Une des premières représentation d'Oncle Vania au théâtre d'art en 1899 avec Artiom (Téléguine), Lilina (Sonia), Raïevskaïa (Maria Vassilievna), Olga Knipper (Éléna), Stanislavski (Astrov), Vichnevski (Voïnitzki).
Inspirée de la pièce Le Sauvage du même auteur, Oncle Vania est d'abord jouée dans d'autres villes de province et n'est créée au Théâtre d'art de Moscou que le , après de nombreuses retouches, avec Olga Knipper dans le rôle d'Éléna. Le succès n'est pas immédiat. Maxime Gorki, qui a vu la pièce à Nijni Novgorod, en félicita cependant l'auteur[1].
Dès , Anton Tchekhov écrit à son frère Mikhaïl :
« Mon Oncle Vania est joué dans toute la province. On peut vraiment dire, le succès est imprévisible. Je ne comptais pas du tout sur cette pièce[2]. »
Argument
Elle raconte la fin du séjour d'été mouvementé du vieux professeur Sérébriakov (père de Sonia) et sa jeune épouse Eléna, au domaine familial tenu par Ivan Voïnitski (l'oncle Vania qui donne son nom à la pièce), sa mère Maria, et sa nièce Sonia.
Articulations
La pièce est composée de quatre actes, sans aucun découpage en scènes.
Personnages
Alexandre Vladimirovitch Sérébriakov : professeur à la retraite
Éléna Andréevna : la jeune femme du professeur, 27 ans
Sophia Alexandrovna (Sonia) : fille du premier lit de Sérébriakov
Maria Vassilievna Voïnitzkaïa : veuve, mère de la première femme du professeur
Ivan Petrovitch Voïnitzki : « oncle Vania », son fils
Mikhaïl Lvovitch Astrov : médecin
Ilia Ilitch Téléguine : propriétaire terrien ruiné
Ivan Voïnitski (oncle Vania), devenu rêveur et paresseux, jalouse son beau-frère Sérébriakov, professeur à la retraite et hypocondriaque vaniteux. La pièce se déroule dans la propriété de Sonia, fille du professeur et nièce de Vania. Ce dernier a exploité toute sa vie le domaine pour en envoyer les revenus à Sérébriakov, dont il admirait la science. Environ un an avant le début de la pièce, il perd toutes ses illusions sur les qualités humaines et intellectuelles de son beau-frère, ce qui le rend particulièrement amer, car il a l'impression d'avoir gâché sa vie.
Elena est la seconde femme du professeur. Beaucoup plus jeune que son mari, elle est très belle, et s'ennuie profondément au domaine. Elle n'est plus amoureuse de son mari et se sent séduite par le docteur Astrov.
Le professeur Sérébriakov est égoïste et se plaint tout le temps. Il écrit « pour ouvrir des portes ouvertes ». Il a eu du succès auprès des femmes. C'est un intellectuel vieillissant qui se sent comme exilé dans sa propriété campagnarde. Il ne supporte pas de se voir vieillir et vit de manière décalée : il écrit la nuit, dort le jour…
Sonia est la fille du professeur et de sa première femme. Elle exploite le domaine avec son oncle Ivan, qu'elle appelle « Oncle Vania ». Elle est amoureuse du docteur Astrov depuis très longtemps, mais lui ne l'aime pas et ne la remarque même pas. Elle n'est pas belle et se fane encore plus dans la solitude.
Astrov est médecin de campagne et vient parfois en visite au domaine. Il n'aime plus s'occuper de ses patients et n'aime plus personne. Il est seulement attiré par la nature. On comprend vite qu'il est tombé sous le charme d'Elena. Ses visites au domaine sont devenues beaucoup plus fréquentes.
Téléguine est un propriétaire ruiné qui vit au domaine, aux crochets de Sonia et d'Oncle Vania.
Maria est la grand-mère de Sonia, la mère de Vania et la belle-mère de Sérébriakov, qu'elle adule. C'est une intellectuelle russe de province, typique des années 1860.
Une dispute éclate entre Sérébriakov, qui veut gager le domaine sans se soucier de l'avenir de sa fille, et Ivan Voïnitski, qui fait mine de tuer son beau-frère. Finalement, Sérébriakov et Elena quittent la propriété à tout jamais, laissant les protagonistes à leurs frustrations et à leur destin.
Diagramme des relations
Diagramme des relations entre les personnages
Valeurs
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Tchekhov s'emploie à briser les illusions que sont l'amour et l'argent comme cause de bonheur.
Sérébriakov est la caricature des intellectuels froids et égoïstes. Il est incapable de tendresse envers sa propre fille, Sonia.
Astrov est incapable d'aimer les autres. L'alcool lui sert de refuge pour exprimer sa sensibilité et ses rêves.
Eléna est consciente de son inutilité, c'est une femme qui n'a pas trouvé sa raison d'être.
Les personnages et leurs relations sont complexes et subtils. Les bonheurs possibles des uns et des autres s'entrecroisent sans jamais se trouver.
La pièce est une succession d'instants de vie. Les personnages sont touchants par leurs défauts, leurs qualités et leurs souffrances.
La dernière réplique
La dernière réplique de la pièce a inspiré Sergueï Rachmaninov pour écrire sa romance, pour voix et piano, Nous nous reposerons (op. 26 no 3 : « Мы отдохнём! » en russe).
Jacques, le héros des Thibault, la fresque de Roger Martin du Gard, se souvient de cette phrase, alors qu'il vient de perdre son redoutable père ; le passage fait sans doute allusion à une représentation de la pièce par la Compagnie Pitoëff :
« Une phrase, comme une réminiscence musicale, chanta dans son souvenir… "Nous nous reposerons." C'était la fin d'une pièce qu'il avait vue jouer à Genève : il avait encore dans les oreilles la voix de l'actrice, une slave aux traits d'enfant, avec des traits candides et fébriles, qui répétait en balançant sa petite tête : "Nous nous reposerons…." Une intonation rêveuse, un son filé comme une harmonique, accompagné d'un regard las, où il y avait, certes, plus de résignation que d'espoir : "Tu n'as pas eu de joie dans la vie… Mais patience, oncle Vania, patience… Nous nous reposerons… Nous nous reposerons…" »