Elle est considérée comme l'une des plus grandes ballerines[1],[2],[3].
Elle est nommée étoile par Rudolf Noureev le , à l'âge de 19 ans, à l'issue d'une représentation du Lac des cygnes[4]. La nomination d'une étoile aussi jeune est sans précédent dans l'histoire du ballet de l'Opéra de Paris[5].
Sur scène, d'après Pierre Lacotte, elle a une présence tout à fait exceptionnelle[2], dotée d'une souplesse extraordinaire, combinée à une grande vigueur[6],[7].
En 2015, elle met fin à sa carrière de danseuse par une tournée mondiale d'adieux qui se conclut le par une représentation de « Life in Progress » à Tokyo[8],[9].
Biographie
Débuts
Sylvie Guillem est formée à la gymnastique de compétition par sa mère jusqu'en 1976[2].
A l'âge de 11 ans, elle est présélectionnée dans l'équipe de France, appelée à préparer les jeux Olympiques de Moscou. Lors d'un échange entre les deux formations: l'Equipe Nationale de gymnastique et l'école de danse de l'Opéra de Paris, Sylvie Guillem est sélectionnée pour passer une année dans la prestigieuse école[10],[2]. Elle découvre alors la danse qui devient une révélation lorsqu'elle monte sur scène en fin d'année[2]. Claude Bessy, alors directrice de l’école de danse de Opéra de Paris, remarque son talent et ses capacités exceptionnelles. Cette même année, elle devient " Petit rat " de l’Opéra de Paris[11].
Dans le ballet de l'Opéra national de Paris
Elle est engagée dans le corps de ballet en 1981 à l'âge de 16 ans. En 1982, elle devient coryphée puis sujet l'année d'après[12]. Dès 1983, elle remporte la médaille d'or au Concours international de ballet de Varna en Bulgarie. Le , Sylvie Guillem devient première danseuse pour une durée de seulement 5 jours puisqu'une nouvelle nomination suivra[9]. A seulement 19 ans, elle est nommée danseuse étoile par Rudolf Noureev le , à l'issue de son interprétation du Lac des cygnes dans le double rôle d'Odette/Odile. Sylvie Guillem devient la plus jeune étoile du Ballet de l'Opéra de Paris que Noureev ait nommée lorsqu'il était à sa tête.
Une série de premiers rôles suit cette nomination, parfois avec Rudolf Noureev lui-même comme partenaire. Durant une grande partie de sa carrière au sein de l'Opéra de Paris en tant qu'étoile, elle a comme répétitrice Ghislaine Thesmar[13].
In the middle somewhat elevated, créée pour elle en 1987 par William Forsythe, sera le déclic pour une nouvelle orientation de sa carrière avec une autre façon de bouger et d'être[14].
Départ de Paris à Londres
Estimant que le statut de danseuse étoile à l'Opéra de Paris ne lui donne pas suffisamment l'occasion de « danser », et que le registre des interprétations est trop étroit, elle demande à Rudolf Noureev de lui accorder le statut de « danseuse étoile invitée ». Noureev refuse d'accéder à sa demande. Elle quitte alors l'Opéra, en 1989, pour se consacrer à une carrière internationale. Le départ de Sylvie Guillem de l'Opéra de Paris en 1989 fait scandale en France[15] . L'affaire est même traitée à l'Assemblée nationale et Jack Lang, ministre de la Culture de l'époque, est interpellé par des députés sur cette question[16].
Sylvie Guillem entre au Royal Ballet de Londres le , en tant qu'étoile invitée permanente[17]. Sa réputation est comparable à celle de Rudolf Noureev[2]. Mal comprise par certains, Sylvie Guillem est considérée comme capricieuse, refusant de manger à la cantine de la compagnie[16] ou encore n'accordant l'exclusivité de ses photos ou interviews qu'à un certain nombre de journalistes ou de photographes.
Le directeur du Royal Ballet Anthony Dowell, un peu frustré lors de sa rencontre avec Sylvie Guillem, lui attribue le surnom de « Mademoiselle Non »[18],[19].
Lorsque ce sujet est abordé dans une interview[14], Sylvie Guillem explique que les danseurs ont tendance à être trop obéissants, parce qu'ils sont forgés tôt à une grande discipline du corps. Sûre d'elle, elle dit « non » très jeune à des attitudes qu'elle juge ampoulées. On l'a qualifiée aussitôt de danseuse capricieuse, froide, incapable d'interpréter, alors qu'elle était tout à fait l'inverse[14].
Sylvie Guillem a une vision artistique sans compromis[2] et respecte beaucoup Anthony Dowell. Elle dit qu'il est l'une des trois personnes avec lesquelles elle peut parler de danse[22].
Carrière internationale
Sylvie Guillem collabore ensuite avec les chorégraphes William Forsythe dont elle apprécie la modernité et la vitesse de travail, Maurice Béjart, Mats Ek puis Russell Maliphant qui apportent une nouvelle direction à sa carrière[23]. Béjart lui permet de développer sa sensibilité envers la danse moderne. En 2001, il dit qu'elle est une "extraterrestre"[24]. Ek et Maliphant[25] créent pour elle des solos et des duos permettant à ses capacités techniques hors du commun de s'exprimer dans le champ de la danse contemporaine. Elle est notamment connue pour son fameux "six o'clock" (pied à l'oreille) et ses jambes extraordinairement mobiles qui balaient l'espace malgré leur extrême longueur[26].
L'un de ses plus grands rôles est Le Boléro de Maurice Béjart[32],[33], dernière pièce dansée lors du concert de la Saint-Sylvestre d'une chaîne de télévision japonaise, le , synchronisée pour terminer officiellement sa carrière à exactement la dernière seconde de l'année[34].
En fin de carrière, elle collabore avec Russell Maliphant, qui a notamment créé pour elle la pièce Push.
Sylvie Guillem conclut son dernier spectacle par un solo dans la création Bye de Mats Ek[59].
Les adieux à la scène avec une tournée mondiale
En , Sylvie Guillem annonce dans une interview qu'elle mettra fin à sa carrière de danseuse en 2015[60], année durant laquelle elle fêtera son 50e anniversaire[18]. Elle entame une tournée d'adieux intitulée Life in Progress, qui la conduit notamment à Athènes, Moscou, Londres, Gênes, Barcelone, Sydney, Paris, Pékin, Shanghai, New-York et s'achève au Japon[61],[62].
« Tout simplement parce que je souhaite arrêter heureuse en faisant ce que je fais, comme je l'ai toujours fait, avec passion et fierté."
Elle confie aussi : « Parce que je ne veux pas me décevoir, ni décevoir le public. Parce que je n'ai pas envie d'être mal jugée, moins aimée... Je préfère arrêter avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'on ne décide pour moi. Il faut une fin claire et nette[14]. »
Vie personnelle
Sylvie Guillem vit depuis de nombreuses années avec le photographe Gilles Tapie[64].
A 15 ans, elle découvre le Japon, pays qu'elle aime particulièrement[34].
Elle participe en 2015 à la campagne de l'association de protection animale PETA « Picture Yourself Strong and Healthy. Go Vegan »[67],[68]. En 2017, elle apparaît dans la vidéo promotionnelle du Veggie Challenge, une campagne de l'association L214 qui encourage à tester le véganisme pendant 21 jours[69].
↑Sylvie Guilhem n'admettait pas que le contrat qui la lie à l'Opéra de Paris lui interdise de se produire à l'étranger alors que d'autres ballets comme celui de Covent Garden l'autorisent et permettent ainsi une meilleure rémunération de leurs étoiles.
↑L'auteur du surnom « Mademoiselle Non » pourrait avoir été également le chorégraphe britannique Kenneth MacMillan ; voir l'interview de Sylvie Guillem par Sarah Crompton du 3 juillet 2011 dans The Telegraph : « It was here that she gained the nickname Mademoiselle Non, and in some ways her time with the company seems to have been defined by an argument with MacMillan that was accidentally broadcast over the opera house speakers for all to hear. »
↑Ce passage du documentaire indique que, en ce qui concerne Sylvie Guillem, Anthony Dowell se retrouvait au premier rang et qu'il était le directeur du Royal Ballet le plus heureux de tous les temps.
↑« With Sylvie, there were never any limitations. »
Portrait de la nouvelle danseuse étoile à l'Opéra de Paris, Sylvie Guillem (19 ans), documentaire ; vidéo sur le site de l'Institut national de l'audiovisuel (3 min 11 s) réalisée le par Jean Pierre Quinson et Jean Rey pour Antenne 2
Sylvie Guillem au travail, documentaire de 52 min réalisé en 1988 par André S. Labarthe
Evidentia (film documentaire de 84 minutes réalisé par Mats Ek, Thomas Lovell Balogh, Adam Roberts, Ha Van, Gunilla Wallim) (présentation en ligne)
Guillem, documentaire de 52 min réalisé pour Arte en 2000 par Françoise Ha Van Kern
Marguerite et Armand, film réalisé en 2003 par Françoise Ha Van Kern
Guillem on the Edge, film réalisé en 2009 par Françoise Ha Van Kern