« Une découverte scientifique ne porte jamais le nom de son auteur. »
Elle a été introduite en 1980 par le statisticien Stephen Stigler sous le nom de « loi d'éponymie de Stigler »[1].
Un article d'économie de la science
Stigler étudie la désignation d'un concept, d'un théorème, d'une découverte, par le nom d'une personne — l'éponymie — en tant que partie du système de rétribution de l'effort des scientifiques. Cet hommage participe à l'économie du champ scientifique. En donnant son propre nom à cette « loi », Stigler la confirme dès les premières lignes, en affirmant que ce concept est au moins implicite dans les travaux du sociologue américain Robert K. Merton, auquel est dédié le recueil dans lequel l'article est d'abord publié.
Il ajoute, à propos des noms propres donnés aux découvertes scientifiques, qu'ils « ne sont que rarement proposés et jamais universellement reconnus, sauf si celui qui nomme est très distant dans le temps ou dans l'espace du scientifique ainsi honoré ». L'éponymie contribue non seulement au souvenir de la personne, mais encore au statut de la théorie ou du phénomène qu'elle désigne, qui se trouve ainsi dans une sélection considérablement restreinte de l'ensemble des travaux scientifiques[1].
La publication de l'article a suscité une avalanche d'exemples, mais peu de réactions au fond[2].
L'effet Fizeau de déplacement des couleurs de la lumière est souvent nommé[réf. souhaitée]effet Doppler alors que celui-ci ne l'avait défini que pour le son.
Le diagramme de Lexis est un exemple de la loi de Stigler. En effet, c'est en 1875, que Wilhelm Lexis intervient dans le débat sur la construction de ce diagramme, soit plusieurs années après Gustav Zeuner (1869) et Otto Brasche (1870)[10]. Par ailleurs, Abraham Verweij (1874), alias Abraham Verwey, propose la même construction que Lexis, mais en 1874[11].
↑ a et b(en) Stephen M. Stigler, « Stigler's Law of Eponymy », dans T. F. Gieryn, Science and social structure: A festschrift for Robert K. Merton, vol. 39, New York, NY Academy of Sciences, , 173 p. (ISBN0-89766-043-9, présentation en ligne), chap. 1, p. 147-157.
↑(en) Howard Eves, In Mathematical Circles : Quadrant III-IV, Boston (Massachusetts) USA, Prindle, Weber & Schmidt, Inc., , 145 p., p. 208° ; voir l'article détaillé pour plus d'informations.
↑Cf. Lebesgue (Conférence d'Utrecht 1937) :
« La grande notoriété n'est assurée en Mathématiques qu'aux noms associés à une méthode, à un théorème, à une notation. Peu importe d'ailleurs que l'attribution soit fondée ou non, et le nom de Vandermonde serait ignoré de l'immense majorité des mathématiciens si on ne lui avait attribué ce déterminant que vous connaissez bien, et qui n'est pas de lui ! ».
↑(en) Jeremy Miles et Philip Banyard, Understanding and using statistics in psychology : a practical introduction : or, how I came to know and love the standard error, Los Angeles, SAGE Publications, , repr. éd., 356 p. (ISBN978-0-7619-4397-6).
↑David G. Kendall, « The Genealogy of Genealogy Branching Processes before (and after) 1873 », Bulletin of the London mathematical Society, vol. 7, , p. 225-254.
↑« Foire aux questions : le Higgs ! », Bulletin du CERN, nos 28-29, (lire en ligne).
↑Demography - Analysis and Synthesis: A Treatise in Population, Academic Press, 2005, p. 57.
Voir aussi
Bibliographie
(en) Stephen Stigler, « Stigler's Law of Eponymy », dans Statistics on the Table : The History of Statistical Concepts and Methods, Cambridge, Massachusetts, Harvard University Press, , p. 277-290
(en) R. C. Gupta, « False mathematical eponyms and other miscredits in mathematics », Bull. Ind. Soc. Hist. Math., vol. 19, , p. 11-34