillebonne (Juliobona)
L'empereur Constantin est l'éponyme de Constantinople (auparavant Byzance), et encore aujourd'hui, d'Istanbul, déformation turque du grec eis Konstantinopolin (« à Constantinople »).
Angleterre : Géorgie, Caroline, noms conservés après l'indépendance
Autres cas historiques
On évoque parfois « les années de Gaulle » ou la « génération Mitterrand ». Là est bien le sens premier du mot : le grand homme nomme son temps.[pas clair]
Astronomie
Divers objets astronomiques (planètes, planètes mineures, comètes, ...) sont nommées d'après des divinités, des personnes célèbres ou non, des lieux, etc.
quand il s'agit du contraire de l'éponymie : appeler éponyme celui/celle/ce qui reçoit un nom, et non pas qui donne son nom. Cette dérive est contraire à la logique, donc à proscrire : le Littré, dictionnaire éponyme d'Émile Littré ; Croc-Blanc, roman éponyme du chien-loup imaginé par Jack London ; logiquement, on doit évidemment dire le contraire car ce sont bien Émile Littré ou le chien-loup qui sont éponymes. Ou alors on tombe dans la confusion des sens, dans l'énantiosémie.
Tara Duncan est l'héroïne éponyme du roman Tara Duncan ;
Candide est le personnage éponyme du conte philosophique Candide de Voltaire ;
En admettant un sens élargi (mais respectant la structure logique qui donne son nom à, et non pas qui reçoit son nom de) comme le fait l'OQLF, un ouvrage donnant son nom à un film ou à une œuvre artistique/musicale qui s'en inspire peut être qualifié d'éponyme : Les Misérables (1862) de Victor Hugo, roman éponyme de la comédie musicale de 1980 ; de même pour un site donnant son nom à une culture, une civilisation, une époque archéologique ou historique : le site de Lapita (à Koné, plage de Foué), éponyme de la civilisation et du peuple Lapita ;
En musique, l'expression « album éponyme » est assez répandue dans le milieu musical rock et pop pour désigner un album n'ayant pas d'autre titre que le nom de l'auteur (généralement le nom d'un groupe). Cependant, cette expression est fautive et « artiste éponyme » doit lui être préférée. Par exemple :
lorsque l'entreprise porte le nom de son créateur. On écrira par exemple : « Victor-Auguste Poulain, créateur éponyme en 1848 de la marque de chocolat » et non pas « Victor-Auguste Poulain, créateur en 1848 de la marque éponyme de chocolat ».
En anglais, si le substantif eponym désigne comme en français la personne réelle ou fictive qui transmet son nom, l'adjectif eponymous peut qualifier indifféremment celui qui donne son nom ou la chose qui le reçoit[15],[7], même si cette dernière acception est déconseillée (namesake est plus approprié dans ce cas). Eponymous peut également servir parfois à qualifier la personne qui sert de modèle à un personnage de fiction, sans lui donner pour autant son nom[16] : « Alceste is the eponymous hero of Moliere's Le Misanthrope »[17].
↑ a et bJean-Claude Boulanger et Monique C. Cormier, Le Nom propre dans l'espace dictionnairique général – Études de métalexicographie, vol. 105 de Lexicographica, Tübingen, Niemeyer(de), coll. « Maior », , 214 p. (ISBN3-484-39105-7, lire en ligne), p. 9.