Svetlana Zakharova est considérée comme l'une des plus grandes danseuses classiques[3],[4],[5].
Biographie
Débuts
Svetlana Zakharova est née le à Loutsk (Ukraine) à l'époque où ce pays faisait partie de l'URSS mais, aujourd'hui indépendant. Elle est donc de nationalité ukrainienne.
Poussée par sa mère qui, en son temps, avait rêvé de devenir ballerine [6], la petite Svetlana commence par étudier la danse folklorique à l'âge de 6 ans dans une école locale.
Âgée de 10 ans, Svetlana Zakharova est admise à l'école du ballet national d'Ukraine. Son père, militaire de carrière, ayant été muté en Allemagne, Svetlana doit quitter l'école de danse quatre mois plus tard pour suivre ses parents. Six mois plus tard, lorsque la famille revient en Ukraine, elle se présente de nouveau au concours d'entrée et réintègre l'école chorégraphique de Kiev où elle étudie sous la houlette de Valeria Souleguina.
En 1995, elle remporte la médaille d'argent du Concours international des Jeunes Danseurs de Moscou, ce qui lui permet de prétendre à la classe de promotion de l'Académie Vaganova, vivier privilégié des futurs danseurs de la troupe du Mariinsky.
Cette scolarité lui fait d'aborder ses premiers grands rôles : Macha (Clara) dans Casse-noisette ou encore la Reine des Dryades de Don Quichotte.
Ascension dans le ballet du Mariinsky
À 17 ans, Svetlana Zakharova rejoint l'effectif de la compagnie du Mariinsky (son premier rôle sera Maria dans La Fontaine de Bakhtchisaraï) ; son ascension au sein de la troupe sera fulgurante, puisqu'elle n'attendra qu'un an avant d'être nommée « principale » — c'est-à-dire danseuse étoile — à l'âge de 18 ans[7],[8].
Elle étudie avec Olga Moïsseïeva, qui devient rapidement son mentor artistique, et se voit abondamment et avec succès distribuée dans des rôles de premier plan.
Citons pour l'exemple Aurore, Nikia, Odette-Odile, et Giselle qui est alors l'un de ses rôles-phares[9].
Étoile du ballet du Bolchoï
La carrière de Svetlana Zakharova ne prend véritablement son essor qu'en 2003, lorsqu'à la suite d'un différend avec le Mariinski[10], elle rejoint la compagnie rivale, le Théâtre Bolchoï (qui l'avait déjà invitée alors qu'elle débutait au Mariinsky). Elle commence alors à travailler avec Ludmila Semenyaka (elle aussi diplômée de l'Académie Vaganova).
Invitée permanente au sein du Nouveau théâtre national de Tokyo, elle est également sous contrat avec la Scala de Milan, devenant la première Russe à y obtenir le titre de prima ballerina, et y danse régulièrement Le Lac des cygnes, Giselle, La Belle au bois dormant et La Bayadère avec Roberto Bolle comme partenaire privilégié (de nombreux enregistrements vidéo ont été réalisés). Sa renommée internationale conduit à l'organisation de nombreux galas en son honneur, notamment en Russie, en Grèce et au Japon — pays pour lequel elle éprouve une véritable affection depuis que sa première tournée l'y a amenée, à l'âge de 17 ans —, galas au cours desquels elle laisse une place de plus en plus importante aux chorégraphies contemporaines (souvent créées pour elle, à l'instar du Zakharova Supergame de Francesco Ventriglia, soliste à la Scala de Milan, ou encore Revelation de Motoko Hirayame).
En 1999, elle reçoit le Masque d'or de la meilleure danseuse pour son travail dans Serenade de George Balanchine et, l'année suivante, c'est son interprétation d'Aurore dans La Belle au bois dormant qui se voit à son tour récompensée. En 2005, elle remporte le Prix Benois de la danse grâce au Songe d'une nuit d'été[11].
Elle dispose d'un coach particulier au Bolchoi : Ludmila Semenyaka, qui compte beaucoup pour elle et qui est devenue son maître selon ses propres mots[12].
Style
Sa technique sans faille lui permet de ne jamais esquiver les difficultés du répertoire. Elle allie précision et rapidité de la gestuelle, fluidité du mouvement, travail de jambes, excellence des dégagés et des tours parfaits, passés sans difficultés. Merveilleuse sensibilité associée à une grande musicalité.
Plébiscitée par le public et une partie des critiques[13] qui encensent sa technique superlative, impressionnante de maîtrise et son travail intelligent de l'interprétation de ses rôles, elle est désormais considérée comme l'une des plus grandes ballerines de ce début de siècle[5].
Elle reste cependant décriée par d'autres qui trouvent sa danse esthétiquement non conforme aux normes du « classicisme[14] ». Elle est l'une des pionnières d'une révolution au sein du monde du ballet, incluant les extensions de la jambe à l'oreille et un magnifique cou-de-pied, marquant le début du style Guillem.
Vie privée
Zakharova est mariée à Vadim Repine[15], premier violon de l'orchestre du Bolchoï. En 2010, elle s'éloigne de la scène en raison d'une grossesse. Elle accouche le 17 février 2011 d'une petite fille prénommée Anna[15].
Elle revient à la danse le , à Londres, à l'occasion d'un gala donné à la mémoire de Galina Oulanova.
Activités hors du ballet
Svetlana Zakharova tient également à s'impliquer dans la vie politique de son pays. Ancienne députée de la Douma d'État russe, elle a représenté le parti Russie Unie au comité de la culture du Parlement le temps d'un mandat, avant de se désengager de la politique.
↑ a et b« Queen of it all is Svetlana Zakharova, more beautiful than ever, more serene in command of the dance, more beguiling in playing her role – she smiles, and the world is well lost – and more absolutely a prima ballerina than any other dancer I know at the moment. » [Traduction libre : « Svetlana Zakharova est la Reine de toutes, plus belle que jamais, plus sereine dans l'accomplissement de la danse, plus envoutante dans l'interprétation de son rôle - elle sourit et le monde est éperdu - et une prima balerina plus absolue que n'importe quelle autre danseuse que je connaisse en ce moment. »] (Clement Crisp, The Financial Times, 31 juillet 2007).
↑« Here was a Giselle of the most touching simplicity, of unaffected truthfulness, of musical grace, of rarest promise. Here, please Heaven, is a great Giselle for the next decades. (…) Most important, the idea of Giselle as peasant and wili was sustained, illuminated. She lived the part, and we lived it with her. » [traduction libre : « Voici une Giselle de la plus touchante simplicité, d'une sincérité authentique, d'une grâce musicale, de la plus rare promesse. Celle-ci, plut à Dieu, est une grande Giselle pour les prochaines décennies. (…) Plus important, l'idée d'une Giselle paysanne et wili était entretenue, illuminée. Elle vivait la partition et nous la vivions avec elle »] (Clement Crisp, The Financial Times, 18 juillet 1997).
↑« Ce style noble et romantique ne s’est heureusement pas perdu comme on peut en juger avec Svetlana Zakharova, danseuse inspirée, qui exprime aussi bien avec son corps qu’avec son visage les émotions les plus secrètes ressenties par son personnage. Quant à la technique, elle est stupéfiante, particulièrement dans les dégagés et les tours. On admire le jeu dramatique, la sensibilité, et l’émotion de cette artiste déjà mythique. » (René Sirvin, Imagidanse, 7 décembre 2001).